Pygargue à tête blanche - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Répartition et habitat

Un jeune pygargue à tête blanche en Alaska

Le pygargue à tête blanche vit généralement près des côtes maritimes, des cours d'eau, des lacs riches en poissons. Des études ont montré qu'il préfère les étendues d'eau d'une circonférence supérieure à 10 kilomètres.

Ce rapace a besoin de grands arbres (conifères ou feuillus) pour se percher et faire son nid. Il choisit des forêts dont la canopée couvre de 20 à 60 % et se trouvant près d'un point d'eau.

Le pygargue à tête blanche est sensible aux activités humaines et recherche les zones les plus sauvages. Selon les spécialistes, il vit à plus de 1,2 kilomètres des secteurs faiblement peuplés par l'Homme et à plus de 1,8 kilomètres des secteurs urbanisés ou moyennement occupés.

L'aire de répartition naturelle du pygargue à tête blanche couvre la plus grande partie de l'Amérique du Nord, du Mexique au sud, au Canada et à l'Alaska au nord, en passant par les États-Unis. C'est la seule espèce de pygargue présente sur le continent nord-américain. L'oiseau peut vivre dans des milieux naturels très divers, des bayous de Louisiane au désert de Sonora, jusqu'aux forêts du Québec et de la Nouvelle-Angleterre. Ceux qui occupent le nord du continent américain migrent, alors que les autres restent toute l'année sur leur territoire de chasse.

Les pygargues à tête blanche se rassemblent dans certains secteurs en hiver. Ainsi, de novembre à février, 1 000 à 2 000 oiseaux hivernent à Squamish, à mi-chemin entre Vancouver et Whistler. Ils se nourrissent de saumons dans les rivières Squamish et Cheakamus.

Taxonomie

En anglais, le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) porte le nom de Bald Eagle qui provient du mot piebald désignant un animal bicolore ou pie. Le nom scientifique vient du grec haliaetos repris par le latin (Haliaeetus) qui signifie « aigle de mer ». Leucocephalus veut dire « tête blanche » et vient du grec « λευκος » (leukos = « blanc ») et de « κεφαλη » (kephale= « tête »).

Le pygargue à tête blanche a été décrit par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), dans son ouvrage Systema Naturae, sous le nom de Falco leucocephalus.

Deux sous-espèces de pygargue à tête blanche sont reconnues :

  • H. l. leucocephalus (Linnaeus, 1766) se différencie du H. l. washingtoniensis au sud du 38e parallèle nord, soit à peu près à la latitude de la ville de San Francisco en Californie. Il se rencontre dans le sud des États-Unis et en Basse-Californie (Mexique) ;
  • H. l. washingtoniensis (Audubon, 1827), synonyme de H. l. alascanus Townsend, 1897, est la sous-espèce vivant au nord des États-Unis, au Canada et en Alaska. Elle est présente au sud du 38e parallèle nord sur le littoral atlantique des États-Unis, par exemple dans la région du Cap Hatteras. Cette sous-espèce est plus grande que la forme nominale.

Le pygargue et les hommes

Statut et préservation

Pygargue à tête blanche
Détail de la tête

Le pygargue à tête blanche était une espèce commune dans toute l'Amérique du Nord avant d'être menacée par différents facteurs au milieu du XXe siècle. On attribua la fragilisation de la coquille des œufs à l'usage du pesticide DDT et à la biomagnification. Si le DDT n'est pas mortel pour les adultes, il affecte néanmoins le métabolisme de l'oiseau, le rendant stérile ou incapable de produire des œufs viables. Dans les années 1950, il ne restait plus que 412 couples de pygargues à tête blanche aux États-Unis, en dehors de l'Alaska. D'autres facteurs ont réduit la population des pygargues : la dégradation du milieu naturel, la chasse illégale, l'électrocution sur les lignes à haute tension, les collisions étaient les principales causes de mortalité de ces oiseaux. Ils étaient également affectés par la pollution au pétrole, au plomb et au mercure ainsi que par les intrusions humaines et des prédateurs.

Le pygargue à tête blanche a d'abord été protégé par le traité sur les oiseaux migrateurs de 1918, d'abord aux États-Unis et au Canada, avant que ce statut soit étendu à toute l'Amérique du Nord. Le Bald Eagle Protection Act de 1940, qui prenait également en compte l'aigle royal, interdisait leur capture à des fins commerciales et leur chasse. Le pygargue à tête blanche fut déclaré espèce menacée par les États-Unis en 1967 ; des amendements à la loi de 1940 furent pris pour renforcer les restrictions commerciales et pour alourdir les peines envers les contrevenants. En 1972, le DDT fut interdit aux États-Unis. En 1989, le DDT fut complètement banni au Canada, après que son usage eut été strictement limité à la fin des années 1970.

