Les rayonnements les plus énergétiques transfèrent assez d’énergie aux électrons de la matière pour les arracher de leur atome. Les atomes ainsi privés de certains de leurs électrons sont alors chargés positivement. Les atomes voisins qui accueillent les électrons se chargent négativement.
Les atomes chargés positivement ou négativement sont appelés ions. Les atomes qui ont perdu au moins un électron sont devenus des ions positifs (cations), tandis que les atomes qui ont reçu au moins un électron sont devenus des ions négatifs (anions).
Les rayonnements capables de provoquer de telles réactions sont dits ionisants.
Les rayonnements ionisants regroupent :
Les autres rayonnements sont appelés rayonnements non ionisants et comprennent les ondes électromagnétiques les moins énergétiques : la limite se situe au niveau de la bande la plus énergétique de l'ultraviolet.
Lorsqu’un rayonnement pénètre la matière, il interagit avec elle et lui transfère de l’énergie. La dose absorbée par la matière caractérise ce transfert d’énergie. L’unité de dose absorbée par la matière est le Gray (Gy) qui est équivalent à un Joule absorbé par kilogramme de matière.
Pour apprécier à leur juste valeur les risques liés aux rayonnements ionisants, il est nécessaire de regarder l’exposition naturelle de l’homme, à laquelle il a toujours été soumis. Tous les organismes vivants y sont adaptés et semblent capables de corriger, jusqu’à un certain degré, les dégâts dus à l’irradiation.
En France, l’exposition annuelle de l’homme aux rayonnements ionisants est d’environ 2 mSv. En plus de cette radioactivité naturelle, nous sommes exposés à des rayonnements provenant de sources artificielles. Ces rayonnements sont du même type que ceux émis par des sources naturelles et leurs effets sur de la matière vivante sont, à dose égale, identiques. Ce sont essentiellement les radiographies médicales ou dentaires.
Seulement 1,5 % provient d’autres sources comme les retombées des essais aériens des armes nucléaires et les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, mais leur effet peut être très aggravé lorsque la contamination est interne, suite à l'absorption de radionucléides dans les aliments.
Selon la manière dont les rayonnements atteignent l’organisme, on distingue deux modes d’exposition : externe ou interne.
L’exposition externe peut concerner tout l’organisme ou une partie seulement de celui-ci. Elle cesse dès que l’on n’est plus sur la trajectoire des rayonnements (cas par exemple d’une radiographie du thorax).
Une réglementation a défini depuis 2006 plusieurs modes d'exposition :
La contamination peut être surfacique, ou volumique (atmosphérique).
Voir aussi Irradiation et Contamination radioactive.
Valeurs de quelques périodes radioactives :
Tous les radioisotopes ne sont pas éliminés naturellement (urines...) à la même vitesse. Certains peuvent s’accumuler dans des organes spécifiques (os, foie...) avant d’être évacués du corps.
Pour chacun des éléments radioactifs, on définit, en plus de sa période radioactive, une période biologique.
Il n'y pas de conséquence sanitaire au rayonnement naturel. Il y aurait peut-être même au contraire des effets bénéfiques aux faibles doses d'irradiation. En effet, dans certaines régions du monde (Ramsar (Iran), Kerala (Inde)), les doses reçues par les habitants dépassent 240 fois les doses généralement conseillées par les normes internationales. De plus, ces populations ne sont pas plus affectées que celles des régions avoisinantes, et il semble avoir plutôt un effet positif.
Les rayonnements ionisants que nous recevons de sources naturelles ont des origines diverses et se répartissent en trois principaux types :
On appelle rayonnement cosmique un flux de particules (principalement des protons) dotées d’une énergie très élevée, de l’ordre du GeV. Il est d’origine solaire ou galactique. Ces protons de haute énergie entrent en collision avec les noyaux des atomes de l’atmosphère et créent des fragments eux-mêmes dotés d’une énergie élevée (protons, neutrons, muons, neutrinos, mésons, etc.).
Le débit d’équivalent de dose dû aux rayonnements cosmiques est en moyenne de 0,3 mSv/an au niveau de la mer. Mais il varie considérablement en fonction de l’altitude et de la latitude (voir le tableau ci-dessous).
