Richard Hakluyt - Définition

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Introduction

Richard Hakluyt
Hakluyt sur un vitrail du parement ouest du transept sud de la cathédrale de Bristol (1905).
Hakluyt sur un vitrail du parement ouest du transept sud de la cathédrale de Bristol (1905).

Activité(s) Historien, Géographe, Traducteur, Éditeur, Diplomate, Chapelain
Naissance 1552 ou 1553
Royaume-Uni
Décès 23 novembre 1616
Londres, Royaume-Uni
Langue d'écriture Anglais
Genre(s) Récits de voyages et d'exploration
Œuvres principales
  • Divers Voyages Touching the Discoverie of America (1582)
  • The Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation (1589)

Richard Hakluyt (/ˈhækəlwɪt/) (né à Hereford vers 1552 ou 1553, † le 23 novembre 1616 à Londres), chapelain de la cathédrale de Bristol et archidiacre de l'abbaye de Westminster, est un géographe, historien, traducteur, éditeur et diplomate anglais de l'époque élisabéthaine. Il fut, par ses livres (notamment The Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation) l'un des plus ardents propagandistes de l'expansion de l'Angleterre outre-mer.

Biographie

Origines familiales

Contrairement à une croyance persistante, la famille Hakluyt est d'origine galloise, plutôt qu'hollandaise ; selon l'antiquaire John Leland, la famille doit son patronyme à la forêt de Cluyd dans le Radnorshire. Il semble qu'elle se soit établie dans le comté de Herefordshire en Angleterre vers le XIIIe siècle, plus précisément à Yatton, à un peu plus de 3 km au sud-est de Leominster, et comptait au nombre des plus importants propriétaires fonciers. Un certain Hugo Hakelute, ancêtre présumé de Richard Hakluyt, fut élu député du borough d'Yatton en 1304 ou en 1305, puis entre le XIVe et le XVIe siècle, on ne compte pas moins de cinq "de Hackluit" ou "Hackluit" parmi les Sheriffs du Herefordshire. Un certain Walter Hakelut fut anobli au cours de la 34e année du règne d'Édouard Ier (1305), et en 1349 Thomas Hakeluyt était chancelier du diocèse d'Hereford. Les actes notariés montrent enfin que Thomas Hakeluytt était juge de paix sous Henri VIII (qui régna de 1509 à 1547) et Édouard VI (qui régna de 1547 à 1553).

Années de jeunesse

Richard Hakluyt, cadet d'une fratrie de quatre garçons, est né soit à Hereford dans le comté du Herefordshire vers 1552, ou à Londres vers 1553. Le père de Hakluyt, également prénommé Richard, était membre de la Corporation des Foureurs. Lorsqu'il mourut en 1557, son fils Richard n'avait que cinq ans, et sa femme Margery mourut elle aussi peu après. Richard Hakluyt eut pour tuteur un cousin avocat sociétaire de Middle Temple, l'une des associations des Inns of Court londoniennes.

La bibliothèque de Christ Church (Oxford), par un artiste anonyme, extrait du livre de Rudolph Ackermann intitulé History of Oxford (1813).

Formé à Westminster School puis au collège de Christ Church (Oxford), entre 1583 et 1588, Hakluyt fut d'abord chapelain et secrétaire de Sir Edward Stafford, l'ambassadeur anglais auprès de la cour de France. Le fait d'être ordonné prêtre devait permettre à Hakluyt d'exercer plus tard des charges importantes à la Cathédrale de Bristol et à l'Abbaye de Westminster, de devenir chapelain particulier de Robert Cecil, le 1er comte de Salisbury et principal secrétaire d'État de la reine Élisabeth et du roi Jacques Ier.

Alors qu'il étudiait à Westminster School comme pupille de la Couronne, Hakluyt rendit visite à son tuteur légal : leur conversation autour de « certains livres de cosmographie, une carte du monde et une Bible », l'engagèrent à poursuivre « l'étude de cette science et la pratique de ces lectures ». Admis au collège de Christ Church (Oxford), en 1570 grâce à une bourse versée par la Corporation des Foureurs, « ayant prononcé ses vœux », il entreprit de lire tous les récits de voyages et d'exploration écrits ou imprimés qui lui tomberaient sous la main. Il fut reçu licencié ès Arts (B.A.) le 19 février 1574, puis Maître ès Arts (M.A.) le 27 juin 1577, et commença à donner des conférences de géographie. Il fut le premier en Angleterre à exposer, selon ses termes, « tant la corruption des anciens globes, cartes, sphères et autres instruments propres à cette science, que leur version récemment rectifiée » Hakluyt exerça la charge de professeur assistant à Christ Church de 1577 à 1586, bien qu'après 1583 il ne résidât plus à Oxford.

Hakluyt reçut l'Ordination en 1578, et cette même année se vit octroyer une "pension" par la guilde des tisserands pour qu'il puisse poursuivre des études de théologie. La pension devait s'éteindre en 1583, mais William Cecil fit en sorte qu'elle soit prorogée jusqu'en 1586, afin de soutenir les recherches de Hakluyt dans le domaine de la géographie.

