Quinquina jaune - Définition

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De la cueillette à la culture

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les marchés européens étaient approvisionnés en écorces du Pérou, à partir des forêts de Loja (actuellement dans l'Equateur). Puis lorsque les chimistes eurent mis en évidence les fortes teneurs en quinine du quinquina calisaya, les forêts de Bolivie où cet arbre croît en abondance furent aussi exploitées. « ...l'affluence des cascarilleros [écorcheurs], dans les forêts, devint si considérable, qu'en peu de temps il resta à peine un arbre à quinquina dans le voisinage des lieux habités, et les exportations de la drogue devinrent si considérables qu'elle tomba à vil prix. » observait le botaniste Hughes Weddell en 1853, « Il est de toute évidence que le quinquina calisaya, si on continue à l'exploiter de la sorte, finira tôt ou tard par disparaître plus ou moins complètement de nos marché.... ». Le maximum du prélèvement sera atteint en 1882 avec 10 000 tonnes d'écorce sauvage produite, ce qui est beaucoup compte tenu des méthodes prédatrices d'exploitation et très peu compte tenu des besoins considérables en quinine de la population mondiale impaludée. D'après l'évaluation de B. Etemad cette production couvrait les besoins de 3% de la population impaludée.

Séchage de l'écorce du quinquina à Java, 1970

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la production du quinquina sauvage se trouvera uniquement dans le domaine colonial espagnol (Pérou, Bolivie, Équateur et Colombie). Pour répondre au besoin grandissant en quinine, les puissances européennes vont chercher à "acclimater" la plante dans leurs colonies. Les Britanniques introduisirent le quinquina rouge (Cinchona succiruba) avec succès à Ceylan. Puis les Hollandais réussirent à supplanter la production anglaise grâce à la culture commerciale du quinquina jaune (connu à l'époque sous le nom de Cinchona ledgeriana) dont l'écorce est très riche en quinine et qu'ils choisirent de produire à Java.

C'est ainsi que jusqu'aux années 1880, l'essentiel de la production d'écorce fut assurée par l'Amérique du Sud. Il y eu ensuite une éphémère domination de Ceylan vers 1885, vite supplantée par les Indes néerlandaises. Dans les années de l'entre-deux-guerres, ces dernières assureront environ 90% de la production mondiale d'écorce de quinquina. Mais l'invasion japonaise de l'Indonésie, en détruisant les quelques 20 000 hectares de plantations de quinquina, sonnera le glas de cet épisode de l'histoire de la quinine.

L'écorce de quinquina et la quinine qui en était extraite ont, pour certains historiens, joué un rôle déterminant dans l'expansion coloniale des puissances européennes. « Grâce à cette drogue tirée d'une plante originaire des Andes, cultivée sur de riches terres asiatiques louées à bas prix et par une main d'œuvre soumise à un quasi-esclavage, l'homme blanc aurait pénétré et colonisé le continent noir », nous dit Bouda Etemad. « Ce qui est séduisant dans l'histoire de la quinine, c'est qu'elle réunit l'Europe, l'Amérique, l'Asie et l'Afrique, et apparaît ainsi comme un condensé de la colonisation. »

Dans les années 1950-1960, un produit de synthèse, la chloroquine (nivaquine), au coût de fabrication très faible, remplacera la quinine d'extraction dans les pays développés.

La culture s'est cependant poursuivie en Indonésie et s'est considérablement développée dans certains pays d'Afrique (République démocratique du Congo, Cameroun, Côte d'Ivoir).

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