Le parc de Lunaret, situé au nord de la ville de Montpellier est un espace vert d'une superficie de plus de 80 hectares. Il comporte depuis 1964 un parc zoologique, depuis 1982 une ferme pour enfants et depuis 2000 une réserve naturelle.
Au XIIème siècle, le seigneur de La Valette possédait des terres sur Montpellier, Castelnau-le-Lez, Clapiers et Montferrier-sur-Lez. Au XVIème siècle, le domaine semble plus réduit mais représente encore une étendue considérable. Pendant les guerres de religion, il appartient à une famille protestante, les Trémolet, dont le père, Antoine Trémolet, anobli en 1525, est premier médecin de François 1er. La Valette sert alors, semble-t-il, à d'énormes assemblées nocturnes de partisans de la religion réformée. La propriété passe en 1567 au petit-fils Mathurin de Trémolet, premier Consul de Montpellier, huguenot et époux de la seconde fille de Rondelet.
La propriété est vendue en 1604 à Philippe Berger, Conseiller du Roi, qui la revend en 1604 à Barthélémy de Planque, juge du «Petit Scel». Les Planque, leurs descendants et leurs alliés, gardent La Valette pendant près d'un siècle, se disputant la propriété à chaque génération par devant juges et notaires.
Pierre Chirac fait l'acquisition du domaine en 1721. Fils de menuisier devenu précepteur, ses relations l'amènent à occuper les fonctions de médecin du Roi Louis XV. Il marie sa fille au Chancelier de l'Université de Montpellier qui lui succède à La Valette et à Versailles. Le petit-fils de Pierre Chirac revend La Valette en 1778. François Farrel, industriel protestant ayant fait fortune grâce à une usine de tissage de coton, achète la propriété et les droits seigneuriaux. Les Farrel investissent et industrialisent la propriété. Le Lez est barré et 23 chutes d'eau sont organisées, qui font tourner une minoterie, un moulin à huile, une scierie de pierre, une filature, une fabrique de chaux. La propriété, située au fond d'un vallon humide, est assainie par l'abattage d'arbres et le calibrage des fossés et des rives du Lez.
Le fils Farrel hérite du domaine en 1788 et le donne en cadeau de mariage à son neveu Paul-Louis Hours en 1821. Pendant 30 ans, La Valette est le centre de toutes sortes de fêtes et de réceptions. Mais les bouleversements de 1848 portent un coup fatal aux manufactures du Midi et la fortune des Farrel périclite ; La Valette doit être revendue en 1851.
Le couple Augier récemment amarré à Sète et venant de Constantinople où ils se sont mariés, se lancent dans de « folles enchères » avec la femme d'un négociant de la Drôme. Il emporte finalement l'affaire pour une somme fabuleuse. Mais leur pied-à-terre français se révèle au-dessus de leur moyens et les gros emprunts qu'ils contractent les font sombrer dans la faillite 18 ans plus tard.
En 1869, le nouveau propriétaire est le Sieur Eugène Dubois, négociant à Aigues-Mortes qui conserve son bien 3 ans avant de faire lui aussi faillite.
En 1872, l'acquéreur suivant est le narbonnais Hippolyte Pazarois, qui gardera avec son fils le domaine un peu plus de trois décennies, vivant largement et luxueusement. Mais les revenus de la propriété s'effondrent avec la crise de mévente du vin. Pour la 4ème fois consécutive, La Valette est vendue au tribunal par des propriétaires en faillite.
Cette fois le domaine, dont les vignes ne sont plus rentables, n'a plus grande valeur et il est adjugé en 1906 au tiers de son prix d'achat 34 ans plus tôt. Henri de Lunaret, dont la famille doit sa fortune à la vente de terrains à bâtir hors des murs de Montpellier, achète La Valette pour faire un placement. Il meurt en 1919 sans héritier. Dans son testament, il donne La Valette à la ville de Montpellier et en laisse l'usufruit à sa soeur Madame Busson de Lavèvre. Le legs est assorti d'une condition : créer sur La Valette un orphelinat ou bien donner au domaine une autre affectation pourvu qu'il s'agisse d'une œuvre de bienfaisance.
Le directeur de l'Ecole d'Agriculture de l'époque, Gabriel Buchet, est fortement intéressé par le domaine de La Valette, qu'il pense idéal pour servir de champ d'expérience. Madame de Lavèvre accepte de lui louer son domaine, sentant l'occasion de voir celui-ci restauré pour porter à nouveau les splendides récoltes d'antan. La ville de Montpellier, en la personne du maire Jean Zuccarelli, donne son accord et un bail emphytéotique est conclu le 1er mars 1939 avec le directeur de l'Ecole d'Agriculture qui reçoit La Valette, à ferme, pour 30 ans. Il laisse à la Ville la partie haute et boisée du domaine qui devient en 1964 le Parc Zoologique du Lunaret. Enfin, il accepte de créer à La Valette un centre d'apprentissage pour les jeunes orphelins conformément aux dispositions contenues dans le testament de Henri de Lunaret.
Pour La Valette commence une sorte de seconde jeunesse. Le domaine porte bientôt un beau vignoble et toutes sortes de cultures expérimentales. Le visiteur est frappé par la luxuriance de la végétation et par le silence très reposant de cette île de verdure. Pourtant, une fois par an, les «Démonstrations internationales de motoviticulture» viennent rompre le calme des lieux. En effet, à partir de 1948, des centaines d'exposants et des milliers de visiteurs viennent découvrir les dernières innovation en matière de viticulture mécanisée. Les dernières démonstrations sont organisées en 1976 et les ceps de La Valette qui n'avaient pas été « déquillés » par les démonstrateurs et leurs machines sont arrachés pour installer Agropolis et ses nombreux centres de recherche. Rétrocédé à la ville de Montpellier, le Château de La Valette est mis à disposition du nouvel établissement public des Parcs nationaux de France.
Le domaine légué par Henri de Lunaret à la ville de Montpellier couvrait près de 350 ha en 1910. De nombreux laboratoires de recherche occupent aujourd'hui la majorité de cette surface. La ville, pour sa part, a valorisé cet espace en créant le parc zoologique en 1964, la ferme pour enfants en 1982, la réserve naturelle du Lez en 2000, et la serre amazonienne en 2007.