Tous les couples d'oxydant-réducteur s'écrivent sous la forme Ox/Red. Ils sont classés de l'oxydant le plus fort au plus faible, ou du réducteur le plus faible au plus fort, et on indique la valeur de leur potentiel en volt (à 25 °C et à 101,3 kPa).
Oxydant/Réducteur | E0 (V) |
---|---|
![]() | +2,87 |
![]() | +2,01 |
![]() | +1,77 |
![]() | +1,69 |
![]() | +1,51 |
![]() | +1,50 |
![]() | +1,45 |
![]() | +1,36 |
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![]() | +1,23 |
![]() | +1,23 |
![]() | +1,08 |
![]() | +0,96 |
![]() | +0,85 |
![]() | +0,84 |
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![]() | -0,44 |
![]() | -0,76 |
![]() | -1,66 |
![]() | -2,37 |
![]() | -2,71 |
![]() | -2,87 |
![]() | -2,92 |
![]() | -3,05 |
Le corps humain se sert également des réactions d'oxydo-réduction pour des processus de biosynthèse, telle la biosynthèse des acides gras, la chaîne respiratoire mitochondriale ou la néoglucogenèse. Les couples les plus utilisés sont notamment :
Le caractère « oxydant » ou « réducteur » est relatif dans le cadre d'une réaction chimique. Un élément réducteur dans une réaction peut être oxydant dans une autre. Mais il est possible de construire une échelle de force oxydante (ou, dans l'autre sens, de force réductrice) : c'est le potentiel d'oxydo-réduction, qui se mesure en volt. En outre, ce potentiel peut dépendre du contexte chimique et notamment du pH, et même du contexte physique : les effets de la lumière sont mis à profit aussi bien par la nature dans la photosynthèse, que par l'homme dans la photographie.
Dans certaines réactions d'oxydo-réduction, notamment en phase sèche (c'est-à-dire en milieu non aqueux, souvent à haute température), il n'y a pas de transfert évident d'électrons. On peut citer par exemple le cas de la combustion du dihydrogène dans le dioxygène de l'air:
Selon la définition ancienne (voir plus haut), l'élément hydrogène, qui s'est combiné avec l'élément oxygène, a subi une oxydation.
Mais les réactifs H2 et O2, et le produit H2O sont des molécules; aucun ion, qui permettrait une interprétation en termes de transfert d'électrons, n'est présent dans les espèces chimiques impliquées.
Pour résoudre le problème, il faut faire appel à l'électronégativité d'un élément. Cette grandeur caractérise la capacité d'un atome de l'élément à capter un ou plusieurs électrons pour se transformer en ion négatif. Dans les molécules, les atomes sont liés par des liaisons covalentes.
1. Atomes de même électronégativité : liaison covalente
Au sens strict, une liaison covalente résulte de la mise en commun d'une ou plusieurs paires d'électrons (doublets partagés ou doublets liants) entre deux atomes identiques (cas des liaisons entre atomes dans les molécules H2 et O2 de l'exemple précédent), donc de même électronégativité. Les doublets sont équitablement partagés entre les deux atomes : ceux-ci restent électriquement neutres.
2. Atomes d'électronégativités différentes : liaisons ionique, covalente polarisée, iono-covalente
2.1 Transfert total d'électrons entre les atomes : formation d'une liaison ionique
Lorsque la différence d'électronégativité ΔEn entre les atomes est importante (typiquement ΔEn > 2), les électrons de liaison sont fortement déplacés vers l'atome le plus électronégatif qui les accapare presque totalement : ce transfert pratiquement total d'électrons fait de cet atome un ion négatif (ou anion) et de l'autre atome un ion positif (ou cation). Comme il n'y a plus à proprement parler de mise en commun d'électrons, il n'y a plus de liaison covalente. La liaison chimique est ici une liaison entre ions ou liaison ionique. Ce type de liaison est un cas limite, jamais atteint à 100%.
2.2 Transfert électronique partiel : liaison covalente polarisée, liaison iono-covalente
Si la différence d'électronégativité est plus faible, le transfert d'électrons entre les deux atomes n'est plus total, mais le transfert partiel de charge négative vers l'atome le plus électronégatif produit un excédent de charge négative sur cet atome (qui porte alors une charge partielle négative, notée δ-) et un déficit de charge négative sur l'autre atome (qui porte alors une charge partielle positive, notée δ+); la liaison entre les atomes est une liaison covalente polarisée (lorsque la polarisation est modérée) ou iono-covalente (liaison au caractère « semi-ionique », lorsque la polarisation est notable, typiquement pour 1 < ΔEn < 2).
