Pinguicula moranensis - Définition

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Introduction

Pinguicula moranensis
 Pinguicula moranensis photographiée à Oaxaca
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Scrophulariales
Famille Lentibulariaceae
Genre Pinguicula
Nom binominal
Pinguicula moranensis
Humb., Bonpl. & Kunth, 1818
Classification phylogénétique
Ordre Lamiales
Famille Lentibulariaceae
Synonymes


P. moranensis var. moranensis :

  • Pinguicula bakeriana
  • Pinguicula caudata
  • Pinguicula elliptica
  • Pinguicula flos-mulionis
  • Pinguicula kewensis
  • Pinguicula macrophylla
  • P. mexicana
  • P. purpusii
  • P. rectifolia
  • Pinguicula rosei

P. moranensis var. neovolcanica :

  • Pinguicula orchidioides
  • Pinguicula sodalium

Pinguicula moranensis (la grassette de Moran) est une espèce de plante carnivore en rosette, vivace, herbacée, de la famille des Lentibulariaceae, originaire du Mexique et du Guatemala. C'est une espèce de grassette qui forme en été des rosettes de feuilles plates, succulentes atteignant jusqu'à 10 centimètres de long, couvertes de glandes mucilagineuses (collantes) qui attirent des arthropodes, les piègent et les digèrent. Les éléments nutritifs tirés de ces proies viennent compléter le faible apport nutritif venant du substrat sur lequel pousse la plante. En hiver, la plante forme une rosette de petites feuilles charnues, non carnivores, qui conservent l'énergie dans une période où les ressources en nutriments et humidité sont faibles. Les fleurs isolées, roses, pourpres ou violettes, apparaissent deux fois par an sur des pédoncules dressés pouvant atteindre 25 centimètres de long.

L'espèce a été collectée la première fois par Humboldt et Bonpland dans la périphérie de Mina de Moran dans la Sierra de Pachuca dans l'État de Hidalgo (Mexique) au cours de leur expédition en Amérique latine de 1799–1804. Sur la base des échantillons collectés, Humboldt, Bonpland et Carl Sigismund Kunth ont décrit cette espèce dans Nova Genera et Species Plantarum en 1817. L'espèce, extrêmement variable, a été redéfinie au moins deux fois depuis lors et plusieurs espèces plus restreintes ont été créées sur la base de critères géographiques ou morphologiques, bien que la légitimité de certaines d'entre elles soit encore discutée. Pinguicula moranensis reste la plus commune et la plus largement distribuée parmi les espèces de la section Orcheosanthus. Elle est depuis longtemps cultivée, à la fois pour sa nature carnivore et pour ses fleurs attrayantes, et c'est l'une des grassettes parmi les plus communes en culture.

Le nom générique, Pinguicula, est dérivé du latin pinguis (gras) en référence à l'aspect gras de la surface des feuilles carnivores. L'épithète spécifique, moranensis, se réfère au nom du lieu d'origine du type de l'espèce, Mina de Moran.

Caractéristiques botaniques

Rosette d'été émergeant d'une rosette d'hiver

Port

Pinguicula moranensis présente un dimorphisme saisonnier, avec deux types de croissance différents au cours de l'année. En été, alors que la pluie et les insectes qui lui servent de proies sont abondants, la plante forme une rosette aplatie au sol, composée de six à huit feuilles généralement de forme obovale, chacune ayant une longueur maximale de 95 millimètres. Ces feuilles sont carnivores. Leur faces assez étendues sont couvertes de glandes mucilagineuses pédonculées par lesquelles elles attirent leurs proies, des arthropodes (le plus souvent des mouches), les capturent et les digèrent. Ces feuilles dites « feuilles d'été » sont remplacées en octobre, lorsque arrive la saison sèche, par des « rosettes d'hiver » formées de feuilles plus petites et dépourvues de glandes. Cette rosette d'hiver, protectrice, permet à la plante de passer la période hivernale de dormance jusqu'à l'arrivée des premières pluies en mai. Les fleurs, isolées sur des pédoncules dressés de 10 à 25 centimètres de long, apparaissent deux fois par an (de la rosette d'été, puis à nouveau de la rosette d'hiver), caractéristique rare chez les espèces mexicaines. Celles-ci apparaissent en été, en juin, connaissent leur apogée en août-septembre et disparaissent avec le retour des rosettes d'hiver en octobre ou novembre.

Feuilles et fonction carnivore

La couleur des feuilles est variable, parfois même à l'intérieur d'une population. Oaxaca (Mexique)

Les feuilles des rosettes d'été de Pinguicula moranensis sont lisses, raides et succulentes, de couleur variable allant du jaune-vert brillant au marron. Le limbe est généralement obovale à orbiculaire, long de 5,5 à 13 centimètres et porté par un pétiole de 1 à 3,5 centimètres.

Comme chez toutes les espèces du genre, ces limbes foliaires sont densément couverts de glandes mucilagineuses pédonculées et de glandes digestives sessiles. Les glandes pédonculées comportent quelques cellules secrétrices situées au sommet d'un pédoncule unicellulaire. Ces cellules produisent une sécrétion mucilagineuse qui produit des gouttelettes visible à la surface de la feuille. Cet aspect humide aide probablement à leurrer les proies à la recherche d'eau ; un phénomène similaire s'observe chez les droséras. Les gouttelettes ne secrètent qu'une quantité limitée d'enzymes et servent principalement à piéger les insectes. Au contact d'un insecte, les glandes pédonculées libèrent du mucilage supplémentaire à partir de cellules réservoirs spéciales situées à la base du pédoncule. L'insecte en se débattant, stimule davantage de glandes et s'englue lui-même dans le mucilage. Pinguicula moranensis peut recourber légèrement le bord de ses feuilles par thigmotropisme, ce qui met davantage de glandes en contact avec les insectes capturés. Les glandes sessiles, qui sont à la surface des feuilles, servent à digérer les proies. Une fois que la proie est piégée et que la digestion démarre, le flux initial d'azote déclenche l'émission d'enzymes par les glandes sessiles. Ces enzymes, qui comprennent l'amylase, l'estérase, la phosphatase, la protéase et la ribonucléase, décomposent les éléments digestibles du corps de l'insecte. Ces fluides sont alors absorbés à travers la surface des feuilles grâce à des trous cuticulaires, ne laissant que l'exosquelette de chitine des plus grands insectes à la surface de la feuille.

