Porte-avions et porte-aéronefs - Définition

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Historique

« Donc, un bateau porte-avion devient indispensable. Ces navires seront construits sur des plans différents de ceux usités actuellement. D'abord, le pont sera dégagé de tout obstacle : plat, le plus large possible, sans nuire aux lignes nautiques de la carène, il présentera l'aspect d'une aire d'atterrissage. Le mot atterrissage n'est peut-être pas le terme à employer, puisqu'on se trouvera sur mer, nous lui substituerons celui d'abordage. »
Clément Ader, L'Aviation militaire, Berger-Levrault, Paris (1909)

Alors que les « plus lourds que l'air » prennent leur essor au début du 20e siècle, plusieurs marines s'intéressent à leur utilisation à bord de leurs lourds navires de guerre. En 1909, l'inventeur français Clément Ader publie dans son ouvrage L'Aviation militaire la description de « navires porte-avion » servant à l'observation, au torpillage des navires ennemis et à la protection du territoire national français. D'autre part, « le remisage des avions devra être aménagé nécessairement sous le pont ». L'accès s'effectue par un monte-charge obturé par une grande trappe à coulisse comprenant des joints étanches ne laissant pas filtrer l'eau. Ce procédé est appliqué sur les porte-avions actuels. Ader imagine aussi « des cheminées rétractiles afin de laisser libre le pont pendant les manœuvres des avions ». Ce système est essayé sur certains porte-avions japonais à partir des années trente. Ader décrit également le décollage et l'appontage des appareils vent debout tel qu'il est pratiqué de nos jours.

Premières tentatives (1910-1918)

De l’utilité des plates-formes sur les cuirassés

Le 1er appontage sur le USS Pennsylvania (18 janvier 1911)
Le premier transport d'hydravions du monde, la Foudre de la Marine nationale française avec un hydravion Canard Voisin (juin 1912)

L’US Navy commence à s’intéresser à l’aviation à l’été 1910 et charge le capitaine Washington Irving Chambers (en) et ses adjoints William McEntee du Bureau of Construction and Repair (en) et Nathaniel H. Wright du Bureau of Steam Engineering (en) de la tenir au courant des progrès accomplis. Le premier décollage d'un avion en mer a lieu à titre expérimental le 14 novembre 1910, à bord du croiseur USS Birmingham (en) de 3 750 tonnes équipé pour l'occasion d'une plate-forme de 24,60 x 7 mètres. C'est le pilote américain Eugene Ely qui réalise l'exploit à bord d'un biplan Curtiss 1911 modèle D, qui se pose à 4 km de là, sur la plage de Willoughby Spit (Virginie). Le secrétaire d’État à la Marine George von Lengerke Meyer (en) déclare peu après : « Cette expérience et les progrès accomplis en aéronautique semblent indiquer que l’aviation est appelée à jouer un rôle dans la guerre navale du futur », même s’il n’est pas encore question de concevoir une plate-forme dédiée (on parle de plate-forme amovible installée sur les tourelles des cuirassés) tant « que vous m’aurez montré qu’il est possible pour un aéroplane de se poser sur l’eau le long d’un cuirassé et d’être hissé à bord sans l’aide d’une quelconque plate-forme. » Le 18 janvier 1911, Ely apponte avec le même avion sur la plage arrière de 36,4 x 9,6 mètres du cuirassé USS Pennsylvania (en) dans la baie de San Francisco (Californie). Glenn Curtiss amène le 17 février son hydravion le long du Pennsylvania et le fait hisser à bord.

L’intérêt pour l’aviation navale est plus palpable en France et, surtout, au Royaume-Uni. Le premier navire spécifiquement destiné à emporter des aéronefs est le transport d'hydravions français Foudre, un croiseur de 6 000 tonnes, lancé en 1895, et qui est modifié pour son nouveau rôle entre 1911 et 1912. Lors des grandes manœuvres navales de mai 1914, une douzaine d'hydravions équipés de la TSF est affectée à des missions de reconnaissance jusqu'à 200 km sur divers points de la mer Méditerranée, principalement à Toulon et à Bizerte (Tunisie). Le lieutenant Charles Rumney Samson (en) est le premier à décoller à bord d’un biplan Short S.38 d'un navire en mouvement (18 nœuds), le cuirassé HMS Hibernia, le 2 mai 1912. Refusant cependant en 1912 la construction d’un bâtiment de 15 000 tonnes et 130 mètres de vol doté de deux ponts puis d’un autre de 20 000 tonnes avec pont continu (flush-deck) de 150 mètres, la Royal Navy préfère adjoindre une plate-forme fixe à des navires existants, dont le croiseur HMS Hermes (en) transformé en transport d'hydravions en 1913 (et comprenant le premier aéronef à voilure repliable, un Short Admiralty 184) puis, à partir de mai 1915, les HMS Arethusa (en), ses navires sœurs Aurora (en), Penelope (en) et Undaunted (en), plus le Caledon (en), le Dublin (en), le Yarmouth et le Cassandra (en).

La Première Guerre mondiale et les 1er porte-avions

L'HMS Argus au mouillage, en livrée de camouflage
Le HMS Furious avec à bord des Sopwith Camel avant l'attaque sur Tønder (juillet 1918)
C’est à partir du transport d'hydravions Wakamiya qu’est conduit le 1er raid aéronaval en septembre 1914

La 1reattaque aéronavale de l’histoire a lieu en septembre 1914 à partir du transport d'hydravions Wakamiya (en) (ex-Lethington) de 7 720 tonnes de la Marine impériale japonaise contre la baie de Jiaozhou, une concession de l’Empire colonial allemand en Chine continentale. Quatre hydravions Maurice Farman bombardent les cibles allemandes (centres de communication et de commandement) et coulent un mouilleur de mines dans la péninsule de Tsingtao jusqu’au 6 novembre 1914, date à laquelle les Allemands se rendent.

Sur le front occidental, le 1er raid aéronaval a lieu le 25 décembre 1914 lorsque 12 hydravions des HMS Engadine (en), Riviera (en) et Empress (en) attaquent préventivement la base de Zeppelin de Cuxhaven. Le raid, qui n’est pas un succès total en dépit du bombardement du croiseur [[SMS Von der Tann]] démontre la faisabilité d’une attaque aéroportée par voie des mers. Dès mai 1915, la marine russe déploie plusieurs transports d'hydravions (l’Almaz, l’Imperator Alexander I et l’Imperator Nicolaï) lors des opérations menées contre les Turcs en mer Noire (renforcés à l’hiver 1917 par le Romania, le Regele Carol, le Dacia et l’Imperator Trayan embarquant des Grigorovich M-9 (en)). Le 12 août 1915, l'HMS Ben-my-Chree (en) lance un hydravion Short Type 184 pour attaquer un navire turc de 5 000 tonnes en mer de Marmara tandis que le 6 février 1916, les avions de l’Imperator Nicolaï et de l’Imperator Alexander I envoient par le fond le cargo turc Jamingard, le plus gros navire marchand jamais coulé durant la guerre.

Au Royaume-Uni, la traque des Zeppelin de reconnaissance allemands devient systématique à partir de 1915 avec des patrouilles quotidiennes à 80 km des côtes. Mais les transports d’hydravions, assez anciens, sont à la peine. Conçu pour accueillir 4 hydravions de reconnaissance et 4 chasseurs monoplaces, le croiseur HMS Furious (en) de 22 000 tonnes est modifié et mis en service le 26 juin 1917 avec l’adjonction d’un pont continu de 70 mètres, rallongé à partir du 14 novembre à 90 mètres. Doté d’un hangar couvrant cette longueur et de 2 ascenseurs électriques, il embarque 16 aéronefs (Sopwith Pup, Sopwith Camel et Sopwith 1½ Strutter) et peut être considéré comme le 1er porte-avions. Il compte à son actif le 1er appontage sur un navire en mouvement sur Sopwith Pup le 2 août 1917 et l’attaque, le 19 juillet 1918, d’une usine de Zeppelin à Tønder (Danemark) et la destruction d'un Z-54 et d'un Z-60 par 7 Sopwith Camel. Cependant, peu avant la fin de la guerre, le 6 septembre 1918, est commissionné l'HMS Argus de 15 750 tonnes, le 1er porte-avions conçu dès l'origine pour recevoir un pont continu (sans îlot) de 160x26 mètres. Il met en œuvre 20 aéronefs, dont des Sopwith Camel et des avions d'attaque Sopwith Cuckoo.

L'essor du porte-avions (1919-1935)

Le traité de Washington de 1922

Tonnages autorisés
Pays Navires de bataille Porte-avions Nombre
Empire Britannique 580 450 tonnes 150 000 tonnes 22
États-Unis 500 600 tonnes 135 000 tonnes 18
Japon 301 320 tonnes 81 000 tonnes 10
France 220 170 tonnes 60 000 tonnes 10
Italie 180 800 tonnes 60 000 tonnes 10

Le 11 juillet 1921, les grandes puissances décident de se rencontrer afin de décider de la limitation des armements navals. Une conférence, du 12 novembre 1921 au 6 février 1922, aboutit au traité de Washington. En plus d'une limitation en tonnage global, le nombre de porte-avions de plus de 27 000 et de moins de 33 000 tonnes est limité à deux par pays. Étant donné que la plupart des marines dépassent le tonnage autorisé des navires de bataille et sont sous les quotas en ce qui concerne les porte-avions, nombre de croiseurs en construction sont transformés en porte-avions. Néanmoins, les marines européennes ne s'intéressent pas toutes à la projection de forces dans l’océan Atlantique et donc à la construction de porte-avions. La Kriegsmarine allemande préfère la guerre de course avec des croiseurs et cuirassés rapides tandis que la Regia Marina italienne possède des porte-avions naturels entre la Sardaigne, le bout de sa botte, la Sicile et ses bases en Afrique du Nord. C’est autant valable pour la Marine nationale française qui se contente de transformer de 1923 à 1927 un seul cuirassé en porte-avions, le Béarn de 25 000 tonnes. Par contre, la Royal Navy, qui a en charge des opérations à travers le monde, a un besoin évident de porte-avions en plus des HMS Hermes (en) et Eagle (en). Aux États-Unis, en 1922, le Congrès autorise la conversion d’un ancien charbonnier en porte-avions expérimental (qui n'est donc pas décompté des quotas) : disposant d'une catapulte à air comprimé, de brins d’arrêt et d'un ascenseur, le peu rapide USS Langley (CV-1) de 11 500 tonnes met en œuvre 34 avions et sert à tester les procédures liées à l’aviation embarquée. Bien que contraignant, le traité de Washington est une aubaine pour le contre-amiral William A. Moffett (en) du Bureau of Aeronautics (en) (BuAer) qui présente en mars 1922 un « plan à cinq ans » qui aboutit à la transformation des croiseurs USS Lexington et USS Saratoga (construits à 30%) en porte-avions disponibles fin 1924. Les bâtiments de 36 000 tonnes ne sont cependant lancés que, respectivement, le 7 avril et le 3 octobre 1925. Lors du lancement de la tête de série, Moffett déclare : « Je suis convaincu qu’une attaque lancée depuis de tels porte-avions, depuis un lieu tenu secret, à un moment tenu secret, vers un objectif tenu secret, ne peut être contrée. » Il faut dire que les deux sisterships incorporent déjà le design des « super carriers » des années 1950 : longs (271 mètres), larges (32 mètres), rapides (33 nœuds), dotés d'une étrave fermée, d’un pont élevé, d’un îlot conçu pour opérations de commandement et de contrôle, d’une hauteur de hangar importante, etc. De son côté, la Marine impériale japonaise convertit des navires inachevés (le cuirassé Kaga et le croiseur de bataille Akagi de 33 000 tonnes) en porte-avions pour se plier au traité. Avec l'aide des Britanniques, elle met en service le 27 décembre 1921 le Hosho de 10 500 tonnes, doté d'un îlot décalé sur tribord (supprimé deux ans plus tard) et de trois cheminées rétractables.