Altitude (km) | 0° (équateur) | 30° | 50° |
0 | 0,35 | 0,4 | 0,5 |
1 | 0,60 | 0,7 | 0,9 |
2 | 1,0 | 1,3 | 1,7 |
3 | 1,7 | 2,2 | 3,0 |
4 | 2,6 | 3,6 | 5,0 |
5 | 4,0 | 5,8 | 8,0 |
10 | 14,0 | 23,0 | 45,0 |
15 | 30,0 | 50,0 | 110,0 |
20 | 35,0 | 60,0 | 140,0 |
Cela a pour conséquence que certaines populations subissent une exposition plus importante que la moyenne. Le tableau ci-dessous donne les équivalents de dose reçus par les populations de villes situées en altitude.
Ville | Altitude (m) | Latitude (°) | DDDE (mSv/an) | Population (hab) |
La Paz (Bolivie) | 3 630 | 16° S | 2,7 | 320 000 |
Quito (Équateur) | 2 850 | 0°S | 1,6 | 213 000 |
Bogotá (Colombie) | 2 640 | 4° N | 1,5 | 325 000 |
Cerro de Pasco (Pérou) | 4 259 | 10° S | 3,3 | 20 000 |
Lhassa (Tibet) | 3 684 | 30° N | 3,1 | 20 000 |
Nous sommes exposés aux rayonnements dus aux radioéléments présents dans la croûte terrestre. Il existe une cinquantaine de radioéléments naturels dont la plupart font partie des 3 familles naturelles du thorium, de l’uranium et de l’actinium.
C’est le thorium qui existe en quantité la plus importante (10 ppm en moyenne). On trouve ensuite l’uranium (2 à 3 ppm), puis l’actinium.
Un autre radioélément contribue de façon notable : le potassium 40 (40K), isotope naturel du potassium (0,01167 %). Sa concentration est de l’ordre de 100 à 1 000 Bq/kg de sol.
Le débit de dose radioactive absorbée moyen dû à l’ensemble de ces isotopes est d’environ 0,3 mSv/an en France. Il varie cependant largement en fonction de la composition du sol. L’équivalent de dose reçu en Bretagne ou les Vosges est de 2 à 3 fois supérieur à celui reçu dans le Bassin parisien. Dans certaines régions, comme l’État de Kerala sur la côte Sud-Ouest de l’Inde, il atteint même 30 mSv/an.
La chaleur interne de la Terre provient, selon une proportion d'environ 80 %, de celle produite par la radioactivité naturelle du sol. Voir l'article Géothermie.
Des émanations gazeuses de certains produits issus de la désintégration de l’uranium contenu dans le sol tels que le radon, ou le potassium des aliments dont nous retenons une partie dans notre organisme (élément dont nous maintenons en permanence un stock d'environ 165 g par personne), provoquent chez chacun d’entre nous, en moyenne, une irradiation de 1,55 mSv par an. La principale source d’irradiation naturelle est le 222Rn, gaz naturel radioactif. Elle représente environ un tiers de l’irradiation reçue et augmente dans les régions granitiques.
Toutes les familles naturelles ont dans leur chaîne de désintégration un isotope du radon (222Rn engendré par le 226Ra, et le 220Rn appelé également thoron, engendré par le 224Ra). Ces gaz émanent du sol, des eaux et des matériaux de construction. Les valeurs moyennes des concentrations ont été évaluées à 2 Bq/m3 en plein air et 20 Bq/m3 dans les habitations pour le plus important d’entre eux : le 222Rn. Ces gaz et leurs descendants solides irradient les poumons.
Le potassium étant un élément important de notre constitution et vital au bon fonctionnement de nos cellules (environ 165 g par personne), l’isotope 40K de cet élément contribue à une activité intérieure constante d'environ 5 000 Bq, auxquels viennent s'ajouter une part similaire due à l'activité de l'ensemble des autres isotopes instables de notre corps.
Exemple : radioactivité de différents milieux naturels
Le tableau suivant résume la contribution des diverses composantes de la radioactivité naturelle. Il faut toutefois se souvenir que ce sont des valeurs moyennes susceptibles de variations importantes en fonction de l’altitude, de la latitude et de la composition du sous-sol.
Source naturelle | Exposition (mSv/an) |
Rayonnement cosmique | |
Rayonnement tellurique | |
Isotopes cosmiques | |
40K | |
222Rn + descendants | |
220Rn + descendants | |
Divers | |
Total | |
Pour chaque habitant, l’exposition annuelle moyenne aux sources artificielles d’irradiation est d’environ 1 mSv. Celles-ci sont principalement les irradiations médicales et les applications industrielles des rayonnements.
