Peste - Définition

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La peste : représentations et significations

La peste dans l'art pictural

Détail de la peinture de Antoine-Jean Gros Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa

Les mystères entourant l'épidémie, la mort et l'influence des récits antiques et bibliques sur les croyances populaires ont largement inspiré les auteurs et artistes jusqu'à la renaissance. À partir des textes bibliques, Nicolas Poussin représente dans La Peste d’Ashdod (1630) les Philistins frappés par la peste en transformant l'anecdote en mythe. Le châtiment de David (retraçant le choix du roi entre la guerre, la famine et la peste dans 'Livre II Samuel'), est figuré dans la peinture classique du XVIIe siècle. Sébastien Bourdon réalise une gravure intitulée Peste de David. Castiglione grave Les Trois Jours de peste.

Les « danses macabres » constituaient des représentations d’épisodes de peste, notamment celle de l'église de Lübeck (1460), aujourd'hui disparue.

Le thème de la peste inspira de nombreux artistes tels :

  • David (Saint Roch intercédant auprès de la Vierge pour les malades de la peste, (1780)) ;
  • Michel Serre
  • Raphaël ;
  • Antoine-Jean Gros (Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa) ;
  • Jules-Élie Delaunay ;
  • Jean-François de Troy...

La peste dans le langage courant

Autrefois trois mots résumaient les précautions à prendre contre la peste : « cito, longe, tarde », sous-entendant que dès l’apparition des premiers signes de la maladie dans un lieu, il fallait partir vite, aller loin et y rester longtemps.

Le mot peste est devenu au fil du temps un qualificatif pour toutes épidémies infectieuses surtout dans l’antiquité et au Moyen Âge. Il est entré dans le langage populaire pour désigner une chose ou une personne pernicieuse, malicieuse, mauvaise ou espiègle puis dans des expressions telle que « fuir quelque chose comme la peste », marquant la volonté d'éviter quelqu'un ou une chose de manière absolue.

La peste comme image de technique de pouvoir

Pour Michel Foucault dans les Anormaux, la peste est une technique de pouvoir spécifique. Il lui oppose la Lèpre. Ainsi, au Moyen Age, on excommuniait le lépreux : on allait même à lui prononcer une oraison funèbre, puis on l'expulsait des villes. Stratégie ancienne du pouvoir, qui consiste à extérioriser la maladie. Avec la Peste, tout est différent. On quadrille les villes : les villes sont sous l'autorité d'un préfet, qui les subdivise en quartiers, les quartiers en districts, les districts en blocs, etc., imposant des hiérarchies et des contrôles à tous les échelons. Un responsable de rue passe et vérifie chaque maison à intervalle régulier, invitant les appelés à se présenter à une fenêtre désignée. "Si un ne se présentait pas, c'est qu’il était couché. S’il était couché, c’est qu’il était malade. S’il était malade, c'est qu’il était dangereux." Michel Foucault généralise ensuite cette idée de peste : de la conception de la lèpre qui excluait les lépreux en masse, le pouvoir préfère à présent, dit Foucault, quadriller, afin d'appliquer sa puissance normative sur les individus. Le but, pour Foucault, n’est plus de purifier la population, mais de produire une population saine.

Histoire de la peste et des épidémies

Peste : un terme historique générique

Au Moyen-Age, le terme de « peste », ou ses équivalents, ne désigne pas nécessairement la maladie aujourd'hui nommée peste, ni même une autre maladie spécifique. Il s'appliquait à toute épidémie importante, toute maladie frappant une communauté – phénomène difficile à expliquer sans le concept de contagion – et rapportées plus souvent à des superstitions qu'à des causes matérielles. La première épidémie où l'on peut reconnaître avec certitude la maladie que nous nommons peste est la Peste de Justinien (seconde moitié du VIe siècle). Toutefois, la maladie existait certainement avant cette date. Ses origines sont cependant mal connues ; si on les situe souvent en Asie centrale, l’idée a été récemment avancée que la peste était présente dans l’Égypte pharaonique. Les sociétés antiques étaient régulièrement frappées par des maladies épidémiques et ne pouvaient que difficilement les différencier. De nombreuses sources relatent de tels fléaux.

