Plume - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Utilisation humaine

La production de plumes est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Des volailles terrestres, on tire essentiellement de la farine animale tandis qu'on exploite les duvets et plumules des oiseaux aquatiques. La production de plumes ornementales est aujourd'hui marginale.

Utilisation ornementale

Amérindien Pataxó

Les civilisations amérindiennes tant au sud (quetzal, oiseaux-mouches, ...) qu'au nord (aigle,...) ont utilisé les plumes comme élément décoratif ou comme signe distinctif du rang social; toutefois l'usage symbolique chez ces peuples ne peut être séparé de l'usage ornemental. Les coiffes en sont l'usage le plus connu, mais aussi les tambourins, habits, colliers, etc. Dans ce cas les plumes étaient fixés par ligature sur un support souple ou incluse dans un support rigide (vannerie, osier, etc.). Il existe toutefois un autre usage décoratif par collage. Si cette dernière technique était répandue dans une grande partie du monde précolombien (Pérou, Amazonie, etc.), ce sont les Aztèques qui excellèrent dans sa pratique. Elle atteignit une période d'apogée au XVIe siècle, juste avant puis juste après la conquête espagnole avec la création de véritables tableaux religieux en mosaïque de plumes. Une quinzaine de ces tableaux du XVIe siècle sont conservés dans le monde, dont deux en France : le Triptyque de la Crucifixion au Musée National de la Renaissance (Ecouen) et la Messe de Saint-Grégoire, le plus ancien conservé (1539), au Musée des Jacobins d'Auch (Gers).

Cet usage existait aussi dans l'Antiquité européenne : les Grecs ou les Romains en décoraient leur casques).

Chapeau décoré de deux plumes d'autruche, Grand magasin du Louvre, Paris, 1911/1912

Au cours des siècles, différentes vagues de mode apparurent. Les grandes plumes colorées de certains oiseaux (autruche, casoar...) servent d'éléments de décoration dans le vêtement et le costume de scène ainsi que pour les chapeaux et la coiffure. Sous Henri VIII, les plumes étaient petites et mettaient en valeur les autres accessoires ; sous Charles II et Henri IV, elles ornaient les couvre-chefs en panache. Les boas seraient apparus dès le XVIIe siècle mais ne sont réellement décrits qu'à partir du siècle suivant.

Vers la fin du XIXe siècle, cette tendance était si grande que l'activité, connue sous le nom de « plumasserie », avait acquis un statut industriel. En Amérique cinq millions d'oiseaux étaient tués annuellement pour cet usage. Les plumes des oiseaux de mer étaient particulièrement prisées en raison de leur résistance ; de ce fait, l'industrie de la plume a été considérée comme l'un des facteurs responsables du déclin des populations d'oiseaux marins dans bon nombre de régions de l'Atlantique Nord à cette époque. De tels chiffres mobilisèrent l'opinion publique et des mouvements anti-plume furent créés afin que seules les plumes d'oiseaux domestiques soient utilisées.

Éventails

Éventails égyptiens, représentation du XIXe siècle

Les éventails des Égyptiens antiques, dont les plus anciens remontent au III millénaire av. J.-C., étaient en plume. Les premiers éventails chinois étaient également en plume avant d'être fabriqués en papier, bambou et soie. Ils ont été datés du I millénaire av. J.-C. environ. De cet origine, le caractère chinois pour le mot « éventail » ( ou ) est graphiquement dérivé de celui du mot « plume » (). Indépendamment de toute influence extérieure, les Aztèques et les Mayas utilisaient aussi des éventails en plumes.

Fabrication de leurres

Plusieurs centaines de millions de pêcheurs dans le monde utilisent les plumes pour la fabrication de leurres pour la pêche sportive, notamment en mouche de pêche. La première trace écrite que l'on ait de cette utilisation se trouve dans une description de Claudius Aelianus au IIe siècle.
Les plumes proviennent la plupart du temps d'élevages spécialisés dans la production de plumes. Elles sont soit prélevées sur l'oiseau vivant, soit proviennent de cous ou de selles, nécessitant l'abattage du volatile. Au cours des derniers siècles, pratiquement toutes les espèces ont été concernées. Notons notamment la perdrix rouge, le faisan, le coq de jungle, le paon ... et surtout le coq de pêche. À titre d'exemple, un seul producteur de coqs de pêche, américain, la Whiting Farms Inc, a en 2008 eu un chiffre d'affaire de 20 millions de dollars.

