Polynômes orthogonaux - Définition

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Introduction

En mathématiques, une suite de polynômes orthogonaux est une suite infinie de polynômes p0(x), p1(x), p2(x) ... à coefficients réels, dans laquelle chaque pn(x) est de degré n, et telle que les polynômes de la suite sont orthogonaux deux à deux pour un produit scalaire de fonctions donné.

Introduction

Le produit scalaire de fonctions le plus simple est l'intégrale du produit de ces fonctions, sur un intervalle borné :

\langle f,g \rangle=\int_a^b f(x)g(x)\,dx

Plus généralement, on peut introduire une "fonction poids" W(x) dans l'intégrale (sur l'intervalle d'intégration ]a,b[, W doit être à valeurs finies et strictement positives, et l'intégrale du produit de la fonction poids par un polynôme doit être finie ; les bornes a,b peuvent être infinies) :

\langle f,g \rangle=\int_a^b f(x)g(x)W(x)\,dx

Avec cette définition du produit scalaire, deux fonctions sont orthogonales entre elles si leur produit scalaire est égal à zéro (de la même manière que deux vecteurs sont orthogonaux (perpendiculaires) si leur produit scalaire égale zéro). On introduit alors la norme associée : ||f||=\sqrt{\langle f,f \rangle} ; le produit scalaire fait de l'ensemble de toutes les fonctions de norme finie un espace de Hilbert.

L'intervalle d'intégration est appelé intervalle d'orthogonalité.

Le domaine des polynômes orthogonaux a été développé durant le XIXème siècle par Stieltjes, comme outil de la théorie analytique des fractions continues. De multiples applications en ont découlé, en mathématiques et en physique.

Propriétés

Toute suite de polynômes p_0, p_1 \dots, où chaque \ p_k est de degré k, est une base de l'espace vectoriel \R[x] (de dimension infinie) de tous les polynômes, "adaptée au drapeau (\mathbb{R}_n[x])_{n\in\N}". Une suite de polynômes orthogonaux est simplement une telle base qui est de plus orthogonale pour un certain produit scalaire. Ce produit scalaire étant fixé, une telle suite est presque unique (unique à produit près de ses vecteurs par des scalaires non nuls), et peut s'obtenir à partir de la base canonique (1,x,x^2,\ldots) (non orthogonale en général), par le procédé de Gram-Schmidt.

Quand on construit une base orthogonale, on peut être tenté de la rendre orthonormale, c'est-à-dire telle que \langle p_n, p_n \rangle\ =\ 1 pour tout n, en divisant chaque pn par sa norme. Dans le cas des polynômes, on préfère ne pas imposer cette condition supplémentaire car il en résulterait souvent des coefficients contenant des racines carrées. On préfère souvent choisir un multiplicateur tel que les coefficients restent rationnels, et donnent des formules aussi simples que possible. On appelle cela standardisation. Les polynômes "classiques" énumérés ci-dessous ont été ainsi standardisés ; typiquement, le coefficient de leur terme de plus haut degré ou leur valeur en un point ont été mis à une quantité donnée (pour les polynômes de Legendre, Pn(1) = 1). Cette standardisation n'a pas de signification mathématique, c'est juste une convention, qui pourrait aussi parfois être obtenue par une mise à l'échelle de la fonction poids correspondante. Notons h_n=\langle p_n,\ p_n \rangle (la norme de \ p_n est la racine carrée de \ h_n). Les valeurs de \ h_n pour les polynômes standardisés sont énumérées dans le tableau ci-dessous. Nous avons

\langle p_m,\ p_n \rangle\ =\ \delta_{mn}h_n ;

δmnhn est le delta de Kronecker.

Toute suite (pk) de polynômes orthogonaux possède un grand nombre de propriétés remarquables. Pour commencer :

Lemme 1 : (p_0,\ldots,p_n) est une base de \R_n[x]

Lemme 2 : pn est orthogonal à \R_{n-1}[x].

Le lemme 1 est dû au fait que pk est de degré k. Le lemme 2 vient de ce que, de plus, les pk sont orthogonaux deux à deux.

Relation de récurrence

Pour toute suite de polynômes orthogonaux, il existe une relation de récurrence relativement à trois polynômes consécutifs.

p_{n+1}\ =\ (a_nx+b_n)\ p_n\ -\ c_n\ p_{n-1}

Les coefficients an,bn,cn sont donnés par

a_n=\frac{k_{n+1}}{k_n},\qquad b_n=a_n \left(\frac{k_{n+1}'}{k_{n+1}} - \frac{k_n'}{k_n} \right),\qquad c_n=a_n \left(\frac{k_{n-1}h_n}{k_n h_{n-1}} \right),

kj et kj' désignent les deux premiers coefficients de pj :

p_j(x)=k_jx^j+k_j'x^{j-1}+\cdots

et hj le produit scalaire de pj par lui-même :

h_j\ =\ \langle p_j,\ p_j \rangle.

(Par convention, c_0,\ p_{-1},\ k'_0 sont nuls.)

Noyau de Christoffel-Darboux

Dans l'espace L2 associé à W, notons Sn la projection orthogonale sur \R_n[x] : pour toute fonction f\ telle que \int_a^bf^2(x)W(x)dx<\infty,

(S_nf)(x)=\sum_{k=0}^n\frac{\langle f,p_k\rangle}{h_k}p_k(x)=\int_a^bK_n(x,y)f(y)dy,

Kn est le noyau de Christoffel-Darboux, défini par :

K_n(x,y)=\sum_{k=0}^n\frac{p_k(x)p_k(y)}{h_k}.

La relation de récurrence précédente permet alors de montrer :

K_n(x,y)=\frac {k_n}{k_{n+1}h_n}\ \frac{p_{n+1}(x)p_n(y)-p_n(x)p_{n+1}(y)}{x-y},
K_n(x,x)=\frac {k_n}{k_{n+1}h_n}\ (p'_{n+1}(x)p_n(x)-p_n(x)p'_{n+1}(x)).

Existence de racines réelles

Tout polynôme d'une suite de polynômes orthogonaux dont le degré n est supérieur ou égal à 1 admet n racines distinctes, toutes réelles, et situées strictement à l'intérieur de l'intervalle d'intégration (c'est une propriété remarquable : il est rare, pour un polynôme de degré élevé dont les coefficients ont été choisis au hasard, d'avoir toutes ses racines réelles)

Position des racines

Les racines des polynômes se trouvent strictement entre les racines du polynôme de degré supérieur dans la suite.

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