Les principales épidémies

La peste est évoquée dans l'Ancien Testament comme un fléau envoyé par Dieu aux Hébreux. Le roi David est châtié par Dieu et doit faire le choix entre subir sept années de famine, trois mois de guerre, ou trois jours de peste ; il choisit la peste (Livre II Samuel 24).

Les Grecs ont également subi de telles maladies. Ils attribuaient traditionnellement la peste à la vengeance d’Apollon comme cela est décrit dans l’Iliade. C’est avec un regard plus rationnel que Thucydide évoque une épidémie infectieuse lors du conflit entre Sparte et Athènes, vers -430, que l'on nomme généralement "peste d'Athènes". La maladie n'a toutefois pas été identifiée avec certitude et de nombreuses hypothèses ont été avancées (notamment la rougeole, variole, grippe, fièvre typhoïde.). Aujourd'hui la principale hypothèse est le typhus.

L’Empire romain connut d’importantes épidémies, en particulier à partir du deuxième siècle de notre ère, la mieux connue étant la peste antonine qui sévit à Rome en l'an 166. Galien nous en a laissé une description qui laisse souvent penser que la maladie en question était en fait la variole.

Carte de diffusion de la peste noire

Après la peste dite de Cyprien (vers 250), l'Antiquité fut marquée par la Peste de Justinien (seconde moitié du VIe siècle) identifiée avec une grande certitude à la peste bubonique. Par la suite la peste semble disparaître de l'Occident au début du Moyen Âge.

En 1347, des navires infectés abordent en Europe et déclenchent une épidémie dont mourra un quart de la population occidentale en quelques années.

Jusqu'au XVIIIe siècle, des épisodes majeurs de peste sont encore signalés régulièrement en Europe, comme à Londres en 1665-1666 et à Marseille en 1720.

La dernière pandémie, qui commença en 1894, permit de découvrir le bacille responsable de la peste.

Appelé en urgence à Bombay où une épidémie de peste bubonique s'est déclarée en octobre 1896, Waldemar Haffkine met au point le premier vaccin le 10 janvier 1897.Appelé aussi lymphe d’Haffkine ce vaccin était composé de germes tués .

1908 : mise au point d'un sérum antipesteux

1921 : vaccin aqueux de l'institut Pasteur

1932 : G. Girard et J. Robic mettent au point un vaccin préparé avec des bacilles pesteux de virulence atténuée : utilisé dès 1933 ce vaccin antipesteux EV (pour Evesque, nom de la victime sur laquelle a été isolée la souche du vaccin) restera le seul traitement efficace contre la peste pulmonaire jusqu'au traitement de la maladie par les sulfamides puis par les antibiotiques.

Aujourd'hui, la peste touche à 99% les continents africain et asiatique. Dans les années 1990, on a relevé quelques cas en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Le dernier cas de peste en France (Corse) date de 1946.

L'OMS la classe comme « maladie réémergente ». On compte quelques milliers de cas chaque année dans le monde et leur nombre augmente de façon régulière depuis vingt ans. La géographie de la maladie s'est modifiée. Dans les années 1970, l'Asie était le continent le plus touché. Désormais, l'Afrique recense plus de 90 % des cas. Pays les plus frappés : Madagascar et la République démocratique du Congo. Si la peste tue moins que les grandes pandémies contemporaines, comme le sida ou la malaria, sa recrudescence inquiète néanmoins les scientifiques.

La peste en tant qu'arme bactériologique

La peste a été utilisée comme arme par l’armée impériale japonaise lors de l’invasion de la Chine, notamment dans la région de Changde. Ces armes étaient utilisées à la suite d'essais menés par des unités de recherche bactériologiques comme l'unité 731 qui pratiquaient des expérimentations sur des humains.

Plus tard, les Américains, qui avaient gracié les criminels de guerre de l'équipe de Shiro Ishii, et les Russes, qui avaient condamné pour crimes de guerre douze Japonais lors du procès de Khabarovsk, ont travaillé sur des aérosols de Yersinia pestis.

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