Paludisme - Définition

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Traitements

Dans les zones endémiques, les traitements sont souvent peu satisfaisants et le taux de mortalité global pour tous les cas de paludisme peut atteindre un sur dix[réf. souhaitée]. L'utilisation massive de thérapies dépassées, de faux médicaments et la mauvaise anamnèse des symptômes sont responsables du mauvais bilan clinique.

Les anciens traitements

L'endoparasite peut être combattu par différentes molécules soit en traitements curatifs soit en prophylaxie. Ces différentes thérapies sont plus ou moins efficaces suivant les régions et les taux de résistances acquis car, tout comme le DDT (insecticide le plus utilisé dans les années 1960), les médicaments efficaces il y a 30 ans, comme la chloroquine, ne le sont plus aujourd'hui.

Pourtant, ces formulations obsolètes sont encore massivement utilisées dans les pays touchés. Faisant partie du tiers monde, ils n'ont pas les moyens de migrer leur protocole de soins vers un outil plus onéreux comme l'utilisation des ACT (Artemisinin-based combination therapy). Pendant longtemps, les traitements faisaient appel à la chloroquine, la quinine et la SP (sulfadoxine-pyriméthamine) et dans une moindre mesure la méfloquine, l'amodiaquine et la doxycycline. Ces molécules furent des armes très efficaces pour lutter contre les parasites du paludisme mais leur prescription sans contrôle a favorisé l'émergence de souches résistantes. Selon l'OMS, un traitement est efficace si le taux d'échec est inférieur à 5 % ; s'il dépasse 25 %, il faut changer de protocole.

La chloroquine, qui fut le premier anti-malarique de synthèse, a longtemps été administrée en priorité pour soigner les patients. Le parasite en se nourrissant de l'hémoglobine divise celle-ci en acides aminés produisant de la ferritine, toxique pour lui, qu'il transforme et stocke, dans sa vacuole digestive, sous forme de cristal inerte. La chloroquine, en pénétrant la cellule infectée, stoppe la transformation protectrice de la ferritine en cristal inerte faisant accumuler ce fer toxique. Le parasite est, ainsi, tué par ses propres déchets.

C'était un médicament qui présentait de nombreux avantages, notamment son faible coût et l'absence d'effets secondaires. Aujourd'hui, malheureusement, les soins à base de chloroquine échouent à plus de 25 % dans les pays d'Afrique subsaharienne touchés par le paludisme. Or, ils sont toujours employés.

Cette résistance est due à l'allèle mutant PfCRT (Plasmodium falciparum Chloroquine Resistance Transporter) K76T. Cette mutation draine la chloroquine hors de la cellule infectée mais entraînerait toutefois une moins bonne adaptation du parasite à son milieu. Le Malawi est le premier pays africain à avoir abandonné la chloroquine dès 1993, conduisant à une réapparition des souches sensibles qui redeviennent alors hautement majoritaires.

Là où la chloroquine n'a plus d'effet, on utilise un médicament appelé « médicament de deuxième intention » : la SP (comme le Fansidar® produit par Roche). Cette molécule contourne la résistance à la chloroquine. Cinq ans seulement ont suffi pour que des souches résistantes apparaissent. On adapte alors le traitement en recourant à un « médicament de 3e intention » : la quinine, administrée per os dans les cas bénins ou par perfusion dans les cas aigus. Mais, ces traitements sont aussi confrontés à de nouvelles résistances de la part du parasite.

Les ACT

Face au paludisme, il n'existe, en 2006, qu'un seul traitement véritablement efficace : les ACT (Artemisinin-based combination therapy : combinaisons à base d'artémisinine) tous obligatoirement génériques. Un traitement recommandé par l'OMS mais qui reste encore cher. Bien que des résistances de Plasmodium falciparum à l'artémisinine ont pu être produites en laboratoire, démontrant ainsi la possibilité d'une telle complication, à l'état naturel aucune résistance n'est pour l'instant répertoriée en trithérapie associant le SP (sulfadoxine-pyriméthamine). Le principal inconvénient reste son prix, qui le rend inaccessible pour de nombreux pays en voie de développement.

