Jadis aux relevailles, la femme partageait avec la maisonnée un gâteau garni d'une fève, du type de la galette des rois. Ceci indique un lien autre qu'étymologique entre placenta et gâteau, et une possible survivance tardive de la placentophagie dans les sociétés humaines. En anglais en termes populaires, être enceinte se dit « avoir un petit-pain dans le four » (have a bun in the oven).
Le placenta est une annexe embryonnaire caractéristique des mammifères euthériens placentaires mais qui existe également sous d'autres formes chez les mammifères marsupiaux et chez certains reptiles. Dans la plupart de ces espèces animales y compris chez les herbivores, le placenta est toujours mangé par la mère. Le mâle ne possède pas cet instinct. Les origines de cet instinct sont depuis longtemps discutées.
Un tel comportement, dit placentophagie a pu être sélectionné au cours du temps pour plusieurs raisons :
Les propriétés galactogènes du placenta étaient déjà rapportées par Pline. Lederer et Pribram ont dit avoir suscité quelques minutes après une injection d'extrait placentaire, une augmentation considérable de la quantité de lait sécrétée mais leur résultat a été critiqué, comme pouvant résulter d'une élévation de pression via le tonus musculaire. Dixon et Taylor ont dit avoir trouvé de telles substances pressives mais Rosenheim a montré qu'il s'agissait de produits de la putréfaction dans les extraits de placenta employés dans leurs expériences.
Le Dr. Mark Kristal, neurologue comportementaliste de l'Université de Buffalo, a conclu de ses études que la consommation des résidus de naissance (placenta et cordon) réduit la douleur consécutive à l'accouchement, et aiderait à prévenir la dépression post-natale. Elle aurait aussi un impact sur deux centres particuliers du cerveau qui commandent la capacité à ressentir l'instinct maternel. Ceci serait notamment dû à une hormone opioïde (proche des opiacées) découverte en 1986 et dite « Placental Opioid-Enhancing Factor » ou POEF. Cette hormone qui inhibe certaines zone du cerveau traitant les sensations nociceptives (perception de la douleur) pourrait atténuer la douleur du bébé lors des contractions et de la naissance, mais aussi ensuite calme celles de la mère qui mange le placenta. L'effet analgésique de cette hormone est très efficace à des doses bien moindre que celles nécessaires avec les opiacées. Cette hormone est également présente dans le liquide amniotique qui est également soigneusement léché par les animaux sur leur petit et parfois sur le sol après l'accouchement. M. Kristal pense que cette hormone pourrait aussi renforcer le comportement maternant, car la zone du cerveau qu'elle cible (l'aire tegmentale ventrale), est connue pour jouer un rôle dans l'apparition du comportement maternel. Cette hormone pourrait (cela reste à vérifier) inhiber l'action des opiacées, sur une autre zone (l'aire préoptique médiane) où ils sont connus pour au contraire perturber le comportement maternel, selon M. Kristal ;
Pline précise qu'on les utilisait pour préparer des sortilèges. On a prêté à l'hippomane des vertus aphrodisiaques. Ces vertus sont selon Aristote « des fables forgées par des femmes & des enchanteurs ». Bayle estime que c'est le fait qu'on considérait que si la jument ne mange pas l'hippomane, elle ne s'occuperait pas de son poulain qui est à l'origine des filtres qu'on a fait avec cette matière.
Un auteur cité par Apulée nomme ce filtre « binnientium dulcedines », ce qui le rapporte merveilleusement au « matri prareptus amor » de Virgile ; mais « comme les filtres inspiroient plutôt de la fureur que de l'amour, de là est venu que l'hippomane a été considéré comme une drogue funeste ; Juvénal (comme Suétone) débite que Césonia l'ayant employé envers son mari calligula fut cause de la fureur enragée qui lui fit commettre tant de crimes ».
Certains auteurs ont aussi pensé au XVIIe siècle que c'était le nom – selon Théocrite – d'une plante de l'Arcadie, qui mettait en fureur les poulines et les juments. Claude Saumaise pensait que cette plante n'existe pas et que cette interprétation résulte d'une mauvaise traduction de Théocrite qui parlait d'un cheval de bronze (sans queue), près du temple de Jupiter, si bien imité « excitoit dans les chevaux les émotions de l'amour, tout de même que si elle eut été vivante, vertu qui lui étoit communiquée par l'hippomanes, qu'on voit mêlé avec le cuivre en la fondant ».
La placentophagie semble de nos jours a priori très rare chez les humains, et elle l'est sans doute depuis longtemps, peut-être parce que spontanément associée au tabou du cannibalisme. Mais on peut remarquer que les enfants se rongent volontiers et instinctivement les ongles, mangent spontanément les croutes de cicatrisation qui se forment sur leurs blessures et que placenta signifie gâteau en latin. En allemand le mot est encore plus explicite : mutterkuchen, qu'on peut traduire par « gâteau de la mère ».
Si les observations chez l'animal abondent, les témoignages et expériences de placentophagie sont plus que rares :
Il est difficile de juger comment la coutume a pu aboutir à ce que ce soit l'époux qui mange le placenta (à la place de sa femme parturiente) écrivait aussi en 1916 Raymond Crawfurd, tout en ajoutant qu'on pourrait dire de même de la couvade qui existe belle et bien.
Crawfurd dit que d'autres cas de ce genre se trouvent dans la littérature médicale de l'époque, et que l'événement, serait sans doute beaucoup plus fréquent si le placenta n'était pas soigneusement caché et si rapidement éliminé par la sage-femme.
La culture fait que l'Homme se distingue volontiers de la nature en s'opposant à l'animal. Le tabou est également religieux et semble aussi dans certaines cultures lié au sang (que le placenta évoque car il est richement vascularisé). À titre d'exemple, le Lévitique, dans la Bible interdisait aux hommes d'Israël d'imiter les païens qui mangent du sang (ou l'offraient aux satyres).
De nombreuses sociétés traditionnelles éloignent le placenta pour l'enterrer ; l'enterrement du placenta est parfois l'occasion d'une cérémonie, comme chez les maoris.