Le Traité de Londres de 1930 et les forces en présence

Le Shokaku lors de son commissionnement (25 septembre 1941)
Jamais mis en service, le Graf Zeppelin lors de son lancement (8 décembre 1938)

En 1928, les appareils du Langley simulent une attaque sur Pearl Harbor qui démontre clairement les possibilités de l’aviation embarquée. De même, en janvier 1929, lors de l’exercice Fleet Problem IX, le Saratoga lance contre des installations du canal de Panama, une attaque de 83 avions contre laquelle les avions de l’United States Army Air Corps sont incapables de s’opposer. Cependant, le Saratoga est virtuellement coulé lors de la contre-offensive qui s’ensuit... Pourtant, aucun enseignement n’est vraiment tiré de ces exercices. Du 21 janvier au 22 avril 1930, Moffett (en) fait partie de la délégation américaine du Traité naval de Londres, aux termes duquel le quota de 135 000 tonnes sur les porte-avions est maintenu pour la marine américaine, à la condition qu’aucun nouveau bâtiment de moins de 10 000 tonnes ne soit construit. Dans les années 1930, l’US Navy met en service plusieurs porte-avions : le Ranger (CV.4) de 14 500 tonnes (17 577 tonnes à pleine charge) en 1934, le Yorktown (CV.5) en 1937 et son sistership Enterprise (CV.6) en 1938, tous deux de 19 900 tonnes. Le quota de tonnage accordé par les Traités permet de les compléter en 1940 par le Wasp (CV.7), un peu plus léger que ses prédécesseurs (14 700 tonnes). Enfin le Hornet de la classe Yorktown les rejoindra en 1941. On notera également l'expérimentation de dirigeables porte-avions dont trois exemplaires sont mis en service au cours de cette période, mais avec des résultats non probants.

Dans la seconde moitié des années 1930 la Royal Navy met en chantier cinq porte-avions : l'Ark Royal de 22 000 tonnes de déplacement ainsi que les quatre de la classe Illustrious (dont l'HMS Illustrious (en), l'HMS Formidable (en) et l'HMS Victorious (en)).

Après la révocation du traité de Washington le 29 décembre 1934 par le Japon et l’échec de la 2e Conférence navale de Londres en décembre 1935, chacune des grandes puissances retrouve sa liberté, donnant aussitôt lieu à une reprise de la course aux armements. De 1935 à 1938, le Kaga et l'Akagi sont refondus tandis que sont lancés le Soryu de 19 500 tonnes (1935) et son sistership le Hiryu (1937) construits selon les quotas, le Shokaku de 32 105 tonnes et son sistership Zuikaku (1941), supérieurs à tout autre porte-avions au monde, avant l’apparition de la classe américaine Essex durant la guerre. Par ailleurs, la Kriegsmarine lance le 8 décembre 1938 le Graf Zeppelin de 33 550 tonnes, inspiré de l’Akagi, mais qui ne sera jamais armé.

La Seconde Guerre mondiale

La bataille de Narvik (1940)

La dernière photo de l'HMS Glorious (8 juin 1940)

La principale raison ayant motivé l'Allemagne nazie à occuper la Norvège est la dépendance de son industrie vis-à-vis du minerai de fer suédois, qu'elle recevait des ports norvégiens dont Narvik. En sécurisant leur accès, l'Allemagne est en mesure de recevoir son approvisionnement en minerai et ce malgré le blocus maritime imposé par la Royal Navy. Par ailleurs, alors que la bataille de l'Atlantique prend de l'ampleur, le contrôle des aérodromes norvégiens, comme celui de Stavanger, devient d'une importance capitale, permettant aux avions de reconnaissance allemands d'opérer dans l'océan Atlantique Nord, sans avoir à survoler ou à longer les côtes britanniques. Le 9 avril 1940, l’Allemagne envahit la Norvège. La Royal Navy met sur pied la Task Force Z, qui comprend le HMS Furious (en). Cependant, après le déploiement de 90 bombardiers allemands basés à terre, la flotte anglaise se retire. Le lendemain, 16 Skua basés à terre attaquent le croiseur Korrigsberg à quai à Bergen. Au même moment, plusieurs destroyers britanniques coulent 2 destroyers allemands et en endommagent 3 autres à Narvik. Alors que la flotte allemande prend le large, le Furious coule un U-boot dans un fjord voisin. Le 23 avril 1940, les Britanniques sont prêts à une contre-invasion à Trondheim et les HMS Ark Royal et HMS Glorious catapultent des Skua pour fournir une couverture aérienne. Les Allemands réussissent à repousser l’attaque britannique et le Glorious et son escorte (les destroyers HMS Acasta (en) et HMS Ardent (en)) sont coulés avec environ 2 300 marins par les croiseurs Gneisenau et Scharnhorst alors qu’ils regagnent leur base de Scapa Flow. Au final, la Kriegsmarine perd un croiseur lourd, deux croiseurs légers, dix destroyers et six sous-marins, tandis que la Royal Navy perd un porte-avions, deux croiseurs, sept destroyers et un sous-marin.

L'opération Catapult (1940)

Des Blackburn Skua sur le pont de l’HMS Ark Royal

Déclenchée dans la nuit du 2 au 3 juillet 1940 par la Royal Navy, l'opération Catapult vise à s’assurer que la flotte française ne puisse pas tomber aux mains des Allemands ou des Italiens. Son objectif était donc de s'emparer ou (à défaut) de détruire les bâtiments français, où qu’ils soient stationnés. Dans les ports de Plymouth et Portsmouth, les militaires anglais investissent les bâtiments français et procèdent aussitôt à leur désarmement. Sont ainsi saisis deux cuirassés, deux contre-torpilleurs, huit torpilleurs, six sous-marins, treize avisos et plus d'une centaine de bâtiments légers. Pour les Français, ce coup de force est injustifié, car les Allemands (et encore moins les Italiens) n'auraient pu capturer par la force des bâtiments français réfugiés dans des ports de guerre en Grande-Bretagne. De plus un certain nombre d'entre eux ne pouvaient appareiller car ils n'étaient plus en état de naviguer… Pour les Britanniques, doutant de l'application réelle par l'Allemagne des clauses de l'armistice, il importait surtout d'éviter que ces unités ne puissent retourner dans les ports de la France occupée.

En parallèle à cette saisie, par la ruse et la force, des bâtiments français dans les ports de Grande-Bretagne, le croiseur de bataille HMS Hood, les cuirassés HMS Valiant (en) et Resolution (en) et le porte-avions HMS Ark Royal accompagnés d’une escorte de croiseurs et de destroyers s’apprêtent, au matin du 3 juillet, à attaquer Mers el-Kébir (Algérie). En dépit des termes sans équivoque de l’ultimatum, la flotte de la Marine nationale française, pourtant de puissance égale, mais en cours de désarmement, n’est pas préparée à l’attaque de leurs alliés de la veille. Amarrés "cul-à-quai" à la digue du port, l'artillerie principale des croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg , armés chacun de 2 tourelles quadruples de 330 mm "en chasse", a un champ de battage réduit vers la mer, d'où les bâtiments britanniques les canonnent. Les canons des bâtiments de la Royal Navy ouvrent le feu à distance maximale le 3 juillet 1940 et coulent le cuirassé Bretagne. Les navires de ligne Provence et Dunkerque ainsi que le contre-torpilleur Mogador sont gravement endommagés. Le croiseur de bataille Strasbourg s’échappe du port assiégé, escorté par 4 contre-torpilleurs. Les bâtiments sont attaqués deux fois par les obus de 380 mm des navires de ligne britanniques et les torpilles des avions torpilleurs Swordfish de l’Ark Royal mais le Strasbourg parvient à rejoindre Toulon le 4 juillet. Une nouvelle attaque aérienne, le 6 juillet au matin, coule par torpille le patrouilleur Terre Neuve, dont l’explosion endommage le Dunkerque.

Le 4 juillet, à Alexandrie (Égypte), concluant un accord entre l'amiral français René-Émile Godfroy et l'amiral britannique Andrew Cunningham, la flotte française évite le combat, sauvant ainsi le cuirassé Lorraine (en) et les croiseurs Duquesne (en), Tourville (en) et Suffren, trois torpilleurs, un sous-marin et surtout épargnant la vie de plusieurs centaines de marins.

Enfin, le 8 juillet, à Dakar (Afrique occidentale française), des Swordfish du HMS Hermes (en) attaquent à la torpille (sans le détruire mais en l'immobilisant) le Richelieu, le plus moderne des cuirassés de la Marine nationale française déplaçant 35 000 tonnes. Au final, 1.300 marins français trouveront la mort en une semaine au cours de l’opération Catapult, tués par leurs alliés de la veille .

La défense de Malte (1940-1942)

Le HMS Formidable (1942)
Des Fairey Swordfish survolant le HMS Ark Royal

En entrant en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940, l’Italie et sa puissante flotte menacent en mer Méditerranée l’approvisionnement britannique en pétrole d’Arabie. L’île de Malte est, à cet effet, un point stratégique et les porte-avions HMS Eagle (en), HMS Ark Royal et HMS Illustrious (en) de la Royal Navy n’auront de cesse d’y transférer une aviation et d’escorter les convois de ravitaillement. Le 9 juillet 1940, l’Eagle lance des Fairey Swordfish contre les forces italiennes, coulant un destroyer. Dans la nuit du 11 au 12 novembre 1940, l’Illustrious lance 12 Swordfish contre la base navale italienne de Tarente (opération Judgement) coulant le Conte di Cavour (en), endommageant le Littorio et l’Andrea Doria (en). Une seconde vague de 9 Swordfish touche à nouveau le Littorio et également le Caio Duilio (en). Seulement 2 avions sont perdus durant l’opération et il est clair que la leçon de cette victoire est retenue par l’amiral Isoroku Yamamoto de la Marine impériale japonaise… L’Allemagne envoie 300 avions (Fliegerkorps X) sur des bases aériennes italiennes proches de la Méditerranée centrale, dont des Ju 87 Stuka et Ju 88, qui attaquent l’Illustrious le 10 janvier 1941, l’endommageant au point qu’il gagne les États-Unis pour réparations. Si bien que la Regia Marina pense (à tort) que la Royal Navy ne possède plus qu’un navire amiral sur zone et estime qu’une force de croiseurs lourds articulée autour du tout neuf cuirassé Vittorio Veneto est suffisante pour faire face aux débarquements de matériels et d'hommes en Grèce, qui vient d'entrer en guerre contre l'Axe. En réalité, la Royal Navy dispose du porte-avions HMS Formidable (en), de 3 navires de ligne et de 9 destroyers. Ultra déchiffre des messages annonçant l’appareillage le 26 mars 1941 de la flotte italienne, composée du cuirassé, de 6 croiseurs lourds, de 2 croiseurs légers et de destroyers, une information confirmée par son survol par un hydravion anglais à 150 km au sud-est de la Sicile. La bataille a lieu les 27 et 29 mars 1941 au large du Ténare (ou cap Matapan) (Grèce). Le Formidable lance 6 bombardiers-torpilleurs Fairey Albacore (en) dont l’un touche l’hélice bâbord du Vittorio Veneto. Plus tard, 6 Albacore et 2 Fairey Swordfish sont catapultés et touchent le croiseur Pola (en). La flotte italienne est repérée de nuit grâce aux radars des destroyers britanniques, lesquels coulent le Pola, le Zara (en) et le Fiume (en) ainsi que 2 destroyers. Le 26 mai 1941, de retour de Crète et convoyant des avions vers Malte, le Formidable est attaqué par 12 bombardiers-torpilleurs allemands et endommagé par 2 bombes d’une tonne. Il rejoint les États-Unis pour réparations. La Mediterranean Fleet est désormais composée du HMS Ark Royal qui remplit de nombreuses missions en mai 1941 dont les convoyages de Supermarine Spitfire et de Hawker Hurricane à Malte. Le 22 mai 1941, le porte-avions se trouve dans l’océan Atlantique à la recherche du Bismarck.

