Le danger psychiatrique des patients affectés par des psychoses paranoïaques n'est pas à négliger. Il est d'autant plus à craindre :
Le risque est principalement l'évolution vers une psychose paranoïaque constituée. Elle n'est pas systématique, et le patient peut montrer jusque-là une parfaite adaptation sociale (normopathie).
Compte tenu du déni des troubles qui accompagne cette affection, bon nombre de personnes qui en sont atteintes restent sans suivi. Le délire paranoïaque installé est pris dans le caractère et prend le dessus sur la construction même de la personnalité. Souvent toute proposition de soins est interprétée comme une agression. Du fait des modalités relationnelles particulières des patients paranoïaques, et du risque que le soin amène un renforcement (ou une simple continuité) du processus paranoïaque, et à l'insu du thérapeute, la prise en charge n'est pas continûment possible en cabinet, et souvent elle est institutionnelle, faisant appel à une équipe pluridisciplinaire de soignants.
La relation thérapeutique avec le patient paranoïaque est difficile. Le risque est que le thérapeute soit initialement idéalisé, avant que cet amour ne se transforme en haine et en sentiment persécutif. Dans ces circonstances, il n'est pas rare que de tels patients développent une relation délirante avec leur médecin ou leur thérapeute. Il est ainsi important de garder toujours une position chaleureuse mais suffisamment distante, et de travailler en équipe autour du patient. Cette distance elle-même néanmoins peut apparaître au patient comme persécutrice et dévalorisante. Dans ce cas, il reste au thérapeute la ressource indiquée par Freud, d'inviter avec beaucoup de discrétion le patient à développer un peu d'humour (voir à ce sujet François Roustang dans son livre "Comment faire rire un paranoïaque ?").
La place des psychothérapies dans le traitement est restreinte pour ces patients qui ne se considèreraient généralement pas comme malades et qui possèderaient de faibles capacités d'introspection et de remise en question. Elles sont cependant parfois amenées à être proposées dans certains cas, et quand le patient est intelligent, elle se révèle fructueuse, qu'elle soit conduite par un psychologue ou un psychiatre, l'essentiel étant que le thérapeute puisse avoir une formation analytique.
Idéalement, les soins s'organisent en ambulatoire, mais dans certains cas, une hospitalisation est nécessaire :
En France, l'hospitalisation doit alors se faire sur le mode de l'hospitalisation sous contrainte, et plus précisément de l'hospitalisation d'office (HO), mesure administrative décidée par le Préfet et permettant l'hospitalisation des patients représentant un danger pour l'ordre public et la sûreté des personnes, lorsque ce danger est lié à un trouble mental. L'hospitalisation permet la prise en charge par une équipe soignante pluridisciplinaire, ce qui autorise le plus souvent un apaisement et une stabilisation des troubles si une relation thérapeutique parvient à être ébauchée.