Les centrales nucléaires, les usines de traitement du combustible nucléaire usé, les retombées des anciens essais nucléaires atmosphériques et de la catastrophe de Tchernobyl, etc., exposent chaque homme en moyenne à 0,002 mSv par an.
Il s’agit principalement des radiographies médicales et dentaires qui provoquent une irradiation externe proche de 1 mSv par an (moyenne en France).
L’essor du radiodiagnostic a été un des facteurs essentiels du progrès médical au cours du XXe siècle. Les équivalents de dose délivrés par les différents types d’examens varient considérablement en fonction de la profondeur des organes étudiés et de la dimension du segment de l’organisme concerné. À côté des appareils classiques, sont apparus progressivement des appareils plus perfectionnés (« scanners ») qui, associés à des ordinateurs, permettent de réaliser des images en coupe (tomographies) de l’organisme.
Examen médical | Dose (mGy) |
Radiographie pulmonaire | |
Radiographie du crâne | |
Radiographie de l’abdomen | |
Scanner du crâne | |
Urographie | |
Scanner du corps entier | |
Transit œsogastroduodénal | |
La radiothérapie externe est un des traitements de base des cancers. On utilise généralement des rayonnements de haute énergie émis par des sources de cobalt radioactif 60Co ou par des accélérateurs de particules. Dans certains traitements dits de curiethérapie, un corps radioactif est placé, soit au contact immédiat des tissus à irradier, soit implanté sous forme d’aiguilles radioactives (iridium, césium). Les doses classiquement administrées sont élevées (40 à 80 Gy) et espacées dans le temps pour permettre aux tissus sains de se régénérer. Les techniques d'implantation définitive de grains radioactifs (iode, palladium) sont en expansion.
La médecine nucléaire utilise des isotopes radioactifs pour l’exploration de l’organisme humain. Elle consiste à injecter un isotope radioactif qui se fixe dans la partie à explorer et de réaliser une image à l’aide d’une caméra à scintillation (scintigraphie).
Les isotopes utilisés sont l'iode 131 (131I) pour l’exploration fonctionnelle de la thyroïde et surtout le technétium 99m (99mTc) dont l’intérêt est sa courte période radioactive (T = 6,02 h) ce qui minimise les équivalents de dose administrés. Il peut être obtenu à partir de molybdène 99mMo par un appareil à élution.
L'exploration fonctionnelle d'organes tels que le cerveau utilise la tomographie à émission de positons. L'isotope utilisé est souvent le 18F, (de période 2 h) injecté sous une forme liée à un sucre : l'activité cérébrale consomme du glucose et les zones les plus actives lors d'une tâche cognitive seront visualisées par une gamma-caméra.
Exploration | Équivalent de dose (mSv/mCi) |
Vessie | |
Estomac | |
Intestin | |
Thyroïde | |
Ovaires | |
Testicules | |
Moelle osseuse | |
Corps entier | |
Du fait de leur forte profondeur de pénétration et de leurs interactions avec la matière, les rayonnements ionisants sont utilisés pour effectuer des mesures.
Radioconservation des denrées alimentaires
Actuellement en plein essor, la radioconservation des denrées alimentaires utilise le rayonnement gamma du 60Co ou des électrons accélérés. Elle n’induit aucune radioactivité au sein des aliments. Elle a pour effet :
Les doses utilisées sont de l’ordre de 102 à 104 Gy.
Stérilisation
La radiostérilisation du matériel médico-chirurgical par rayonnement gamma (25 kGy) peut s’effectuer sur le matériel déjà placé dans son emballage définitif.
Les centrales nucléaires ne constituent qu'un élément de la production d'électricité. Celle-ci comporte trois stades :
Pour conclure, il semble intéressant de présenter une vue synthétique des principales sources d'exposition de l'homme avec les équivalents de dose correspondants. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit de valeurs moyennes et que certains groupes d'individus (tels les travailleurs de l'énergie nucléaire et les populations habitant dans certaines régions) sont exposés à des équivalents de dose plus importants.
Radioactivité | Exposition interne | Exposition totale |
Radioactivité naturelle | | |
Irradiation à des fins médicales | | |
Essais nucléaires | | |
Énergie d’origine nucléaire | | |
Total | | |