Santé en Côte d'Ivoire - Définition

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Introduction

La Santé en Côte d'Ivoire repose sur un système dont la configuration émane des tradition africaine animiste, arabe musulmane d'une part ainsi que de la médecine européenne occidentale et, plus récemment de la médecine chinoise. Ce système comprend une organisation hospitalière spécifique, diverses institutions chargées de soins ou de recherches, de prévention et d'éducation sanitaire mais également de formation de praticiens.

La santé en Côte d'Ivoire met à contribution les professions médicales et para-médicales qui sont en relation avec les populations ainsi que le système de prévoyance et de protection sociale.

Elle reste cependant, tributaire d'un réseau traditionnel peu structuré mais fortement actif sur le territoire de Côte d'Ivoire comme dans de nombreux autres États d'Afrique.

Historique

À l'origine, des médecines populaires

Féticheuse de Grand-Bassam.
En Côte d'Ivoire, la médecine est d'origine animiste

En Côte d'Ivoire, comme dans de nombreux pays d'Afrique, la médecine est d'origine animiste et sa pratique remonte à la préhistoire. Seules sont cependant mieux connues, les pratiques médicales traditionnelles observées dans les courants culturels qui se sont installés progressivement dans le pays, entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle notamment, le courant anyi-baulé en provenance de l'actuel Ghana, le courant kulango-lobi venant de l'actuel Burkina Faso, le courant Bambara-malinké provenant du Mali et le courant Kru.

Il s'agit d'une médecine populaire, pour une large part, fondée sur les conditions de vie offertes par le milieu naturel. Elle s'appuie aussi sur la manière dont la maladie ainsi que son traitement sont perçus dans la vie et les croyances des populations. Dans cette perspective, la maladie, souvent assimilée à un phénomène religieux, apparaît comme la sanction d'une infraction aux interdits religieux ou communautaires et se gère par un guérisseur (nigumon en senufo, flabola en malinké, gozenognon en Dida, arêfwê en baoulé) qui soigne à l'aide de remèdes confectionnés pour l'essentiel, à base de plantes naturelles (phytothérapie) ; la gestion de la maladie peut cependant être confiée à un devin-guérisseur (Tienfollo en senufo, flêlikêla en Malinké, zriblegnon en Dida, komien en Baulé) qui recherche l'origine métaphysique du mal avant d'agir. Au plan psychologique, l'efficacité de cette approche est indéniable. Diverses affections sont également effectivement traitées par cette médecine. En revanche, son impuissance s'est avérée face aux ravages provoqués par les endémies tropicales, aggravées dans de nombreux cas par des conditions de vie assez précaires.

Une autre médecine populaire, d'origine arabo-musulmane, s'est introduite en Côte d'Ivoire pré-coloniale entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle à la faveur de la décadence de l'Empire du Mali et de la dispersion de son aristocratie. Le marabout en est le personnage-clé mais un waliyu (tout fidèle musulman détenteur du don de guérison) ou un dyula (commerçant) ou encore un imam (arabe : علِمي [olimi]) peuvent le suppléer.

Les médecines dites savantes (en raison de leur traditions écrites et formalisées) font, par la suite leur apparition. Il s'agit d'une part de la médecine européenne occidentale qui s'installe avec la colonisation et, d'autre part, de la médecine chinoise, apparue dans le pays après son indépendance.

La médecine européenne accompagne la colonisation du pays

La médecine européenne occidentale s'instaure avec la colonisation du pays par la France. Entre 1905 et 1921, la « mise en valeur du territoire » et l'installation de l'administration coloniale sont accompagnés par l'organisation d'un service de santé fortement centralisé et articulé autour du docteur en médecine qui, en règle générale, est un médecin militaire. Ce système de santé regroupe une direction des services assistée d'un conseil de santé, un service pour les troupes coloniales, un service des établissements hospitaliers, des services de police sanitaire maritime, de la protection contre les épidémies et les endémies, des services d'hygiène et de la santé publique. En marge de ce dispositif sanitaire réservé aux européens, il est créé pour les populations autochtones, le service de l'Assistance médicale indigène (AMI). L'AMI intervient dans des dispensaires et des postes médicaux près desquels des unités de consultation sont ouvertes.

Les rapports des médecins sur la situation sanitaire de l'ensemble du territoire, révèlent un taux particulièrement élevé de mortalité infantile et signalent les maladies de carence, la malnutrition, un parasitisme pathogène extraordinairement prolifique, ainsi que la fièvre jaune, le paludisme et la trypanosomiase constituant des fléaux sanitaires vite transformés en raz-de-marée. Ces maladies tropicales appellent une riposte appropriée basée sur la médecine tropicale alors en voie d'émergence.