L'OMS et le groupe pharmaceutique Novartis, fabricant de l'artéméther (dérivé semi-synthétique de l'artémisinine)-luméfantrine (molécule synthétique antimalarique) commercialisé sous le nom de Co-artem®, ont conclu un accord au terme duquel Novartis fournit le médicament au prix de revient (0,9 et 2,4 USD pour les traitements enfant et adulte respectivement). C'est un comprimé jaune rond et plat, aux bords chanfreinés et muni d'une barre de cassure sur une face. "N/C" est gravé sur une face et "CG" sur l'autre. Lors de la prise, il est conseillé de consommer une boisson forte en lipides (lait) et de continuer à s'alimenter pour faciliter l'absorption de la luméfantrine. Pour un sujet dont le poids est supérieur ou égal à 35 kg, une première prise de 4 comprimés immédiatement après le diagnostic, une seconde à + 8h, puis 4 comprimés 2 fois par jour pendant les 2 jours suivants. A noter que le Co-artem® est commercialisé sous le nom de Riamet® dans les pays développés. Seul le prix change (38,05 EUR la boîte de 12 comprimés - prix 2009 en Belgique).

D'autres initiatives comme la DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) créée par MSF et le groupe Sanofi-Aventis ont vu le jour pour aboutir à la fabrication de l'Asaq® à base d'artésunate et d'amodiaquine. La dose fixe coûte moins de 38 centimes d'euro pour les enfants de moins de 5 ans et moins de 77 centimes d'euros pour les adolescents et les adultes.

De nouveaux ACT arrivent sur le marché : dihydroartémésinine-pipéraquine commercialisé sous le nom de Eurartekin® ou Duocotexin® et l'artémésinine-pipératique commercialisé sous le nom de Artequick®.

L'artémisinine (qing hao su 青蒿素 en chinois), issue d'Artemisia annua une plante d'origine chinoise (qing hao (青蒿) en chinois), a largement prouvé son efficacité en Asie. Des études menées en laboratoire et dans de nombreux pays impaludés démontrent à la fois son efficacité et sa facilité d'administration. Elle élimine plus rapidement les parasites présents dans le sang.

La prescription d'artémisinine, sous forme d'infusions issues d'armoise annuelle (Artemisia annua) peut s'avérer très efficace. Cependant, et bien que ce remède soit traditionnellement employé avec succès en Chine depuis des millénaires, l'élargissement de son utilisation systématique à des zones biogéographiques très vastes et différentes (par exemple à la plus grande part de l'Afrique subsaharienne) est sujette à d'importantes mesures de précaution, notamment recommandées en 2006 par l'OMS : il faudrait à tout prix éviter l'irréversible sélection de souches résistantes résultant d'une monothérapie et/ou de dosages incontrôlés. Malgré cela, en mai 2009 deux études indépendantes, menées au Cambodge et en Thaïlande, ont rapporté pour la première fois une augmentation significative de la résistance, in vivo, (avec et sans modification génétique) de P. falciparum (PfMDR1 = P. falciparum multidrug-resistance gene) à l'artémisinine en monothérapie ou, en bithérapie, associée à la méfloquine, et ce, probablement en conséquence de pratiques et de traitements incorrects. Les dosages incontrôlés sont inhérents à toute préparation issue de plantes, puisque les conditions météorologiques, les qualités des sols, ou les protocoles de récolte, souvent artisanaux, sont imprévisibles et donc naturellement incontrôlables. Il serait par conséquent très irresponsable de promouvoir, par exemple, à large échelle la culture de la plante et la monothérapie basée uniquement sur l'administration de tisane artisanale d'Artemisia annua qui en dérive.

