Rose |
Le nom « rose » est donné à des fleurs. |
Papa Meilland |
Taxons concernés |
Parmi la famille des Rosaceae :
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La rose est la fleur des rosiers, arbustes du genre Rosa et de la famille des Rosaceae. La rose des jardins se caractérise avant tout par la multiplication de ses pétales imbriqués qui lui donnent sa forme caractéristique.
Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l’Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, et pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs », présente dans presque tous les jardins et presque tous les bouquets. C’est sans doute la fleur la plus cultivée au monde, mais on oublie souvent que les rosiers sont aussi des plantes sauvages (le plus connu en Europe est l’églantier) aux fleurs simples à cinq pétales, qui sont devenus à la mode, pour leur aspect plus naturel, depuis quelques décennies sous le nom de « roses botaniques ».
Les rosiers cultivés sont le résultat de plusieurs siècles de transformations d’abord empiriques, puis, dès la fin du XVIIIe siècle, méthodiques, en particulier par l’hybridation. Les variétés sont innombrables, on estime à plus de 3 000 le nombre de cultivars disponibles actuellement dans le monde.
Le mot « rose », daté en français du début du XIIe siècle est dérivé du latin rosa, rosae (substantif féminin) qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même. Ce terme, apparenté au grec ancien rhodon, aurait été emprunté à une langue orientale (cf. perse warda et arménien vard).
Il est tentant de rapprocher « rose » de « rosée », pourtant cette rencontre, source d’inspiration inépuisable pour les poètes, est fortuite en français. En effet « rosée » dérive, par l’intermédiaire du bas-latin rosata, du latin ros, roris (substantif masculin), peut-être apparenté au grec ancien drosos, venant d’une autre racine indo-européenne.
La rose est l’une des très rares fleurs ayant un nom dédié, différent des noms donnés à la plante elle-même : la rose est la fleur du rosier.
Les roses sont cultivées en Chine et en Perse depuis 5000 ans et en Grèce depuis l’âge du bronze.
Hérodote a rapporté que le roi Midas, au VIe siècle av. J.-C., quand il a été chassé de Lydie par les armées perses, a emporté ses roses dans son exil en Macédoine. Et le naturaliste grec, Théophraste, décrit une rose à nombreux pétales, une forme de rosa canina, cultivée dans les jardins. Il décrit des roses rouges, roses et blanches, et note l’intensité du parfum de la rose de Cyrène.
Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance. Il les décrit, ce qui permet des suggestions d’identification :
Ainsi du VIe siècle av. J.-C. au IIe siècle durant toute cette période de domination grecque puis latine, les roses ont circulé de Perse en Angleterre, de Grèce en Égypte.
Sur le Moyen Âge, il y a peu d’informations : au VIe siècle, les couvents cultivaient des roses, le roi Childebert Ier avait une roseraie (des roses de Paradis d’après l’évêque Fortunat) dans son domaine vers Saint-Germain-des-Prés. Et au VIIIe siècle dans son Capitulaire De Villis, Charlemagne cite les roses parmi les plantes à cultiver. Au XIIe siècle à la veille des croisades, Albert le Grand note comme rosiers cultivés Rosa rubiginosa, Rosa canina, Rosa arvensis et Rosa ×alba.
![]() ‘Maiden’s Blush’ (Rosa alba) | Rosier mousseux Félicite Bohain |
Thibaud IV, comte de Champagne et roi de Navarre revient en 1240 d’une croisade qui ne lui a pas permis d’atteindre les Lieux Saints, mais il rapporte Rosa gallica officinalis qu’il fait cultiver à Provins, d’où son nom de « rose de Provins ».
Puis ce sont les rosiers de Damas qui sont rapportées des croisades. Ils sont de deux sortes, les précoces, hybrides de Rosa gallica × Rosa phoenicia et les tardifs, hybrides de Rosa gallica × Rosa moschata
À la fin du XVIe siècle, d’une part Rosa foetida vient de Perse en Europe, et d’autre part les rosiers d’Europe arrivent en Amérique du Nord où existent Rosa virginania, Rosa carolina et Rosa setigera. Jusque-là les mutations et les hybridations sont spontanées. Ainsi, au XVIIe siècle, une mutation de Rosa gallica fait apparaître les « roses à cent feuilles », Rosa centifolia, dont une mutation au XVIIIe siècle donne les « rosiers mousseux » (Rosa moschata).
Dans l’Histoire générale des plantes de John Gerard, publiée en 1633, ne sont mentionnées que 18 sortes de roses, rouges, roses et blanches (Rosa ×alba) et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle il n’existait en Europe et dans le pourtour méditerranéen qu’une trentaine d’espèces.
En 1781, arrive en Europe la Rosa chinensis ou ‘Old blush’, puis la forme rouge ‘Bengal rose’. Ce ne sont pas des espèces sauvages, mais des roses déjà cultivées dans les jardins de Chine, sélections de Rosa chinensis ou hybrides de Rosa chinensis × Rosa gigantea auxquelles va s’ajouter un Rosa chinensis jaune, ‘Park’s Yellow Tea-scented China’ en 1824. Leur croisement avec les rosiers d’Europe va faire apparaitre des centaines de roses nouvelles.
C’est la duchesse de Portland qui obtient le premier croisement avec un rosier de Chine rouge : les « rosiers Portland » sont nés. Dans le même temps, en Louisiane, le croisement d’un rosier musqué et d’un rosier de Chine donné par Louis Claude Noisette est à l’origine des « rosiers Noisette » (‘Blush Noisette’, ‘Madame Alfred Carrière’). Et à La Réunion le croisement du Rosa chinensis ‘Old blush’ et d’une rose de Damas tardive ‘Quatre Saisons’ signe l’arrivée des « rosiers Bourbon » (‘Zéphirine Drouhin’, ‘Souvenir de la Malmaison’).
Entre 1803 et 1814, Joséphine de Beauharnais envoie des botanistes à travers le monde pour enrichir la collection de sa roseraie de la Malmaison qui rassemble plus de 242 cultivars dont 167 roses galliques. Malgré le blocus, le pépiniériste John Kennedy traversait la Manche pour la fournir en roses. Sa roseraie comprenait des gallica, des moschata et des damascena, mais aussi des chinensis et de nouvelles espèces. Les collections de la Malmaison ont été un trésor pour les pépiniéristes français. Leur catalogue de 1791 comportait 25 espèces, celui de 1829 en comptait 2562 dont beaucoup sans grand intérêt ont rapidement disparu.
‘’'Laura Ford' |
Au XIXe siècle, le croisement des rosiers de Chine, de Bourbon, Portland et Noisette permet la création des rosiers « modernes ». En 1858, a lieu, grâce au pasteur Hole, un passionné des roses, la première exposition nationale des roses d’Angleterre. En 1867, Jean-Baptiste Guillot crée ‘La France’, le premier buisson à grandes fleurs ou « hybride de thé ».
Dans le même temps, de Rosa multiflora, rosier liane rapporté du Japon au XVIIIe siècle, sont créés par hybridation les nombreux rosiers buissons à fleurs groupées, les « floribunda ».
La Société française des roses est fondée à Lyon en 1886. Elle édite encore sa revue, Les Amis des roses.
Le XXe siècle voit la gloire des rosiers buissons à grandes fleurs avec les créations de Georges Delbard, de Meilland (‘Peace’ ou ‘Madame Meilland’), de Griffith Buck. Puis David Austin, en croisant les galliques et les Damas à des roses modernes crée les « roses anglaises » qui allient les caractères des roses anciennes à la « floribundité » des roses modernes.