La Promenade du Bœuf Gras, qu'on retrouve également sous d'autres noms : Fête du Bœuf Gras, Cavalcade du Bœuf Gras, Fête du Bœuf villé, Fête du Bœuf viellé ou violé (promené au son de la vielle ou de la viole) est une très ancienne coutume festive. Elle consiste, pour les bouchers ou garçons bouchers à promener solennellement en musique, au moment du Carnaval, un ou plusieurs bœufs décorés. Cette fête avait lieu jadis dans quantité de villes de France. À Paris au XIXe siècle elle prit une dimension gigantesque devenant de facto la Fête de Paris dans le cadre du très grand Carnaval de Paris.
Après 45 ans d'interruption le cortège du Bœuf Gras renaît en 1998 à l'initiative de Basile Pachkoff. Il défile depuis chaque année. À partir de 2002 il renoue avec le calendrier traditionnel du Carnaval et sort le Dimanche Gras avant veille du Mardi Gras.
Elle n'est pas bien connue. D'autant plus qu'en mai 1871 les archives de Paris avec l'Hôtel de ville, et la quasi totalité des archives de la police de Paris avec l'Hôtel de police de Paris, ont été anéanties par le feu.
Une explication rencontrée fréquemment prétend qu'il s'agit du vestige d'un ancien rituel païen : « la procession du bœuf Apis ». Ce propos est fidèlement répété depuis deux siècles dans des textes divers en particulier par les journaux. Cette théorie relève de la pure fantaisie. Le dieu égyptien Apis n'est pas un bœuf mais un taureau. Cette fable semble avoir été lancée à l'occasion de la renaissance du cortège, en 1805 après quinze années d'interruption. On était alors en pleine vogue égyptienne suite à la Campagne d'Égypte. L'auteur du boniment pourrait être le poète, chansonnier et vaudevilliste Antoine-Pierre-Augustin de Piis auquel est attribué la paternité de la restauration du cortège. Le programme de 1805, non illustré, non daté, mais datable par son contenu, prétend à ces lointaines origines égyptiennes.
Une autre explication est proposée par un document imprimé datant de 1896 conservé dans les dossiers Actualités Carnaval de la Bibliothèque historique de la ville de Paris :
« ...durant longtemps, les lois civiles et religieuses ont été d'accord pour proscrire pendant le carême, l'usage des aliments gras; il n'y avait d'exception qu'en faveur des malades. Les bouchers n'avaient pas le droit d'étaler ou de vendre de la viande en temps prohibé, sans s'exposer à des peines sévères. Néanmoins, pour satisfaire aux besoins des personnes exemptes de l'abstinence, il fallait quelqu'un qui pût procurer cet aliment sur un ordre du médecin.On établit donc le boucher de carême, pour ne pas blesser les justes susceptibilités, il y avait concours entre tous les gens de la profession, en sorte que le privilège appartenait à celui qui produisait le bœuf le plus gros et le plus gras, au jugement de tous les bouchers de la localité.
Le bœuf, couronné de fleurs, était triomphalement promené, au son de la trompe, par les rues et les carrefours de la ville, afin que tout le monde pût connaitre le boucher du carême et son merveilleux produit. »
Il faut attendre 1739 pour trouver attesté effectivement à Paris le cortège du Bœuf gras. Le Mercure de France en parle, car cette année-là le bœuf fut emmené par son escorte de garçons bouchers jusqu'au premier étage du palais où siégeait le Parlement de Paris (qui était une cour souveraine de Justice). Le Mercure de France précise qu'à la différence des villes de province françaises où on promène également le Bœuf gras, à Paris, « l'on met sur le Bœuf un Enfant, qui tient en main un Sceptre, et que les Bouchers apellent leur Roy ». Le récit montre que la Cérémonie du Bœuf gras est traditionnelle à Paris dès cette époque :
Avec le reste du Carnaval de Paris le Bœuf Gras sera interdit à Paris durant la période 1790-1798.
Le Carnaval de Paris redémarrera en trombe dès 1799 mais sans le Bœuf Gras.