En mathématiques, le paramétrage est un des procédés fondamentaux de définition des courbes, surfaces, et plus généralement des variétés.
C'est ainsi que pour donner corps au concept très général et très vague de courbe, on introduit une notion plus concrète d'arc paramétré. Celle-ci s'inspire directement des problèmes de cinématique.
On étudie par exemple de la succession des points de l'espace occupés par un point animé d'un mouvement dont on connaît la loi en fonction du temps. Ainsi la donnée d'une valeur du temps t permet la détermination de la position M(t) au temps t. En fonction des problèmes étudiés, il sera judicieux de décrire ce même mouvement en changeant de paramètre de référence, en remplaçant par exemple le temps par la distance totale parcourue.
La surface est un objet plus complexe, mais qui peut s'étudier en ayant recours à deux paramètres simultanément : on obtient alors une nappe paramétrée, pour laquelle la donnée de u et de v détermine un point M(u,v). Si on ne fait varier qu'un des deux paramètres, l'autre restant à une valeur fixe, on obtient un arc paramétré. Une nappe paramétrée peut en fait se concevoir comme formée d'une sorte de « grillage » dont les fils sont des arcs paramétrés. Il y a également une notion de changement de paramètre pour les surfaces, mais il faut passer d'un couple (u,v) de paramètres à un autre couple (u',v').
Plus généralement, le nombre de paramètres est lié à la notion de dimension de l'objet géométrique, généralisant le concept de dimension de l'algèbre linéaire. La définition formelle des paramétrages, changements de paramètres, fait intervenir le calcul différentiel.
L'objectif de la géométrie différentielle est de recenser un certain nombre de notions et grandeurs qui sont invariantes par changement de paramètres. Dans le cas d'un arc paramétré, par exemple, on dira qu'une telle notion ou grandeur relève non plus seulement de l'arc paramétré mais d'un objet mathématique nouveau, l'arc (ou la courbe) géométrique.
Un arc paramétré de classe
Dans un repère donné de E, la fonction f a des composantes
Dans la pratique une fonction f peut avoir pour domaine une réunion d'intervalles disjoints ; on étudiera alors séparément chacune des branches correspondantes de la courbe (cf connexité).
En géométrie différentielle on ne considère pas d'arcs qui seraient seulement continus. L'exemple de la courbe de Peano montre que leur comportement peut être très complexe.
Il est tout à fait possible que pour deux valeurs distinctes t et t' on ait f(t)=f(t'). On dira dans ce cas qu'on a affaire à un point multiple de l'arc. Pour gérer ce genre de situation, il convient de distinguer :
Ainsi dans le cas d'un point multiple, deux points de paramètres distincts ou plus coïncident avec le même point géométrique. On parle éventuellement de point double, triple, ou de multiplicité k si on connaît le nombre exact de valeurs du paramètre qui donnent ce point géométrique. Si l'arc n'a pas de point multiple (f injective), il est dit simple.
Dans le cas particulier où la fonction est périodique, on dit que la courbe est fermée. On préfèrera alors l'étudier sur une période, et parler de multiplicité des points relativement à une période. Ainsi la lemniscate de Bernoulli :
est fermée (2π périodique) et admet l'origine pour point double (t=0,π). Les courbes fermées ont un certain nombre de propriétés intéressantes détaillées dans l'article correspondant.
On se donne un arc de classe
Ainsi si
En fait il faut plus : pour assurer la compatibilité avec le calcul différentiel, on dira que g est un paramétrage admissible de l'arc si
En reprenant le changement de paramétrage
Les deux vecteurs dérivés sont colinéaires avec un rapport de colinéarité non nul.
Certaines notions sont inchangées par changement de paramétrage
En conséquence, on dira que ces notions peuvent être étendues à l'arc géométrique.
Mais certaines propriétés font intervenir l'orientation de l'arc, c'est-à-dire le sens de parcours. Dans ce cas il faut distinguer deux types de changements de paramètres
Dans le premier cas (respect de l'orientation), le changement de paramétrage conserve d'autres notions
On peut définir la notion d'arc géométrique orienté en se limitant à des changements de paramétrages respectant l'orientation.
On se place dans le plan euclidien orienté ramené à un repère orthonormal. Une façon fréquente de définir les courbes est de donner leur équation polaire r fonction de θ : r=h(θ). Il s'agit d'un cas particulier d'arc paramétré puisqu'on peut écrire x(θ)=h(θ).cos(θ),y(θ)=h(θ)sin(θ).
On peut se demander à quelle condition, pour un arc donné, on peut trouver une telle équation polaire. On se contente de traiter le cas des arcs qui ne passent pas par le point O lui-même, car celui-ci apporte des difficultés supplémentaires.
Propriété : passage à une équation «polaire paramétrique»
Si (I,f) définit un arc
Démonstration : par application du théorème de relèvement.
Propriété : condition de passage à une équation «polaire»
Avec les mêmes hypothèses si la fonction θ est un difféomorphisme, on peut prendre θ pour paramètre et obtenir ainsi une véritable équation polaire.