Industrie de transformation

Colorations artisanales

Afin d'obtenir des plumes pour fabriquer entre autres les coiffes, certaines communautés ont mis en place des techniques diverses. Les colorations à base de teintures ou de décolorants pour obtenir les couleurs voulues ont été utilisées en Amérique du Sud notamment. Charles Darwin rapportent que les Amérindiens réussissaient à obtenir des couleurs plus conformes à leur souhait en changeant le régime alimentaire des oiseaux, ce que savaient faire également les Malais. Les Amérindiens pratiquent également le tapirage, c'est-à-dire qu'en appliquant des produits chimiques sur des oiseaux captifs, ils parviennent à obtenir des nuances de couleurs non naturelles. L'oiseau est soit d'abord plumé puis son épiderme est massé avec des décoctions de plantes, soit du venin est déposé dans le calamus des plumes. Les couleurs structurales des plumes disparaissent et les plumes qui repoussent sont alors jaunes ou roses. Les Enawenê-Nawê, avec du venin de batracien transforment des plumes normalement vertes en plumes jaunes avec des nuances de vermillon.

Aujourd'hui les nord-amérindiens colorent des plumes de dindons à l'encre pour fabriquer et vendre des coiffes aux touristes, la détention de vraies plumes d'aigle étant interdite aux non indiens. La teinture de plumes ou la fabrication de plumes artificielles est également encouragée auprès de certaines communautés pour tenter de sauver les espèces en danger, comme l'Ara bleu en Bolivie. Les boas confectionnés à partir de plumes d'autruches, de dindes ou de marabouts peuvent également être teints.

Récoltes des plumes après abattage

Toutes les plumes utilisées ne sont pas obtenues après abattage des oiseaux. La pratique de récupération des plumules ou duvet pour les palmipèdes, récupérations des plumes d'autruches, etc., sur les animaux vivants est marginale. Dans les abattoirs, les plumes peuvent être arrachées à sec mais il est plus facile et rapide d'échauder les oiseaux à environ 70°C pendant 1 à 3 minutes. Les plumes sont arrachées manuellement, quelquefois avec l'aide d'une machine appelée « plumeuse ». Les plumes sont ensuite séchées dans des tambours pour qu'elles prennent du volume. Elles sont ensuite triées, industriellement par des machines à flux d'air. Le plumage à sec, n'impliquant pas de processus industriel est plus rentable pour les éleveurs..

Pour les palmipèdes en France, 70 à 55% des plumes sont utilisables.

La filière duvet

La fabrication de vêtements isolants (anorak, doudoune, etc.) ainsi que des sacs de couchage, édredons, duvets, oreillers, couettes est la principale utilisation des plumes. Le duvet est la plume la plus utilisée et celle qui a le plus de valeur. Le duvet provient aujourd'hui essentiellement des volailles palmipèdes de la filière avicole. Les duvets de certaines espèces sont plus réputés que d'autre, aussi plusieurs pays ont mis en place des législation protégeant les consommateurs. Au Canada, il est obligatoire de faire figurer de quel oiseau les plumes proviennent mais les termes employés sont équivoques puisqu'ils désignent en fait toutes les plumes secondaires des oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les cygnes, constituées des barbes se ramifiant à partir du penne, mais n'ayant pas de rachis. La plupart des produits du commerce sont fabriqués à partir d'un mélange de plumules et de duvet; plus la quantité de duvet est importante et plus la valeur du produit est élevée.

La production est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Les plumes des espèces fournissant le duvet et plumules peuvent être valorisées industriellement en étant incluses dans des articles textiles, le reste étant transformé en farine animale, en cystéine, en engrais ou traité comme déchet. En France, la production de plumes de palmipèdes représente 12 000 tonnes par an dont 5 000 tonnes sont des déchets. Les vêtements et produits à base de plumes sont perçus par la clientèle comme des produits de qualité, la demande en qualité augmentant, la quantité de déchets devrait aussi augmenter. Les plumes blanches sont les plus recherchées.

