La psychomotricité est l'ensemble des fonctions motrices tenant compte de la synergie de ces fonctions avec les activités psychiques.
Le terme psychomotricité aurait été initialement conçu en Allemagne en 1844 par Wilhelm Griesinger fondateur de la neuropsychiatrie (Lehmans & Cornu, 1999) et repris ensuite en France par Jean Dupré au début du XXe siècle.
Le concept a été investi et développé dans divers champs de recherche : pédagogie, psychiatrie, psychologie. Il n'a cessé d'occuper une place prépondérante dans les recherches et les travaux des plus grands pédagogues, des psychiatres et psychologues. Citons pour mémoire, les travaux de J. de Ajuriaguerra, de G.B. Soubiran, de J.Bergès, de N. Galifret-Grangeon, de H. Wallon, de R. Zazzo, de H. Santucci ou de M. Stambak qui ont été le véritable creuset à partir duquel a été créée la profession de psychomotricien.
L'intérêt pour la psychomotricité et la reconnaissance de son efficacité ont conduit le gouvernement français à créer un diplôme d'État de psychomotricien en 1974. Plusieurs formations reconnues existent en France et conduisent au diplôme d'État (2 à Paris, 1 à Lille, 1 à Toulouse, 1 à Bordeaux, 1 à Lyon et 1 à Marseille).
En Suisse, à Genève, une formation a été créée par J. de Ajuriaguerra lui-même en collaboration avec Mme S. Naville qui a ensuite été la directrice de l'école à Zurich. Une troisième école existait à Bâle mais elle s'est fermée. Actuellement la formation à Genève qui fait partie de la HES-SO est de niveau bachelor.
Ailleurs, au Danemark, la psychomotricité s'est développée dès les années 1930, à partir de techniques de conscience corporelle, comme l'Eutonie, dont l'une des pionnières était Gerda Alexander. Depuis 2002 la formation en psychomotricité est une formation publique au niveau Bachelor (3 1/2 ans) et elle est proposée par deux écoles supérieures.
La profession existe aujourd'hui dans de nombreux autres pays européens, comme par exemple en Allemagne, en Autriche, en Espagne, au Portugal. Les pratiques psychomotrices en France font partie de la médecine curative.
En Suisse les praticiens exercent principalement dans les domaines pédago-thérapeutiques et médico-thérapeutiques.
La thérapeutique psychomotrice a pour objet de prévenir ou de traiter les troubles psychomoteurs ou les handicaps, conçus comme une altération du développement psycho-moteur et de l'organisation psychomotrice d'une personne, d'un patient à tous les âges de la vie.
Le psychomotricien intervient dans le dépistage, la prévention et le traitement des troubles psychomoteurs. Certaines de ses interventions peuvent également être à visée éducative, en particulier dans le cadre de la petite enfance.
Les interventions ont pour but de favoriser l'intégration sociale, mais aussi les apprentissages scolaires quand il s'agit d'enfants, de permettre une meilleure intégration sensori et psychomotrice, afin de favoriser l'activité du sujet, sa participation sociale, mais aussi le développement de sa personnalité tout entière.
L'être humain est en interaction permanente avec son environnement concret, familial et culturel. L'affectivité et l'intelligence, les possibilités d'agir sur le monde extérieur dépendent donc des conditions du milieu et de la qualité des relations qu'il entretient avec autrui. De ce fait la spécificité de l'approche psychomotrice réside autant dans l'écoute et l'attention particulières portées aux manifestations psycho-corporelles et à leurs significations qu'à l'attention portée aux possibilités effectives du sujet à être en relation, situé dans l'espace et le temps, orienté et capable d'anticipation.
La construction de l'organisation ou de la prévention des troubles, ainsi que la réduction des facteurs d'altération de la vie psychique et relationnelle par la mise en oeuvre de l'expérience corporelle sont visées par les multiples outils de médiation utilisés par les professionnels, comme par exemple, le jeu, la relaxation, etc.