En conséquence, il est mis en œuvre entre 1921 et 1945, une « politique de santé de masse ». Elle se développe avec quelques innovations dans le domaine de l'assistance psychiatrique et de la lutte contre la trypanosomiase. Cependant, le pays bénéficie, à partir de 1946, des retombées de la politique de modernisation des territoires d'outre-mer. Celle-ci a pour ambition, au moyen de plans quadriennaux d'améliorer le rendements de la médecine des soins et de la médecine prophylactique. Elle vise également à promouvoir la recherche médicale, à assurer le recrutement et la formation de personnel mais aussi à imprimer une plus grande efficacité à la gestion administrative.

Cette nouvelle impulsion permet au système de santé de se consolider par la création de nouveaux services notamment, l'inspection médico-scolaire, la protection maternelle et infantile, l'aviation sanitaire, la médecine du travail, le service médical pénitentiaire. Apparaissent également, le comité de lutte contre l'alcoolisme, le centre de rééducation sociale ainsi que les services assez spécialisés de radiologie, d'oto-rhino-laryngologie, d'ophtalmologie et de médecine dentaire.

En tout état de cause, faute de volonté politique, la médecine européenne s'est confinée dans la fraction la plus aisée de la population et n'a pu véritablement concurrencer la médecine traditionnelle à laquelle la majeure partie de la population est restée fidèle. En raison de son efficacité, elle s'est cependant présenté comme un phénomène irréversible dans une culture ivoirienne en émergence à la veille de l'indépendance du pays.

La médecine chinoise s'établit plus récemment

« Clinique chinoise » sur une voie principale de Ferkessédougou, au Nord du pays

La médecine chinoise s'établit en Côte d'Ivoire à une date beaucoup plus récente que la médecine européenne occidentale et en tous les cas, après l'indépendance du pays. Elle se fait connaître de prime abord par l'acupuncture puis diversifie progressivement son champs d'intervention en l'étendant entre autres, à l'homéopathie, à la phytothérapie ou à l'auriculothérapie. Dans certains cas, plutôt rares, elle s'appuie sur des moyens modernes de diagnostic basés sur l’imagerie médicale mis en œuvre par un personnel technique relativement qualifié. Des médicaments sont vendus sur place aux patients. Ils sont jugés relativement chers et hors de portée pour de nombreux patients. Toutefois dans la plupart des cas, ce sont des « cliniques chinoises » ou même la rue qui procurent à bon marché des médicaments traditionnels chinois à ceux qui se détournant, pour diverses raisons, de la médecine et de la pharmacothérapie modernes. La ville chinoise de Nánchōng (南充) est citée comme étant le lieu de provenance de certains médicaments tandis que d'autres émanent d'un groupe pharmaceutique situé à Tiānjīn (天津). Un vaste réseau constitué de milliers de distributeurs locaux, en quête de marges bénéficiaires importantes, appui la diffusion de ces produits dont la politique de vente repose sur un système de vente multiniveau et de bénéfices à la chaîne. Les gains pour certains distributeurs peuvent atteindre 500 % et même 1 000 %. Ces distributeurs peuvent également gagner, en guise de récompenses, une voiture ou un séjour touristique à Pékin.

Cependant, une série de reproches sont adressés à différents acteurs de cette médecine ; en particulier, leur manque de qualification professionnelle, la commercialisation sans discernement de produits chimiques aux effets méconnus, la vente de ces produits dans les véhicules de transport en commun ou dans les coins de rue, l'encouragement à une forme d'automédication d'autant plus dangereuse que de nombreux produits peuvent engendrer des effets toxiques.

En tout état de cause, ces médicaments considérés comme faisant partie des nouveaux risques pour la santé des Africains, sont dénoncés par l’Ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire qui espère que les pouvoirs publics ivoiriens prennent des décisions fermes sur la question des médicaments chinois et d'une manière générale sur celle des médicaments de la rue à l'image notamment de la Sierra Leone qui n'hésite pas à interdire de tels produits dont le potentiel toxique a déjà fait l'objet de plusieurs publications scientifiques en Chine même .

Il convient de noter qu'en 1999, dans une tentative d'organisation et d'assainissement du secteur de la médecine chinoise, il a été créé l'Association nationale des auxiliaires de médecine chinoise en Côte d'Ivoire (Anadamci).

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