Les singes du Nouveau Monde ou platyrhiniens sont un groupe de singes de l'ordre des primates. Répartis depuis le Mexique jusqu'à l'extrême sud du Brésil, ils se différencient des singes des autres continents par une demi-douzaine de caractéristiques primordiales.
Les singes du Nouveau Monde, appelés céboïdes ou platyrhiniens, se distinguent des singes de l’Ancien Monde par une demi-douzaine de caractéristiques essentielles :
Ils sont monogames et passeront des heures avec des queues entrelacées.
Ils possèdent 36 dents et non 32 (sauf les ouistitis et les Saguinus qui en ont aussi 32). Ils ont trois prémolaires sur chaque demi-mâchoire, contre deux chez les singes de l’Ancien Monde.
Ils possèdent un nez aplati et des narines à ouvertures latérales, alors qu’il est plus étroit avec des narines à ouvertures frontales chez les singes de l’Ancien Monde. D'ailleurs, Platyrrhini signifie « nez plat ».
Leur pouce est moins opposable et a parfois presque disparu, comme chez les atèles (les Colobinae africains présente la même convergence évolutive).
Ils possèdent une longue queue parfois préhensile alors que les singes de l’Ancien Monde ont une queue non préhensile et parfois pas de queue du tout.
Ils sont tous arboricoles et d’un poids modeste (120 grammes à 12 kilogrammes).
Ils présentent un polymorphisme de la vision en couleurs dû à une variation allélique sur la copie unique du gène du pigment visuel rouge/vert présent sur le chromosome X. Ils sont dichromatiques (mâles et femelles homozygotes) ou parfois trichromatiques (possibilité génétiquement réservée aux femelles hétérozygotes, à l’exception des hurleurs chez qui certains mâles présentent aussi un trichromatisme) alors que les singes de l’Ancien Monde sont tous trichromatiques (perception sur trois longueurs d’onde). Les callitrichidés ont quatre phénotypes de vision en couleur, on en rencontre jusqu’à six chez les atèles. Selon une théorie récente, le trichromatisme, qui permet de distinguer le rouge du vert, aurait été favorisé par la nécessité de détection des jeunes feuilles tendres (souvent rouges, et plus souvent rouges dans l’Ancien Monde que dans le Nouveau) et non celle des fruits (théorie classique). Toutefois, le trichromatisme, seul à doter de la capacité de différentiation rouge/vert, fournit une meilleure information quant au taux en sucre du fruit observé. Le signal de couleur jaune/bleu, le seul qui soit accessible aux dichromates, n’est pas pertinent pour l’estimation de la concentration en glucose. Le dichromatisme présente en revanche un avantage pour détecter les objets camouflés, donc un avantage sélectif pour détecter les aliments cachés et les prédateurs.
Ils possèdent un organe de Jacobson fonctionnel, pas les singes de l’Ancien Monde. Leurs bulbes olfactifs sont toutefois trois fois moins développés que chez les lémuriens.
Ils procèdent à des marquages sur des substrats par sécrétions glandulaires et par l’urine (les singes de l’Ancien Monde ont davantage investi dans la communication visuelle et vocale). Outre l'épouillage collectif (grooming) et réciproque, sorte de « toilettage social » qui est moins hygiénique que hiérarchique et amical, les singes du Nouveau Monde pratiquent un « toilettage olfactif » : ils imprègnent leur fourrure de leur propre urine. Ils s’en aspergent le corps puis se frottent vigoureusement, pour renforcer leur odeur corporelle qui est connue du seul groupe où ils évoluent.
Au point de vuegénétique, la variation morphologique du chromosome Y est une caractéristique courante chez les singes du Nouveau Monde, pas chez ceux de l’Ancien Monde. D’un point de vue écologique, les singes néotropicaux, à tendance frugivore-insectivore, sont moins diversifiés que leurs homologues de l’Ancien Monde, peut-être en raison d’une histoire évolutive plus récente concentrée en une seule radiation majeure comme à Madagascar. De plus, une seule espèce d’un genre donné occupe un site géographique alors que chez les singes de l’Ancien Monde jusqu’à 6 espèces de Cercopithecus peuvent coexister en un même site en Afrique équatoriale.