Paul Vidal de La Blache - Définition

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Introduction

Paul Vidal de La Blache, né le 22 janvier 1845 à Pézenas (Hérault) et décédé le 5 avril 1918 à Tamaris-sur-Mer (Var), est un géographe français. Il est avec Lucien Gallois, à l'initiative des Annales de géographie, socle du renouvellement de la géographie française à la fin du XIXe siècle.

Biographie

Fils d'un professeur devenu ensuite inspecteur d'académie, très brillant élève du lycée Charlemagne, Paul Vidal de La Blache entre en 1863 à l'École normale supérieure à l'âge de 18 ans. En 1866, il est reçu à l'Agrégation d'histoire et géographie. Nommé à l'École française d'Athènes, il profite de cette affectation pour voyager dans le bassin méditerranéen en Italie, Palestine, Égypte, dernier pays où il assiste enthousiaste en 1869 à l'inauguration du canal de Suez.

De retour en France, il se marie en 1870 avec Laure Mondot – avec laquelle il aura cinq enfants dont deux seulement lui survivront - puis enseigne dans divers établissements scolaires, notamment à Angers. Il présente en 1872 en Sorbonne une thèse d’histoire antique publiée ensuite sous le titre Hérode Atticus. Étude critique sur sa vie, prélude à une réorientation de son parcours vers une discipline encore secondaire en France à l'époque mais qui va connaître sous son magistère un développement considérable, la géographie.

Après la défaite contre la Prusse, un mouvement s’élève en effet en France pour développer cette discipline à l’université et dans le système scolaire. Très peu défendue au XIXe siècle, la géographie est encore balbutiante quand on considère les succès qui sont les siens chez les voisins allemands. Les géographes d'Outre-Rhin, Humboldt, Ritter, Ratzel, Von Richthofen, sont des modèles enviés qui servent d'exemple à la rénovation de la géographie française, élément de la reconquête scientifique nationale.

Lieu symbolique par excellence – sa création est le résultat du déménagement des facultés de Strasbourg ville annexée par le Reich – l'université de Nancy accueille le jeune chercheur qui s’est démené pour y entrer comme enseignant. Jugé trop jeune, il y donne des cours, certes, mais n'y devient professeur qu'en 1875, à 30 ans, titulaire d'une chaire de géographie débarrassée, à sa demande, de son compagnonnage traditionnel avec l’Histoire.

Dès lors, apôtre de cette discipline, Vidal devient peu à peu « incontournable ». Son influence, immense, se perpétue jusque dans les années 1960 à travers l’école qu’il contribue à fonder. Maître de conférences puis sous-directeur de l'ENS de la rue d’Ulm (1877-1898), professeur à la Sorbonne (1898-1909), éditeur de matériel scolaire - dont les fameuses cartes murales qu’on retrouve encore par milliers dans les écoles primaires affublées d'un plébéien "Vidal Lablache" - il publie tout au long de sa vie de très nombreux écrits - ouvrages ou articles - qui constituent autant de références pour les chercheurs, y compris aujourd'hui.

Vidal fonde, avec Lucien Gallois, les Annales de géographie en 1891, bases de l'École française de géographie. En 1894, il publie le monumental Atlas d'histoire et de géographie, un des premiers ouvrages constitués essentiellement de cartes accompagnées de courts commentaires synthétiques. Il présente ensuite le célèbre Tableau de la géographie de la France en 1903 qui sert d'introduction à l’Histoire de France de Lavisse, volume qui a un grand retentissement dans l'opinion publique.

Par ailleurs, Vidal établit dès 1910 le plan de la Géographie universelle qui sera publiée, après sa mort, durant plus de 20 ans – de 1927 à 1948 – par plusieurs de ses disciples, rédacteurs choisis par lui et qui bénéficient des chaires universitaires créés à travers le pays par le maître, Albert Demangeon, Raoul Blanchard, André Cholley, Henri Baulig, Emmanuel de Martonne. Ce dernier, le plus fervent de ses élèves - il est vrai qu’il épouse sa fille - sera le plus efficace de ses propagandistes jusqu’à sa mort en 1955.

Après plusieurs années de travail universitaire, il publie en 1917 La France de l'Est (Lorraine-Alsace), ouvrage évidemment influencé par le conflit qui met depuis 1914 la France aux prises avec le vainqueur de 1870. Il soutient la formule de l’organisation régionale autour des grandes villes en valorisant la fonction d’animation de Nancy et de Strasbourg. À côté de cette vision moderne de flux et de polarisation, il ressuscite aussi dans ce dernier livre certaines valeurs politiques en relevant l’ascendant exercé par l’idéal républicain sur l’Alsace et la Lorraine au temps de la Révolution, qui fait des habitants une nation élective à la française.

Mission ultime offerte à Vidal par le Service géographique de l'Armée, on fait appel au chef de l'école française de géographie pour obtenir le concours d'universitaires (dont Martonne, Demangeon, Gallois, etc.) afin de soutenir l'effort de guerre ou préparer de la documentation pour anticiper les conséquences de la victoire. En février 1917, Briand crée le Comité d'études du ministère des Affaires étrangères, présidé par Lavisse secondé par Vidal de La Blache, qui rassemble cette fois l'élite des historiens et géographes du Collège de France et de la Sorbonne. Les rapports présentés préparent l'action des géographes - Martonne d'abord - qui seront lors de la conférence de paix en première ligne pour décider, au titre d'une expertise qu'on leur reconnait alors, la nouvelle carte de l'Europe politique.

Vidal de La Blache meurt à 72 ans en avril 1918 après avoir payé un tribut à un conflit mondial dont il ne verra pas le terme, son fils Joseph, géographe comme lui, ayant été tué en janvier 1915 dans l'Argonne.

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