À noter que selon une enquête réalisée en 2000 dans la région Rhône-Alpes, 63 % des pédiatres ont plusieurs lieux d’exercice. Un tiers d'entre eux exercent sur trois lieux et plus. Les pédiatres font essentiellement des consultations au cabinet et des astreintes en clinique, moins d'astreintes à l’hôpital où ils font surtout de la surveillance clinique de patients hospitalisés. Enfin, le pédiatre consacre globalement 6 % de son temps à la gestion.
Si l'on excepte les interventions en marge ou en appoint de la pédiatrie, comme celle des pédo-psychologues ou celle du personnel de puériculture, en France, la pédiatrie est au sens strict une activité médicale. Si certains médecins généralistes ont une compétence en pédiatrie, la spécialisation en pédiatrie reste attachée à la qualité de pédiatre, c'est-à-dire à un médecin spécialiste (10 ans de formation, dont 4 ans de spécialisation supplémentaire à l'issue de la formation initiale).
Hormis les pédiatres qui sont spécialisés dans une discipline particulière, le pédiatre généraliste est responsable de la surveillance régulière de la croissance de l'enfant et de son éveil, ainsi que de toutes les interventions y afférant : vaccinations, régimes, dépistage et traitement des différentes pathologies.
Son intervention recouvre les quatre fonctions principales suivantes : la prévention, le dépistage, le traitement et la rééducation.
La prévention devient de plus en plus prénatale depuis que l'on sait prévenir les complications obstétricales dues aux incompatibilités sanguines. De nouvelles techniques comme la ponction amniotique qui permet d'analyser les cellules fœtales ont ouvert la voie à de nombreux progrès en matière de prévention prénatale : détection des anomalies chromosomiques, par exemple. Sans compter les avancées considérables de la génétique. Ensuite, l'attention est portée sur l'hygiène alimentaire, les vaccinations, l'éducation des parents, notamment sur les risques d'accidents (ingestions diverses), de mort subite, le surmenage scolaire ou au contraire, l'adynamie psychogène de l'adolescent (faible activité), etc.
Le dépistage des anomalies métaboliques, comme la phénylcétonurie (ou hyperalaninémie), l'hyperphénylalaninémie et l'hypothyroïdie congénitale commence dès la naissance. L'intérêt du dépistage précoce de ces maladies dès la naissance est qu'elles peuvent bénéficier d'un traitement efficace soit par le régime soit par l'apport de médicaments et éviter ainsi toute encéphalopathie qui deviendrait définitive. On pense également au dépistage des anomalies anatomiques comme la luxation congénitale de la hanche, des anomalies sensorielles comme le strabisme ou la surdité, ou au dépistage de l'autisme. Ensuite, c'est en milieu scolaire où l'enfant passe le plus clair de son temps qu'il convient de faire ce dépistage (rôle des médecins scolaires). De nombreuses techniques de dépistage existent : test de la sueur pour la mucoviscidose, le test de Guthrie pour la phénylcétonurie, etc.
Le traitement pédiatrique a fait de nombreux progrès. Il pose surtout le problème du choix du lieu du traitement. L'hospitalisation n'est pas toujours nécessaire mais peut s'avérer indispensable si la garde et la surveillance de l'enfant ne peuvent être assurées à domicile. La pédiatrie ambulatoire offre parfois une solution satisfaisante.
La rééducation (ou réhabilitation) des séquelles d'une anomalie ayant été traitée au stade aigu est une part importante de la pédiatrie. On pense par exemple au diabète infantile, etc.
Le pédiatre doit avoir des qualités d'écoute, de patience et d'observation avec des enfants parfois craintifs, rétifs ou trop jeunes pour s'exprimer, et un bon relationnel avec des parents dont le témoignage est indispensable (notamment pour les enfants de moins de 2 ans) et qu'il peut, en retour, rassurer et conseiller (en matière de santé, d’alimentation, d’hygiène, mais aussi d’éducation, voire de psychologie).
Marginalement, certains pédiatres contestent globalement ce rôle d'un pédiatre plus tourné vers les pathologies que vers la santé de l'enfant.
Tous les médecins reçoivent un enseignement en pédiatrie qu'ils peuvent éventuellement compléter, parmi les stages obligatoires qu'ils doivent accomplir, d'un stage orienté vers la pédiatrie. Cependant, pour devenir spécialiste (pédiatre), il faut préparer et obtenir un DES (Diplôme d'études spécialisées) en pédiatrie. Cet enseignement comprend 250 heures, sans compter les stages pratiques, réparties pour l'instant sur 4 ans.
