Peste - Définition

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Diagnostic

Description historique

La peste est décrite depuis l'Antiquité. Au VIe siècle, Grégoire de Tours écrit :

« .. on compta, un dimanche, dans une basilique de Saint Pierre, trois cents corps morts. La mort était subite ; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d’un serpent ; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu’ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour ; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens. »

Plus tard au XVIe siècle, Nicolas de Nancel en donne la description suivante :

« Or donques la peste est une fièvre continue, aiguë et maligne, provenante d'une certaine corruption de l'air extérieur en un corps prédisposé : laquelle étant prise par contagion se rend par même moyen communicable & contagieuse : résidente aux trois parties nobles ; accompagnée de très mauvais & très dangereux accidents, & tendante de tout son pouvoir, à faire mourir l'homme, voire tout le genre humain. »

Éléments cliniques

La peste s'exprime sous trois formes cliniques différentes pouvant parfois se succéder dans le temps :

Peste bubonique

Bubons à l'aine d'une personne atteinte de la peste bubonique

Forme la plus fréquente en milieu naturel, la peste bubonique fait suite à la piqûre de la puce d'un rat ou d'un rongeur infecté. La peste se déclare d'abord chez les rongeurs qui meurent en grand nombre. Les puces perdant leur hôte recherchent d'autres sources de sang, et contaminent l'homme et les animaux domestiques par piqûre. Après une incubation de moins d’une semaine, apparait brutalement un état septique avec fièvre élevée sans dissociation de pouls, frissons, vertiges, sensation de malaise. L’examen clinique détecte le bubon au deuxième jour. Le bubon est une adénopathie (ou ganglion augmenté de volume) ou paquet ganglionnaire, satellite du territoire de drainage de la piqûre de l’ectoparasite, inflammatoire, suppuré et très œdémateux. Les aires ganglionnaires le plus souvent touchées sont l’aire inguinale (pli de l'aine) ou crurale (haut de la cuisse), plus rarement axillaire voire cervicale. Des signes de déshydratation et de défaillance neurologique vont accélérer l'évolution de la maladie vers une mort en moins de sept jours en l'absence de traitement efficace. On estime entre 20 et 40% le nombre de malades qui vont guérir spontanément après un temps de convalescence assez long.

Peste septicémique

Cette forme constitue 10 à 20% des pestes. La peste septicémique est la plupart du temps une complication de la peste bubonique, due à une multiplication très importante des bacilles dans la circulation sanguine. Cette variété de peste apparaît quand les défenses des ganglions lymphatiques et les autres types de défense sont dépassés. Le bubon peut n’être que peu apparent. Il s'agit d’une forme plus grave et très contagieuse.

Peste pneumonique ou pulmonaire

Forme plus rare que la peste bubonique, mais nettement plus dangereuse et extrêmement contagieuse, la peste pneumonique ou pulmonaire survient lorsque le bacille pénètre directement dans l'organisme par les poumons (et non par la peau, après une piqûre de puce). Les humains sont contaminés par les projections d'expectorations purulentes et microscopiques contenant le germe. Après une incubation de quelques heures, s’installe une pneumopathie aiguë sévère avec état septique. Même avec un traitement antibiotique approprié, cette forme de peste est souvent mortelle en quelques jours par œdème pulmonaire aigu et défaillance respiratoire.

Biologie

Un diagnostic biologique doit pouvoir confirmer le diagnostic clinique.

La ponction des ganglions fluctionnaires (bubon) avec examen au microscope après coloration (examen direct) peut parfois suffire. La mise en culture (nécessitant un délai de 48 h) permet également de déterminer le germe en cause si l'examen direct est insuffisant. Dans la peste pulmonaire, le diagnostic est confirmé par la culture des crachats ou de l’aspiration bronchique. Les hémocultures (mise en culture du sang du patient) sont l'examen-clef d'une forme septicémique.

La détection de Y. pestis se fait par la mise en évidence de bactéries gram-négatives de forme ovoïde, d’une taille comprise entre 0,5 à 0,8 µm de largeur sur 1 à 3 µm de longueur, à coloration bipolaire. Les tests aux anticorps fluorescents ou ELISA sont trop tardifs et incertains puisqu’il existe des réactions croisées avec des germes de la famille des yersinioses.

Des examens autopsiques peuvent être réalisés puisque le germe est particulièrement résistant dans un corps en putréfaction.

La recherche d’antigènes du Yersinia (dit F1) permet de faire également un dépistage rapide.

À noter que tous les prélèvements d’un sujet contaminé sont hautement contagieux et que leur gestion nécessite des précautions renforcées.

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