Psychanalyse de l'enfance - Définition

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Introduction

Psychologie
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Approches et courants

Psychodynamique • Humanisme • Psychologie positive • Béhaviorisme • Cognitivisme • Neuropsychologie • Psychanalyse

Méthodes

Psychologie expérimentale Psychologie clinique • Psychométrie • Psychologie différentielle

Branches d'études

Psychologie sociale • Psychologie environnementale • Psychologie cognitive • Psychopathologie Psychologie du développement

Concepts majeurs

Intelligence • Attitudes • Cognition • Identité • Comportement • Souffrance • Motivation Emotion • Relation humaine • Apprentissage Maladie mentale

Auteurs

Sigmund Freud Carl Gustav Jung Abraham Maslow • Carl Rogers • Jean Piaget Françoise Dolto Daniel Widlöcher Jacques Lacan • Serge Lebovici Ivan Pavlov Burrhus F. Skinner • Kurt Lewin • Didier Anzieu Stanley Milgram • Daniel Kahneman • Herbert Simon

Champs d'application

psychologie scolaire psychologie du conseil • Pédagogie psychologie du travail • psychothérapie •

Voir aussi

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La psychanalyse de l'enfance est la psychanalyse axée sur l'enfance.

Il y est question de la possibilité pour les enfants de pratiquer une cure psychanalytique (on parle aussi de psychanalyse des enfants), de la compréhension des mécanismes précoces de la constitution de la psyché, et donc des sources possibles de pathologies chez l'adulte.

Elle émergea graduellement dans l'histoire de la psychanalyse et influença tant la compréhension, voire la pratique, de la psychanalyse de l'adulte que la conception culturelle de l'éducation.

Histoire

La psychanalyse, depuis Sigmund Freud, à toujours inclus l'enfance à son raisonnement analytique (en particulier autour du complexe d'Œdipe), mais c'est à partir de Mélanie Klein que l'on commence à théoriser les mécanismes de l'infance (l'enfance d'avant la parole selon Lacan).

La possibilité même d'envisager un sujet avant l'age approximatif de trois ans fera débat tout au long du XXe siècle, mais ce principe, défendu notamment Françoise Dolto, n'est globalement plus remis en cause (dans la mesure où l'on ne confond pas sujet et personnalité au sens adulte).

Prémices

La psychanalyse des enfants semble d'abord impossible aux psychanalystes. La question n'est pas réellement traitée par Freud, sauf dans son récit de la cure du petit Hans, même si celui-ci aborde l'infantile dans l'adulte, théorisant, par exemple, les stades sexuels précoces.

Hermine von Hug-Hellmuth fut peut être la première à faire "de la psychanalyse d'enfant", mais une psychanalyse directive et loin d'avoir fait date. Néanmoins, elle fut la première à penser l'intérêt du jeu dans la psychanalyse et elle aborda des questions comme celle de l'analyste se déplaçant chez son patient enfant. Elle publia un livre préfacé par Freud, soi-disant le journal qu'elle aurait reçu d'une petite fille (écrit par elle-même en fait), et elle fut assassinée par son neveu, un de ces principaux patients.

C'est en fait Sandor Ferenczi, plus que Freud, qui posa les premières briques d'une interprétation analytique de la vie psychique de l'enfant. Il apporta notamment le principe d'introjection. Il développa aussi très tôt l'idée d'accueillir la parole de l'enfant, qu'il jugeait trop contraint à suivre aveuglément ses parents.

Eugénie Sokolnicka, qui suivit une cure avec Ferenczi après une première avec Freud, est parfois citée comme une pionnière de la psychanalyse des enfants.

Sophie Morgenstern, qui suivit une cure avec cette dernière, fut la première à pratiquer la psychanalyse des enfants en France et, d'une manière générale, à utiliser le dessin dans les cures d'enfants, ainsi qu'à théoriser cette utilisation.

Les grands protagonistes

Anna Freud : Le Traitement psychanalytique des enfants

C'est Anna Freud qui sera la pionnière reconnue dans l'idée d'appliquer la psychanalyse aux enfants. Elle écrit la psychanalyse des enfants où elle cherche l'application des principes de son père pour permettre cette psychanalyse. Elle considère comme lui que le surmoi n'apparaît que tardivement, ce qui lui sera largement reproché, au point souvent d'oublier ses apports qui concernent donc l'enfance au sens large, englobant l'adolescence.

Elle décrit notamment des lignes de développements qui mènent à l'état adulte en distinguant entre autres les passages :

  • de l'état de dépendance à l'autonomie affective et au taux de relation d'objet de type adulte
  • de l'allaitement à l'alimentation rationnelle
  • de l'incontinence au contrôle des sphincters

et urétral

  • de l'insouciance au sens des responsabilités en ce qui concerne la manière de traiter son propre corps
  • de l'égocentrisme à la camaraderie
  • du corps au jouet et du jeu au travail.

Mélanie Klein : envie et gratitude

Dans la ligné de Sandor Ferenczi et à partir des travaux de Karl Abraham, ses deux analystes, Mélanie Klein s'attache à étendre les théories freudiennes pour leur permettre d'intégrer l'enfance depuis la naissance. Elle reste en opposition constante avec Anna Freud, et une référence incontournable dans la psychologie actuelle en matière de décryptage des mécanismes de la petite enfance. Difficile d'accès, ses concepts feront l'objet de vulgarisations par ses successeurs avant d'intégrer les concepts de psychanalyse élémentaires.