Ambassade à Paris

La première publication de Hakluyt, intitulée A Short and Briefe Narration (1580), était une traduction du Bref Récit et Succincte Narration de la Navigation Faite en MDXXXV et MDXXXVI de l'explorateur français Jacques Cartier, récit de son second voyage au Canada en 1535–1536. Hakluyt poursuivit par un essai intitulé Divers Voyages Touching the Discoverie of America and the Ilands Adjacent unto the Same, Made First of all by our Englishmen and Afterwards by the Frenchmen and Britons (1582).

Les Voyages de Hakluyt attirèrent l'attention de Lord Howard of Effingham, et de Sir Edward Stafford, beau-frère du précédent. Hakluyt, âgé à présent de 30 ans, et familier des « plus éminents capitaines au long cours, des plus grands négociants, et des meilleurs marins de notre nation », fut choisi pour être chapelain and secrétaire de Stafford, nouvel ambassadeur anglais à la cour de France, qu'il accompagna à Paris en 1583. Sur les instructions du Secrétaire d'État Francis Walsingham, il se consacra principalement à la collecte d'information sur les explorations espagnoles et Françaises, « recherchant minutieusement toute information propre à éclairer nos explorations du Ponant aux Amériques ». Bien que cette ambassade fût le seul séjour de sa vie sur le Continent, elle suffit à l'irriter par les discussions dont il fut témoin à Paris, sur les limitations imposées aux Anglais pour les explorations outre-mer.

La façade ouest de la Cathédrale de Bristol (avril 2005).

Les premiers résultats des recherches menées par Hakluyt à Paris furent publiés dans un livre intitulé A Particuler Discourse Concerninge the Greate Necessitie and Manifolde Commodyties That Are Like to Growe to This Realme of Englande by the Westerne Discoueries Lately Attempted, Written in the Yere 1584, que Sir Walter Raleigh lui avait commandé. Le manuscrit, perdu de vue trois siècles durant, ne fut publié qu'en 1877. Hakluyt rentra en Angleterre en 1584, et offrit une copie de son Discourse à la reine Élisabeth (à qui l'ouvrage était dédié) ainsi que ses commentaires en Latin sur la Politique d'Aristote. Il y recommandait de créer des colonies anglaises sur les territoires encore vierges de l'Amérique du Nord, afin de gagner la reine à la cause de Walter Raleigh et de ses projets d'expédition. En mai 1585, alors que Hakluyt avait rejoint l'ambassade à Paris, la reine lui octroya la première chaire vacante en prébende à la Cathédrale de Bristol, dont il bénéficia effectivement dès 1585 ou 1586 et qu'il conserva, avec d'autres bénéfices ecclésiastiques, jusqu'à sa mort.

Les autres écrits de la période parisienne de Hakluyt consistent pour l'essentiel en traductions et compilations, avec des dédicaces et préfaces de son crû. Ces écrits postérieurs, à côté de quelques lettres, sont pour nous les seules sources biographiques sur la vie du géographe anglais. Hakluyt s'intéressa de près au journal de bord de René de Laudonnière, intitulé Histoire Notable de la Floride, paru à Paris en 1586. Le succès du livre dans la capitale française incita Hakluyt à en entreprendre la traduction en langue anglaise ; il la fit paraître sous le titre A Notable Historie Containing Foure Voyages Made by Certayne French Captaynes unto Florida (1587). La même année, son édition du De Orbe Nouo Decades Octo de Pierre Martyr d'Anghiera parut à Paris. Cet ouvrage comporte une carte gravée rarissime, dédiée à Hakluyt et signée F.G. (attribuée à Francis Gualle), et où le nom de "Virginia" apparaît pour la première fois.

Retour en Angleterre

Frontispice de la première édition des The Principall Navigations, Voiages, and Discoveries of the English Nation de Hakluyt (1589).

En 1588, Hakluyt, après avoir servi neuf ans en France, rentra définitivement en Angleterre en compagnie de Lady Stafford. En 1589, il publiait la première édition de son chef d'œuvre, un recueil commenté intitulé The Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation, qui s'appuie autant que possible sur les témoignages directs des colons et explorateurs. Dans la préface, l'auteur annonce la fabrication prochaine par Emery Molyneux du premier globe terrestre en Angleterre. L'édition définitive en trois volumes des The Principal Navigations, Voiages, Traffiques and Discoueries of the English Nation parut entre 1598 et 1600. Dans la dédicace du second volume (1599) à son mécène Robert Cecil, il engageait le ministre à entreprendre sans tarder la colonisation de la Virginie. Quelques exemplaires de cet ouvrage monumental comportent encore une carte d'un extrême rareté : la première mappemonde fondée sur la projection de Mercator parue en Angleterre, et exécutée selon les principes d'Edward Wright. Le recueil de Hakluyt a été qualifié par l'historien James Anthony Froude d'« épopée de l'Angleterre moderne ».

