La peste est considérée par l’OMS comme une maladie réémergente.
De 1984 à 1992, 11 030 cas de peste humaine ayant causé 1 201 décès ont été notifiés à travers le monde (soit de 1 000 à 2 000 cas et de 100 à 200 décès par an), 95 % des cas étant africains. Un foyer malgache est responsable de 40 % des cas mondiaux. Il s’agissait essentiellement de peste bubonique (entre 80 et 95 % des cas) avec une mortalité comprise entre 10 et 20 %.
Le réservoir sauvage concerne les petits rongeurs et leur environnement. Des épizooties apparaissent lors des variations de population et des modifications de l’environnement écologique de ces rongeurs. L’homme se contamine directement à leur contact, ou par le passage de l’épizootie aux rongeurs domestiques. Lors d’épidémie, le rat domestique devient le réservoir du germe.
En Europe, les rats sont la source principale de dissémination de la peste, aux États-Unis ce sont les écureuils (Spermophilus variegatus et Spermophilus beecheyi). Les animaux domestiques, chiens et chats, peuvent être des sources d’infection quand ils sont contaminés par les puces de rongeurs. Les puces demeurent infectieuses pendant des mois.
D'après l’OMS, l'Afrique est le continent le plus touché (hauts plateaux du centre de l'île de Madagascar, Mozambique, Tanzanie, République démocratique du Congo), suivie de l’Asie (Inde). Ces deux continents regroupent près de 99 % des cas rapportés dans le monde en 1997. 13 cas de peste ont été détectés en Libye à la mi-juin 2009, mais l'épidémie a été enrayée immédiatement[réf. souhaitée].
L’Amérique du Sud et l'ouest des États-Unis ont répertorié quelques cas en 1997. La peste est actuellement inexistante en Europe.
L’homme est essentiellement contaminé par la piqûre de puce infectée, en particulier Xenopsylla cheopis (la puce du rat), très rarement par la morsure d’un rongeur infecté et encore plus rarement en le consommant. Le modèle de transmission le plus répandu passe par les puces de rongeurs qui transmettent la bactérie de la peste à l’homme lors d'un repas sanguin.
Lors d’une épidémie, la transmission peut se faire par voie respiratoire interhumaine si l'un des malades est atteint d’une lésion respiratoire ouverte. Dans ce cas, il s'agira de peste pulmonaire et non de peste bubonique.
Un traitement réel contre la peste n’a été disponible qu’à partir des dernières années du XIXe siècle, après la découverte du bacille par Alexandre Yersin.
Les populations du Moyen Âge étaient totalement démunies face à la peste, comme face aux autres maladies graves d'ailleurs. En Europe, le traitement s'est longtemps limité à :
À partir du XVIe siècle, l'Europe découvre les mesures d’isolement et séparation des malades dans les hôpitaux (techniques déjà utilisées bien auparavant par les médecins arabo-musulmans), avec désinfection et fumigation des maisons, isolement des malades, désinfection du courrier et des monnaies, création d’hôpitaux hors les murs, incinération des morts. La mise en quarantaine systématique des navires suspects s’avère efficace pour éviter de nouvelles épidémies, chaque relâchement de l’attention rappelant sans tarder les conséquences possibles (voir par exemple la peste de Marseille de 1720).
Le masque au bec de canard (voir photo) a été imaginé par De Lorme, médecin de Louis XIII ; on y plaçait des plantes aromatiques aux propriétés désinfectantes, notamment de la girofle et du romarin. On citera également le vinaigre des quatre voleurs (vinaigre blanc, absinthe, genièvre, marjolaine, sauge, clou de girofle, romarin et camphre) imprégnant une éponge que l'on portait devant la bouche, et qui était censé protéger de la contagion.
La tradition signale que trois professions sont épargnées : les chevriers et palefreniers (car l'odeur des chèvres et des chevaux repousserait les puces du rat), et les porteurs d’huile car l’huile qui les oint repousserait elle aussi les puces.
Le traitement par antibiotiques en reste la clé.
Y. pestis est naturellement résistant aux bêta-lactamines mais reste sensible aux aminosides (streptomycine, gentamicine et à la kanamycine (pour les nouveau-nés)), aux cyclines, au chloramphénicol (dans les cas de méningite), aux quinolones, au triméthoprime-sulfaméthoxale (TMP-SMX), à la rifampicine.
La voie d’administration peut être orale ou parentérale et l’antibiothérapie doit être prescrite au stade précoce (8 à 24 h après le début de la peste pulmonaire) pour obtenir un maximum d’efficacité.
Il a été décrit de rares souches résistantes à plusieurs de ces antibiotiques. Cette situation reste, pour l’instant, exceptionnelle.
Il peut être nécessaire d’inciser le bubon et de faire un drainage.
La peste est une maladie à potentiel épidémique qui justifie un diagnostic précoce et exige une déclaration aux autorités sanitaires nationales et internationales.
En France, la peste fait partie des maladies infectieuses à déclaration obligatoire auprès des agences régionales de santé (Maladie n°9).
D’après le Plan Biotox de la Direction générale de la Santé française, les mesures de protection à prendre consistent à :
La désinsectisation et la lutte contre les réservoirs animaux sont déterminantes dans la prévention d’une épidémie.
Il existe un vaccin mais il est uniquement utilisé pour protéger les personnes fortement exposées à la maladie, comme le personnel militaire dans certaines circonstances opérationnelles, ou celles qui travaillent avec des animaux dans des régions endémiques de la peste. Pour qu’il soit très efficace, il doit être injecté à doses multiples et des injections de rappel doivent être effectuées régulièrement (faible durée d'action) ce qui entraîne des effets secondaires importants. Il n'est pas disponible au public.
L’ancien vaccin n’est plus fabriqué et n’était efficace que contre la peste bubonique. De nouveaux essais de vaccins sont en cours depuis 2005 au Canada.