La psychanalyse est une interprétation de certains actes humains en termes psychiques – qui en restitue le sens. Certaines actions sont perçues comme « involontaires », et pourtant ne sont pas des réflexes dont certains proviennent bien d'un ordre du cerveau : ce sont par exemple les lapsus, les actes manqués, ou les symptômes sans cause physique (hystérie, à distinguer des maladies psychosomatiques). Ces apparentes erreurs, ces symptômes, actes manqués, sont d'une certaine manière des actes réussis puisqu'ils sont un compromis qui révèlent le conflit sous-jacent ou qui sont la satisfaction d'un désir. Ainsi le rêve permet au dormeur de se voir réalisant ses souhaits et peut continuer de dormir sans être réveillé par une frustration.
La psychanalyse modélise l'appareil psychique par des « topiques », qui indiquent des « lieux », non pas au sens propre, mais des systèmes structurés qui s'articulent entre eux selon une dynamique. Freud a défini un grand nombre de concepts « métapsychologiques » pour parvenir à décrire cet appareil psychique que nous savons complexe et dont nous n'avons encore que des aperçus partiels.
Dès 1895, Freud élabore une première topique : celle qui distingue le conscient, le préconscient (autrement dit, la mémoire accessible), et l'inconscient, comprenant notamment les souvenirs refoulés, inaccessibles.
En 1920, pour résoudre de nombreuses questions qui émergent dans les cures, Freud crée une seconde topique : elle distingue le Ça, pôle pulsionnel inconscient de la personnalité, le Moi et le Surmoi. Le Moi doit assurer une adaptation à la réalité, là où le Ça ne se préoccupe pas des contraintes extérieures. Mais, le Moi est aussi le responsable de nombreuses « défenses » pathologiques. Le Surmoi est l'intériorisation de l'interdit parental - Freud voyait l'émergence du Surmoi comme tardive, mais des psychanalystes comme Melanie Klein ont pensé le Surmoi comme existant très précocement chez l'enfant. Le Surmoi se constitue comme le pôle de l'auto-agression, l'autocritique.
Mais le moteur qui dynamise tout cet appareil, c'est la pulsion, comme l'affirmera Lacan en reprenant à la lettre le mot de Freud Trieb (pulsion), fautivement traduit dans les premières traductions par instinct. Retenons qu'elle naît dans le Ça, pur désir sans intégration à la personnalité et sans considération pratique, et qu'elle sera intégrée, remaniée, par le Moi. Sous la pression du Surmoi, le Moi refoulera éventuellement cette pulsion, la rendant inconsciente et névrotique.
La pulsion a plusieurs formes : pulsion d'autoconservation – comme la faim –, pulsion sexuelle – pouvant être sublimée, ou pouvant passer de voir à être vu, etc. – et pulsion de mort, cette tendance à l'auto-annihilation que la Première Guerre mondiale révéla à Freud.
Il existe un inconscient psychologique, une pensée et une volonté cachées, et différentes des pensées et volontés conscientes.
Dans Cinq leçons sur la psychanalyse, Freud formule l'hypothèse que l'hystérie (ou névrose de transfert) est le résultat de l'impossibilité pour une personne de refouler entièrement un désir insupportable qui se présente à la conscience et qui produit un substitut, appelé symptôme, conservant les affects de malaise liés au désir rejeté de la conscience.
Or, ce refoulement pose deux questions décisives pour l'interprétation psychanalytique :
Le rêve permettrait donc de mettre à jour les mécanismes psychiques qui traduisent un contenu latent en contenu manifeste pour la conscience ; contenu manifeste fruit du travail du rêve, c'est-à-dire le compromis entre désir et interdit. Ces mécanismes supposent que le psychisme est excité par des stimuli divers, dont la source est corporelle mais dont la représentation est psychique : c'est la pulsion. Dans Les Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud explique que c'est un concept limite se trouvant entre le psychique et le somatique. Justement, comment une pulsion existe-t-elle psychiquement ?
En fait, une pulsion est représentée par une représentation et par un affect, ce qu'on appelle respectivement le représentant-représentation et le représentant-affect. L'essentiel des théories freudiennes de la pulsion est développé dans Pulsions et destins des pulsions.
Selon ce texte, la pulsion se définit selon quatre modalités :
De plus, la pulsion a quatre destins :