Prise de risque sida - Définition

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Introduction

Cet article présente les différents facteurs pouvant entraîner la prise de risque sexuelle et amener une personne à être contaminée par le virus du Sida. Différentes dimensions sont présentées, afin de mieux comprendre la complexité de ce phénomène.

Définition

"Le risque est la prise en compte d'une exposition à un danger, un préjudice ou autre événement dommageable, inhérent à une situation ou une activité. Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences (aléa et enjeu). Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel."

Le risque est donc une mesure/évaluation de la probabilité d'un danger en fonction des connaissances que la personne a de la situation. La prise de risque, elle, est le comportement faisant suite à cette évaluation de la situation.

La recherche sur la prise de risque porte sur la notion suivante : quels facteurs peuvent modifier, altérer, ou empêcher la bonne évaluation d'un danger, et donc provoquer une mauvaise appréhension de celui-ci ? Rechercher les risques les plus souvent rencontrés à travers les études statistiques et épidémiologiques permet de mieux cibler la prévention et réduire les prises de risque. Cela est valable pour les maladies, les accidents, la finance, et une riche littérature abonde sur le risque et la prise de risque

Dans l'exemple spécifique ici de la prise de risque Sida, quels facteurs peuvent amener une personne à mal évaluer une situation potentiellement dangereuse, et donc potentiellement contaminante, et à ne pas se protéger ?

Les facteurs sociaux de prise de risque

Pour des raisons environnementales, socio-culturelles, et religieuses

Ces multiples facteurs peuvent faire qu'une personne ne peut pas ou ne veut pas mettre de préservatif afin d’être en accord avec son milieu d’appartenance, ou est poussée à ne pas en mettre. Exemples : domination de l'homme sur la femme dans certaines cultures, polygamie, être d’un milieu riche ou pauvre, ...

L’impossibilité ou l’empêchement d’avoir accès à des soins ou de l’information

Certaines configurations peuvent faire qu'une personne n'est pas du tout au courant de ce qu'est le virus du sida, ou le sait mais n'a aucun moyen matériel de trouver l'information. De même, il se peut aussi que la personne connaisse la malade mais qu'une contrainte l'empêche d'accéder au dépistage, ou aux préservatifs. Exemples : vivre dans une région sans centre médicaal, peur d'être appréhendé par la police quand on est prostitué(e) ou consommateurs de drogues

Les facteurs cognitifs de prise de risque

Les facteurs cognitifs sont les raisons "intellectuelles" invoquées par les personnes ayant des prises de risque Sida :

Le manque d'informations et de connaissances sur le sida

Les personnes sont mal informées, elles ne connaissent pas réellement les modes de contamination, considèrent que le Sida ne concerne que les toxicomanes ou les homosexuels, "que le sida c'est le sexe par plaisir et non par procréation", "que le sida c'est le sexe anal mais pas vaginal" (ou l'inverse), etc. Le manque d'information envers la population générale et les populations les plus à risque (prévention spécifique pour les homosexuels, les toxicomanes, les prisonniers et les populations sub-sahariennes) est actuellement le facteur le plus souligné par les organismes et les associations de lutte contre le Sida, ces organismes estimant qu'une personne mal informée est une personne potentiellement en danger (elle n'a pas les éléments suffisants pour mesurer ses actes et prendre conscience du danger).

La mauvaise estimation ou ignorance du statut sérologique du partenaire

Cela consiste en supposer/estimer que l'autre n'a pas le sida, ou de ne pas s’en préoccuper car l’autre n’a rien demandé non plus. Il est très fréquent qu'une personne relate des rapports sexuels non protégés au motif que "l'autre a une bonne tête", "l'autre n'avait pas une tête de séropositif", "je le connais bien, ce n'est pas son style", « il ne m’a rien demandé donc c’est qu’il est sûr de ne rien avoir », etc. La croyance que l'on a bien évalué l'autre, que l'on sait plus ou moins s'il se met en danger de son côté n'enlève pas pour autant la possibilité d'une contamination. Les organismes de lutte contre le sida montrent en effet que ce fonctionnement par croyance et par évaluation subjective de ce type, provoque des contaminations. Estimer le statut sérologique d'une personne "à sa tête" ou selon le degré de confiance en la personne ne remplace pas la connaissance réelle de son statut sérologique (demander ou voir ses analyses de sang) ou l'utilisation systématique du préservatif. Le problème est similaire dans le sérotriage : exemple issus de Sida Info Service : « Moi je suis séropo. J'ai eu des rapports non-protégés avec un mec que j'ai rencontré il y a une semaine sur un lieu de drague. On a eu quatre rapports sur plusieurs jours. Hier il m'a posé la question. J'ai répondu que oui, je suis séropo. En fait, je pensais qu'il l'était aussi, vu qu'il ne me proposait pas de préservatif. Et lui, il pensait que j'étais négatif. »

La dé-dramatisation excessive des probabilités de contamination

Certaines personnes estiment que le sida n'est pas "aussi facile que cela" à contracter, "qu'il faut vraiment le vouloir". Premier exemple : "je n'ai que 3 ou 4 rapports sexuels non protégés par an, ce n'est pas comme si c'était toutes les semaines. A mon avis, ceux qui ont le sida ont dû le faire bien plus souvent que moi". C'est un fait connu dans la recherche sur le Sida qu'une contamination est dépendante du statut sérologique du partenaire sexuel et que cela est complètement aléatoire. Autres exemples : croire que la circoncision ou être actif permettent d’éviter tout risque d’être contaminé, ou qu’avoir une charge virale indétectable empêche un séropositif de contaminer un séronégatif.

La dé-dramatisation de la mortalité due au Sida (et la survalorisation des trithérapies)

Depuis l'arrivée des trithérapies en 1998, certains observateurs se sont demandés si les traitements n'avaient pas engendré l'idée (fausse) que "les traitements marchent bien, on meurt de moins en moins ou plus du tout, donc contracter le virus du Sida n'est plus aussi grave qu'avant". Cette croyance a fait passer le Sida de maladie mortelle à maladie chronique. Selon les statistiques de l'INVS/INPES, le nombre de décès par an reste élevé malgré la trithérapie, les médicaments ont des effets secondaires importants (et ne marchent pas chez tout le monde), et le sida a des conséquences sociales non négligeables (solitude affective, difficultés à trouver ou garder son emploi, tabou et silence par peur de la réaction des gens à l'annonce du statut sérologique, ...) très largement négligées par ces personnes considérant les trithérapies comme ayant écarté tout problème. Les organismes de lutte contre le Sida soulignent aussi le fait que les rapports non protégés provoquent la transmission d'autres maladies comme les Hépatites, Clamydia, condylomes, syphilis, papillomavirus, étant aussi de forte dangerosité, et complètement oubliées par ces personnes.

Pour des raisons organiques ou de plaisir

De nombreuses personnes évoquent le souci d'allergies ou douleurs provoquées par les préservatifs, ce qui rend l'acte sexuel contraignant, et à terme une mauvaise observance du port du préservatif. D'autres personnes parlent de liberté et de plaisir malgré le risque de contamination, pratique volontaire du sexe sans préservatif appelée Barebacking (pour plus de détails, voir l'article Wikipédia associé).

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