Ces mesures eurent pour effet une augmentation du nombre de pygargues. Au début des années 1980, on estimait leur population à 100 000 oiseaux, entre 110 000 et 115 000 en 1992, avec une forte concentration en Alaska (40 000 à 50 000 individus) et en Colombie-Britannique (20 000 à 30 000).

Aujourd'hui, la population s'est stabilisée et le pygargue à tête blanche a été retiré de la liste des espèces en danger par le gouvernement américain. Le 12 juillet 1995, l'U.S. Fish and Wildlife Service le classait sur la liste des espèces en danger. Le 6 juillet 1999, les spécialistes proposèrent de l'enlever de cette liste, ce qui fut fait officiellement le 28 juin 2007. Le pygargue a aussi été classé dans la catégorie « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l'UICN.

La population au Québec reste vulnérable même si l'espèce est en légère augmentation. La population y dépasserait cinq cent spécimens dont une centaine sur l'île d'Anticosti et le reste principalement en Outaouais.

Captivité

Pygargue en captivité.

Garder un pygargue en captivité est soumis à autorisation aux États-Unis. Seules les institutions publiques à vocation éducative sont autorisées à posséder cet oiseau. Elles montrent des animaux qui ont été blessés et qui ne peuvent survivre dans le milieu naturel. Les pygargues doivent être élevés dans des équipements adaptés et par des personnels expérimentés. Ils ne peuvent en aucun cas être utilisés pour la fauconnerie. En règle générale, le pygargue n'est pas un oiseau facile à dresser du fait de sa nature timide, stressée et imprévisible. Il ne peut pas vivre longtemps en captivité et ne se reproduit pas, même dans les meilleures conditions. Au Canada, une autorisation est aussi nécessaire pour la fauconnerie.

Le pygargue dans la culture amérindienne

Le pygargue à tête blanche était un oiseau sacré dans plusieurs cultures des Nord-Amérindiens qui utilisaient ses plumes pour les coiffes et les costumes religieux. Les aigles en général étaient considérés comme des messagers spirituels entre les dieux et les êtres humains. Au cours des pow wows, plusieurs danseurs portaient les serres des oiseaux comme marque de prestige. Les plumes étaient employées dans les cérémonies sacrées, dans l'ornementation des vêtements d'apparât. Les Lakotas par exemple donnaient des plumes comme symbole honorifique aux personnes ayant réalisé un exploit. Aujourd'hui, elles peuvent être données à l'issue d'une cérémonie de remise de diplôme universitaire.

Pour les Pawnees, ces oiseaux étaient des symboles de fertilité parce que leurs nids sont aménagés en hauteur et parce qu'ils protègent farouchement leurs petits. Les Kwakwaka'wakw éparpillaient des plumes pour accueillir des invités de marque. Chez les tribus des Grandes Plaines, pendant la danse du Soleil, on émettait des sifflements en soufflant dans un os d'aigle. Aux États-Unis, la loi précise que seuls les membres d'une tribu amérindienne reconnue par le gouvernement fédéral peuvent obtenir des plumes de pygargue à tête blanche ou d'aigle royal pour des usages spirituels et religieux.

Symbole des États-Unis

Le pygargue à tête blanche est l'oiseau national des États-Unis. Il est l'un des symboles les plus connus du pays et apparaît sur la plupart des sceaux officiels, y compris sur celui du Président américain (image). Il a été choisi le 20 juin 1782 par le Congrès continental : il est représenté tenant des flèches et une branche d'olivier entre ses serres.

En 1784, après la guerre d'indépendance, le savant et philosophe Benjamin Franklin écrivit de Paris une lettre célèbre à sa fille critiquant ce choix et proposant de remplacer le pygargue par le dindon sauvage qui, selon lui, représentait mieux les qualités américaines. Il estimait en effet que le rapace était un oiseau de mauvaise moralité (a Bird of bad moral character), et trop paresseux pour pêcher lui-même (too lazy to fish for himself), survivant seulement en dérobant les prises du balbuzard. Il préférait le dindon sauvage, qui était à ses yeux un oiseau bien plus respectable (a much more respectable Bird), un peu vaniteux et ridicule mais courageux (a little vain & silly [but] a Bird of Courage).

Le pygargue à tête blanche apparaît sur plusieurs pièces de monnaie comme le quarter (25 cents), la pièce de 1 dollar et sur plusieurs monnaies commémoratives, ainsi que sur de nombreux timbres d'usage courant.

Entre 1916 et 1945, le drapeau présidentiel montrait le rapace la tête tournée vers sa gauche , ce qui donna lieu à la légende urbaine : l'oiseau regarderait vers le rameau d'olivier en temps de paix et vers les flèches en temps de guerre.

L'aigle "Sam" a été choisi en 1984 pour devenir la mascotte des Jeux olympiques d'été de Los Angeles. Dessiné par Robert Moore et ses associés des Productions Walt Disney, "Sam" prit une apparence très sympathique et joviale afin de plaire aux enfants.

Page générée en 0.160 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise