Solutions en science-fiction
Le premier paradoxe est toujours présenté comme le plus grand risque du voyage dans le temps. Il y a globalement deux voies pour s’en sortir :
- La première consiste à faire reposer cette responsabilité sur le voyageur : à charge pour lui d’éviter de créer tout paradoxe. Les conséquences de la création d’un paradoxe sont souvent floues, mais toujours effrayantes, pouvant aller jusqu’à la destruction de l’Univers (par exemple dans Retour vers le futur). En revanche, tant qu'on ne provoque pas de paradoxe, il est parfaitement autorisé de modifier radicalement l'histoire.
- La seconde issue est d’adopter l’hypothèse du multivers. On trouve cette hypothèse chez les X-Men. Rachel Summers envoya l’esprit de son amie Kitty Pryde dans le passé pour empêcher les événements survenus avant sa naissance et ayant abouti à la dictature des robots sentinelles. La mission réussit, mais Rachel voit son environnement inchangé. Elle se rend alors elle-même dans le passé. Elle comprend alors que le passé qu’elle a sauvé de la dictature des sentinelles est celui d’un autre univers. Elle ne peut rien faire là-bas pour modifier le passé de son univers. En revanche quand elle retourne dans son propre univers, elle emmène avec elle des amis qui l’aident à renverser les sentinelles. Mais comme elle est retournée dans son univers à une date postérieure à celle de son départ, Rachel n’a violé la causalité à aucun moment. Un autre exemple se retrouve dans le manga Dragon Ball Z : Trunks venu du futur où les cyborgs ont détruis l'humanité remonte le temps pour prévenir Sangoku des évènements futurs. Pourtant, lorsqu'il retourne à son époque, même lorsque les cyborgs ont été vaincue, son univers n'a pas changé. De plus, avertis du vol de la machine à voyage dans le temps par Cell, il empêche celui-ci de remonter dans le temps pour devenir l'être suprême dans un autre univers que celui où Sangoku et ses amis ont affronté Cell. On trouve alors trois multivers : celui où Trunks arrive à tuer Cell, celui où il n'y arrive (ce qui correspond à l'arrivée de Cell dans la trame principale), et la trame principale où le labo qui fabriquera le monstre a été détruis, et donc, où il n'existera pas et ne pourra remonter dans le passé.
- De même dans le film Un jour sans fin, le héros est condamné à revivre sans cesse des journées identiques... mais différentes et dont il se souvient. Il est donc à l'origine d'une multitude de multivers dont seul la première journée, débutant invariablement à 6h00, est exploitée jusqu'à ce que le multivers adéquat soit atteint et lui permette de continuer normalement sa vie.
- On trouve une voie intermédiaire dans laquelle il n’existe pas de multivers mais où les voyageurs venus du futur ne sont pas affectés par ce qui pourra advenir dans le futur à cause de leurs actions. C’est la solution adoptée par exemple dans Terminator 2: Le Jugement dernier. Le Terminator provoque la destruction dans l'œuf du projet qui lui a donné naissance. Dans La Patrouille du temps, le professeur explique ce phénomène ainsi : même si vous tuez votre grand-père avant qu'il n'ait d'enfants, le fait de commettre cet acte fait que vous existez dans l'espace-temps, peu importe le fait que dans la réalité en place vous ne soyez jamais né.
- Une dernière solution consiste à déclarer qu'il n'existe qu'une seule trame temporelle. Dans ce cas, toutes les actions du voyageur temporel auront en fait eu lieu dans ce qui était le passé avant son voyage (il peut en être plus ou moins conscient). Bien sûr, le paradoxe du grand-père ne peut survenir dans ce cas, qui est aussi le seul à permettre le paradoxe de l'écrivain. Le film L'Armée des douze singes suit non seulement cette voie, mais insiste particulièrement pour le faire sentir au spectateur, en même temps que le héros lui-même prend conscience de son impuissance à changer ce qui était le passé quand il est né.
- Ou dans des livres comme Artemis Fowl 6: Le paradoxe du temps, où chaque oubli, chaque faute de la part des personnes qui remontent le temps peut donner suite à une tragédie, au retour du voyage dans le temps.
La solution du multivers a l’avantage de résoudre tous les problèmes logiques et même physiques (la conservation de la masse se fait à l’échelle du multivers et la causalité est respectée, si l’on considère que le temps du multivers ne correspond pas aux même dates dans tous les univers). Mais elle est moins intéressante pour de nombreux auteurs puisqu’elle interdit de modifier son propre passé.
Le cas du paradoxe de l'écrivain est plus étrange : dans l’hypothèse du multivers, il est évidemment exclu. Qu’en est-il chez les auteurs ne considérant qu’un seul univers ? Eh bien ce paradoxe est souvent autorisé, si douteux soit-il d’un point de vue logique. Prenons l’exemple d’Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban : Harry survit à sa rencontre avec les détraqueurs parce qu’un homme a lancé un sort pour les mettre en fuite. Il fait ensuite un saut de quelques heures dans le passé. Au cours de ce saut, il lance le sort qui lui a sauvé la vie. Tout semble cohérent. Sauf que sa mort face aux détraqueurs, entraînant l’absence de voyageur temporel, serait aussi une solution cohérente.
Finalement, l’utilisation de boucles de causalité apparaît comme une licence poétique accordée à la plupart des auteurs utilisant le voyage dans le temps.
Certains auteurs s’autorisent à passer d’une voie à l’autre. Par exemple, parmi les solutions proposées, on observe que les deux premiers films de la série des Terminator emploient chacun une solution différente (et donc, le premier film s'achève en un paradoxe de l'écrivain, le deuxième en un paradoxe du grand-père).
D'autres auteurs adoptent complètement l'idée du multivers, en l'agrémentant d'autres possibilités offertes par les univers parallèles. Par exemple un voyageur temporel se retrouve dans un autre univers, mais pas un univers identique au sien avant la date de son arrivée dans cet univers: un autre univers du multivers d'Everett, qui s'est différencié de son univers suite à un phénomène de physique quantique.