Phagothérapie - Définition

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Introduction

La phagothérapie est l'utilisation de bactériophages (ou phages) lytiques afin de traiter certaines maladies infectieuses d’origine bactérienne. Ce traitement a été largement utilisé dans le monde avant la découverte des antibiotiques. Bien qu’elle ait été progressivement abandonnée par les pays occidentaux séduits par les avantages de l’antibiothérapie, la phagothérapie traditionnelle est toujours employée et développée dans les pays de l'ancienne Union Soviétique.

Mais depuis environ une décennie, l’utilisation des bactériophages est reconsidérée dans de nombreux pays devant le double constat du développement inquiétant des infections nosocomiales à bactéries multirésistantes et l’absence de nouveaux antibiotiques efficaces. Le début de ce renouveau l'intérêt de l'Occident pour les phages peut être situé en 1994, lorsqu’il a été démontré (dans un modèle animal) que l'utilisation de phages pouvait améliorer le succès des greffes de peau en réduisant l'infection sous-jacente par Pseudomonas aeruginosa. De nombreuses études récentes ont apporté des éléments complémentaires à l'appui de ces résultats.

Aujourd’hui, des applications sont envisagées non seulement dans le domaine médical mais aussi dentaire, vétérinaire, agricole ou environnemental.

Historique

Après la découverte des bactériophages, faite indépendamment par Frederick Twort et Félix d'Hérelle , respectivement en 1915 et en 1917, l’utilisation des phages a été rapidement reconnue par un grand nombre de scientifiques comme étant une voie possible pour éradiquer les infections bactériennes.
Outre F. d’Herelle qui n’a cessé de propager la phagothérapie et la phagoprophylaxie à travers le monde, un Géorgien, George Eliava, qui avait travaillé à l'Institut Pasteur de Paris (en 1918, 1921 et 1926), avec Félix d'Hérelle, a fondé en 1923 à Tbilissi (Géorgie), un institut de virologie. C’est ensemble, dans des locaux adaptés, qu’ils ont développé à partir de 1930, l’étude des bactériophages et l’application de la phagothérapie pour l’ensemble de l’Union Soviétique.
Dans le reste du monde, avant la deuxième Guerre Mondiale, la commercialisation de produits phagiques a été entreprise par de grands groupes pharmaceutiques comme Eli Lilly aux États-Unis d'Amérique, Robert et Carrière (absorbé aujourd’hui par Sanofi Aventis) en France.
Coupés des progrès occidentaux en matière de production d'antibiotiques dans les années 1940, les scientifiques soviétiques ont continué à mettre au point une phagothérapie déjà prometteuse afin de traiter préventivement les blessures des soldats dans les postes médicaux avancés. Ils ont aussi utilisé les bactériophages pour traiter de nombreux soldats infectés par diverses souches bactériennes, notamment celles de la dysenterie bacillaire et des gangrènes. Les chercheurs du monde soviétique ont continué à perfectionner leurs traitements et ont publié des résultats. Le pourcentage de succès était équivalent sinon supérieur à celui des antibiotiques.[citation requise] Mais, autant parce que les articles étaient écrits en langue russe qu’en raison des barrières imposées aux échanges scientifiques, ces connaissances ne se sont pas propagées dans le monde entier.
Les premières applications de la phagothérapie ont souvent manqué de fiabilité, sans doute par une reconnaissance controversée de la nature du bactériophage à cette époque, mais aussi par l’utilisation non normalisée de la phagothérapie. Lorsqu'on a découvert les antibiotiques en 1941, ceux-ci ont été largement commercialisés aux États-Unis et en Europe, de sorte que la plupart des scientifiques occidentaux ont cessé d'employer et d'étudier la phagothérapie. Soulignons cependant que des préparations commerciales ont été disponibles en France jusque dans les années 70 et figuraient au dictionnaire Vidal. Voici quelques années encore, en France, les Instituts Pasteur de Lyon et de Paris, fournissaient des préparations sur mesure, préparées après la recherche dans leur « phagothèque » de la meilleure composition active sur une infection documentée. Depuis le début des années 90, aucune source officielle de bactériophages thérapeutiques n’est plus disponible.
L’institut géorgien, légitimement appelé depuis quelques années Institut Eliava, possède une collection très complète de bactériophages thérapeutiques, un centre de recherche et un savoir-faire très convoités par les pays occidentaux. Les phagothérapeutes géorgiens ont 80 ans d'expérience clinique ininterrompue dans toutes les spécialités médicales, enfants et nouveau-nés inclus.
En Pologne (qui fait partie de l’Union Européenne depuis 2004), un Institut d’Immunologie et de Thérapie Expérimentale a aussi poursuivi jusqu’à nos jours l’utilisation de la phagothérapie. Moins ouvert sur le monde extérieur que l’Instiut Eliava, il n’en a pas moins publié un bilan dans une série d’articles en anglais.
De nos jours, en raison de l'augmentation de la résistance aux antibiotiques et des progrès de la connaissance scientifique, un renouveau d'intérêt se fait jour à l'échelle mondiale concernant la capacité de la phagothérapie d'éradiquer et de prévenir les infections bactériennes en association avec d'autres stratégies.

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