Le revenu des pédiatres serait le moins élevé de tous les médecins spécialistes, selon une étude du Ministère de la santé datée de 1999, les constatations d'un parlementaire en 2003 et celles d'un collectif de pédiatres libéraux faites en 2007, pour qui le revenu des pédiatres est de "10 à 20% en dessous des généralistes et 50% en dessous du revenu moyen des spécialistes".
environ 4100 euros par mois
Quelques mesures réglementaires du ministère de la Santé visant le revenu des pédiatres :
- Deux arrêtés, l’un du 27 décembre 2001, l’autre du 31 mai 2002 ont créé une majoration de sujétion particulière pour les actes liés à chaque accouchement réalisé la nuit, le dimanche et les jours fériés, pour les pédiatres libéraux soumis à une obligation d’astreinte
- Arrêté du 29 août 2002 modifiant la nomenclature générale des actes professionnels a permis l’alignement des majorations pour les visites de nuit des pédiatres sur celles des médecins généralistes
- Arrêté du 31 juillet 2002, publié le 2 août 2002, relatif à l’accord national de bonnes pratiques et de bon usage des soins conclu entre l’assurance maladie et les professionnels a créé une majoration forfaitaire de 5,13 euros des consultations et des visites spécifiques effectuées par les pédiatres pour les enfants de 0 à 24 mois inclus.
En cette matière il convient cependant de prendre en compte les différents accords passés ultérieurement entre la CNAM et les syndicats de médecins.
Il y a globalement environ 6 000 pédiatres en France en 2007, dont environ 60 % de femmes (en accroissement constant) auxquels s'ajoutent diverses spécialités pédiatriques. La médecine libérale représenterait en 2007 environ 40 % des effectifs des pédiatres (infra). Selon une étude de 2004 réalisée sous l'égide du Conseil national de l'Ordre des Médecins [12], le nombre des pédiatres est en constante augmentation depuis 20 ans. Ils représentaient 3,1 % du total des médecins et 6,3 % des spécialistes français. Près de 95% exerçaient une activité régulière alors qu'ils étaient à peine 3,1% non installés et 2,1 % temporairement sans activité.
Sans distinguer par type d'exercice, l'Ordre des médecins, pour les pédiatres ayant une activité régulière, donne actuellement sur son site les chiffres suivants entre 2002 et 2005 [13] :
- 2002 : 6 163 (2 536 H/3 627 F) |
- 2002 : 73 (36 H/37 F) |
- 2002 : 1 287 (631 H/656 F) |
Pour sa part, l'étude de 2004 donnait les précisions suivantes :
Bien que la progression soit plus faible que dans d'autres spécialités, la densité médicale est passée de 6,8 pour 100 000 habitants en 1983 (3708 pédiatres) à 10,5 en 2003 (6 281 pédiatres). La répartition géographie reste toutefois très inégale : faible au centre du pays (5,8); forte en Ile de France (17,3), en Aquitaine, Indre-et-Loire, en façade est et nord-est et certains départements du sud.
Malgré ces chiffres, une crise démographique se profile dans cette spécialité du fait principalement de ces deux facteurs :
- augmentation de la demande (en ville, en néonatalité, en urgence, en PMI et en maternité du fait des nouvelles contraintes de ces dernières, nouvelles prises en charge : handicaps, douleur, cancer, génétique, crise de la jeunesse). Ceci est toutefois à mettre en parallèle avec le fait que la spécialisation en pédiatrie comme la nutrition, l'endocrinologie, l'allergologie, etc., se développe au détriment de la pédiatrie générale qui est l'apanage de la pédiatrie libérale de ville. Cependant, seulement 20 % des enfants auraient un suivi pédiatrique .
- relève non assurée (pyramide des âges des pédiatres par rapport aux postes d'internes offerts qui sont en baisse). Ainsi l'âge moyen des pédiatres était de 48,2 ans (respectivement de 50,9 ans pour les hommes et de 46,4 ans pour les femmes) et l'effectif des moins de 45 ans était déjà inférieur à celui des plus de 55 ans. De plus, il est avancé que la politique gouvernementale voudrait qu'il n'y ait plus de pédiatres en ville, comme dans certains pays (Grande-Bretagne, Espagne). Les postes d'internes auraient donc surtout été fixés en fonction des besoins hospitaliers.
L'étude recensait, sur 5 948 pédiatres (95 % du total) ayant une activité régulière déclarée :
- 1 712 pédiatres en libéral (dont 53,6 % de femmes) soit 27,3 % du total déclaré
- 902 pédiatres en exercice mixte (dont 47 % de femmes) soit 14,4 % du total déclaré
- 3 294 pédiatres salariés (dont 64,3 % de femmes) soit 52,4 % du total déclaré
Elle est soumise aux conditions requises pour l'installation de tout médecin, à savoir, principalement l'inscription au tableau de l’Ordre des médecins qui vaut autorisation d'exercer, sous réserve de l'enregistrement du diplôme de médecin et de la reconnaissance de la qualification de pédiatre (de plein droit avec un DES de pédiatrie), et les différentes affiliations, notamment à la sécurité sociale (conventionné en secteur 1 ou 2, ou non conventionné). Il n'y a donc aucun quota professionnel, ni géographique, malgré les déséquilibres répartitifs observés (supra). Les modalités d'installation sont diverses : cabinet individuel, groupement médical, clinique, etc. En outre, une partie des pédiatres libéraux ont une activité mixte (libérale et salariée et/ou hospitalière) soit un peu plus du tiers d'entre eux.
Le recrutement répond aux conditions générales requises pour les autres disciplines médicales, notamment à l'exigence d'un concours organisé sous la responsabilité de la DHOS (direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins) du ministère de la Santé. Cette dernière est également chargée d'organiser l'accès par concours aux troisièmes cycles des études médicales, et des procédures de choix de poste et d'affectation des internes.
Les praticiens hospitaliers en pédiatrie, qui doivent avoir validé un troisième cycle dans la discipline (DES de pédiatrie ou équivalent), sont recrutés par concours (après une épreuve orale, l'examen des "titres et travaux" et "services rendus" et un entretien). Les praticiens à temps plein sont nommés par le ministre de la Santé, après avis de la commission statutaire nationale (par le préfet de région pour les temps partiels). Les praticiens hospitaliers peuvent avoir plusieurs lieux d'exercice. En outre, ceux qui sont à temps plein peuvent exercer une activité libérale au sein de leur(s) établissement(s) mais pas à l'extérieur. C'est rigoureusement le contraire pour ceux qui sont à temps partiel.
Pour les hospitalo-universitaires en pédiatrie, il faut noter le rôle éminent du Conseil national des universités (CNU) pour la nomination des professeurs-praticiens hospitaliers (PU-PH) et maîtres de conférences-praticiens hospitaliers (MCU-PH) en pédiatrie. La pédiatrie fait partie de la section 54 (Développement et pathologie de l'enfant, gynécologie-obstétrique, endocrinologie et reproduction) du CNU, dont elle constitue une sous-section (sous-section 54-01). Son fonctionnement répond aux règles spécifiques applicables aux disciplines médicales. L'élection des membres a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de 6 ans, renouvelable par moitié tous les 3 ans. Voir sa composition actuelle [14]. C'est le CNU qui inscrit les candidats sur la liste d'aptitude aux fonctions envisagées et leur ouvre les portes des concours dans les établissements recruteurs. Les futurs professeurs doivent détenir une habilitation à diriger des recherches (HDR), et le plus souvent une thèse d’université. Après réussite, les professeurs et maîtres de Conférences, sont nommés respectivement par le président de la République et par le ministre de la Santé. L'une de leurs caractéristiques est la bi-appartenance, ils sont en effet engagés et employés à la fois par le ministère de la Santé et par celui de l’Éducation nationale. Il existe aussi des hospitalo-universitaires temporaires (chefs de clinique assistants des hôpitaux ou, plus rarement, praticiens hospitalo-universitaires), qui est une situation transitoire permettant généralement de préparer l'agrégation professorale.
Comme tout médecin, les pédiatres sont soumis à l'Ordre des médecins, notamment pour le respect du code de déontologie, leur inscription au tableau (excepté pour les pédiatres de la fonction publique), le processus de qualification des spécialistes et la surveillance des conditions d'exercice de la profession (avec les pouvoirs juridictionnels et disciplinaires dont dispose l'Ordre). Cependant, les pédiatres n'y sont pas représentés en tant que tels. Par contre, la pédiatrie est plus visible au sein de l'organisme de réflexion qu'est l'Académie de médecine. Elle fait partie de la première division de son conseil d'administration "Médecine et spécialités médicales", l'objet de la commission "Maternité - Enfance - Adolescence" et de quelques groupes de travail, dont ceux consacrés à l"Aménagement du temps scolaire" et à la "Nutrition du nourrisson".
Les pédiatres sont regroupés dans diverses sociétés savantes (associations ou collèges professionnels) :