Paros - Définition

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La basilique de la Panaghia Ekatontapiliani

L'église de la Panaghia Ekatontopiliani

Église de la « Vierge aux Cents Portes », comme le veut maintenant la légende, c'est un immense bâtiment en pierres apparentes (et non chaulées comme pour la plupart des autres églises des Cyclades) et couverte de tuiles.
Son nom viendrait plutôt de « Katapoliani » (en dehors de la ville), puisqu'elle fut longtemps située à l'écart du bourg originel autour du Kastro. Theodore Bent en 1894 la plaçait encore « à cinq minutes de marche de Paroikia ». Il n'avait pas, disait-il, compté les portes, mais il doutait qu'il y en eut cent. Il suggérait qu'il faudrait alors peut-être ajouter les fenêtres, puisque l'église est entourée d'un cloître et d'un monastère.
En fait, le nom aurait été corrompu lors de l'occupation ottomane. La légende voudrait que l'église n'ait que 99 portes et que la centième apparaîtrait par miracle lorsque Constantinople serait reconquise.
Une légende attribue bien entendu la fondation de l'église à Sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin. Une légende différente choisit l'autre grande figure byzantine, Justinien qui aurait commandé Ekatontapiliani à un élève d'Isidore, l'architecte de Sainte Sophie.

Le baptistère du IVe siècle.

Les fouilles du professeur Orlando dans les années 1960 ont mis au jour un baptistère et un atrium prouvant que les premières constructions remontaient au IVe siècle.

La première église était alors ce qui est de nos jours la chapelle Saint-Nicolas. Le bâtiment fut modifié au Xe siècle, puis au XVIIIe. Il fut endommagé par un tremblement de terre en 1733. Le professeur Athanasios Orlando lui donna l'aspect qu'il a aujourd'hui à l'issue de ses travaux scientifiques entre 1959 et 1966. C'est lui qui a choisi de laisser pierres et tuiles apparentes.
L'église principale est en plan centré. Le dôme central est soutenu par un tambour percé de fenêtres et quatre pendentifs, ou trompes d'angle, ornés de séraphins. L'ensemble est bâti en pierres poreuses colorées (principalement en vert et rouge), ce qui ajoute au sentiment de légèreté qu'inspire le dôme.
L'église dispose d'un étage, réservé aux femmes (gynécée).

L'architrave de l'iconostase remonte au VIe siècle, tout comme le ciborium, un des plus anciens connus. Le synthronon épiscopal est formé de 7 degrés semi-circulaires en marbre récupérés dans les ruines du théâtre antique. Sous le synthronon coule la source miraculeuse qui aurait abreuvé Theoktisti, une sainte parienne enterrée dans une des chapelles latérales.

Theoktisti (Sainte Théoctiste de Paros) serait une jeune fille du VIIIe siècle, originaire de Mytilène. Enlevée à 18 ans par des pirates, elle aurait réussi à s'échapper du navire. Elle aurait échoué sur Paros où elle aurait vécu en ascète dans l'église d'Ekatontapiliani. Cette légende pourrait donc corroborer le fait que Paros ait été désertée à l'époque byzantine. Theoktisti aurait vécu ainsi trente ans avant d'être découverte par un chasseur qui fut effrayé par ce squelette quasi fantomatique. À sa mort, elle devint patronne de l'île et fut enterrée dans Ekatontapiliani.

Ekatontapiliani est un important lieu de pèlerinage pour l'Assomption, presque à l'égal de Tinos.

Histoire

Antiquité

Pline l'Ancien écrivait à propos de Paros : « Paros avec sa ville, à 38.000 pas de Délos, célèbre par son marbre, appelée d'abord Platéa, puis Minoïs ».

Les premiers habitants de l'île seraient les Cariens qui s'y seraient installés au mésolithique vers 7500 ~ 6500 avant notre ère.
C'est sur l'îlot de Saliangos, entre Paros et Antiparos que les archéologues ont découvert les plus anciennes traces d'habitat dans les Cyclades (-5300 ~ -4500). Les îles de Paros, Antiparos et Despotikó furent occupées durant toute la période protocycladique (3200 - 2200/2000) : civilisation «Pilou-Lakkoudon», civilisation «Kéros-Syros», civilisation «Philakopi-Polis I» puis civilisation «Philakopi-Polis II».

L'île passa ensuite dans la sphère d'influence minoenne en raison de la qualité de ses ports. Elle passa ensuite dans la zone mycénienne.

Moulin à vent vous accueillant à Parikia, la capitale de l'île de Paros, à la sortie du port

Au début du premier millénaire, les Arcadiens, menés par Paros, colonisèrent l'île. Ils furent rapidement suivis des Ioniens commandés par Klytios et Mélas. Paros connut son âge d'or au VIIIe siècle av. J.-C.. Son célèbre marbre fit alors sa richesse. Elle devint une grande puissance commerciale égéenne et fonda des colonies. La plus célèbre fut Thasos, conquise par Télessiklis, père du poète Archiloque. D'autres colonies furent installées en Thrace (650-625) et en Propontide.
Vers 600, Paros commença à battre sa propre monnaie. L'île entra alors en concurrence avec sa voisine Naxos. Les guerres opposant les deux îles occupèrent la majeure partie du VIIe siècle av. J.-C.. Ce fut au cours de l'une d'elles que le poète Archiloque perdit la vie. Naxos finit par l'emporter. Les oligarques pariens choisirent le camp des Perses lors des Guerres médiques. Les Pariens fournirent des trières à la flotte perse de Datis. Ils participèrent au pillage d'Érétrie. Ils se trouvaient aussi du côté perse à Marathon. L'île fut vainement assiégée par Miltiade en 489 av .J.-C., ce qui entraîna la disgrâce de ce dernier. La seconde campagne, menée par Thémistocle fut un succès athénien. Paros intégra après la bataille de Salamine la ligue de Délos, fondée par Athènes. La contribution parienne s'élevait à seize talents d'or. Après la défaite d'Athènes lors de la guerre du Péloponnèse, Paros passa sous la domination de Sparte (404). En 378, l'île devint membre de la seconde confédération athénienne, mais elle se rebella en 357. En -338, elle fut envahie par les Macédoniens. Elle connut ensuite la domination des Ptolémées, puis du roi Mithridate. En -145, elle passa sous la domination de Rome.