La fin du Bismarck (1941)

Le 21 mai 1941, le cuirassé Bismarck et le croiseur lourd Prinz Eugen quittent Bergen (Norvège) en direction du nord-est de l’Islande pour commencer à attaquer les convois traversant l’Atlantique. Le 22 mai, le croiseur de bataille HMS Hood et le cuirassé HMS Prince of Wales quittent Scapa Flow pour intercepter les deux bâtiments allemands. Le 23 mai, dans le détroit de Danemark, des destroyers britanniques attaquent le Bismarck mais leurs tirs n'entament pas le bilndage du cuirassé qui riposte en coulant le Hood avec 1 400 marins. Avarié, le Prince of Wales rompt le combat après avoir réussi à toucher deux soutes à combustible du cuirassé allemand, qui doit rejoindre Brest pour réparations. Cette fuite de mazout aura pour conséquence de permmettre aux unités de la Royal Navy de suivre à la trace les 2 bâtiments allemands. Le 24 mai, le porte-avions HMS Victorious (en) lance 9 Swordfish et 2 Fairey Fulmar contre le Bismarck et le Prinz Eugen, mais une seule torpille touche le Bismarck, sans vraiment d’effets. Le 26 mai, un avion de patrouille maritime PBY Catalina repère leBismarck et le Prinz Eugen, Quatorze avions torpilleurs Fairey Swordfisch s'envolent du porte-avions HMS Ark Royal et dans le brouillard, attaquent par méprise le croiseur léger HMS Sheffield, heureusement sans lu'atteindre. Après être retournés sur le porte-avions, les avions sont réarmés en une heure et repartent à l’attaque, localisant cette fois-ci les deux bâtiments allemands. Le Bismark est touché par 2 torpilles qui endommagent son appareil à gouverner. Tandis qu'il tourne en rond, les navires britanniques l'achèvent au canon et le croiseur lourd Dorsetshire l'envoie par le fond en le torpillant, le 27 mai avec environ 1 900 marins à bord. Le croiseur lourd Prinz Eugen ne sera pas touché et parviendra à rejoindre Brest.

Des CAM ships aux porte-avions d'escorte

Un Hawker Hurricane lancé d'un CAM ship
Le HMS Audacity, le 1 er porte-avions d'escorte

La plus grande menace pour les forces alliées en océan Atlantique est constituée par les U-Boote allemands. Les hydravions Short Sunderland et les avions de patrouille maritime PB4Y Privateer sont utilisés dans des missions de lutte anti-sous-marine mais le rayon d’action limité de ces appareils laisse une zone non couverte au milieu de l’Atlantique. Pour résoudre le problème, la Royal Navy monte des Supermarine Spitfire lancés par catapulte sur 50 navires marchands transformés en CAM ships (Catapult Armed Merchants). Bien que la solution soit transitoire, un Supermarine Spitfire lancé le 3 août 1941 abat un Condor. Le développement de la bataille de l’Atlantique voit le développement de porte-avions d'escorte (CVE) legers et peu rapides, destines à assurer une couverture aérienne aux convois. Le premier d’entre-eux, le HMS Audacity (en), transformé à partir d’un navire marchand allemand capturé, le MV Hannover, sert de modèle aux porte-avions d'escorte américains, comme l’USS Long Island (en), lancé le 11 janvier 1940. Opérationnel quant à lui en juin 1941, l’Audacity abat à proximité de Gibraltar un Condor de patrouille maritime allemand grâce à un Supermarine Spitfire. Plusieurs classes représentant environ 130 bâtiments sont construites aux États-Unis et mises en œuvre en vertu de la loi prêt-bail (Lend-Lease) de février 1941 par le Royaume-Uni : la classe Long Island (en) (1 armé par l’US Navy, l'USS Long Island; 1 par la Royal Navy, le HMS Archer (en)), la classe Charger (en) (1 par l’USN, l’USS Charger (en) ; 3 par la RN sous le nom d’Avenger), la classe Sangamon (en) (4 par l’USN), la classe Bogue (en) (11 par l’USN, 34 par la RN sous les noms d’ Attacker et d’Ameer), la classe Casablanca (en) (50 par l’USN) et la classe Commencement Bay (en) (19 par l’USN). En avril 1943, la menace des U-Boote atteint un pic. Ce mois-là, les convois alliés perdent un tonnage de 567 000 tonnes contre seulement 6 sous-marins allemands coulés. Les avions des porte-avions d'escorte USS Bogue (en), HMS Archer, HMS Biter (en) et HMS Dasher (en) (constitués en hunter-killer groups) commencent à éloigner les U-Boote. Le 23 avril, le Biter aidé d'un destroyer est le premier porte-avions à couler un U-Boot. Bientôt, les attaques du Archer et du Bogue sont couronnées de succès. Le 4 octobre, les avions de l'USS Card (en) coulent 3 sous-marins d'un coup. Le bâtiment terminera la guerre avec 8 victoires à son actif contre 10 pour le Bogue. Le 4 mai 1944, l'USS Guadalcanal (en) arraisonne et capture le U 505 au large de l'Afrique occidentale française. En plus d'être le 1er bâtiment capturé par l'US Navy depuis 1815, il sera d'une grande utilité pour les services de contre-espionnage américains. Le décryptage des codes allemands et l'aide des bombardiers à long rayon d'action B-24 Liberator permet d'avril à septembre 1943 aux porte-avions d'escorte d'envoyer par le fond 33 U-Boote (et d'aider à en couler 12 autres) dans l'Atlantique et 14 dans l'Arctique. Sur les 151 porte-avions américains en service durant la Seconde Guerre mondiale, 122 sont des porte-avions d'escorte. Dans le même temps, le Japon en construit 14.

L'attaque sur Pearl Harbor et les succès japonais (1941-1942)

Le HMS Hermes, bombardé par l’aviation japonaise, coule au large de Batticaloa (en) (Ceylan) (9 avril 1942)

Encouragé par le succès britannique à Tarente et dans le cadre de l’expansion impériale, l’amiral Isoroku Yamamoto lance une task-force (Kidô Butai) comprenant 6 de ses meilleurs porte-avions : le Kaga, l’ Akagi, le Soryu, le Hiryu, le Shokaku et le Zuikaku contre la Flotte du Pacifique américaine à Pearl Harbor. Avant l’aube du 7 décembre 1941, plus de 350 chasseur Mitsubishi A6M Zero, bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N Kate et bombardiers en piqué Aichi D3A décollent des porte-avions japonais. Leur attaque commence à 7 heures 30 du matin. La 1 re vague touche les bases aériennes autour de l’île d’Oahu afin de détruire la défense anti-aérienne américaine. Les avions continuent sur Pearl Harbor pour attaquer les navires de ligne au mouillage. En deux heures sont coulés ou endommagés 8 cuirassés, 3 croiseurs, 3 destroyers, 4 autres navires et 250 avions. Les pertes américaines comprennent 2 400 morts et 1 200 blessés. La surprise de l’attaque japonaise est si complète que seulement 29 avions sont perdus. Par chance, les porte-avions américains ne sont pas au port : l’USS Saratoga est sur la côte ouest pour réparations et l’USS Enterprise et le USS Lexington convoient des avions jusqu’à l’île de Midway. Après son succès à Pearl Harbor, la Kidô Butai poursuit ses opérations dans le Pacifique, qui la mènent à la prise de l’île Wake, de Guam, des îles Gilbert, de Hong Kong et des Philippines. La Royal Navy, redoutant à son tour une attaque sur ses positions sud-asiatiques, fait appareiller la Force Z (en) en direction de Bornéo pour empêcher un éventuel débarquement japonais en Malaisie. Le 10 décembre 1941, au large des îles Anambas, les croiseurs HMS Prince of Wales et HMS Repulse sont repérés par le sous-marin I-65 puis par 3 hydravions. L'aviation japonaise fait décoller 88 avions (dont 61 bombardiers Mitsubishi G3M et 17 bombardiers-torpilleurs Mitsubishi G4M), qui torpillent et coulent les deux bâtiments le long des côtes de Kuantan (mer de Chine). Après avoir conquis Singapour, les Japonais se dirigent vers le sud pour prendre possession des champs pétroliers des Indes orientales néerlandaises, battant la flotte de l’ABDA (en) en février et mars 1942 aux alentours de Java, détruisant notamment le USS Langley le 27 février. Peu avant, le 18 février 1942, 188 avions japonais des porte-avions Kaga, Akagi, Soryu, et Hiryu ou bases à terre attaquent Darwin (Australie), coulant 8 navires et détruisant 18 avions. Le Japon s’intéresse ensuite à Ceylan et aux côtes de l’Inde, passage stratégique du pétrole du golfe Persique destiné à la Royal Navy. Cette dernière met sur pied une task-force comprenant le cuirassé HMS Warspite (en), 4 navires de la Première Guerre mondiale et les porte-avions HMS Indomitable (en), Formidable (en) et HMS Hermes (en). La Marine impériale japonaise envoie une contre-force de 5 porte-avions et de 4 cuirassés pour attaquer les Britanniques à Colombo (Ceylan) : le 5 avril 1942, 315 avions embarqués japonais attaquent la base, mais les navires de la Royal Navy se sont déjà retirés à son « Port T » sur l’atoll Addu (Maldives), à 480 km au sud. La flotte anglaise monte cependant une contre-offensive mais est défaite par les porte-avions japonais : 80 bombardiers-torpilleurs Mitsubishi G4M attaquent et coulent les croiseurs HMS Cornwall (en) et HMS Dorsetshire (en). L’Hermes est également repéré et coulé à proximité de Ceylan le 9 avril. Le Japon contrôle désormais la totalité du Pacifique de l'ouest d’Hawaii à Ceylan.

La contre-offensive américaine (1942)

Un B-25 Mitchell de l'USAAF lancé de l’USS Hornet lors du raid de Doolittle sur Tokyo (18 avril 1942)

Les porte-avions américains de la Task Force F lancent des contre-attaques qui, bien que limitées, affaiblissent la Kidô Butai. Ainsi, le 1er février 1942, les avions de l’USS Enterprise attaquent Kwajalein (îles Marshall), coulant 3 navires japonais et en endommageant d’autres, tandis que le 21 février, un avion de l’USS Lexington attaque Rabaul (Nouvelle-Guinée) et abat 5 bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N Kate. D’autres raids sur l’île Wake et l’île Marcus, l’un des points extrêmes du Japon, apprennent aux Américains que les aviateurs japonais ne sont pas en contact radio avec leur porte-avions (d’où des attaques souvent désordonnées) et découvrent l’existence de pilotes kamikaze. Afin de redonner du moral aux troupes en brisant l’invulnérabilité de l’archipel nippon, le lieutenant-colonel des United States Army Air Forces (USAAF) James H. Doolittle décide d’un raid (le « raid de Doolittle ») sur le Japon. À l’occasion de son premier tour d’opération de guerre, le Hornet rejoint le 13 avril 1942, au nord d’Hawaii, la Task Force 16 (comprenant l’Enterprise) chargée de son escorte. Le 18 avril 1942 il lance 16 bombardiers B-25 Mitchell pour une attaque moins stratégique que symbolique, destinée à laver l’affront de Pearl Harbor et qui doit surtout avoir un effet psychologique. Après le bombardement de Darwin, l’expansionnisme du Japon Showa le pousse à isoler l’Australie en capturant Port Moresby en Nouvelle-Guinée et Tulagi sur les Iles Salomon. Cependant, les États-Unis ont décrypté le code JN-25 (en) et la Flotte du Pacifique est préparée. Les porte-avions Lexington et Yorktown (Task-Force 17) appareillent avec 140 avions (42 Grumman F4F Wildcat, 74 Douglas SBD Dauntless, 25 TBD Devastator) pour la confrontation avec la Kidô Butai en mer de Corail. De son côté, la force d’invasion japonaise comprend les porte-avions Shokaku et Zuikaku basés à Port Moresby, plus le porte-avions léger Shoho à Tulagi comprenant 147 avions (54 Zero, 42 Aichi D3A, Kate). Les task-forces des belligérants s’affrontent le 7 mai 1942 et les Lexington et Yorktown lancent une attaque de 93 avions et coulent le Shoho de 13 bombes et 7 torpilles. Ayant eu vent du naufrage, les Japonais suspendent leur invasion de Port Moresby et envoient le Shokaku et le Zuikaku à la recherche des porte-avions, lançant 24 bombardier-torpilleur Nakajima B5N Kate, 36 bombardier en piqué Aichi D3A chasseur et 18 Mitsubishi A6M Zero. Par méprise, ils coulent le pétrolier USS Neosho (en), le destroyer USS Sims (en) et, plus tard dans la journée, lancent 27 avions qui, la nuit tombée tentent d’apponter sur les Lexington et Yorktown ! À l’aube du 8 mai, les task-forces se rencontrent. Le Zuikaku s’enfuit à la faveur du mauvais temps tandis que le Shokaku est touché par des bombardiers-torpilleurs Douglas SBD Dauntless qui endommagent fortement son pont d’envol. Les derniers avions américains décollent pour défendre leurs porte-avions, mais ils sont en trop petit nombre : seuls 17 Grumman F4F Wildcat sont en l'air. Le Yorktown évite 8 torpilles mais est touché par une bombe. Quant au Lexington, une bombe fait exploser ses conduites de fuel et le stock de carburant aéronautique, embrasant le porte-avion de l’intérieur. Plutôt que de le laisser tomber en mains ennemies, il est abandonné avec la plupart de son équipage de 3 000 hommes et coulé par ses destroyers d’escorte. La bataille de la mer de Corail se termine par un match nul avec un porte-avions coulé et un endommagé dans chaque camp. Il en sera tout autrement à Midway, un mois plus tard…

