En juillet 1859, Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, habitués des cures thermales, se rendent à Luz-Saint-Sauveur. Ils y restent 23 jours. Au cours de ce séjour, l'Empereur décide la mise en chantier d'un vaste programme de travaux routiers, comprenant la construction de ce pont, mais aussi la réalisation du chemin de fer de Lourdes à Pierrefitte, de nombreux établissements médicaux comme l'asile Sainte-Eugénie, l'hôpital militaire de Barèges, l'Établissement des Bains et des édifices religieux.
Les études et travaux furent menés avec l'intervention des ingénieurs personnels de Napoléon III, sous la responsabilité directe d'Eugène Rouher, ministre d'État et des Travaux publics. Les ingénieurs en chef des Ponts et Chaussées étaient Scherrer et Marx. L'ingénieur Bruniquel fut l'auteur du projet du pont Napoléon et maître d'œuvre de l'exécution. Le conducteur des Ponts et Chaussées Guillemin assura l'exécution sur place, avec le chef de chantier Grateloup. À Paris, l'inspecteur général Raynaud apporta des modifications notables au projet.
L'entreprise Ernest Gariel, de Paris, fut chargée des travaux de la construction du pont et des travaux sur la rive droite. Sur la rive gauche, l'entreprise Joseph Mendiondo, de Tarbes, fut chargée de relier le pont à la station thermale.
Napoléon III sélectionna lui-même l'emplacement et fit le choix d'un pont de pierre. La main d'œuvre, recrutée sur place, était composée de 60 maçons, d'une quarantaine de gâcheurs et d'autant de manœuvres.
Le projet initial de septembre 1859, prévoit un cintre « retroussé ». Cette méthode consiste à monter une moitié d'arc en charpente sur chaque rive, puis de les basculer en travers de la gorge, en les retenant avec des câbles. Mais les cintres ainsi créés sont généralement relativement légers. À Paris, le projet fut remanié, au profit d'un cintre fixe, rigide, plus solide. Il était alors prévu que les pièces de bois seraient installées en utilisant une passerelle portée par deux câbles lancés au-dessus du cintre, et supportant un plancher léger. Mais l'étroitesse du cintre (environ 5 mètres) l'aurait rendue trop vulnérable à la « Balaguère » (le vent d'Espagne), les câbles fixés aux rives laissant une trop grande liberté de mouvement au cintre.
Le 11 novembre 1859, l'ingénieur Bruniquel propose au contraire la construction d'une tour en bois, permettant le montage du cintre sans passerelle et assurant le maintien à la verticale du cintre en bois. C'est cette solution qui fut finalement retenue. Construite depuis le Gave, la tour montait jusqu'au niveau actuel du cintre. Sur sa largeur transversale, elle faisait 7 mètres, et 12 mètres dans le sens du courant. À chaque angle, huit hauteurs de bois de chêne et de sapin se superposaient au-dessus de l'étiage. Elles étaient amarrées au rocher et consolidées par un croisillon de poutrelles.
Un pont de service fut créé pour permettre aux maçons de bâtir le cintre, de poser les voussoirs formant l'ébauche de la voûte, et les corbeaux portant le tablier. Sur la plate-forme supérieure, les ouvriers montèrent deux charpentes inclinées qui rejoignaient la clef du cintre, protégeant ainsi le cintre des effets du vent et des vibrations produites par le passage du charriot sur la passerelle de service. Ce chariot permettait de transporter des pierres de taille, et pesait trois tonnes à pleine charge.
Deux voûtes étroites furent construites entre la voûte principale et la chaussée, afin d'alléger le volume de maçonnerie. Le dessous de la chaussée est donc creux, créant ainsi deux galeries que les chauve-souris ont colonisés. Des consoles en pierre de taille soutiennent les trottoirs montés en encorbellement.
Le 26 septembre 1863, alors que la cour impériale est en villégiature à Biarritz, Napoléon III décide une visite d'inspection des travaux qu'il a ordonnés lors de son précédent séjour à Luz-Saint-Sauveur. Il est accompagné de la marquise Montijo de Guzman, mère de l'Impératrice Eugénie. Inspectant les réalisations effectuées, il aurait dit « En vérité, l'art ici semble le disputer à la nature. »
Une plaque apposée au centre du pont porte l'inscription suivante : « Le 26 Septembre 1863, l'Empereur Napoléon III a visité ce monument dont il avait désigné l'emplacement pendant son séjour à St Sauveur en 1859. »
Au début des travaux, en 1860, l'un des ouvriers, Jean Cazaux, est mortellement atteint par un éclat de roche suite à une explosion de mine. Dans son rapport du 19 janvier 1860 sur la mort de l'ouvrier, l'ingénieur Bruniquel propose d'accorder à sa veuve un secours de 300 francs.
Financement | |||
Projet initial de décembre 1859 | Décompte définitif du 26 avril 1862 Rouher, ministre des Travaux Publics | ||
---|---|---|---|
échafaudages | 74 022 F. | Travaux à l'entrepreneur | 294 044 F. |
travaux de construction | 161 384 F | Travaux en régie | 24 592 F. |
somme à valoir | 9 593 F. | ||
Total | 245 000 F. | Total | 318 636 F. |
Des indemnités furent également versées aux riverains, le 6 décembre 1860, pour un total de 100 francs. Une fois l'échafaudage démonté, le bois de récupération, acheté 100 000 F, fut revendu à des particuliers pour un total de 50 000 F.