Philippe Corcuff - Définition

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Introduction

Philippe Corcuff
Naissance 15 avril 1960
Oran (Algérie)
Nationalité France France
Profession(s) sociologue

Philippe Corcuff, né à Oran (Algérie) le 15 avril 1960, est un intellectuel français. Il est maître de conférences de science politique à l'IEP de Lyon depuis octobre 1992. Il participe aux mouvements sociaux, à l'altermondialisme et à la gauche radicale.

Formation universitaire

Il est docteur en sociologie de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Sa thèse, préparée sous la direction de l'anthropologue Gérard Althabe et intitulée Constructions du mouvement ouvrier : activités cognitives, pratiques unificatrices et conflits dans un syndicat de cheminots, a été soutenue en décembre 1991.

Philosophie et philosophie politique

Principalement sociologue, il a aussi effectué des incursions dans le champ de la philosophie. Il a ainsi avancé, dans son ouvrage La Société de verre publié en 2002, les concepts de « transcendances relatives » et de « lumières tamisées », qui visent à déplacer l'opposition entre pensées de l'absolu et pensées relativistes. Dans cette perspective, il a notamment emprunté des ressources à « la seconde philosophie de Ludwig Wittgenstein » pour tenter de clarifier ce qu'il considère comme des confusions propres à la pensée politique dite « post-moderne » (en particulier chez Jean Baudrillard).

Mais c'est le domaine particulier de la philosophie politique, qu'il enseigne à l'IEP de Lyon, sur lequel il est le plus intervenu dans le champ de la philosophie. Il a ainsi proposé dans son manuel universitaire, Les Grands Penseurs de la politique – Trajets critiques en philosophie politique (Paris, Armand Colin, 2005), une lecture critique des auteurs de cette tradition. Il a également mené des investigations sur deux ordres de questions : sur les apports du couple Machiavel/Maurice Merleau-Ponty à une pensée de l'inquiétude éthique en politique d'une part et sur la tension philosophie morale/philosophie politique chez Emmanuel Levinas d'autre part. Ces ressources levinassiennes contribuent à alimenter chez lui, en lien avec ses engagements altermondialistes, une hypothèse en philosophie politique : « la social-démocratie libertaire ».

Sociologie et épistémologie

Sur le plan sociologique, il a commencé par étudier, avec une approche socio-ethnographique dans le cadre de sa thèse, la construction des groupes sociaux (au travers du syndicalisme cheminot et plus largement du mouvement ouvrier).

Ensuite, il s'est efforcé de proposer une lecture différente, mais contestée par certains, de la sociologie de Bourdieu, mettant l'accent sur son affinement "post-marxiste" de la critique sociale, tout en s'efforçant aussi de pointer certaines contradictions et certaines limites.

Il a alors participé à la sociologie pragmatique, ou sociologie des régimes d'action, développée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot. Au sein de ce paradigme, il a contribué à formaliser deux régimes d'action : 1) le régime d'interpellation éthique dans le face à face (ou régime de compassion, modélisé à partir de l'éthique du visage d'Emmanuel Levinas), et 2) le régime machiavélien (ou tactique-stratégique, modélisé à partir du Prince de Machiavel). Dans le cadre de cette sociologie pragmatique, il a aussi été amené à nouer un dialogue avec la philosophie de Maurice Merleau-Ponty. Aujourd'hui, il travaille à une sociologie de l'individualisme contemporain et de l'individualité, passant par une relecture de penseurs classiques tels que Marx, Stirner, Durkheim et Simmel comme par la discussion des sociologies actuelles. Dans ce cadre, il a forgé la notion de contradiction capital/individualité, par analogie avec la notion marxiste de contradiction capital/travail, pour analyser le néocapitalisme.

L'épistémologie des sciences sociales a aussi constitué un de ses terrains de recherche, et cela sur plusieurs plans plus ou moins associés : les rapports connaissance savant/connaissance ordinaire, les rapports jugements de valeurs/jugements de faits couplés aux rapports engagement/distanciation, le thème de "la rupture épistémologique", le renouveau d'une posture critique en sociologie intégrant les apports pragmatiques, les rapports micro/macro, le statut du dialogue "transfrontalier" entre registres culturels autonomes (entre sociologie et philosophie, mais aussi avec le registre littéraire, cinématographique, de la chanson, etc.), ou la façon de répondre aux risques relativistes portés par "le post-modernisme". Dans cette perspective, l'épistémologie du pluralisme théorique et de la conceptualisation analogique avancée depuis le début des années 1980 par Jean-Claude Passeron a constitué un référent important. La critique du "substantialisme" proposée par Ludwig Wittgenstein se présente également comme un fil transversal à ces recherches.

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