Midway : la chance tourne (1942)

Vue d'artiste du USS Hammann (en) et du USS Yorktown touchés par les torpilles du I-168 (6 juin 1942)

À l’origine, l’amiral Yamamoto désire attaquer Midway, au centre du Pacifique, avant Port Moresby et Tulagi, avec pour but la destruction des porte-avions américains. Finalement, ce n'est qu'en juin 1942 que Yamamoto monte une opération de diversion aux Îles Aléoutiennes afin d'attirer les porte-avions américains, où les attendraient les Kaga, Akagi, Soryu et Hiryu. Pendant ce temps-là, Midway serait envahi par 12 transports de troupes, 2 cuirassés, le porte-avions Zuiho (en) et la propre task-force à 7 cuirassés de Yamamoto. Ayant décrypté le code JN-25 (en), la TF 16 (USS Enterprise et USS Hornet sous le commandement de l’amiral Raymond Spruance) et la TF 17 (composée du désormais rafistolé USS Yorktown sous le commandement de l’amiral Frank J. Fletcher) se positionnent à 500 km au nord-est de Midway pour attendre la flotte japonaise. Les groupes aériens totalisent 232 avions (111 SBD, 42 TBD Devastator, 79 Widcat) plus, sur l’atoll même, 119 avions de l’US Navy, des USAAF et des US Marine Corps, parmi lesquels les premiers bombardiers-torpilleurs TBF Avenger. Du côté japonais, on dispose de 297 avions (120 Zero, 84 D3A1, 93 Kate). L’affrontement débute le 4 juin 1942 par une pagaille au sein des groupes aériens de la TF 16, qui se trouvent séparés et incapables de localiser les navires japonais et de la TF 17 où tous les TBD de la flottille VT-8 sont abattus sans placer une seule torpille, ainsi que 10 TBD de la VT-6 et les 12 TBD de la VT-3, si bien que les SBD arrivent sans escorte aérienne ! Le vice-amiral Chuichi Nagumo, mal informé, ordonne à deux reprises de modifier l’armement des avions qui encombrent les ponts d’envol de ses porte-avions tandis que les Zero, à court de carburant, demandent à apponter. C’est alors que surgissent les SBD qui larguent 39 bombes. Le Soryu est touché à 3 reprises, le Kaga 4 fois et tous deux coulent dans les heures qui suivent, tandis que l’Akagi est sabordé le 5 juin à l’aube. Non repéré, l’Hiryu endommage sérieusement le Yorktown, qui est achevé par le sous-marin I-168 (en). L’Hiryu est finalement touché de 4 bombes lancées par des SBD et doit être sabordé. Au final et en une vingtaine d’heures, la Marine impériale japonaise perd 4 porte-avions, un croiseur, 253 avions et 3 057 hommes (dont de nombreux pilotes expérimentés), contre un porte-avions, un destroyer, 98 avions et 307 hommes du côté américain. Yamamoto, qui avait fait la prédiction que le Japon aurait le dessus pendant six mois à un an avant d'être débordé par l’US Navy, avait raison : six mois après l’attaque sur Pearl Harbor, l'expansionnisme du Japon Showa est définitivement stoppé dans le Pacifique Sud . La bataille de Midway est une « victoire décisive ».

La bataille de Guadalcanal

En entamant la construction d’aérodromes sur Guadalcanal et Rabaul, la marine impériale japonaise a l’ambition de transformer la chaîne des îles Salomon, protectorat britannique en une base stratégique visant à perturber les communications maritimes entre les États-Unis et l’Australie. Les Alliés, connaissant les plans japonais, débutent le 7 août 1942 une offensive majeure en envoyant une force de débarquement amphibie de 80 navires à Guadalcanal (Operation Watchover). Les avions de l’USS Enterprise (TF 16), de l’USS Saratoga (TF 11) et de l’USS Wasp (TF 18) prennent position à proximité de l’île afin de procurer une couverture aérienne à plus de 16 000 marines. Ces derniers ont à subir des attaques aériennes journalières jusqu’au 20 août 1942, date à laquelle le porte-avions d’escorte USS Long Island (en) livre deux escadrons de Widcat et de SBD à Henderson Field (Cactus Air Force (en)), l’aérodrome situé au nord-est de Guadalcanal. La bataille des Salomon orientales débute le 23 août lorsque une task-force japonaise composée de destroyers, de transports de troupes, de 2 cuirassés et des porte-avions Shokaku, Zuikaku et Ryujo approche l’île. Le Wasp, le Saratoga, l’Enterprise et le cuirassé North Carolina partent à la rencontre de la flotte ennemie. Le 24, les Japonais commencent à attaquer Henderson Field avec des avions de leur base de Rabaul et du Ryujo, qui est coulé de 10 bombes et une torpille. Le Shokaku et le Zuikaku attaquent de 3 bombes l’Enterprise, mais sans gravité, tandis que les avions du Saratoga endommagent gravement le transport d'hydravions Chitose (en). L’invasion, repoussée un temps, n’entraine pas moins les torpillages du Saratoga le 30 août (il regagne Pearl Harbor pour réparations) et du Wasp le 15 septembre (qui doit être abandonné), laissant le Hornet seul. La 2 vague d’invasion japonaise, dénommée bataille des îles Santa Cruz débute en octobre 1942. Les porte-avions Shokaku, Zuikaku, Zuiho (en) et Junyo (en) appareillent en direction des îles Santa Cruz, où ils sont attaqués le 26 octobre par des bombardiers-torpilleurs de l’Enterprise et du Hornet, qui sont à leur tour touchés, non sans mettre le Shokaku hors-service pour 9 mois. Le Hornet, attaqué à plusieurs reprises par plusieurs bombes et 2 torpilles, doit être abandonné (il sera coulé par des destroyers japonais), si bien que l’US Navy ne dispose une nouvelle fois que d’un seul porte-avions dans le Pacifique, bien que la Royal Navy met l'HMS Victorious (en) à disposition. Une dernière tentative d’invasion est repoussée par les avions de l’Enterprise et d’Henderson Field les 13-14 novembre. Début 1943, les Japonais commencent à évacuer 11 000 de leurs 30 000 soldats. Le 9 février, Guadalcanal est entièrement aux mains des Marines. Dès lors, la machine industrielle américaine se met en branle, permettant d'élargir la brèche ouverte dans le Pacifique avec la victoire de la bataille de Midway. La reconquête peut commencer.

Le débarquement en Afrique du Nord

Vue des HMS Indomitable et HMS Eagle depuis l’HMS Victorious durant l’Operation Pedestal (août 1942)
Escorté de 2 destroyers, le pétrolier SS Ohio entre dans le port de Malte (15 août 1942)
Troupes américaines des forces du centre débarquant près d'Oran durant l’opération Torch (novembre 1942)

En 1942, les forces américano-britanniques défendent toujours le ravitaillement de Malte tout en préparant un débarquement massif en Afrique du Nord occupée par les Allemands et les Italiens. Le 10 août 1942, 14 navires marchands pénètrent en Méditerranée, escortés par les porte-avions HMS Victorious (en), HMS Indomitable (en) et HMS Eagle (en). Le HMS Furious (en) suit, transportant 36 Supermarine Spitfire destines à la Royal Air Force à Malte (Operation Pedestal). Le lendemain, 4 torpilles lancées de l’U-73 touchent par surprise l’Eagle, qui coule en 10 minutes avec 200 marins. Le 12 août, les bombardiers allemands et italiens basés à terre attaquent le convoi : deux bombes touchent sans dommage le Victorious, tout comme le pont d’envol de l’Indomitable, tuant 50 marins. Avant d’atteindre Malte, le convoi est de nouveau attaqué mais 5 de ses 14 navires s’en sortent, dont le plus grand pétrolier d’alors, le SS Ohio (en). En coulant 9 cargos, 2 croiseurs, un porte-avions et un destroyer, l’attaque du convoi est un succès tactique pour l’Axe et est nommée par les Italiens Vittoria del mezz'agosto (la victoire de la mi-août). Néanmoins, une fois les sous-marins et les Bristol Beaufort et Bristol Beaufighter basés à Malte ravitaillés, ils sont capable de perturber l’approvisionnement de l’Afrika Korps de Rommel. Le 8 novembre 1942, les Alliés sont prêts à l’Opération Torch, c’est-à-dire l’invasion de l’Afrique du Nord. L’ensemble des troupes terrestres est placée sous la responsabilité du général Dwight Eisenhower tandis que les forces navales sont commandées par l’amiral Sir Andrew Cunningham avec pour adjoint l’amiral Sir Bertram Ramsay, concepteur de l’opération à partir des notes du colonel Germain Jousse, membre de l'organisation de résistance d'Alger. Les forces comprennent 107 000 hommes, 200 bâtiments de guerre (dont 12 porte-avions), 110 navires de transport et 500 avions. Elle se divise en 3 forces ayant pour mission d'établir 9 têtes de pont sur près de 1 500 km de côtes. Les forces ouest, sous le commandement du vice-amiral Henri Hewitt, comprennent le USS Ranger et les porte-avions d'escorte USS Sangamon (en), USS Chenango (en), USS Suwanee (en) et USS Santee (en) chargés de capturer Casablanca à l’aide de Widcat, de bombardiers Douglas SBD Dauntless et de bombardiers-torpilleurs Avenger. Les forces du centre, commandées par le contre-amiral Sir Thomas Troubridge, comprennent l’HMS Furious (en) et les porte-avions d'escorte HMS Biter (en) et HMS Dasher (en), qui couvrent les débarquements à Oran grâce aux bombardiers-torpilleurs Fairey Albacore (en) et aux chasseurs Hawker Hurricane. Les forces est, commandées par le vice-amiral d'escadre Sir Harold Burrough, comprennent l’HMS Argus et le porte-avions d'escorte HMS Avenger (en), qui participent aux attaques sur Alger avec les chasseurs Seafire et Hawker Hurricane. Enfin, au large, les Victorious and Formidable empêchent les interventions de la Regia Marina. Les débarquements suscitent peu d’opposition et au mois de mai 1943, l’influence de l’Axe en Afrique du Nord a cessé.