Pour augmenter son effet, mais aussi retarder l'apparition de résistances, l'artémisinine est donc administrée en association avec une autre molécule, SP (sulfadoxine-pyriméthamine), amodiaquine ou méfloquine : ce sont les ACT (de l'anglais, artemisinin-based combination therapy), combinaisons thérapeutiques associant l'artémisinine à d'autres antipaludiques d'une classe thérapeutique différente. La faible parasitémie résistante à l'artémisinine est éliminée par le deuxième antipaludéen d'action plus durable. Dans les schémas thérapeutiques avec une prescription d'ACT pendant 3 jours, le composé d'artémisinine n'est présent dans l'organisme que durant deux cycles asexués de l'hématozoaire (autre nom donné au protozoaire) (chaque cycle durant 2 jours, sauf pour les infestations à P.malariae qui dure 3 jours). Cette exposition à 3 jours de traitement par l'artémisinine réduit le nombre de plasmodies (nom donné au protozoaire du Plasmodium) présentes dans l'organisme d'un facteur approximativement égal à 100 millions. Toutefois, l'élimination complète des plasmodies repose sur l'efficacité de la SP associée, qui doit persister à des concentrations parasiticides jusqu'à ce que tous les hématozoaires infestants aient été tués. Ainsi, ceux-ci doivent être éliminés relativement lentement. Le résultat est que le composé d'artémisinine est « protégé » de la résistance par le médicament qui l'accompagne pour autant que ce dernier soit efficace, et ce médicament d'accompagnement est lui-même partiellement protégé par le dérivé de l'artémisinine. Les schémas thérapeutiques d'ACT d'un ou deux jours ne sont pas recommandées ; ils sont moins efficaces et confèrent une protection moindre pour l'antipaludique s'éliminant lentement.

En 2002, l'OMS a publié une recommandation claire sur la nécessité d'utiliser les ACT dans les pays touchés par les résistances aux antipaludéens classiques. Sur l'avis d'experts internationaux, elle recommande l'introduction de polythérapies pour remplacer les monothérapies dans le traitement du paludisme et préconise en particulier le recours à des associations médicamenteuses contenant des dérivés d'artémisinine.

Cependant, une monothérapie (à base d'artémisinine, d'artésunate ou d'arthéméther ainsi que leur métabolite commun : la dihydroartémisinine) administrée sous forme de Rectocap™ (artésunate en gel enrobé de gélatine pour former un suppositoire résistant aux manipulations et à la chaleur) de 200 mg. peut s'avérer particulièrement utile quand les patients sont incapables d'ingérer (vomissements répétés, impossibilité de manger/boire/téter, convulsions récurrentes, absence de réactions à la douleur, coma, absence de réactions psychomotrices) ou quand les présentations injectables ne sont pas disponibles ou qu'elles sont impossibles à administrer. Cette monothérapie (monodose (minimum 8,5 mg/kg) de 10 mg/kg est ce qui le plus communément conseillé) induit une réaction parasitaire dans les 12 heures et est supérieure à la quinine dans les 24 heures. Elle doit impérativement être suivie, dès que possible, par un traitement avec une association médicamenteuse d'ACT. A noter, aussi, que l'utilisation d'une capsule rectale est préférable à une injection intra-musculaire. N'importe qui est capable de l'appliquer, il n'y a aucun risque d'infection par l'aiguille et la durée de réponse du produit est plus rapide.

Produit en assez faibles quantités, les ACT sont plus cher que la chloroquine. Un traitement de première ligne chloroquine ou SP coûte actuellement entre 0,2 et 0,5 USD, alors qu'un traitement ACT oscille entre 1,2 et 2,4 USD, soit cinq à six fois plus. Pour de nombreux patients, cette différence est le prix de leur survie. Un prix que, malheureusement, bien peu de personnes en Afrique peuvent payer. Seule une fabrication à plus grande échelle et, ou une aide financière plus importante des pays riches pourrait faire significativement baisser les coûts de production.

Faux médicaments

De faux médicaments supposément anti-paludéens circulent en Thaïlande, au Viêt Nam, au Cambodge et en Chine ; ils forment une cause importante de la mortalité, qui serait pourtant évitable. En août 2007, la société pharmaceutique chinoise Holley-Cotec a été obligée de retirer 20.000 doses de son médicament à base d'artémisinine DUO-COTECXIN® au Kenya parce que des contrefaçons, en provenance d'Asie, contenant très peu d'ingrédients actifs et incapables d'une quelconque thérapie circulaient sur le marché à un prix 5 fois moindre. Il n'existe pas de moyen simple pour les médecins comme pour les patients de distinguer un vrai médicament d'un faux, sans l'aide d'un laboratoire. Les compagnies pharmaceutiques tentent de combattre les faux médicaments en utilisant de nouvelles technologies sécurisant le produit de la source à sa distribution.

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