La récolte continue, dans les pays industriels, d'être une source de revenus non négligeable. Elle est principalement pratiquée sur les canards ou les oies en Europe. Les revenus proviennent des animaux abattus et des récoltes des mues naturelles à partir de l'âge de 9 à 10 semaines puis toutes les six semaines pour produire 100 grammes de plumes (8 à 15% de duvet) environ chez les oies et enfin les plumes à l'abattage.

En 1994, les échanges internationaux ont porté sur plus de 67 000 tonnes de plumes et duvets bruts, soit 650 millions de dollars américains dont 30% en masse et 40% en valeur pour les oies. 93% de la demande internationale se concentre sur les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Japon, Taïwan et l'Italie tandis que 25 pays, surtout en Europe, Amérique du Nord et Asie, détiennent une production significative à l'échelle du marché mondial. En 2002, la demande était grande et le marché n'était pas saturé. Le prix en 2001 sont en France:

  • 15 à 40 € du kilo le duvet
  • 10 à 15 € du kilo le « duvet plumeux »
  • 1,5 à 2 € du kilo la plume et plumette.

Production de cystéine

La β-keratin est obtenue par dialyse d'une solution aqueuse d'urée et de 2-mercaptoethanol dans laquelle sont trempées les plumes. Une agrégation de protéines a lieu et le résidu est soumis à plusieurs acides et agents chimiques. L'acide L-cystéique est ensuite transformé en cystéine (E910 (L-cystéine), E920 (L-cystéine hydrochloride), E921 (L-cystéine hydrochloride monohydrate) ). La cystéine est par exemple utilisée en boulangerie comme correcteur de la force des pâtes à pain. Si, historiquement, la cystéine a été extraite de plumes d’oiseaux et de cheveux, la législation européenne interdit maintenant l'usage de cystéine d’origine humaine.

La poudre de plume

La farine ou poudre de plumes est une farine animale, elle est peu considérée du fait de son odeur. Elle est produite avant tout avec les plumes des volailles terrestres. Ces farines ont la composition des plumes c'est-à-dire que la kératine représente 85,9% de la teneur en protéines et 70% de la matière sèche totale.

La poudre, pour améliorer sa digestibilité, est hydrolysée par traitement enzymatique ou physiquo-chimique. Si la digestibilité apparente atteint 65% pour les volailles, et 85% pour les ruminants, l'apport nutritif est faible car elle ne contient que 0,5% de méthionine, 2,2% de Lysine, 0,8% de histidine et 0,7% de tryptophane mais sont riches en cystéine. Elles ont en revanche un relativement bon apport énergétique, comparable à la farine de sang toutes deux pauvres en matières minérales.

Composition chimique
Matières sèches Matières azotées totales Lipides Cendres Calcium Phosphore
93 92 3 3,4 0,2 0,7

La production de farine animale représentait 531 000 tonnes en 1997 en France, la production de farine de plume représentait 34 370 tonnes, 31 000 tonnes en 1996 et 28 000 tonnes en 1994 pour 742 000 tonnes au total. La production de farine de plume est en constante augmentation, même sans débouché et alors que la production générale est en baisse.

En principe, en France:

  • 39% est incinérée,
  • 1% environ est transformée en aliments pour l'aquaculture.
  • 13% pour l'alimentation animale mais cet usage est limité du fait des odeurs de cette farine.
  • 5% environ ont été incorporées dans la fabrication d'engrais en agriculture biodynamique,
  • 47 % sont stockées « en attente » et gérées par la Mission Interministérielle sur les farines animales.

Mais en fait, en 2001, 10% seulement a été incinéré du fait de la saturation des sites d'incinération. Moins de 5% de la production est utilisée pour l'alimentation animale.

Déchets et recyclage

Les déchèteries peuvent recycler certaines plumes. Cet usage est fort ancien, les selliers-garnisseur ou bourreliers récupéraient les vieux matelas, pour en produire des nouveaux. Bon nombre de plumes, comme celles des Gallus gallus domesticus qui n'ont pas de valeur commerciale suffisante sont considérées comme des déchets encombrants. Des chercheurs de l'Université Hébraïque de Jérusalem ont produit un OGM appelé « bare chicken » qui ne possède pas de plumes, ce qui a des implications religieuses.

Les plumes de récupération représentent 10 000 tonnes par an dont 30 % à 50 % seraient re-traitées ce qui générerait 2 500 à 3 000 tonnes par an de coutil, 500 à 1 500 tonnes par an de déchets et 100 à 200 tonnes de poussières.

