Psychopathie - Définition

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Introduction

Voir « psychopathie » sur le Wiktionnaire.

La psychopathie est un trouble du comportement caractérisé par le déni de l'individualité d'autrui et un comportement généralement impulsif et antisocial pouvant aller jusqu'au crime. En psychologie, ce type de personnalité se caractérise par des conduites anti-sociales fondées sur des impulsions sans éprouver de culpabilité.

Ce sont en général des actes de délinquance, des mensonges ou le mépris du danger. La vie sociale est instable avec de nombreux changements professionnels, des absences ou des fugues. Les règles normatives de la vie sociale et des valeurs sont enfreintes. Ces personnes sont enclines à infliger des mauvais traitements à leurs familles. Pour eux, manifester des émotions est un signe de faiblesse et de la déchéance de leur influence sur autrui.

Environ 3 % des hommes et 1 % des femmes sont touchés par le comportement antisocial. En général, un psychopathe est un sujet qui a sa propre vision du bien et du mal, qui n'est pas celle acceptée socialement, pouvant donner lieu à une multitude de manifestations singulières asociales, antisociales délictueuses ou criminelles à divers degrés.

Évaluation

L’entretien clinique reste l’outil privilégié du clinicien français. Néanmoins, il existe différents outils pour évaluer la psychopathie :

  • l’Echelle de Psychopathie de Hare et al. qui distingue deux grands facteurs : le premier concerne le détachement émotionnel et pathologique narcissique et le second les comportements antisociaux et d’impulsivité ; cela dit, au-delà de la quarantaine, ces derniers comportements ont tendance à décliner (l'âge serait donc un allié thérapeutique).
  • Le test de Rorschach, système intégré d’Exner, très utilisé dans ce domaine, a permis par exemple de dégager un motif de réponses psychopathiques avec une mise en avant de caractéristiques narcissiques pathologiques (grandiosité et perception égocentrique de soi, omnipotence etc.) et un détachement émotionnel marqué (Gacono, Meloy etc.).

D’autres chercheurs, grâce à l’utilisation du Rorschach-Exner, ont validé l’hypothèse d’un conflit entre haute valeur personnelle et image de soi détériorée (Réveillère, Pham).

Théories psychologiques sur les causes

Parmi les théories psychologiques permettant d'approcher la question de l'étiologie du caractère psychopathique les recherches de Melanie Klein sont parmi les plus significatives.

Klein postule chez le bébé, à partir de ses observations cliniques, deux modalités normales de rapport aux "objets" environnementaux: la position schizo-paranoïde et la position dépressive. Celles-ci sont liées à une temporalité, que Klein décrit et date d'ailleurs de manière assez précise: la position schizo-paranoïde serait grossièrement liée à la première année de vie, et la position dépressive se mettrait en place ensuite, vers l'âge de un an. Le terme de "position" est préféré au terme de "phase" car Klein fait remarquer que la seconde modalité ne vient pas remplacer totalement la première, mais que, bien plutôt, elles vont par la suite coexister et travailler côte à côte dans le psychisme.

Dans la position schizo-paranoïde les objets sont perçus de manière "partielle" c'est-à-dire qu'ils sont considérés, en quelque sorte, de manière simpliste et "manichéenne" : ils sont bons ou mauvais selon qu'ils sont gratifiants ou frustrants.

Le nourrisson, par ailleurs, projette ses propres pulsions agressives orales sur les objets reconnus comme mauvais; l'archétype du bon objet est ainsi le sein qui "apparaît" quand le bébé le désire, et le mauvais objet le sein absent et frustrant.

Melanie Klein date vers l'âge de un an le développement progressif de la seconde modalité de rapport aux objets, la position dépressive, dans laquelle les objets sont reconnus de manière plus complexe et élaborée, non plus simplement bons ou mauvais, mais "composés". En parallèle de cela se développe progressivement la capacité "dépressive" qui ouvre la possibilité, en quelque sorte, de "s'en faire" (terme "to care" en anglais) pour les "objets" (le terme "objet" étant utilisé en psychologie analytique dans une large acception qui désigne fréquemment les personnes avec lesquelles on est en relation).

Le bébé, en reconnaissant progressivement la "personne totale" maternelle va se faire des reproches sur la manière dont il a pu l'attaquer par son avidité orale, en craignant de l'avoir endommagé. Par suite il va adopter des comportements "réparateurs" envers cet objet.

On peut ainsi entendre que c'est par des accidents dans le fil du développement psychique du jeune enfant, venant entraver la mise en place correcte de cette "position dépressive", qu'on peut arriver à des écueils psychopathiques.

Suivant ce fil théorique le caractère psychopathique serait donc lié à un "ancrage" dans la position et la modalité schizo-paranoïde, ce qui peut s'avérer éclairant dans les liens que peuvent entretenir caractère psychopathique et paranoïa.

Dans le cadre d'une approche psychodynamique le caractère psychopathique apparaît ainsi comme fondé sur des éléments de l'histoire archaïque du sujet, sans que cela amène pour autant à penser une totale fixité ou irréversibilité.

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