Prévision économique - Définition

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L'évolution des techniques de la prévision économique

Les racines de la prévision économique

Les premières approches structurées de la prévision économique datent du siècle dernier. Ainsi, Juglar a attiré l'attention sur la périodicité apparente des crises économiques et sur la possibilité de les prévoir (voir cycle économique). Un certain nombre de développements en statistiques concernant les phénomènes saisonniers observés pour des séries chronologiques de nature climatique ont lieu à la même époque et sont envisagés pour les séries économiques.

Au début du XXe siècle, les travaux du comité de Harvard connaîtront leur heure de gloire. Ils aboutissent à un système de prévision automatique se basant sur l'ordre de succession de courbes relatives aux sphères financière, réelle et monétaire. La première version de ce système fut mise au point en 1917. Dans l'optique de ce système, il n'y a aucune recherche des causes des fluctuations des séries étudiées; il y a un rejet de tout élément personnel et subjectif pouvant intervenir dans l'élaboration des prévisions.

Le succès rencontré par les travaux de la Harvard School fut à l'origine de la création d'instituts de conjoncture dans un certain nombre de pays industrialisés. La Grande Dépression porta cependant un coup fatal à la prévision automatique et permit d'accorder plus de crédits à des théories, des méthodes jusque là embryonnaires.

Déjà, avant la crise des années trente, les travaux de Moore (1923), Fisher (1925) et Slutsky (1927) dénonçaient le caractère déterministe des cycles économiques. Les travaux de Yule (1927) conférèrent une dimension nouvelle au problème de la prévision statistique: la distinction entre processus déterministe et stochastique étant établie. Dans cette lignée les travaux de Wold, qui introduit en 1938 les modèles ARMA (autoregressive moving average), forment la base de l'actuelle discipline de l’analyse des séries temporelles.

Toujours dans les années 1930, la régression multiple est utilisée à des fins prévisionnelles. En ce qui concerne les prévisions macroéconomiques, l'impulsion décisive est donnée par la conjonction des travaux de Keynes (1936) et du développement en matière de comptabilité nationale. Ces progrès débouchent sur la mise au point par Tinbergen (1939) dans les années 1930 du premier modèle économétrique.

Évolution depuis l'après guerre: la diversification des applications et des techniques

Après guerre, la continuité des travaux de Tinbergen sera assurée notamment par Klein (1950), qui fournit les premières simulations prévisionnelles.

Dans la période de l'après guerre à nos jours, une conjonction de nombreux facteurs va faire avancer l'art de la prévision économique, qu'elle concerne les phénomènes micro, méso ou macroéconomiques et va faire augmenter de façon explosive le nombre des techniques, des procédures de la prévision économique.

Les progrès dans l'informatique ont une part fondamentale dans ces développements. Tout d'abord, les ordinateurs ont permis d'élargir considérablement le nombre de données économiques publiées, de par la réduction des coûts de leur stockage et de leur traitement. D'autre part, leur faculté de calcul rapide et de traitement de volumes d'information de plus en plus grand, ont permis à de nombreuses disciplines de se développer. La statistique et l'économétrie figurent parmi ces disciplines.

En se développant, l'économétrie — qui constitue en quelque sorte un outil de laboratoire de la science économique — a permis de faire progresser cette dernière. Un cercle vertueux apparaissant, les progrès de la science économique nécessitant de nouvelles techniques économétriques et ainsi de suite. Les développements des techniques économétriques applicables à la prévision sont très nombreux: citons notamment les modèles d'équations simultanées (Zellner, 1962), la causalité (Granger, 1969) les modèles à correction d'erreur et la cointégration (Engle et Granger, 1987).

Les méthodes de prévision "statistiques" se sont également développées. Citons chronologiquement les développements du lissage exponentiel (Brown, 1962), la décomposition saisonnière (Shiskin et Eisenpress, 1957), l'analyse des séries temporelles (Box et Jenkins, 1970, première édition), les modèles non linéaires (Engle, 1982) et les méthodes bayésiennes (Zellner, 1970). En outre, de nouvelles techniques d'inférence statistique ont vu le jour (inférence exacte, méthode du va et vient ou 'bootstraping', Méthode de Monte-Carlo, etc.).

En parallèle, des progrès plus liés aux aspects organisationnels des firmes ont été effectués (voir Makridakis et al., 1983). Ainsi, dans les années 1950, de nouvelles disciplines sont apparues comme la recherche opérationnelle et les techniques de gestion (management science) et permirent d'améliorer la prise de décision au sein d'une entreprise.

Les progrès continus de l'informatique depuis 1950 et leur diffusion dans les entreprises ont permis l'émergence de la prévision assistée par informatique d'émerger et de s'imposer. Des logiciels spécialisés (comme par exemple SAS ou R) ont fait leur apparition.

L'ensemble de ces progrès ainsi que l'augmentation des phénomènes économiques que l'on souhaite prévoir ont abouti à une diversité impressionnante de techniques de prévision. Nous tentons dans la section suivante de classifier ces techniques suivant le critère choisi habituellement: l'ensemble d'information requis (  \omega_t, \omega_t \subseteq \Omega_t ) par chaque méthode pour établir la prévision.

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