L'avancée dans le Pacifique

La bataille du golfe de Leyte

La victoire finale

Changement de rôle

Les porte-avions d'après-guerre

Essais à bord de l’USS Franklin D. Roosevelt du FH-1 Phantom, le 1er avion à réaction embarqué (21 juillet 1946)

Le 2 septembre 1945, lors de la capitulation du Japon, l’US Navy, avec ses 98 porte-avions et ses 40 000 avions, constitue 70% du tonnage mondial. En l’espace d’un an, le nombre de porte-avions est réduit à 23 et celui des avions à 14 637. L’aviation embarquée est guettée par une obsolescence rapide, tandis que les USAAF étaient entrées dans l’ère de l’aviation à réaction et du bombardement stratégique nucléaire… lequel ne ferait qu’une bouchée des porte-avions, ces mastodontes démodés. L’administration Truman partage ce point de vue et fait voter le National Security Act en 1947. L’année suivante, le premier secrétaire à la Défense, l’amiral James Forrestal bataille pour imposer la construction de 4 « super porte-avions », dont le premier serait l’USS United States (en) de 65 000 tonnes, alors que le nombre de navires en ligne passé de 1 194 à 267 et celui des porte-avions de 98 à 15. L’opposition de l’US Air Force, qui met en avant son bombardier intercontinental B-36 Peacemaker, met fin à la construction (commencée 4 jours plus tôt !) de l’United States le 23 avril 1949. Par contre, 3 porte-avions de 45 000 tonnes de la classe Midway (en), mis en chantier en 1943-44, sont achevés : le Midway, le Franklin D. Roosevelt et le Coral Sea. Les principales améliorations par rapport à la classe Essex sont un pont d’envol renforcé faisant partie intégrante de la superstructure et l’embarquement des premiers jets, comme le FH-1 Phantom, opérationnel en 1947. À partir de décembre 1952, trois autres innovations technologiques empruntées à la Royal Navy sont généralisées après refonte sur l'USS Antietam, les 14 bâtiments restants de classe Essex comme les 3 nouveaux navires de classe Midway : le pont d'envol oblique (ou angled flight deck), qui permet des décollages et des appontages simultanés (« catapo »), la catapulte à vapeur et le miroir d'appontage. Le 1er octobre 1955, l’USS Forrestal, le premier « super porte-avions » conçu spécialement pour les jets, est mis en service. Il est deux fois plus lourd que les porte-avions de la classe Essex. Quant à elle, la Royal Navy conserve un temps ses porte-avions d'escorte de classes Colossus et Majestic construits en 1944-1945. À la fin des années 1950, nombre d’entre-eux sont vendus ou cédés aux nations allies, comme le HMS Colossus (à la France); les HMS Terrible (en), HMS Vengeance (en) et HMS Majestic (à l’Australie); les HMS Magnificent (en) et HMS Powerful (au Canada); le HMS Venerable (en) (aux Pays-Bas); le HMS Hercules (en) (à l’Inde) et le HMS Warrior (en) (à l’Argentine). Durant les années 1950, la Royal Navy commissionne plusieurs porte-avions lourds, qui resteront en service jusqu’à la fin des années 1970 et le début des années 1980. Parmi eux : le HMS Ark Royal (en) de classe Audacious (en) et le HMS Hermes de classe Centaur. La France acquiert les porte-avions léger USS Langley et USS Belleau Wood au début des années 1950 qui serviront de support aérien aux troupes engagées en Indochine française. Enfin, l’Espagne achète le porte-avions léger USS Cabot.

L'opération Crossroads (1946)

L’explosion « Baker » de l'opération Crossroads dans l'atoll de Bikini avec l'onde de choc concentrique qui recouvre les navires (25 juillet 1946)

L'opération Crossroads est le 4e et 5e essai nucléaire de l’histoire après le test de Trinity, puis les largages de « Little Boy » sur Hiroshima et de « Fat Man » sur Nagasaki. Les 2 explosions (« Able » et « Baker ») de l'été 1946 ont pour but de valider la puissance de la Bombe A sur des navires et des sous-marins situés aux alentours de l'atoll de Bikini. L’USS Saratoga (qui est en surplus avec l’arrivée des bâtiments de classe Essex) et l’USS Independence participent à l’opération. Le 1er juillet 1946, « Able », d'une puissance de 21 kilotonnes est larguée par un bombardier B-29 baptisé « Dave's Dream » et explose à 158 mètres d'altitude. Elle manque sa cible d'environ un demi-kilomètre, détruit 5 des 40 navires présents dans l’atoll (les transport de troupes USS Gilliam (en) et USS Carlisle (en), les destroyers USS Anderson (en) et USS Lamson (en) et le croiseur japonais Sakawa (en)) et en endommage gravement 9, tandis que l’Independence s’en sort sans trop de dommages, mis à part un incendie maîtrisé. Les 2 porte-avions participent au 2e essai, « Baker », le 25 juillet. Cette fois-ci, l’explosion de la bombe de 23 kilotonnes, placée à 27 mètres sous le niveau de la mer, provoque des tsunamis de plus de 30 mètres qui engloutissent plusieurs bâtiments (le cuirassé japonais Nagato, le cuirassé USS Arkansas, le sous-marin USS Apogon (en) et 3 navires auxiliaires), dont le Saratoga. Durant plus de 24 heures, la zone proche de l'explosion est mortellement radioactive : l'accès à l'île de Bikini (à 9 kilomètres) n’est autorisé qu'après une semaine.

La guerre d'Indochine (1946-1956)

Le La Fayette avec à son bord 20 F6F Hellcat et 12 TBF Avenger
Les Grumman F6F Hellcat de l'Aéronavale larguent du napalm sur la division 320 du Viet Minh pendant l’opération Mouette (novembre 1953)
Le La Fayette dans les eaux d'Indochine française (1953)
Le La Fayette au large de Nha Trang (Indochine) (mi-juin 1953)

La guerre d’Indochine oppose depuis 1946 le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO), soutenu par les États-Unis, aux forces du Viêt Minh (Front de l'indépendance du Vietnam) nationaliste et communiste, soutenu par la Chine et l'Union soviétique. Le 28 janvier 1947, le porte-avions Dixmude, remis à niveau, appareille de Toulon avec 9 bombardiers-torpilleurs Douglas SBD Dauntless, lesquels attaquent en mars des objectifs sur la cote d'Annam puis effectuent des missions d’appui aérien rapproché (close air support) à partir du golfe du Tonkin au profit de troupes au nord de l'Indochine. À la suite de problèmes de catapulte, le Dixmude rentre en France en avril. En raison de sa grande lenteur et de son seul ascenseur, le Dixmude est relégué au rôle de transport : il appareille de nouveau en septembre 1947, convoyant des SBD, des Ju-52 et des Spitfire qui opèrent au sol depuis Saigon, puis Hanoi, avant de revenir à Toulon en mai 1948. L’Arromanches prend le relais durant la période octobre 1948-janvier 1949, entrecoupée d’exercices de mise au point d’hunter killer groups et de 6 semaines de combats (152 sorties) au cours desquels ses 10 SBD et ses 2 Spitfire mènent des frappes au sol en Cochinchine, dans le centre d'Annam et au Tonkin. Aucun porte-avions n’est déployé en 1949-1950, suite à une pénurie d’avions que vient combler le 26 janvier 1951 le déchargement à Saigon par l’USS Windham Bay (en) de plusieurs F8F Bearcat. Lors de sa 2e campagne, de septembre 1951 au 17 mai 1952, l’Arromanches embarque des chasseurs F6F Hellcat et des bombardiers en piqué SB2C Helldiver. Leurs missions comprennent le close air support (CAS) et l’attaque de pistes, de ponts et de voix de chemins de fer, en Annam (du 28 septembre au 13 octobre), au Tonkin (14-21 octobre), en Annam (du 6-11 novembre), au Tonkin (14 novembre-9 janvier). Après un séjour en cale sèche à Singapour du 16 janvier au 20 février 1952, l’Arromanches reprend ses missions en Cochinchine, en Annam et au Tonkin du 23 février au 18 mai. Après un retour à Toulon, l’Arromanches assure une 3e campagne entre septembre 1952 et mars 1953 avec le même type d’appareils et les mêmes objectifs (opérations de CAS et destruction des voies de communication entre le Viet Nam du nord et la Chine). Le La Fayette effectue une 1re campagne de mars à juin 1953, ralliant le Tonkin avant que le porte-avions ne récupère les flottilles de l’Arromanches en juin 1953. Sa 4e campagne se déroule de septembre 1953 au 19 septembre 1954 avec à bord des SB2C Helldiver et des F6F Hellcat, qui sont engagés lors de la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai 1954, de concert avec l’aviation embarquée du Bois-Belleau. Malgré la défaite, l'Aéronavale mène des opérations sur la zone jusqu'à l'armistice du 21 juillet à Genève. D’avril à juin 1955, le La Fayette, embarquant une vingtaine de Corsair, 4 SB2C Helldiver et 2 hélicoptères, couvre les opérations d’évacuation du Tonkin avant de repartir pour la France le 11 juin. Le Bois-Belleau effectue des exercices du 5 juin au 14 novembre. Enfin, de janvier à juin 1956, sous les ordres des FNEO (Forces navales en Extrême-Orient) jusqu’à la dissolution de celles-ci le 26 avril, le La Fayette participe à divers exercices avec les forces britanniques. De retour à Toulon le 3 juin, il clôt la présence française en Indochine.

La guerre de Corée (1950-1953)

De l'avant à l'arrière plan, des F9F Panther et des Corsair sur le pont de l'USS Valley Forge (1950)
Un Corsair du USS Philippine Sea survolant le cuirassé USS Missouri au large d'Incheon (15 septembre 1950)
Débarquement allié à Incheon (15 septembre 1950)
En Corée, le close air support de l'aviation embarqué rend de nombreux services à une US Army peu mobile
L'interdiction aérienne comprend le torpillage du barrage d'Hwachon par 8 AD Skyraider du USS Princeton (1er mai 1951)
Des Fairey Firefly sur le pont du HMAS Sydney au large de la Corée
Un B-29 larguant ses bombes au-dessus de la Corée du Nord (août 1951)

L'offensive de la Corée du Nord communiste sur la Corée du Sud qui débute le 25 juin 1950 est une surprise pour les gouvernements occidentaux et la réaction initiale des États-Unis, qui avaient démobilisé leur gigantesque appareil militaire après 1945, est assez désordonnée et brouillonne, envoyant les maigres unités disponibles qui occupaient alors le Japon sous l'autorité de Douglas MacArthur. À la différence des grandes batailles aéronavales de la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée (et les conflits futurs) voit un changement dans le rôle des porte-avions. En Corée, ces derniers servent essentiellement de bases aériennes naviguantes, hors de portée des forces ennemies. L’aviation embarquée sert, non à attaquer la flotte ennemie, mais, venant en aide aux troupes au sol, à détruire des cibles terrestres. Deux porte-avions, l'USS Valley Forge de classe Essex et le britannique HMS Triumph (en) sont envoyés en urgence sur les côtes ouest de Corée, en mer Jaune, pour tenter de soutenir la maigre armée sud-coréenne écrasée par les blindés de l'armée populaire de Corée. Le 3 juillet 1950 le Valley Forge lance le premier raid aérien de ce conflit depuis un porte-avions (36 avions (dont 8 jets F9F Panther) sur Pyongyang), suivi par un raid de 21 avions du Triumph sur un aérodrome de Haeju. Le jour suivant, des attaques aériennes sont lancées contre des ponts situés dans la même zone. Les deux porte-avions, groupés au sein de la TF 77, se déplacent sur la côte est, en mer du Japon, et soutiennent le 18 juillet le débarquement de troupes à Pohang tout en détruisant une raffinerie de pétrole à Wonsan. Le 22 juillet, leur aviation embarquée débute de nombreuses opérations d’appui aérien rapproché (close air support). En août 1950, le Triumph joint la TF 91 britannique, tandis que USS Philippine Sea vient renforcer la TF 77. Au même moment est créée le Task Group 96.8, composé des porte-avions d'escorte USS Sicily (en) et USS Badoeng Strait (en), embarquant des chasseurs et des bombardiers des Marines, tandis que la situation se dégrade : l'armée populaire de Corée occupe 75% du territoire et les forces alliés sont confinés dans le périmètre de Pusan. Les pilotes de l’US Navy et des Marines effectuent 8 800 sorties aériennes (dont 6 500 par des Corsair, 1 600 par des AD Skyraider et 700 par des F9F Panther) pour défendre les troupes alliées retranchées à Pusan. Du 6 au 21 septembre, l’US Navy et la Royal Navy appuient, avec les porte-avions USS Bandoeng Strait, Boxer (remplacé le mois suivant par le Leyte), Valley Forge, Sicily et Philippine Sea, la victoire décisive à Incheon, sur la côte ouest de la Corée du Sud en effectuant 3 200 sorties aériennes puis en octobre, avec le cuirassé Missouri et le porte-avions HMS Theseus (en) (remplaçant le Triumph) les forces de l'ONU engagées au delà du fleuve Yalou en collaboration avec l'USAF et les unités de chasse du Commonwealth. Du 9 au 21 novembre, les avions du Valley Forge et du Philippine Sea détruisent des ponts sur la rive nord-coréenne du Yalou et leurs F9F Panther abattent 3 MiG-15. Durant la période janvier-mai 1951, les appareils des porte-avions passent graduellement du rôle de close air support à celui d’interdiction aérienne contre des objectifs dans la profondeur autour du 38e parallèle nord (essentiellement des ponts et des voies de chemin de fer). Plus de 33 000 sorties sont effectuées, qui entrainent la perte de 69 Corsair, 8 AD Skyraider, 4 F9F Panther et 2 F7F Tigercat. Plusieurs de ces missions sont restées célèbres. À partir du 23 mars 1951, le Princeton lance une série d’attaques par AD Skyraider afin de détruire des ponts entre Kilchu et Songjin, qui durent un mois sous le commandement du capitaine de corvette Harold Carlson et seront connues en tant que "Battle of Carlson's Canyon". Le 30 avril 1951, 6 AD Skyraider et 5 Corsair du Princeton bombardent le barrage d’Hwachon sans dommages mais, le jour suivant, 8 AD Skyraider et 12 Corsair sont plus chanceux en utilisant d’anciennes torpilles de la Seconde Guerre mondiale, empêchant les forces chinoises d’utiliser le barrage pour inonder des zones stratégiques de Corée du Sud.

