Diagnostic différentiel
La paranoïa ne doit pas être confondue avec
- La schizophrénie (pour laquelle on observe souvent un repli sur soi, un syndrome dissociatif, associés à un délire de type paranoïde, quoiqu'une entité schizo-paranoïde existe, bien indiquée depuis Bleuler (1911), qui se présente tantôt en parallèle à la paranoïa comme forme mixte de cette entité, tantôt comme sa forme dominante) ;
- La psychose hallucinatoire chronique (le mécanisme du délire y est presque uniquement hallucinatoire) ;
- La paraphrénie (le délire est à thème fantastique, imaginatif, sans persécution) ;
- La bouffée délirante aiguë (il s'agit d'adultes plus jeunes, les troubles apparaissent brutalement et sont transitoires, de l'ordre quelques semaine à quelques mois) ;
- Une confusion mentale ;
- Un syndrome démentiel débutant (association à une détérioration mentale débutante) ;
- Un trouble de l'humeur (certains cas de dépressions comportent un délire persécutif). Dans ce cas-là, les signes de paranoïa apparaissent de manière contemporaine au trouble de l'humeur ;
- Des éléments paranoïaques sont fréquemment observés au cours des encéphalopathies alcooliques comme le syndrome de Korsakoff ;
- Enfin, certaines tumeurs cérébrales, notamment dans la région du lobe frontal du cerveau, peuvent donner des tableaux évoquant la paranoïa.
Certains produits peuvent donner des réactions paranoïaques transitoires
On parle alors communément de bad trip ou de « trip parano ». Les produits suivants sont les plus souvent incriminés :
- Cannabis et tous les dérivés du THC
- Cocaïne et Crack
- Hallucinogènes
Utilisation du terme hors diagnostic psychiatrique
- Une étude du champ de la sociologie a mis en évidence que l'emploi abusif du terme paranoïa pouvait constituer un moyen de délégitimer la parole de groupes minoritaires.
- Selon certains auteurs, le fonctionnement paranoïaque pourrait être appliqué de manière collective à des groupes, notamment à certains groupes à fonctionnement totalitaire.
- Un diagnostic de paranoïa posé dans un contexte totalitaire est hautement suspect. Il a parfois été utilisé pour museler les opposants politiques en les faisant interner, comme en URSS : Alexandre Soljenitsyne fut ainsi considéré comme paranoïaque par les autorités de son pays.
- La paranoïa entretient des liens étroits avec la théorie du complot. Il est parfois très difficile de faire la part des choses, les délires paranoïaques apparaissant souvent comme fortement logiques et cohérents, ils sont susceptibles de convaincre les auditeurs. Dans un certain nombre de cas, les individus affirmant connaître une théorie du complot et se faisant le devoir d'en prévenir le monde sont des sujets paranoïaques.
- Enfin, quelques similitudes entre discours paranoïaques et discours religieux (communication personnelle avec Dieu, importance des croyants destinés à sauver le monde, complot allégué visant à éradiquer cette religion,...) peuvent prêter à identifications abusives dans un sens comme dans l'autre.>
Théories sur l'origine de la paranoïa
Il n'y a pas de cause univoque biologique ni génétique reconnue à la paranoïa. Pour la psychanalyse, la paranoïa trouve sa source dans une blessure narcissique précoce (lors des premières interactions entre un sujet, plus ou moins fragile, et son milieu, plus ou moins capable de le rendre encore plus vulnérable). Les premières identifications sont défaillantes et le trouble de la personnalité progresse souvent de manière latente jusqu'à l'adolescence. Freud et Lacan se sont intéressés à la psychanalyse de la paranoïa, notamment à travers l'étude de l'autobiographie d'un magistrat, le Président Schreber. Ils ont décrit des mécanismes de défense prévalents au cours de la paranoïa : le clivage du moi, la projection et le déni.