Le 20 avril 1590, Lady Stafford, elle-même Comtesse de Sheffield, confia à Hakluyt le rectorat de Wetheringsett-cum-Brockford, dans le Suffolk. Il conserva cette charge jusqu'à sa mort, et résida à Wetheringsett tout au long des années 1590 et même encore souvent par la suite. En 1601, Hakluyt publia sous le titre The Discoveries of the World la traduction du portugais d'un ouvrage d'Antonio Galvão. Cette même année son nom est cité comme conseiller de la Compagnie anglaise des Indes orientales, fournissant des cartes et des informations sur les comptoirs.

Au service de Robert Cecil

À la fin des années 1590, Hakluyt devint le chapelain privé et le pensionné de Robert Cecil, le fils de Lord Burghley, qui devait s'avérer le mécène le plus généreux du géographe élisabéthain. Hakluyt dédia à Cecil le second (1599) et le troisième tome (1600) de l'édition augmentée des Principal Navigations, ainsi que son édition des Discoveries de Galvão (1601). Cecil, premier Secrétaire d'état de la reine Élisabeth et du roi Jacques Ier, le gratifia des bénéfices de prébendier de l'Abbaye de Westminster le 4 mai 1602. L'année suivante, il fut élu archidiacre de l'abbaye.

Hakluyt fut marié deux fois, d'abord en 1594 puis en 1604. Sur l'acte du second mariage, daté du 30 mars 1604, il est qualifié de chapelain du Savoy Hospital ; c'est également le titre que lui donnait Cecil. Son testament mentionne des appartements qu'il occupait dans cette institution à son décès, tandis qu'un autre document indique qu'il est docteur en théologie (D.D.).

Sur cette carte de Westminster due à John Norden (1593), la flèche rouge indique l'emplacement du Savoy Hospital, où Hakluyt était chapelain. Cette institution fut ouverte aux pauvres et nécessiteux par le roi Henri VII sur les bords de la Tamise.
Sceau de la Virginia Company de Londres.

Hakluyt fut aussi l'un des principaux actionnaires de la Virginia Company of London dont il devint directeur en 1589. En 1605 il organisa le ravitaillement de la ville de James Town, qui devait devenir la capitale de la colonie anglaise de Virginie. Lorsqu'en 1607 la colonie fut consolidée, il y dépêcha le chapelain Robert Hunt. Il fut à l'origine d'une pétition adressée à Jacques Ier demandant l'octroi de lettres patentes pour coloniser la Virginie : celles-ci furent accordées le 10 avril 1606. Son dernier écrit fut une traduction des explorations en Floride d'Hernando de Soto, publié sous le titre de Virginia Richly Valued, by the Description of the Maine Land of Florida, Her Next Neighbour (1609). Cet ouvrage était censé encourager la jeune colonie de Virginie.

L'historien écossais William Robertson écrivit à propos de Hakluyt, « l'Angleterre lui est davantage redevable de ses possessions américaines qu'à n'importe quel autre de ses contemporains. »

Postérité

Hakluyt mourut le 23 novembre 1616, probablement à Londres, et fut inhumé le 26 novembre dans l'abbaye de Westminster ; le registre de l'abbaye porte la mention erronée que l'enterrement eut lieu en 1626.

En 1591, à la mort de son frère aîné Thomas, Hakluyt avait hérité des terres de sa famille ; un an plus tard, lorsque son frère benjamin Edmund décéda, il hérita d'une propriété léguée naguère par son oncle. En 1612, Hakluyt devint l'un des investisseurs de la North-west Passage Company. À sa mort, il était à la tête d'une petite fortune tirée de ses émoluments et bénéfices divers, dont le rectorat de Gedney, dans le Lincolnshire, qui lui avait été proposé par son frère cadet Oliver en 1612. Cette fortune fut rapidement dilapidée par son unique fils.

Samuel Purchas fit l'acquisition d'un grand nombre de ses manuscrits, qui auraient pu former un quatrième tome des Principall navigations, mais qu'il publia sous forme résumée dans ses Pilgrimes (1625–1626). Le reste des manuscrits, essentiellement des notes de lecture d'auteurs contemporains, sont conservés à la bibliothèque de l'Université d'Oxford.

Hakluyt est surtout célèbre en tant que propagandiste de la colonisation anglaise de l'Amérique du Nord. Ses écrits exotiques étaient déjà en leur temps une source d'inspiration pour William Shakespeare et bien d'autres artistes. Mais Hakluyt encouragea également les travaux géographiques et historiques de ses contemporains : c'est à son instigation que Robert Parke traduisit l' Histoire des faits mémorables, des rites et coûtumes du grand royaume de Chine de Juan Gonzalez de Mendoza (sous le titre The History of the Great and Mighty Kingdom of China and the Situation Thereof, 1588–1590), que John Pory publia sa version de la « Description de l'Afrique » de Léon l'Africain (A Geographical Historie of Africa, 1600), et Pierre Érondelle la Nova Francia de Marc Lescarbot (1609).

La Hakluyt Society, créée en 1846, se donne pour mission de publier les récits de voyage rares ou inédits, et publie encore aujourd'hui de nouveaux livres année après année.

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