Paracelse - Définition

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Pilier 1 : la philosophie

Dans le Paragranum (1531), Paracelse fait reposer sa médecine sur « quatre piliers » : « la philosophie, l'astronomie, l'alchimie, et la vertu » du médecin.

Paracelse avait rejeté les traditions Gnostiques, mais conservé une grande partie de la philosophie hermétique, néoplatonicienne et pythagoricienne à la suite de Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole.

Ses vues tirées de la philosophie hermétique proclamaient que la maladie et la santé du corps dépendent de l'harmonie entre l'homme, le microcosme et la Nature, le macrocosme. La grande idée philosophique de Paracelse est celle de microcosme.

Il développe la théorie des signatures. La forme, la couleur des plantes, des animaux, des mains, etc. indiquent leurs affinités, correspondances avec d'autres choses, comme les organes. Par exemple, « la racine de satyrion (orchis) est formée comme les organes génitaux de l'homme (grec orchis: testicule), elle promet donc de restaurer par voie magique la puissance et le désir sexuels »

Selon Daniel-P. Walker, « dans les écrits de Paracelse, si on les additionne tous, l'homme a trois corps (élémentaire, sidéral, céleste), deux âmes (éternelle, vitale), quatre esprits (terrestre, sidéral, animal, divin. » Mais sa théorie des corps subtils est difficile à cerner. Alexandre Koyré voit les choses ainsi : le microcosme reflète le macrocosme ; le macrocosme (ou Univers) a trois étages : monde matériel, monde astral (Gestirn, Astrum, Âme du monde) et Dieu ; le microcosme (ou homme) est, lui aussi triple, composé de corps, âme et esprit, c'est-à-dire de matière, astre et Dieu ; de la sorte, 1) le corps matériel a pour double l'esprit corporel, qui subsiste un certain temps après la mort comme « ombre » ou « larves » ; 2) l'âme, qui est force et conscience, a pour double le corps astral (evestrum), qui permet aux mages de communiquer entre eux ; et 3) l'esprit a pour double le corps spirituel.

La médecine

Paracelse distingue cinq méthodes médicales (plantes contraires, médicaments, verbe, herbes et racines semblables, enfin foi) :

On trouve cinq méthodes possibles de médecine, dont chacune subsiste séparément, indépendante des autres (...) La médecine est double : la médecine clinique ou physique, et la médecine chirurgicale. (...) [1] Ceux qui appartiennent à la première faculté ou secte s'appellent Naturels, parce qu'ils traitent les maladies uniquement d'après la nature des plantes... Ils soignent le froid par le chaud... par leurs contraires. Et les défenseurs de cette secte furent Avicenne, Galien, Rhazis... [2] Ceux qui appartiennent à la deuxième secte sont appelés communément Spécifiques, parce qu'ils traitent toutes les maladies par la forme spécifique ou entité spécifique... Ces médecins guérissent toutes les maladies par la force spécifique des médicaments. À cette classe appartiennent [les] empiriques ainsi que tous ceux qui, parmi les Naturels, font usage de purgations... [3] Les troisièmes se nomment Caractéristiques, car ils guérissent toutes les maladies au moyen de certains caractères... Cette opération s'accomplit par la parole... Les auteurs et maîtres sont Albert le Grand, les Astrologues, les Philosophes et plusieurs autres. [4] Les quatrième s'appellent Spirituels, parce qu'ils savent coaguler l'esprit des herbes et des racines... De cette secte furent quantité de médecins illustres, comme Hippocrate et beaucoup d'autres. [5] Les cinquièmes s'appellent Fidèles, parce qu'ils combattent et guérissent les maladies par la foi... Le Christ lui-même, avec ses disciples, nous en a donné un exemple.

Ensuite, il distingue cinq origines aux maladies, qui correspondent à des maladies constitutionnelles (empoisonnements ou infections, incidences climatiques et cosmiques, maladies mentales, enfin action de Dieu sur le déroulement des maladies) :

« Il y a cinq entités qui produisent et engendrent toutes les maladies, de chacune desquelles provient chaque maladie (...). [1] [La force que renferment en eux les astres] agit de telle sorte en notre corps qu'il est complètement soumis à leur opération et à leur impression. Cette force des astres est appelée entité astrale (ens astrorum)... [2] La seconde force ou puissance, qui nous trouble violemment et nous précipite dans les maladies, est l' 'entité vénéneuse (ens veneni)... [3] La troisième force est celle qui affaiblit et use notre corps... On l'appelle entité naturelle (ens naturale). Cette entité se perçoit si notre corps est incommodé par une complexion immodérée ou affaibli par une complexion mauvaise... [4] La quatrième entité s'entend des esprits puissants, qui blessent et débilitent notre corps qui est en leur puissance... : entité spirituelle (ens spirituale)... [5] La cinquième entité qui agit en nous, c'est l' entité divine (ens Dei). (...) Il existe cinq pestes : une provenant de l'entité de l'astre, une autre de l'entité du poison, une troisième de l'entité de la nature, une quatrième de l'entité des esprits, et la dernière de l'entité de Dieu. (...) Ceci n'est pas du style chrétien, mais païen. »

Paracelse a étudié ce qu'il appelle les « maladies invisibles » (Von den unsichtbaren Kranckheiten, 1531, 1ère éd. 1567), et leurs causes. Les délires viennent de l'imagination ou de la foi.

Chirurgie et médecine expérimentale

Le grand livre de médecine de Paracelse est le Paragranum. Liber quatuor columnarum artis medicae (1531). En médecine, Paracelse enseigna la théorie des signatures, mais ses idées n'ont pas été toutes bien comprises à son époque.

Paracelse fut un pionnier de l'utilisation en médecine des produits chimiques et des minéraux. Vers 1526 il a inventé le mot « zinc » pour désigner l'élément chimique zinc, en se référant à l’aspect en pointe aigue des cristaux obtenus par fusion et d’après le mot de vieil allemand zinke signifiant pointe.

Il a utilisé l'expérimentation pour développer les connaissances sur le corps humain. Il est considéré comme un des pères de la médecine expérimentale. Il est à l'origine de l'émancipation de la médecine par rapport aux anciennes croyances spéculatives. Pour lui la seule vraie médecine doit être basée sur l'expérience. Expérimenter la Nature pour soulager la souffrance de ses semblables, c'est ce qu'il fit durant toute sa vie.

Chirurgien largement en avance sur son époque, il préconisait de maintenir les plaies propres. Au lieu de faire souffrir en détergeant ou en brûlant les chairs, il préférait utiliser la mumie, composé à base d'huiles essentielles. Ou encore les procédés alchimiques tels que les sels de cuivre ou l'argent.

Le précurseur de la toxicologie

Monument dédié à Paracelsus à Beratzhausen, Bavière

Paracelsus, parfois considéré comme le père de la toxicologie, a écrit:

Alle Ding sind Gift, und nichts ohn Gift; allein die Dosis macht, das ein Ding kein Gift ist.
« Rien n'est poison, tout est poison: seule la dose fait le poison. »

Cela signifie que des substances souvent considérées comme toxiques peuvent être anodines ou même bénéfiques à petites doses ; inversement, une substance en principe inoffensive comme l'eau peut s’avérer mortelle si on l’absorbe en trop grande quantité. Il a vu que le mercure soigne la syphlilis, mais, mal dosé, tue.

Il a écrit des ouvrages majeurs Des mineurs et De la maladie des montagnes [mines] (Von der Bergsucht) (1533). Il décrit les risques professionnels, pulmonaires, liées à l’extraction des minerais et au travail des métaux, il aborde le traitement médical et les stratégies de prévention. Cela fait de lui le précurseur de la médecine du travail. La maladie qu’il a décrite et qu’on connaissait à l’époque sous le nom de « mal des montagnes » était due à une irradiation par le radon, un gaz formé par la désintégration du radium qui se dégage des roches, surtout dans les régions granitiques et volcanique et uranifères, et qui s’accumule dans l’atmosphère des cavités souterraines mal ventilées (caves, mines). Son inhalation prolongée peut provoquer un cancer du poumon chez les professionnels exposés (les mineurs) et même chez les habitants des maisons polluées par ces émanations naturelles. Le radon serait responsable de 9 % des décès par cancer du poumon en Europe.

Paracelse a également écrit un livre sur le corps humain qui contredit les idées de Galien. Galien avait avancé la théorie selon laquelle la maladie est provoquée par un déséquilibre entre les quatre humeurs: le sang, le flegme, la bile noire et la bile jaune. Il recommandait des régimes alimentaires spécifiques pour le « nettoyage des humeurs putrides » et utilisait souvent, la purge et la saignée. Cette théorie a été acceptée, jusqu'à ce que Paracelse la conteste, par tous ceux qui croient que la maladie est le résultat d’une attaque du corps par des agents extérieurs.

Le précurseur de la médecine psychosomatique, etc.

On[réf. souhaitée] lui attribue la première mention clinique ou scientifique de l'inconscient. Il écrit :

« Ainsi, la cause de la maladie connue sous le nom de chorée est une simple question d’opinion et d'idée, suscitée par l'imagination, affectant ceux qui croient à ce qui leur a été suggéré. Cette idée et cette opinion sont à l'origine de la maladie à la fois chez les enfants et les adultes. Dans le cas des enfants c’est aussi l'imagination, fondée non pas sur la réflexion mais sur la perception, parce qu'ils ont entendu ou vu quelque chose. La raison en est la suivante : la vue et l'ouïe sont si forts qu’ils ont inconsciemment fantasmé sur ce qu'ils ont vu ou entendu. »

Il pressentit[réf. souhaitée] l'organothérapie (utilisation des tissus, glandes ou organes à l'état naturel ou sous forme d'extraits) : « Prends du fiel de bœuf pour la cirrhose hépatique et de l'extrait splénique [de rate] pour les obstructions de la rate. »

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