Type de liaison | Transfert électronique entre atomes | Position moyenne du doublet [:] = doublet liant | Modèle (doublet liant = —— ) |
---|---|---|---|
| | | |
ou iono-covalente | | | |
(attraction électrostatique) | | | |
Envisageons la combustion du sodium (Na) dans le dioxygène:
L'élément O est beaucoup plus électronégatif que l'élément Na : le transfert d'électrons est pratiquement total; on peut appliquer à Na2O le modèle ionique : ce composé est constitué d'ions Na+ et O2-.
L'interprétation de la réaction en termes d'oxydo-réduction ne pose pas de problème :
Dans la molécule d'eau, les électrons de liaison sont attribués à l'atome O, le plus électronégatif. L'eau devient un composé ionique fictif, constitué d'ions fictifs H+ et O2-. La réaction s'interprète alors comme dans le cas précédent :
Le nombre d'oxydation (n.o.) ou degré d'oxydation (d.o.) représente la charge de chaque ion fictif de l'élément dans l'espèce chimique considérée.
On l'exprime en chiffres romains pour le différencier de la charge d'un ion réel.
Cette définition est plus générale que celle se limitant à des échanges réels d'électrons. Elle est applicable aussi bien à un transfert partiel qu'à un transfert total d'électrons.
1. Reconnaître les réactions d'oxydo-réduction
Si, au cours d'une réaction, on n'observe aucune variation des n.o. des éléments, cette réaction n'est pas une réaction d'oxydo-réduction.
Exemples
Au cours de la réaction, le n.o.(H) augmente de 0 à +I et le n.o.(Cl) diminue de 0 à -I : cette réaction est une réaction d'oxydo-réduction.
Extrait de l'échelle d'électronégativité des éléments (par ordre d'électronégativité décroissante) : O > Cl > H > Ca (voir échelle de Pauling).
Au cours de la réaction, aucune variation de n.o. n'est observée : cette réaction n'est pas une réaction d'oxydo-réduction.
2. Equilibrer les équations-bilans de réactions d'oxydo-réduction
Les variations des n.o., notées Δn.o., correspondent à un transfert de charges des réducteurs vers les oxydants.
La charge totale gagnée par les oxydants est donc égale à la charge totale cédée par les réducteurs.
Exemple
Equilibrer l'équation suivante : HCl + O2 → Cl2 + H2O; soit : x HCl + y O2 → z Cl2 + t H2O.
Pour la commodité des calculs, on peut provisoirement représenter les n.o. par des chiffres arabes.
Au cours de la réaction :
La charge totale cédée par les atomes Cl et celle captée par les atomes O doivent être égales en valeurs absolues.
Ici x atomes Cl échangent avec 2y atomes O => x × | Δn.o.(Cl) | = 2y × | Δn.o.(O) |, soit : x × 1 = 2y × 2, ou x = 4y .
On choisit les coefficients entiers les plus petits possibles, soit y = 1 d'où x = 4 ; les valeurs de z et t en découlent (conservation des éléments) :
Remarque - Dans le cas général où les mutiplicateurs a, b, ... des coefficients x, y, ... des réactifs sont tous différents de 1, on calcule le plus petit commun multiple (ppcm) P de ces mutiplicateurs. On écrit ensuite : ax = by = ... = P.
3. Nommer certains composés chimiques
L'écriture des formules et la dénomination des composés chimiques sont codifiées par l'UICPA.
Les n.o. sont utilisés dans la nomenclature principalement lorsqu'un élément peut présenter plusieurs états d'oxydation.
Quelques cas
3.1. Cations monoatomiques
On nomme les cations monoatomiques en ajoutant entre parenthèses après le nom de l'élément, soit le nombre de charge approprié suivi du signe plus, soit le nombre d'oxydation (chiffre romain). Le nom est précédé du terme « ion » ou « cation ».
Exemples
Na+ : ion sodium(1+) ou cation sodium(I) ; Ca2+ : ion calcium(2+) ou cation calcium(II) ; Al3+ : ion aluminium(3+) ou cation aluminium(III).
3.2. Composés solides
D'une manière générale, les noms des composés chimiques sont basés sur les proportions de leurs constituants.
a) Cristaux ioniques
Remarque préliminaire : les proportions des ions constituant un cristal sont déterminées par la condition de neutralité électrique de l'ensemble.
Règle : le préfixe « mono- » est toujours omis, sauf pour éviter des confusions.
CaCl2 : dichlorure de calcium ; une deuxième simplification est encore envisageable :
Recommandation : si les composés contiennent des éléments tels qu'il n'est pas nécessaire de préciser les proportions, par exemple quand le degré d'oxydation est habituellement invariant, ces proportions n'ont pas besoin d'être fournies.
CaCl2 est le seul composé constitué des éléments Ca et Cl : nom = chlorure de calcium, préféré à dichlorure de calcium.
b) Cristaux iono-covalents
Formule de l'oxyde | Proportion des constituants | Nom | Modèle ionique fictif | Nom basé sur les n.o. de Fe |
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