Le CNLAPS (Comité National de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée [1]) définit l'action de la prévention spécialisée dans sa charte nationale d'objectifs en juillet 1992. Résumons ainsi : l'action de prévention spécialisée est née de la détresse d'une partie de la jeunesse. Année après année, les motifs et les formes de cette détresse ont évolué. Pris dans une histoire familiale difficile, vivant souvent dans des quartiers socialement défavorisés, beaucoup d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes n'échappent pas aux processus de précarité, d'exclusion ou de marginalisation, sources de mal-être, d'actes de délinquance et de violence.
Vingt ans après la signature de l'arrêté interministériel du 4 juillet 1972 qui a officialisé la mission des clubs et équipes de prévention spécialisée, une meilleure lisibilité de son action au cœur d'enjeux multiples et un repositionnement de son intervention s'avèrent nécessaires. Dans le concert de plus en plus complexe des politiques sociales décentralisées ainsi que des dispositifs de prévention et d'insertion initiés par l'État. La prévention spécialisée a pour ambition de réaffirmer sa place particulière auprès des jeunes laissés pour compte.
Elle est une forme spécifique d'action sociale promotionnelle et de travail éducatif à proximité de l'action socioculturelle et socio-économique, de l'action éducative spécialisée, de l'éducation populaire, du développement social et communautaire. On la nomme « spécialisée » par rapport à la prévention générale, car elle s'adresse à des catégories spécifiques de population, à des groupes sociaux particulièrement menacés et non à l'ensemble des habitants d'une zone géographique donnée. Ce ne sont pas ses objectifs généraux (socialisation, promotion, autonomie des personnes et des groupes, renforcement des identités individuelles et culturelles, insertion sociale et professionnelle la plus large possible) qui distinguent son action de l'ensemble des interventions du secteur social et éducatif, mais plutôt sa démarche et sa méthode d'intervention basées sur une pratique de terrain, le plus souvent appelée « travail de rue », point de départ des accompagnements éducatifs et de projets d'actions adaptées.
La prévention spécialisée implique :
Il s'agit d'une intervention éducative et sociale, à la fois individuelle et collective au sein de communautés humaines, tels les quartiers, groupes d'immeubles, groupes de jeunes, auprès de personnes dont la situation sociale et le mode de vie risquent de les mettre ou les met effectivement en marge des circuits économiques, sociaux, culturels auxquels ils participent peu, et dont ils utilisent difficilement les possibilités. C'est une action professionnelle et militante, sa finalité première est d'agir sur les phénomènes d'inadaptation sociale et les états de souffrance :