Au début de 1951, ce conflit était encore secondaire pour la politique étrangère des États-Unis focalisée sur la menace soviétique en Europe. L'US Navy n'y déployait encore sur zone que trois porte-avions de classe Essex dotés d'appareils d'attaque à moteurs à piston, vétérans de la guerre du Pacifique alors que la Sixième flotte américaine en Méditerranée disposait des trois porte-avions de 45 000 tonnes, les USS Midway, Coral Sea et Franklin D. Roosevelt, embarquant des bombardiers AJ-1 Savage (en) dotés d'armes nucléaires. Alors que la guerre progresse, les porte-avions américains et alliés effectuent des rotations dans la zone des combats, comme l’USS Bataan, l’USS Bon Homme Richard, l’HMS Glory (en) et l’HMAS Sydney (en). La Royal Australian Navy engage le HMAS Sydney du 30 septembre 1951 au 5 mai 1952 avec 38 avions. Le bâtiment s’acquitte de sept patrouilles durant 64 jours de mer, dont plusieurs au combat. Notamment, la seconde, du 18 au 26 octobre 1951, qui totalise 389 sorties, 96 280 tirs de munitions et 1 472 de roquettes, et le largage de 43 tonnes de bombes. C’est à ce moment que les avions à pistons de la Seconde Guerre mondiale (Corsair et le AD Skyraider), qui représentaient un tiers des sorties au début de la guerre de Corée, cohabitent avec des jets, qui représenteront la moitié des sorties à la fin du conflit. Lorsque l’USS Essex entame son tour au sein de la TF 77 en août 1951, il embarque le tout nouveau F2H Banshee, emportant plus de bombes que le F9F Panther. Le 25 août 1951, pour la 1re fois, 12 F2H Banshee et 11 F9F Panther de l’US Navy embarqués sur l’Essex escortent 35 bombardiers B-29 de l’US Air Force pour un raid sur Rashin, à seulement 27 km de la frontière de l'Union soviétique. De même, le 8 octobre 1951, des F2H Banshee de l’USS Kearsarge escortent à nouveau des B-29 pour un raid sur Kowan, aidés par des avions du Princeton et de l’Essex. Le 30, 20 avions de l’Essex et 20 autres de l’Antietam attaquent simultanément Kapsan, où se tient une réunion du Parti communiste nord-coréen, tuant 500 membres. Plus tard dans le déroulement de la guerre, les officiels américains réalisent que des frappes aériennes plus agressives sont nécessaires. Ils commencent à approuver des raids sur les infrastructures industrielles et militaires en Corée du Nord, tel celui du 23 juin 1952, mené conjointement par les avions embarqués de la TF 77, des Marines et de l’US Air Force contre 4 centrales électriques à Suiho, Chosin, Fusen et Kyocen, privant le pays de 90% de sa capacité énergétique. Concernant les infrastructures militaires, des attaques aériennes massives sont menées de juillet à août 1952 contre des garnisons à Pyongyang (plus de 1 200 sorties des avions de l’US Navy, des Marines, de l’US Air Force et de l’aviation britannique et canadienne le 11 juillet et 1 400 autres le 29 août), si bien que la capitale nord-coréenne perd tout intérêt militaire pour les Communistes. D’autres bombardements menés par les avions embarqués de la TF 77 ont lieu à Sindok (27 juillet), à Kilchu (28 juillet), à Changp'yong-ni (20 août) et à Aoji (1er septembre). Enfin, les attaques ciblées sur le champ de bataille débutent en octobre (13 000 sorties) empêchent quasiment l'armée populaire de Corée de mener des offensives majeures. Durant les derniers 6 mois du conflit, les missions de close air support augmentent à nouveau, jusqu’à l’armistice du 27 juin 1953. Au total, 36 porte-avions participent un moment ou un autre à cette première guerre chaude de la guerre froide. Parmi eux, la Royal Navy voit quatre porte-avions léger de classe Colossus se relever l'un après l'autre dans ce conflit jusqu'en 1952. De leur côté, seulement 4 des 15 porte-avions américains déployés lors du conflit sont engagés simultanément. Cependant, ils totalisent 275 000 sorties (soit seulement 10 000 de moins que durant toute la Seconde Guerre mondiale !) avec la perte de 564 avions, dont 8 abattus par des MiG-15. Par ailleurs, 684 autres avions sont perdus durant les opérations embarquées, dont les accidents de catapultage et d’appontage. Sans l’important close air support apporté par l’aviation embarquée, il est peu probable que les Alliés aient été en mesure de repousser les forces chinoises et nord-coréennes sur le 38e parallèle nord. L’un des effets de l’expérience coréenne est qu’une marine forte est à nouveau appréciée dans les hautes sphères : à la fin de la guerre, le nombre de bâtiments en ligne est passé de 267 à plus de 1 000, avec notamment la remise en service de porte-avions de la Seconde Guerre mondiale.

La crise de Suez (1956)

Un Whirlwind utilisé à Suez pour l'un des premiers débarquements héliportés de l'histoire

La nationalisation unilatérale du canal de Suez proclamée en juillet 1956 par le colonel égyptien Gamal Abdel Nasser, va emmener la France, le Royaume-Uni et Israël à intervenir militairement. La FNI (Force navale d’intervention) française, créée le 25 août 1956, comprend 47 navires de combat et d'assaut, 10 navires auxiliaires et 53 bâtiments de commerce, dont les porte-avions Arromanches (avec 10 Avenger et 14 Corsair) et La Fayette (avec 26 Corsair). De son côté, le Royaume-Uni mobilise 33 navires de combat, dont les porte-avions HMS Eagle (en), HMS Albion (en) et HMS Bulwark (en), plus les HMS Ocean et HMS Theseus (en) gréés en porte-hélicoptères. Le 30 octobre, le Royaume-Uni et la France adressent un ultimatum à l’Égypte. Ils lancent l’opération Mousquetaire le 31 octobre avec une campagne de bombardement. Les deux porte-avions français sont chargés dès le premier jour (1er novembre 1956) de l'attaque de la flotte égyptienne. Cependant, les 16 sorties de Corsair sont gênées par la présence ce jour-là, dans le port d'Alexandrie, de navires de la Sixième flotte américaine. L'attaque des aérodromes de Doukeila près d'Alexandrie, et celui d'Almanza au Caire (occupés par des avions à réaction MiG-15 et Il-28) commence le 3 novembre avec les SeaVenom britanniques et des F-84 Thunderjet français basés à Chypre, les Sea-Hawk embarqués sur des porte-avions anglais, puis, le lendemain, avec 49 sorties de Corsair français embarqués. Nasser riposte en ordonnant de couler 40 navires présents dans le canal, le fermant à la circulation jusqu’au début de 1957. Tard le 5 novembre, le 3e bataillon du Parachute Regiment britannique saute sur l’aérodrome d’El Gamil (en), nettoyant la zone et établissant un poste avancé pour les futures atterrissages. Les 1ers sauts de 500 parachutistes du 2e régiment de parachutistes coloniaux par Noratlas en vue de la prise de ponts à al-Raswa sont sécurisés par 31 Corsair en mission close air support, détruisant plusieurs chars T-34. Les F-84 Thunderjet font exploser également plusieurs dépôts de pétrole. Dans l’après-midi, 522 autres parachutistes du 1er régiment étranger de parachutistes sont largués près de Port-Fouad, toujours appuyés par les Corsair du La Fayette, qui, malgré des problèmes de catapulte, lance 40 avions. À l’aube du 6 novembre, les commandos des Royal Marines débarquent par chalands sur les plages tandis qu’au large, l’artillerie détruit les batteries égyptiennes à Port-Saïd. Au même moment, 500 Royal Marines stationnés sur les Ocean et Theseus sont débarqués par 8 hélicoptères Whirlwind (en), renforcés par 6 Whirlwind et 6 Bristol Sycamore (en) Victoire militaire, la campagne de Suez est l’un des premiers exemples de l’intérêt de l’utilisation des porte-avions comme réponse rapide à un conflit local, ainsi que des opérations héliportées dans les opérations amphibies. Toutefois, l’opération est stoppée net lorsque l'armée israélienne s'empare de la presqu'île du Sinaï et atteint le canal : l'Union soviétique menace les belligérants de riposte et les États-Unis exigent le retrait des forces occidentales, une alliance de circonstance étonnante destinée à montrer qui sont désormais les nouveaux protecteurs du Proche-Orient.

Les porte-avions américains et la conquête spatiale (1961-1975)

La capsule Freedom 7 et Alan Shepard sur le pont de l’USS Lake Champlain (5 mai 1961)
Neil Armstrong et David Scott attendent à bord de Gemini VIII le destroyer USS Leonard F. Mason (17 mars 1966)
Le module de commande Apollo VIII sur le pont du USS Yorktown (27 décembre 1968)
L’équipage d’Apollo XI, en quarantaine à bord de l’USS Hornet, reçoit la visite de Richard Nixon (27 juillet 1969)

