Si en terme de psychanalyse la réutilisation de la terminologie se fait en premier par Freud vers 1900 pour tenter d'exprimer des mécanismes inconscients (voir plus bas ), « C'est Lacan qui a mis en évidence la structure perverse » dans les années 1960, les deux autres étant la structure névrotique et le structure psychotique. Il s'attache tout particulièrement à distinguer cette structure particulière et théorise sa mise en place (voir plus bas ).
On fait de cette théorisation un élément du structuralisme car Lacan cite régulièrement Les structures élémentaires de la parentéde Claude Lévi-Strauss, donc on suppose une même acceptation de la notion de structure (voir Jacques Lacan#Le concept de structure).
En psychiatrie, cette structure perverse est considéré sous l'angle de la pathologie, et on s'éloigne donc parfois de l'énoncé de la psychanalyse pour définir des repère vis a vis de la « normalité » et surtout du trouble engendré. C'est pourquoi on peut lire par exemple:
« Être normal, c'est avoir la capacité de tenir droit sur un terrain en pente. Le pervers n'exprime aucune souffrance. Le pervers normal est celui qui peut se débrouiller sans dépendre des autres, sans faire trop souffrir. Le pervers pathologique sera celui qui fera souffrir les autres. »
La définition même de la perversion repose sur l'intention du sujet : de détruire, dominer, nuire ou utiliser l'autre.
On parle de perversion s'il y a tendance à soumettre l'autre à un fonctionnement qui ne satisfait pas cet autre qui est maltraité, abusé, ne compte pour rien. Les trois traits suivants se retrouvent dans une stratégie perverse, selon Patrick Bertoliatti :
La moralité dont il est question est relative au respect de l'altérité, l'immoral commençant lorsqu'elle est niée ou manipulée.
L'origine de cette utilisation destructrice de l'autre est théorisée comme un phénomène de projection des contradictions internes et des douleurs que l'individu refuse de ressentir.
Il s'agit d'un mécanisme de défense, c'est-à-dire d'un phénomène psychique qui vise à éviter une souffrance interne, et qui utilise l'autre comme une chose, un instrument, un support permettant d'extérioriser ce qui est considéré comme insoutenable, ou déstructurant pour l'individu qui utilise un fonctionnement pervers, afin de s'en prémunir.
Lorsque ce mécanisme tend à valoriser l'égo, l'image extérieure de soi, on parle parfois de perversion narcissique, bien que ce terme soit peu utilisé dans le cadre médical et psychanalytique : toute perversion est intrinsèquement un trouble du narcissisme.
Lorsque ce mécanisme est porté sur les relations sexuelles, on parle de perversion sexuelle. Cet entendement désigne l'imposition à l'autre d'une relation sexuelle au détriment de sa volonté. Cette définition ne doit pas être amalgamée avec les relations sexuelles non admises par le culte religieux ou les mœurs en cours.
A sa source, la perversion est un fonctionnement défensif, qui pourrait être utilisé par tout un chacun. En revanche, chez certains, ce mécanisme s'installe comme un mode de fonctionnement préférentiel, plus confortable et plus gratifiant pour eux, en ce qui leur permet d'éviter toute souffrance psychique et toute remise en question. Plus ce mécanisme est utilisé et plus il se renforce, car l'utilisation de l'autre comme instrument prive la personne perverse de tout retour affectif structurant. La mise en place d'un mode pervers est un choix adaptatif fait par l'individu.