Autre usages

  • L'usage des plumes, principalement d'oie, mais aussi d'autres oiseaux selon l'usage recherché, comme instrument d'écriture est très ancien. La plume a été l'outil principal de l'écriture en Occident jusqu'au XIXe siècle, où elle a été progressivement supplantée par les plumes métalliques, puis les divers types de stylographes. Elle demeure irremplaçable dans divers styles de calligraphie occidentale. Sa portée symbolique reste importante.
  • Au XIXe siècle, l'usage est courant, chez les camelots, de vendre au Carnaval de Paris, de longues plumes de paon, pour chatouiller les passants. Cette pratique sera pourchassée par la police et disparaîtra.
  • Les plumes d'oiseaux mouches étaient aussi utilisées pour concevoir des fleurs artificielles.
  • Les première balles dont celles de golf, étaient des poches circulaires en cuir bourrées de plumes.
  • En Amérique du Sud, les éventails en plumes de condors étaient utilisés dans la médecine traditionnelle.
  • En Inde, les plumes du Paon bleu ont été utilisées dans la médecine traditionnelle pour tenter de soigner les morsures de serpent, la stérilité et la toux.

Vocabulaire

Le terme de plume dérive du latin plūma, « duvet » puis « plume » et a éliminé penna (penne*) dans presque toutes les dialectes gallo-romains. Il a désigné, par métonymie, une plume tout aussi bien que le plumage. La synecdoque plume-oiseau se retrouve dans l'expression « gibier à plume » pour désigner ce gibier. L'association plume/léger, se retrouve dans l'expression poids plume, une catégorie de boxe.

Ce terme a donné de nombreuses expressions et sens dérivés. Plumer signifie enlever les plumes des oiseaux mais aussi dérober tous les biens d'un individu, tandis que plumard désigne un lit, sens en relation avec les matelas autrefois fait en plumes.

On parle aussi de plume pour l'organe corné des calmars.

Rôle symbolique

Meuble héraldique japonais
Maât

La plume a un rôle symbolique, il désigne l'écriture, un écrivain, etc... Dans de nombreuses symboliques s'appuyant sur la théorie des Quatre éléments la plume est reliée à l'air, ou au souffle qui est à son tour symbole de vie. Les Égyptiens de l'antiquité appelaient la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme pour les peuples nord-amérindiens, la plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.

  • Dans la religion de l'Égypte antique, lors de la pesée de l'âme, Maât représentée par une femme coiffée d'une plume d'autruche ou simplement par cette plume elle-même, aussi légère qu'une plume, est le contrepoids du cœur qui doit être aussi léger qu'elle pour que le Ka, l'âme du défunt, puisse accéder au monde des bienheureux.
  • Dans la Religion romaine antique, des bijoux à base de plumes ou des plumes étaient déposés dans les sanctuaires de Junon. Cette tradition, venue vraisemblablement d'Orient, était équivalente à celle retenue pour le culte grec d'Héra. Dans la mythologie, c'est Junon/Héra qui a placé les ocelles sur les plumes du paon. À Rome, les plumes de paon symbolisaient Junon (IVNO REGINA) puisque justement sa beauté résidait, paraît-il surtout dans ses yeux.
  • Pour les civilisations mésoaméricaines, les plumes, et plus particulièrement celles des Quetzals, étaient le symbole du pouvoir et de la richesse. Huitzilihuitl (« Plume de colibri »), Quetzalcoatl (« serpent à plume ») ne sont que deux exemples de divinités de leurs panthéons avec des attributs en plumes. L'artiste chilienne Ximena Armas, chez laquelle l’oiseau est la victime première d’une nature outragée, dissémine des plumes éparses dans ses dessins, pastels et acryliques.
  • Les belles plumes sont rares et chères, elles étaient jusqu'au XIXe siècle également le symbole d'un statut social élevé.

Culture

  • Les amérindiens prêtaient différentes vertus médico-magiques aux plumes.
  • L'utilisation de goudron pour coller des plumes sur le corps d'une personne est un mythe de châtiment du Middle West américain. À l'origine une condamnation réelle, le supplice du goudron et des plumes est devenu légendaire et a été repris dans la culture populaire comme, par exemple, dans les bandes dessinées de Lucky Luke.
Page générée en 0.356 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise