Potez 540 - Définition

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Introduction

Pix.gif Potez 540
Constructeur France Potez
Rôle Avion de reconnaissance/Bombardier
Premier vol 14 novembre 1933
Mise en service mai 1935
Nombre construit 270
Équipage
5
Motorisation
Moteur Hispano-Suiza 12Xbrs
Nombre 2
Type 12 cylindres en ligne
Puissance unitaire 690 ch
Dimensions
Envergure 22,10 m
Longueur 16,20 m
Hauteur 3,88 m
Surface alaire 76 m²
Masses
À vide 3 754 kg
Carburant 950 kg kg
Avec armement 5 900 kg
Maximale 7 100 kg
Performances
Vitesse maximale 320 km/h
Vitesse de décrochage 114 km/h
Plafond 10 500 m
Rayon d'action 1 000 km
Armement
Interne 3 mitrailleuses MAC 34 de 7,5 mm (3 tourelles)
Externe 10 bombes de 50 kg en soute, 4 bombes de 225 kg sous voilure

Le Potez 540 est un multiplace de combat français de l'entre-deux-guerres, qui symbolise l'application à la française des théories du célèbre général italien Giulio Douhet. Utilisé durant la guerre civile espagnole par une escadrille internationale commandée par André Malraux, il était encore employé au début de la Seconde Guerre mondiale par l'Armée de l'air française comme avion de reconnaissance.

Conception

Le concept BCR

Le 1er avril 1933 Pierre Cot, Ministre de l'Air, signa un décret séparant l'Aéronautique militaire des armes terrestre et navale. Il y avait alors urgence à rénover le parc aérien de la nouvelle Armée de l'air, et en particulier les aviations de bombardement et de reconnaissance. Soit 631 bombardiers Breguet 19 et LeO 20 (issus d'un programme datant de 1923), Amiot 122 et Blériot 127), mais aussi 2158 Breguet 19, Breguet 27 et Potez 25 de reconnaissance à remplacer. En juin 1933 le Conseil Supérieur de l'Air adopta un programme visant au réaménagement des bases aériennes, à la réorganisation des unités et au renouvellement complet du parc. Le Plan I fut voté par le parlement le 6 juillet 1934. Il prévoyait l'achat de 350 bombardiers, 350 chasseurs et 310 avions de renseignement, soit 1343 appareils modernes à construire en comptant le volant. La grande nouveauté de ce programme était l'abandon des traditionnels biplaces de bombardement et d'armée au profit de multiplaces polyvalents désignés B.C.R.

Tirant les enseignements de la Grande Guerre, le général Giulio Douhet avait développé une théorie de la maîtrise de l'air et défini les concepts de guerre totale et de guerre d'usure. Selon lui la défense du territoire relevait des forces terrestres et navales, tandis que l'aviation, arme suprême, frappant les centres vitaux de l'adversaire, tels qu'usines, arsenaux ou voies de communication, provoquant l'effondrement rapide de l'adversaire. Toujours selon Douhet, l'issue d'un combat aérien était déterminé par la puissance de feu des protagonistes, la vitesse n'intervenant que dans l'interception ou la fuite. D'où l'émergence du concept de l'avion de bataille ou croiseur aérien fortement armé, capable d'assurer seul sa défense et de bombarder massivement les zone urbaines et industrielles après acquisition de la maîtrise du ciel.

C'est de ce principe simpliste que naquit en France au début des années 30 le concept du multiplace Bombardement, Chasse, Reconnaissance, solution miracle qui devait permettre de doter la nouvelle Armée de l'Air d'un seul appareil pour assurer à la fois les missions d'observation aérienne qu'elle devait assurer au profit de l'Armée de terre, et compléter les forces de bombardement. Le programme BCR fut formalisé en octobre 1933 et les constructeurs français invités à concevoir une machine de 5 à 7 tonnes avec un équipage de 4 à 5 hommes, armé de mitrailleuses en tourelles, capable de transporter 1 tonne de bombes, des appareils photographiques et un équipement radio. Il devait pouvoir évoluer à 350 km/h à une altitude de croisière de 4 000 m avec un rayon d'action de 1 000 à 1 300 km. Un tel programme n'était réalisable qu'en acceptant des compromis et les avions issus des programmes BCR furent en fait utilisés, en France du moins, principalement aux missions de reconnaissance.

Trois appareils furent testés initialement, les Breguet 460, Farman F.420 et Bloch MB.130. Ce dernier fut retenu et commandé en série...,tout comme un invité de dernière minute, le Potez 540.

La solution Potez

Dessiné par l'ingénieur Coroller et construit sur fonds propres, le prototype de ce quadriplace fut mis en chantier le 25 aout 1933 et prit l'air le 14 novembre 1933, piloté par Labouchère, un record de rapidité pour l'époque. C'était un curieux mélange de modernité (postes fermés, train semi-escamotable, postes de tir équipés de tourelles, canon de 20 mm à tir automatique Hispano S9 équipant la tourelle supérieure,…) et d'archaïsme (construction en bois, volumineux fuselage de section rectangulaire comportant deux grands panneaux en bois, aile haute semi-cantilever à structure métallique entoilée, une forêt de mats soutenant les moteurs suspendus sous la voilure, …). Équipé d'une double dérive, le prototype était tracté par des moteurs 12 cylindres en V refroidis par eau Hispano-Suiza 12Xbrs de 690 ch (720 ch à 3 900 m) entraînant des bipales en bois à pas fixe. Cet appareil était maniable, dépassait 350 km/h avec ses équipements militaires, équipé pour le vol nocturne et le PSV, mais pénible à piloter en raison de vibrations importantes au niveau des fuseaux-moteurs. 4 appareils de présérie (n° 2 à 5) à moteur Hispano-Suiza 12Xirs/Xjrs (la puissance est identique mais le sens de rotation des hélices est inversé) et hélices tripales métalliques furent commandés dès la fin 1933.

Les essais officiels débutèrent le 23 mars 1934 au CEMA, pour s'achever le 5 mai, période durant laquelle le prototype subit quelques modifications : pour améliorer la stabilité un empennage monodérive fut essayé puis adopté, le train d'atterrissage fut renforcé, on essaya en vain d'améliorer le freinage, la disposition du poste de pilotage fut revue, les bipales en bois remplacées par des tripales métalliques à pas variable. D'autres motorisations furent également expérimentées : un Potez 541 reçut des moteurs 14 cylindres en double étoile à refroidissement par air Gnome et Rhône 14Kdrs de 860 ch. Cet appareil fut refusé par l'Armée de l'Air, mais servit de base au Potez 543, version d'exportation dont le gouvernement roumain commandera 10 exemplaires courant 1935, commande ramenée par la suite à 8 appareils. Ces appareils ainsi que l'unique Potez 541 furent livrés entre 1936 et 1939.

Le 25 novembre 1934 le prototype fut remis à l'Armée de l'Air. La mise en place du Plan I de rééquipement de l'Armée de l'Air permit fin décembre de régulariser la commande des 4 appareils de présérie et de commander un prototype Potez 542 à moteurs Lorraine Pétrel 12Hdrs/Hers de 720 ch et 39 Potez 540 (n°6 à 44). Ces appareils de série, comme les suivants, étaient quintuplaces, et le canon Hispano-Suiza de 20 mm en tourelle dorsale fut remplacé par une classique mitrailleuse MAC 34 de 7,5 mm. Equipés d'hélices tripales métalliques Ratier, ces bimoteurs devaient remplacer les multiplaces de combat Breguet 413/414 dont la commande fut annulée début 1935.

L'annonce du réarmement allemand entraîna le 18 avril 1935 une nouvelle commande de 50 Potez 540 (n° 45 à 94) mais aussi de 40 Potez 542 (n°95 à 134), dont le prototype Potez 542-01 avait fait son premier vol le 24 janvier 1935. Enfin le général Denain réagit à l'annonce du rétablissement du service militaire en Allemagne, violation manifeste du Traité de Versailles, en commandant un an plus tard 6 Potez 540 (n°135 à 140) et 10 Potez 542 ((n° 141 à 150) à Potez, mais aussi 30 appareils chez Blériot (n° 151 à 180), 20 à la Société Latécoère (n° 181 à 200) et 40 à produire par l'usine Breguet de Saint-Nazaire (n°201 à 240). Ces 90 dernières machines étaient toutes de type 540. Les premiers Potez 540 de série sortirent d'usine à Méaulte en mai 1935. Ils rééquipèrent les GR I/54 au Bourget et GR I/33 à Nancy, puis le GR I/55 à Lyon-Bron et le Groupe de Reconnaissance Autonome de Cazaux. Les Potez 542 sortirent à leur tour d'usine en 1936, permettant au GR II/33 d'abandonner enfin ses Potez 25.

Dans le cadre du Plan II de rééquipement de l'Armée de l'Air , approuvé en novembre 1936, on note encore la commande de 3 Potez 540 (n° 241 à 243) et 16 Potez 542 (n° 244 à 259) début 1937. Ces appareils étaient de type TOE, donc tropicalisés en vue d'utilisation dans les colonies. 1937 vit donc la livraison des derniers appareils (40 Potez 540 et 24 Potez 542), et le début de leur déploiement Outre-mer : Afrique du Nord, mais aussi Liban, Afrique équatoriale et finalement Indochine.

Avec les appareils roumains ce sont donc 270 Potez 54x qui ont été construits.

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