Dans le cadre de la guerre froide et de la course à la Lune lancée avec l’Union soviétique, le Department of Defense Manned Space Flight Support Office (DDMS) coordonne de 1958 à 1975 l’action du Département de la Défense des États-Unis (DoD) en soutien au programme lunaire habité. Ce soutien comprend la récupération des astronautes et de leurs capsules, dévolue aux porte-avions, ainsi que les communications spatiales, le transfert d’informations et le soutien médical. 10 porte-avions (USS Lake Champlain (en), USS Randolph (en), USS Intrepid (en), USS Kearsarge, USS Wasp, USS Essex, USS Yorktown, USS Princeton, USS Hornet, USS Ticonderoga) et 6 porte-hélicoptères d’assaut (LPH) (USS Boxer, les navires de la classe Iwo Jima USS Guadalcanal (en), USS Guam (en), USS Iwo Jima (en), USS New Orleans (en), USS Okinawa (en)) sont mis à contribution pour récupérer 32 capsules habitées. À cet effet sont créées 2 zones de suivi : l’Atlantic Missile Range (en), de Cap Canaveral à l’océan Indien et le Pacific Missile Range Facility (en) à Kauai. Le 5 mai 1961, l’US Marine Corps Squadron HMR(L)-262 récupère au large des Bahamas à 5,6 km du Lake Champlain la capsule Freedom 7 (mission suborbitale Mercury 3) du capitaine de frégate Alan Shepard, le premier Américain à voyager dans l’espace. Le 21 juillet 1961, lors de l'amerrissage au large des Bahamas, la trappe d'évacuation de la capsule Liberty Bell 7 (mission suborbitale Mercury 4) s'ouvre malencontreusement et celle-ci sombre. Le 2e astronaute américain, le capitaine de l’US Air Force Virgil Grissom, est sauvé de justesse (à 9,3 km) par hélitreuillage d’un appareil du Randolph à 550 km au sud-est de Cap Canaveral. Le 23 mars 1965, l’Intrepid récupère à 111 km de lui, au large des Îles Turques-et-Caïques, la capsule Molly Brown (mission orbitale Gemini III) du major Virgil Grissom et du capitaine de corvette John Watts Young, qui vient d'effectuer la 1re rentrée atmosphérique pilotée de l’histoire. La mission orbitale Gemini III mobilise 10 185 hommes, 126 avions et 27 navires. Après avoir effectué la 1re sortie extravéhiculaire d’un Américain dans l’espace, 3 mois après les Soviétiques, Edward White rejoint James McDivitt dans la capsule (mission orbitale Gemini IV), qui est récupérée à 81 km du Wasp au large des Bahamas le 7 juin 1965. La mission orbitale Gemini IV mobilise 10 249 hommes, 134 avions et 26 navires. Les États-Unis prennent l’ascendant sur l’Union soviétique en réussissant une nouvelle sortie extravéhiculaire et, surtout, le 1er amarrage réussi dans l'espace entre le vaisseau Gemini VIII et une fusée-cible Agena, technique indispensable qui sera utilisée dans le cadre du programme Apollo. Il est décidé de poursuivre la mission d’une orbite, aussi la capsule de Neil Armstrong et David Scott amerrit le 17 mars 1966 dans l’océan Pacifique occidental au large des Îles Carolines, à 2 km du destroyer Leonard F. Mason (en), qui remplace le porte-hélicoptères d’assaut Boxer. La mission orbitale Gemini VIII mobilise 9 655 hommes, 96 avions et 16 navires. L’Essex est le porte-avions assigné à la récupération d’Apollo I au nord de Porto Rico le 7 mars 1967 après un vol de 14 jours. Cependant, la mission avorte le 27 janvier 1967 après que l’équipage (Virgil Grissom, Edward White, Roger B. Chaffee) est tué par un feu lors d’un entraînement sur le pas de lancement du Kennedy Space Center. Un nouveau design du module de commande Apollo amène le 11 octobre 1968 à la 1re mission habitée de la capsule triplace Apollo VII, qui est récupérée avec le capitaine de vaisseau Walter M. Schirra, le colonel de l’US Air Force Donn Eisele et le colonel des Marines Walter Cunningham à 3 km de l’Essex, au large des Bermudes. Le programme lunaire habité soviétique accumule les échecs, malgré le vol circumlunaire inhabité de Zond 5 du 15 au 21 septembre 1968. James Webb, l'administrateur de la NASA estime que la mission est « la plus importante démonstration spatiale faite par une nation à ce jour » et les États-Unis, qui pensent que le prochain lancement sera habité, avancent la date du vol Apollo VIII. Celui-ci se déroule sans problème, la Lune est contournée à partir du 23 décembre et la capsule plonge à 3 mètres lors de l'amerrissage au large des Kiribati, le 27 décembre 1968. 43 minutes plus tard, le 1er homme-grenouille du Yorktown, situé à 2 km, arrive. 45 minutes plus tard, l'équipage Frank Borman, Jim Lovell et William Anders est sain et sauf à bord du porte-avions.

Le module de commande Apollo XI peu de temps après l’amerrissage (24 juillet 1969)

Après Apollo X, qui contourne 6 mois plus tard une nouvelle fois la Lune avec le module lunaire, le grand jour vient le 16 juillet 1969 avec le lancement de la mission lunaire Apollo XI. Couronnant 10 ans d’efforts, Neil Armstrong et Buzz Aldrin alunissent sur la Mare Tranquillitatis le 20 juillet, sur laquelle ils passent 2½ heures. Le module de commande Apollo « Columbia » embarquant les 3 hommes (y compris le pilote du de ce dernier Michael Collins) amerrit le 24 juillet à proximité de l’atoll de Johnston (Pacifique nord), à 24 km de l’Hornet. L’équipage est récupéré environ un heure plus tard par hélicoptère, puis placé immédiatement en quarantaine. Les missions Apollo se succèdent de 1969 à 1972, tandis que l'intérêt du public faiblit. La capsule Apollo XII amerrit le 24 novembre 1969 à 3,7 km de l'Hornet ; Apollo XIII le 17 avril 1970 à 1,9 km de l’Iwo Jima ; Apollo XIV le 9 février 1971 à 1,1 km du New Orleans ; Apollo XV le 7 août 1971 à 1,9 km de l’Okinawa ; Apollo XVI le 27 avril 1972 à 5,6 km du Ticonderoga et Apollo XVII le 19 décembre 1972 à 1,9 km du Ticonderoga. Les missions Apollo XVIII à Apollo XX sont annulées et les 3 lanceurs Saturn V restants sont assignés au lancement de la station spatiale Skylab et à son ravitaillement. Skylab ne sera habitée que 171 jours sur 2 249 jours de vie et ne voit défiler que 3 équipages, dont les modules de commande sont récupérés le 22 juin 1973 à 9,6 km du Ticonderoga ; le 25 septembre 1973 et le 8 février 1974, tous deux à 8 km du New Orleans. Détente dans les relations Est-Ouest oblige, le rendez-vous spatial Apollo-Soyouz permet aussi d'utiliser la dernière fusée Saturn 1-B disponible. L'équipage américain amerrit le 24 juillet 1975 à 7,3 km du New Orleans et clôt la participation des porte-avions et porte-aéronefs de l'US Navy au programme spatial habité.

La crise des missiles de Cuba (1962)

Cinq bombardiers stratégiques A-5 Vigilante sur le pont de l’USS Enterprise (1962)
Départ des missiles de Port Casilda à Cuba photographié par un avion de reconnaissance RF-101 (6 novembre 1962)

Fin juillet 1962, les preuves d’une assistance militaire soviétique à Cuba s’accumulent. La presence de missiles sol-air est confirmée le 29 août. La confirmation que certaines caisses acheminées par cargo à Cuba contiennent des bombardiers Il-28 est faite le 9 octobre. La preuve de la presence de rampes de lancement de missiles SS-4 à tête nucléaire n’est apportée que le 15 octobre, le lendemain du survol des installations de San Cristóbal et Sagua La Grande par un avion de reconnaissance U2. On repère également 26 navires du bloc de l'Est transportant des ogives nucléaire (opérationnelles en 10 jours) en route vers l'île. Le 16 octobre, le Président John Fitzgerald Kennedy est informé et convoque le Conseil de sécurité nationale. Kennedy prône une action militaire directe, tandis que le secrétaire à la défense Robert McNamara propose un blocus maritime de l'île jusqu'au retrait des missiles, lequel prendrait 2 semaines. Le 22 octobre, Kennedy appele à une « quarantaine » stricte (terme qui est préféré à « blocus ») concernant tous les armements offensifs acheminés vers Cuba, à une surveillance rapprochée de l’île et au renforcement par air et mer de la base navale de la baie de Guantánamo par les Marines. Le contrôle opérationnel de la quarantaine est assigné à la Deuxième flotte américaine, qui met sur pied les TF 135 et 136 comprenant environ 25 destroyers. Le 24 octobre, à 10h00, la quarantaine est en place. La force d’attaque est composée des USS Enterprise et USS Independence, envoyés au sud de Cuba pour renforcer si nécessaire Guantánamo tandis que les porte-avions de lutte anti-sous-marine USS Essex et USS Randolph patrouillent le nord et l’ouest de l’île. Une surveillance aérienne intensive de 2 000 navires croisant dans l’Atlantique est effectuée par les avions de l’US Navy comme du Strategic Air Command. Le 25 octobre, 12 cargos rebroussent chemin mais les autres poursuivent leur route. Le retrait des missiles est décidé par Nikita Khrouchtchev le 26 octobre après engagement écrit de non-invasion de Cuba par Kennedy. Le 29 octobre, l'Union soviétique recule et fait retirer ses navires. L'une des « plus graves crises de l'humanité » selon Kennedy, un monde « tout près de l'abysse » pour Khrouchtchev, la crise de Cuba emmène 13 jours durant les États-Unis et l'Union soviétique au bord de la Troisième guerre mondiale : pour la première fois de son histoire, le Strategic Air Command est placé en conditions de défense 2 (DEFCON 2).

L'intervention en République dominicaine (1965)

La force Alfa (1966-1968)

Le porte-avions Foch
Vue de l'atoll de Moruroa par un satellite espion américain KH-7 (26 mai 1967)
Vue d'artiste de la bombe AN-11

En 1964-1966, la Marine nationale française mobilise plus de 100 bâtiments pour la construction des installations du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) en Polynésie française, comprenant un quartier-général à Papeete, la BA 185 avancée à Hao (460 km au nord-ouest de Moruroa), le polygone de tir atomique de Moruroa et le polygone de tir atomique de Fangataufa. À l'été 1965, la Marine nationale française crée le Groupe aéronaval du Pacifique (dit groupe Alfa puis force Alfa) de plus de 3 500 hommes, comprenant le porte-avions Foch et six autres bâtiments (les escorteurs d’escadre Forbin, La Bourdonnais et Jauréguiberry, les pétroliers La Seine et Aberwrach, le bâtiment de soutien Rhin). La force Alfa appareille le 23 mars 1966 de Toulon et aborde la Polynésie française le 22 mai 1966 afin de superviser les essais atmosphériques no 18 « Aldébaran », no 19 « Tamouré », no 20 « Ganymède » et no 21 « Bételgeuse ». Durant la traversée, la France quitte le commandement intégré de l'OTAN. Le groupe aérien embarqué du Foch comprend 24 avions (12 avions de sûreté Alizé, 8 avions d’assaut Étendard IV-M et 4 avions de reconnaissance Étendard IV-P) et 22 hélicoptères (10 HSS-1, 6 Alouette II et 6 Alouette III) et est chargé de surveiller et sécuriser la zone dite « dangereuse » (dispositif Phoebus). Après que soient repérés à plusieurs reprises dans la zone d'exclusion le bâtiment de recherches scientifiques USS Belmont (en) et le navire de contrôle de missiles et d'engins spatiaux USS Richfield (en), un sous-marin de nationalité inconnue et un avion ravitailleur (vraisemblablement d'observation et de recueil de prélèvements atomiques) KC-135 de l'US Air Force no 9164, le 19 juillet 1966 à 5h05, un Mirage IV no 9 largue sa bombe A AN-21 à chute libre no 2070 au large de Moruroa. Après deux autres tirs le 24 septembre 1966 et le 4 octobre 1966, la force Alfa quitte la Polynésie française le 2 novembre 1966.

La seconde Force Alfa quitte Toulon le 12 mars 1968 pour arriver en Polynésie française le 16 mai. Elle comprend le porte-avions Clemenceau et les mêmes autres bâtiments que lors de la campagne de 1966 (les trois escorteurs d’escadre, les deux pétroliers et le bâtiment de soutien). Ce groupe est complété, sur zone, par la Division des avisos du Pacifique, composée des Protet, Commandant Rivière, Amiral Charner, Doudart de Lagrée et Enseigne de vaisseau Henry. Quant au groupe aérien, il est composé d’Alizé, d’Étendard IV-M et d’hélicoptères HSS-1, Alouette II, Alouette III et Super Frelon. Le 24 août 1968, l’essai no 30 « Canopus » d’une Bombe H, exécuté à Fangataufa, libère 2,6 mégatonnes. Plusieurs bâtiments américains et quelques chalutiers soviétiques sont aperçus lors de la campagne de tir. Avec la venue de la Force Alfa, l'ensemble du dispositif naval présent autour des deux atolls a représenté plus de 40 % du tonnage de la flotte française, soit 120 000 tonnes.