Position paranoïde-schizoïde, position dépressive, clivage de l'objet, identification projective, objet total, objet partiel, envie et gratitude, sont autant de concepts du mouvement de psychanalyse kleinien, lesquels reposent sur son analyse de l'enfance.

Donald Winnicott : La théorie de la relation parent-nourrisson

Hors de ce conflit, bien que proche de Mélanie Klein, Donald Winnicott va tisser un ensemble de théories, moins nécessairement liées aux concepts et surtout au langage freudien, mais réputées beaucoup plus accessibles au néophyte. Il forme une sorte de troisième clan, il apporte surtout des explications inédites sur les logiques de mise en place de la psyché du nourrisson, en appliquant et en développant les concepts de Mélanie Klein.

Il ajoute, entre autres, les idées de mère suffisamment bonne, de vrai et faux self, ainsi que celle d'objet transitionnel.

Michael Fordham : Le soi primaire

Issu de la psychologie analytique, mais proche de Winnicott et des idées de Klein, Michael Fordham va aller encore plus loin dans l'interprétation. Il pose des bases explicatives permettant de passer des logiques homéostatiques (des équilibres physique et chimiques) aux prémices de la construction consciente et inconsciente.

Il apporte, entre autres, la notion de soi primaire et une conception des mécanismes de clivage précoce.

René Spitz : L'embryogenèse du moi

René Spitz effectue un travail considérable sur le développement de la naissance à la parole (selon le titre de l'un de ses ouvrages), notamment sur l'état de dépression de l'enfant abandonné.

Il crée les notions de dépression anaclitique et d'hospitalisme.

Françoise Dolto : Psychanalyse et pédiatrie

Françoise Dolto développe très tôt l'application de la psychanalyse à l'enfance, comme elle l'explique dans sa thèse en 1939 : Psychanalyse et pédiatrie. Si ses apports laissent rarement froid, la grande majorité de son travail n'est plus remis en cause en grande partie en raison de son efficacité sur le terrain. Elle met en avant le fait de considérer l'enfant depuis son plus jeune âge comme un individu à part entière, doué de compréhension et capable d'expression, avec qui il faut communiquer de façon vraie.

Elle précise, entre autres, le rapport de l'enfant à l'image du corps, et explique d'une façon nouvelle le rôle du père dès le plus jeune âge.

La scission Anna Freud, Mélanie Klein

Un débat s'établit donc très tôt entre les idées d'Anna Freud et celles de Mélanie Klein, mais il ne deviendra réellement houleux qu'à partir de l'émigration de Sigmund et Anna Freud à Londres, en 1938, puis à la mort du fondateur de la psychanalyse en 1939.

Cette controverse est maintenant surmontée sur de nombreux points. Elle représentait les extrêmes d'un débat entre primauté de l'adapation comme but et celle de la valeur de l'interpétation comme facteur thérapeutique.

La psychanalyse des enfants se heurte à la définition même du transfert, soit la réédition de relations infantiles. Ce point central, tant débattu, amène la psychanalyse à réinterroger sa pratique.

Ces grandes controverses ont donc lieu à partir de la fin des années 30 et se poursuivent dans les années 40, au sein de la BPS (British Psychoanalytical Society). Elles commencent sous les bombes et aboutiront à la formation de trois grands groupes : celui d'Anna Freud, celui de Mélanie Klein, et le troisième groupe, les indépendants ou encore middle group, qui ne prend pas directement parti.

Anna Freud note quatre points de la psychanalyse classique :

  • reconstruction du passé (s'appuyant sur la mémoire du patient) ;
  • interprétation des rêves ;
  • association libre ;
  • interprétation du transfert.

Pour Anna Freud, ces quatre points seraient impossibles dans la psychanalyse de l'enfant. L'enfant est dépendant des parents et ne pourrait développer de transfert. Il faudrait donc modifier la méthode, la mâtinant de pédagogie.

Mélanie Klein réfute ces quatre points et propose, elle, en utilisant le dessin au lieu du rêve, d'appliquer à la psychanalyse des enfants les mêmes règles fondamentales qu'avec les patients adultes. Il ne s'agit cependant pas de prendre la psychanalyse de l'adulte mais bien d'apprendre à travailler avec l'enfant, ce qui permet la formation d'une complète névrose de transfert.

Elle sera conduite, en s'inspirant également des travaux de Karl Abraham, à postuler des positions psychiques très précoces, décelant le nourrisson dans l'enfant à partir de mouvements transférentiels justement très — trop — marqués chez l'enfant. Le deuxième grand groupe se constitue donc des kleiniens.

Cette controverse va de pair avec d'autres différends sur la théorie de la métapsychologie. Anna Freud, analysée par son père, sera donc à l'origine de l'annafreudisme , premier grand groupe de la BPS (société britannique de psychanalyse). Ce groupe fut le point de départ de l'egopsychology, pour son intérêt envers la fonction d'adaptation du Moi.

De même on va voir se constituer le courant, qualifié de kleinien, de ceux qui vont prolonger les théories fondées par Mélanie Klein, parmi lesquels on peut citer Wilfred Bion. On parle plutôt, aujourd'hui, du mouvement néokleinien.

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