Les trous dans la cuticule qui autorisent ce mécanisme digestif sont un défi pour la plante, puisqu'ils créent des brèches dans la couche cireuse (cuticule) qui protège la plante de la déshydratation. C'est pourquoi Pinguicula moranensis se rencontre généralement dans des milieux relativement humides. La production des glandes de capture pédonculées et des glandes sessiles digestives est également coûteuse pour la plante. Une étude récente a montré que la densité de ces deux types de glandes peut être corrélée avec des gradients environnementaux. Par exemple, la densité des glandes de capture s'est révélée être plus grande lorsque la disponibilité des proies était faible, tandis que celle des glandes digestives était corrélée directement à la disponibilité des proies. Ces résultats suggèrent que l'importance de l'investissement dans ces fonctions carnivores est une adaptation aux gradients environnementaux.

Inflorescence émergeant d'une rosette d'hiver

Rosette d'hiver

La rosette d'« hiver » ou de « repos » de Pinguicula moranensis a deux ou trois (au maximum cinq) centimètres de diamètre et comprend de 60 à 100, voire plus, petites feuilles charnues dépourvues de glandes. Celles-ci ont de 10 à 30 millimètres de long et trois à huit millimètres de large, généralement de forme spatulée ou oblongue-spatulée, et couverte de poils denses et fins. La rosette peut être soit ouverte, soit fermée et resserrée comme un bulbe, selon la variété (voir plus bas).

Fleurs

Pinguicula moranensis produit d'une à sept fleurs pendant chaque période de floraison. Les fleurs sont isolées sur des pédoncules floraux verts à brun-vert qui sont généralement densément recouverts de poils glandulaires à l'instar de la face supérieure des feuilles carnivores. Les pédoncules floraux peuvent effectivement piéger des insectes. Ils ont 10 à 25 centimètres de long et s'effilent de deux à trois millimètres à la base à un millimètre au sommet.

Fleur de Pinguicula moranensis de profil

Les fleurs elles-mêmes sont composées de cinq pétales soudés à une extrémité. La gorge, partie de la fleur située près du point d'attache qui supporte les organes reproducteurs, est en forme d'entonnoir, et les pétales s'étalent au-dessus en une corolle zygomorphe à cinq lobes. Les fleurs ont 30 à 50 millimètres de long. Sous le point d'attache à la tige, les pétales forment un éperon soudé de 15 à 30 millimètres de long qui dépasse vers l'arrière à peu près perpendiculairement au reste de la fleur.

L'ovaire et le pistil qui lui est attaché dépassent du sommet du tube floral près de son ouverture, exposant la surface réceptive du stigmate vers l'avant. Deux anthères d'un millimètre sont suspendues à des filaments recourbés de deux millimètres derrière le pistil. Les insectes pollinisateurs, en ressortant après avoir recueilli le nectar dans l'éperon, se frottent contre l'anthère, transférant ainsi le pollen au stigmate de la fleur suivante qu'ils rencontrent. Les fleurs peuvent durer jusqu'à dix jours mais dépérissent dès qu'elles sont pollinisées. Les ovaires pollinisés se transforment en capsules déhiscentes de cinq millimètres contenant de nombreuses graines d'un millimètre de long. Le nombre de chromosomes chez cette espèces est 2n=44.

Forme de fleur dans le Querétaro (Mexique)

La couleur et la morphologie des fleurs de cette espèce sont extrêmement variables, au grand plaisir des horticulteurs et au grand dam des taxonomistes. On peut toutefois énoncer quelques généralités.

La corolle comprend cinq lobes, deux lobes supérieurs et trois lobes inférieurs. Les lobes supérieurs ont de 7 à 16 millimètres de long sur 4 à 9 millimètres de large et sont généralement de forme oblongue, obovale ou cunéée. Les lobes inférieurs ont une forme semblable et ont de 7 à 20 millimètres de long sur 4 à 18 millimètres de large. Le lobe inférieur central est en général légèrement plus long que ses voisins. Tous les lobes des pétales sont arrondis. Le tube floral, de 4 à 6 millimètres de long et de couleur blanche ou lilas, abrite les organes reproducteurs et est visible à la base des lobes de la corolle. Le blanc du tube floral peut s'étendre plus ou moins sur les lobes de la corolle, en particulier sous forme d'une bande sur le lobe central inférieur. La couleur des lobes de la corolle varie généralement du rose au pourpre, mais a été décrite par les collecteurs comme étant « pourpre, écarlate, rose-lavande à pourpre-bleuâtre, rose foncé à lavande, pourpre-rosâtre, pourpre-violet foncé, pourpre foncé, rose-mauve brillant, rose-pourpre brillant, magenta avec un [œil blanc], [et] rougeâtre clair avec un œil blanc ». Une variété rare à fleurs blanches est également connue.

La couleur et la morphologie des fleurs peuvent varier grandement même à l'intérieur d'une population, caractère inhabituel dans le genre. Noter la variation de la taille et de la forme des marques noir et blanc, ainsi que les différences de taille et de forme des pétales. Oaxaca (Mexique).
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