La guerre du Viêt Nam (1965-1973)

Les incidents du golfe du Tonkin, durant lesquels 3 canonnières nord-vietnamiennes attaquent le destroyer USS Maddox, marquent le début du conflit (2 août 1964)
Un AD Skyraider au catapultage de l'USS Constellation aux premiers jours du conflit (10 septembre 1964)
Stock de bombes Mk 82 (en) de 225 kg à bord du USS Kitty Hawk (CVA-63) (période 1969/1970).
Lutte contre le feu après une explosion sur l'USS Forrestal (29 juillet 1967)

Au début des hostilités, l’US Navy dispose de 16 porte-avions et de 10 autres qui ont été convertis pour la lutte anti-sous-marine (ASM). Les bâtiments de la Septième flotte américaine qui participent au conflit sont un mélange de porte-avions modernisés de classes Essex (USS Intrepid, USS Ticonderoga, USS Hancock, USS Bon Homme Richard, USS Oriskany, USS Shangri-La) et Midway (en) (USS Midway, USS Franklin D. Roosevelt, USS Coral Sea), comme les porte-avions récents de classes Forrestal (USS Forrestal, USS Saratoga, USS Ranger (en), USS Independence) et Kitty Hawk (en) (USS Kitty Hawk, USS Constellation, USS America (en)) ou l'USS Enterprise à propulsion nucléaire. Avant même que les porte-avions soient engagés officiellement, un RF-8 Crusader de reconnaissance est abattu le 6 juin 1964 au-dessus du Laos. Le pilote est capturé mais réussit à s’évader. Le 2 août, 3 canonnières nord-vietnamiennes attaquent le destroyer USS Maddox (en) dans les eaux internationales du golfe du Tonkin. Deux jours plus tard, le Maddox et l’USS Turner Joy (en) auraient été à nouveau attaqués, par les mêmes canonnières. En représailles, le 5 août, 60 avions des USS Ticonderoga et USS Constellation bombardent à Vinh les installations côtières de la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt Nam), soutenue matériellement par le bloc de l'Est et la Chine (opération Pierce Arrow). Suite aux incidents du golfe du Tonkin, le Congrès des États-Unis approuve la résolution du golfe du Tonkin le 7 août 1964, qui offre au président Lyndon Johnson la possibilité de « prendre toutes mesures nécessaires pour faire échec au communisme ». De bien des façons, l’utilisation des porte-avions au Viêt Nam est similaire à celle durant la guerre de Corée. Dans les deux cas, l’aviation embarquée est utilisée pour des missions de close air support et d’interdiction des lignes de ravitaillement. De même, dans les deux conflits, des restrictions sont placées sur les cibles pouvant être attaquées, si bien qu’au Viêt Nam, la puissance aérienne (basée sur porte-avions ou à terre) est ineffective : de 1965 à 1968, Hanoï et le port d’Haïphong sont intouchables. De plus, la plupart des bases aériennes nord-vietnamiennes ne sont pas attaquées avant avril 1967. Les sites de missiles sol-air disséminés dans des zones civiles sont hors-limites jusqu’en 1968, tout comme une zone tampon de 45 km le long de la frontière Nord-Viêt Nam-Chine. Le 13 février 1965, le président Lyndon Johnson autorise le début de l'opération Rolling Thunder sur des cibles au Nord-Viêt Nam. Les 1res attaques Rolling Thunder ont lieu le 1er mars mais sont suspendues le 13 mai pour reprendre 5 jours plus tard. L’intention de démarrer des négociations de paix entraîne un nouvel arrêt le 25 décembre, mais les campagnes de bombardement reprennent le 31 janvier 1966 avec des arrêts jusqu’à la fin 1972. Rolling Thunder est un échec et n’a que pour effet de donner le temps aux troupes communistes de ravitailler leurs troupes. Rolling Thunder est suivie de l’opération Linebacker (en) du 9 mai au 22 octobre 1972 puis de l'opération Linebacker II (en) du 18 au 29 décembre 1972 Pour les missions de bombardement, le Nord-Viêt Nam est divisé en 7 zones : les zones II, III, IV, and VI-B, le long des côtes nord-vietnamiennes sur le golfe du Tonkin sont assignées à l’US Navy. Deux zones de mouillage des porte-avions sont créées en 1965 : « Yankee Station », au nord et « Dixie Station », au sud, destinée au soutien des troupes au sol au Sud-Viêt Nam. La guerre du Viêt Nam ne connaît pas d’engagements aériens majeurs, à la différence de la Seconde Guerre mondiale, ni d’importantes attaques comme durant la guerre de Corée. Les plus significatifs mettant en scène l’aéronavale sont les suivants : le 9 avril 1965, un F-4 Phantom du Constellation abat un MiG-17 Fresco chinois au sud d’Hainan, puis est lui-même abattu, vraisemblablement par un tir ami de AIM-7 Sparrow. Le 15 avril 1965, l’aviation embarquée bombarde des positions Viet Cong au Sud-Viêt Nam. Lors du 1er engagement aérien important du conflit, 2 F-4 Phantom du Midway abattent 2 MiG-17 le 17 juin 1965 de l'armée populaire vietnamienne. Les 1 res attaques lancées contre la zone VI, à Hanoï et Haïphong a lieu en septembre 1965. La 1 re mission Iron Hand réussite contre des batteries de missiles air-sol a lieu le 17 octobre 1965. Le 19 avril 1966, l’aviation embarquée attaque le port de Cam Pha, à 45 km de la frontière chinoise. Le 29 juin 1966, 46 avions des Constellation et Ranger (en) attaquent des raffineries de pétrole autour d’Hanoï et Haïphong. La 1re attaque d’une base aérienne nord-vietnamienne a lieu à Kep (Cambodge) le 27 avril 1967. Des cibles militaires sont attaquées la 1re fois au centre d’Hanoï le 20 mai 1967. Le 28 mars 1970, un F-4 Phantom du Constellation abat un MiG-21. En raison d’une activité aérienne réduite au-dessus de lu Nord-Viêt Nam, il s’agit de la seule bataille durant la période 1969-1971. Le 10 mai 1972, le plus important engagement aérien du conflit a lieu. Un F-4J Phantom surnommé "Showtime 100" du Constellation abat 3 MiG-17, faisant de leurs 2 pilotes les seuls as du conflit pour avoir descendu 5 ou plus avions ennemis. Le même jour, les pilotes de F-4J Phantom de l’US Air Force abattent 3 autres MiG. Le 12 janvier 1973, un F-4J Phantom du Midway gagne la 61e et dernière bataille aérienne du conflit (contre un MiG-17). Si les porte-avions américains n'eurent pas à subir d'attaques, des accidents endommagent 3 bâtiments, causant plusieurs morts. L'accident de l'USS Oriskany a lieu le 26 octobre 1966 lorsqu'un feu d'un parachute au magnésium se déclenche dans le hangar du porte-avions, naviguant alors au sud de la mer de Chine, causant 44 morts. Un autre incendie, sur le Forrestal se déclenche sur son pont d'envol le 29 juillet 1967 et touche les munitions. Au bout de 8 heures, le bilan est lourd : 132 morts, 2 disparus et 62 blessés. Le 14 janvier 1969, à bord de l'USS Enterprise, une roquette Mk-32 Zuni explose, tuant 27 marins, en blessant 34 et détruisant 15 avions. L'Enterprise est réparé à temps pour participer en avril 1975 à l'évacuation aérienne de Saïgon.

Le Sea Control Ship et la 1re génération de porte-aéronefs

Le porte-hélicoptères d’assaut USS Iwo Jima au large du Sud-Vietnam (1965)
Après l’USS Guam de 1972 à 1974, l'USS Nassau (en) teste en 1981 le concept de Sea control ship.
Un FRS.1 Harrier au décollage du ski-jump de l'HMS Invincible.
Un Harrier II à l'appontage sur le Príncipe de Asturias (23 février 2007)
Un Harrier II au décollage du Giuseppe Garibaldi (5 mai 1992)

Durant la guerre froide, des projets sont étudiés pour contrer la menace sous-marine soviétique : construire de nouveaux porte-avions d'escorte (CVE), en moderniser des existants ou convertir les derniers porte-avions de classe Essex en bâtiments de lutte anti-sous-marine (ASM), ce qui est fait sous la désignation CVS. L'US Navy étudie en 1969 le Sea control ship (SCS), qui peut être considéré comme une résurgence du porte-avions d'escorte de la Seconde Guerre mondiale. L'ambition première du SCS est de modifier les derniers CATOBAR CV de classes Essex et Midway (en) en STOVL, puis l'amiral Elmo Zumwalt (en), Chef des opérations navales (CNO) théorise dans les années 1970 le concept « High-Low » : il recommande la construction de nouveaux bâtiments modérément équipés, moins coûteux, produits en grande série et en opérant dans des conflits de basse intensité. Ces bâtiments de « basse » technologie complètent (mais ne remplacent pas) les navires de « haute » technologie. L'US Navy dispose des porte-hélicoptères d’assaut (LPH) de classe Iwo Jima de 18 474 tonnes (commissionnés de 1961 à 1970), capables d’embarquer 20 hélicoptères et 1 800 Marines. À cause des similarités entre le USS Guam (en) (LPH-9) et le concept de Sea control ship, ce dernier est sélectionné à l’été 1971 comme Interim Sea control ship (ISCS) et commence, après refonte, ses essais en mer le 18 janvier 1972 dans l’Atlantique ouest. Il embarque de 1972 à 1974 une combinaison d’hélicoptères de l'US Navy SH-3H Sea King et de AV-8A Harrier des Marines, lesquels pratiquent des décollages en 150 mètres et des atterrissages verticaux, généralement sur le spot central no 5. Le capitaine de frégate responsable des tests estime que l’ISCS « a maintenu de façon continue et simultanée des missions ASM, de surveillance maritime tout en traitant les contacts qui apparaissaient » et conclut qu’il est « totalement capable d’embarquer 14 Sea King, 3 Harrier et 4 SH-2 Seasprite LAMPS (en) ». Finalement, le projet, pourtant financé en 1973 (pour un total de 8 unités d’ici 1978) n’est pas retenu par l'US Navy, dont certains membres ont peur pour leurs grands porte-avions, nucléaires (comme l’amiral Hyman Rickover, le père de la Marine nucléaire) ou pas, et d’autres (comme l’analyste Norman Polmar) dubitatif sur les missions assignées au SCS. L'US Navy se contentera des Landing Helicopter Assault de classe Tarawa de 40 032 tonnes (commissionnés de 1976 à 1980), qui combine les fonctions d’un LPH, d’un transport amphibie LPD et LSD, ainsi que d’un cargo LKA, capables d’embarquer 20 hélicoptères et 1 900 Marines. « Sans le Harrier, le porte-aéronefs n'aurait été qu'un porte-hélicoptères [...]. C'est donc bien lui qui a conduit la Royal Navy à opter pour les 3 navires de la classe Invincible, l'Armada espagnole à se doter du Príncipe de Asturias et la marine italienne du Garibaldi ». La construction de l'HMS Invincible débute en juillet 1973 et à cette occasion, les Britanniques inventent le tremplin (ski-jump) à 13 ° qui limite la consommation au décollage (50% du carburant en configuration ADAV au décollage et à l'appontage). Le ski-jump est repris sur le Príncipe de Asturias, mis sur cale à la mi-juin 1979 (l'Espagne achète les plans du Sea control ship en 1977), et le Giuseppe Garibaldi, dont la quille est posée en mars 1981. L'Union soviétique lance le Kiev en 1972, puis le Minsk en 1975, le Novorossiysk en 1978 et l’Amiral Gorshkov en 1982, sans ski-jump et embarquant des ADAC/V Yak-38 Forger. Par ailleurs, la Marine nationale française décide le 27 novembre 1973 de se doter pour 1981 de 2 porte-aéronefs de 18 400 tonnes à propulsion nucléaire (les PH 75). À cet effet, le prototype du Harrier est testé sur le Foch les 13 et 14 novembre 1973 avant que le PH 75 ne soit abandonné.

Les porte-avions modernes

L'USS Nimitz à Nagasaki

Dans les années 1970, l’US Navy maintient en service une flotte conséquente de porte-avions à propulsion classique de classes Forrestal et Kitty Hawk (en), plus l’USS Enterprise à propulsion nucléaire et lance les super porte-avions de classe Nimitz, dont la tête de classe est lancée en mai 1972. Ces très gros porte-avions de 101 196 tonnes pour 340 mètres de long et 78 mètres de large sont capables de mettre en œuvre prés de 90 chasseurs et bombardiers modernes.

Opération Eagle Claw (1979)

L'incident du golfe de Syrte (1981)

La guerre des Malouines (1982)

L'invasion de la Grenade (1983)

Opération Praying Mantis (1988)

La guerre du Golfe (1990-1991)

La guerre en Iraq

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