Le port antique de Paros

L’île de Paros a eu un port maritime florissant pendant l’antiquité. Elle a fondé des colonies telles Thasos au VIIIe siècle av. J.-C. et celle de l’île de Pharos sur la côte dalmate au IVe siècle av. J.-C.. L’Éphorat grec a fouillé les ports de Paroikia et Naoussa entre le 6 et le 11 septembre 1979. À Paroikia, l’équipe d’archéologues de l’Éphorat a trouvé plusieurs structures sous la mer dans la zone du port. D’abord, plusieurs grands blocs de marbres, et des pièces de calcaire utilisés dans l’architecture, ont été trouvés dans le port dans une profondeur d’entre un et six mètres. Des colonnes de marbres de différentes tailles ont aussi été découvertes très près de la côte dans le port. Une petite colonnette en marbre de trente-six centimètres de diamètre a été trouvée enfoncée dans les galets à une profondeur de six mètres. Au nord-ouest de cette colonnette, deux colonnes en marbre, de 1,30 m et 2,80 m de diamètre, demeuraient debout dans le sable. Deux grands blocs rectangulaires de marbre, dont le plus grand mesurait 3,1 mètres de longueur ont été trouvés couchés sur le fond. Une autre colonne en marbre d’une longueur de 4,35 m, était couchée dans le sable à côté d’autres colonnes de tailles variables. Il est possible que ces colonnes et blocs formaient le matériel d’un bâtiment en marbre érigé sur le quai de l’ancien port tout près de la mer. Cependant, il est également possible que ces blocs formaient un bâtiment fabriqué pour exporter au continent, où il aurait été assemblé. Les blocs de marbres sont du même type trouvé dans une épave près de Crotone, en Italie.

Dans la baie de Paroikia, plusieurs structures ont été trouvées. Un grand bâtiment avec plusieurs salles a été trouvé très près de la plage. Des murs étaient formés de craie et de gneiss. Rubensohn avait fourni un plan de ce bâtiment et pensait qu’il s’agissait d’une construction romaine. Une grand jetée, sûrement faisant office de brise-lames, a été découverte lors des travaux de fouilles. Le haut de cette jetée se trouve à une profondeur de deux à trois mètres de la surface. La structure prenait la forme d’une langue et était construit de pierres de gravats. En section, ce môle prenait la forme d’une rampe avec au centre une dépression circulaire de deux mètres de largeur et un mètre de profondeur. À Naoussa, au nord de l’île, trois môles ont été localisés ainsi que des céramiques romaines du Ier siècle av. J.-C. et byzantines.

Périodes récentes

Le village de Naoussa, sur l'île de Paros

Un archevêché est attesté sur l'île dès le IVe siècle av. J.-C.. Elle restait toujours un grand centre commercial. L'église de la Panaghia Ekatontopiliani aurait été construite sous le règne de Justinien (527-563). La plupart des Pariens installés autour de l'église travaillaient sur les terres de celle-ci en tant que fermiers (pariki). Le bourg prit donc le nom de Paroikia. En 675, un raid slave pilla l'île qui fut abandonnée par ses habitants. Des raids de pirates saccagèrent l'île à maintes reprises au VIIe siècle. Le raid arabe de 902 donna le coup de grâce à Paros qui ne put renaître qu'à l'époque des Comnène (1081-1185). Les Vénitiens, menés par le doge Domenico Micheli pillèrent l'île à leur tour.
L'île fut conquise avec le reste de l'Égée par les Vénitiens en 1207. Elle fut rattachée au Duché de Naxos de Marco Sanudo. C'est alors (1260) que le fort de Parikia fut construit à partir des vestiges des temples antiques voisins. Le commerce du marbre reprit et prospéra. En 1389, Paros fut donnée en dot à Maria Sanudo lorsqu'elle épousa Gaspard Sommaripa. Le règne de Crousinos Sommaripa (à partir de 1430) fut un âge d'or pour l'île. Les Turcs, commandés par Barberousse s'en emparèrent en 1537 et la détruisirent. Les revenus de l'île furent donnés au Capitan Pacha (chef suprême de la marine ottomane) en 1578. En 1580, Paros, Naxos, Milo, Santorin et Syros obtinrent un statut fiscal favorable qui assura leur prospérité. Les pirates faisaient cependant peser un danger permanent. Ils aimaient les ports naturels de Paros, surtout Naoussa. En représailles, le Capudan Pacha pilla l'île en 1666. À la fin du XVIIe siècle, six drogmans au service de la flotte turque étaient originaires de Paros et membres de la famille Mavrogeni.

En 1770, les Russes, commandés par les frères Orlov, chassèrent les Ottomans et s'installèrent sur l'île pour sept ans. Ils utilisèrent la baie de Naoussa pour leur flotte de guerre. Toutefois, la présence ottomane demeura jusqu'à la libération de l'île en 1825. L'héroïne de la guerre d'indépendance grecque, Mado Mavrogeni, originaire de Mykonos, opéra depuis Paros avec ses navires.

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