Palais Rose de l'avenue Foch - Définition

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Destruction d'une œuvre majeure et dispersion des collections

En 1966, les cinq cohéritières firent déposer par l'architecte de la préfecture de Paris, André Malizard, une demande préalable de démolir et firent établir un projet de construction d'un immeuble de luxe.

Un compromis fut établi par la suite avec André Remondet, architecte conseil de la Ville, qui prévoyait de conserver l'escalier d'honneur et la façade sur l'avenue Foch mais cette demi-mesure fut refusée par le Conseil des Bâtiments de France.

En 1968, la Ville de Paris repoussa l'offre d'achat et il fut finalement vendu à M. Tullio Deromedi, entrepreneur de travaux publics qui, avant même la signature du permis de démolir, fit dès le printemps 1969 déposer stucs, glaces, boiseries, plaques de marbre et devantures de cheminées ; les déprédations furent alors nombreuses, des particuliers subtilisant des poignées de porte et autres éléments, dont la grande fontaine du jardin d'hiver.

L'acquéreur se réserva et fit remonter pour lui-même certains éléments dont les marches de l'escalier d'honneur - pesant chacune une demi-tonne - les balustrades et la piscine de marbre blanc, dans sa propriété de Pontgouin près de Chartres, avant de mettre en vente le reste des vestiges.

Les collections d'art réparties entre les co-héritières, les œuvres "mineures" furent dispersées dans plusieurs ventes aux enchères publiques au palais Galliera à Paris, où les quatre lanternes dorées du vestibule atteignirent la somme de 40 000 francs.

Lors de la démolition du gros-œuvre au bélier, de juin à septembre 1969, les ouvriers trouvèrent dans des placards sous combles une série de costumes masculins et féminins, des livrées, des chaussures, des livres et de la correspondance.

Depuis lors, les deux autres exemples de telles "folies" inspirée du Grand Trianon existent encore de nos jours :

  • La « Palais Rose » du Vésinet (Yvelines), de dimensions plus modestes mais plus fidèle au modèle original puisque ne comportant qu'un seul "rez-de-jardin", construit vers 1900 pour l'ingénieur Arthur Schweitzer. Cette demeure fut acquise en 1908 par l'écrivain et esthète Robert de Montesquiou, ami de Marcel Proust qui l'habita jusqu'en 1921.
  • l'hôtel, également en rez-de-jardin, situé au 3, rue d'Andigné à Paris, offrant un avant-corps central en rotonde sur jardin, qui fut vendu le 25 mars 2005 à l'homme d'affaires Xavier Niel.

Depuis 1974, à l'emplacement du « type le plus achevé des hôtels particuliers parisiens jusqu'à la Première Guerre mondiale et testament artistique d'une époque révolue », s'élève la résidence « 50, avenue Foch » comprenant environ 90 appartements et studios, ainsi que des locaux commerciaux sur dix étages, dessinée par l'architecte danois Henrik Lassen, « qui ne se distingue en rien des nombreuses réalisations de grand standing des années 1970 dont la sobriété tend à l'indigence ».

Splendeur et décadence

Le Palais Rose fut inauguré en 1902 et les Castellane y donnèrent, jusqu'en 1906, des réceptions fastueuses accueillant jusqu'à 2 000 invités à l'exemple de la fête donnée en l'honneur des souverains d'Espagne et du Portugal, le 12 décembre 1905.

En janvier 1906, sur les instances de sa famille américaine fort inquiète des ruineuses prodigalités de son époux - qui avait également acquis en 1899, puis restauré et meublé le château du Marais dans l'Essonne) ainsi que celui de Grignan dans la Drôme - la comtesse demanda et obtint une séparation de corps, suivi du divorce, prononcé le 5 novembre suivant.

Anna Gould se remaria avec Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937) duc de Talleyrand et prince de Sagan, cousin de Boni, dont le chiffre fut alors effacé du Palais Rose, où l'on monta des boiseries Louis XV dans le petit salon et aménagea des chambres d'invités dans le petit théâtre.

En 1939, alors veuve depuis peu, la duchesse partit pour les États-Unis.

De 1940 à 1944, le Palais meublé fut occupé par le général Carl-Heinrich von Stülpnagel, commandant du "Gross Paris".

Il fut mis ensuite à la disposition du gouvernement français qui, en 1949, y organisa la "conférence des Quatre Grands" sur le problème allemand et, en 1955, un conseil des ministres des Affaires étrangères.

La duchesse pensa un moment le léguer à l'Académie Charles-Cros présidée par son ami Arthur Honegger, dont la mort fit échouer le projet. Elle-même disparut à 86 ans, en 1961.

Au début de l'année 1962 et en raison de l'indivision successorale, ses cinq héritières - dont sa fille Helen-Violette (1915-2003), successivement en 1937 comtesse James de Pourtalès puis en 1964, Madame Gaston Palewski - mirent en vente l'immeuble pour une somme évaluée entre 40 et 50 millions de "nouveaux francs".

Il fut suggéré au gouvernement de le classer monument historique, demande que repoussa la Commission supérieure des monuments historiques, « en raison de (son) absence de valeur archéologique » et du fait que l'ouvrage se trouvait hors du périmètre du site classé de l'avenue Foch.

Une association de sauvegarde se constitua alors. Échouèrent successivement les projets d'en faire la résidence des hôtes de marque de l'État ou de la ville de Paris, celui de la ville de Neuilly-sur-Seine d'y créer un palais de la Culture, le siège de l'ambassade de République populaire de Chine, nouvellement reconnue, un centre international de conférences ou encore - idée alors très avant-gardiste - d'un musée consacrée au XIXe siècle - réalisé plus tard dans l'ancienne gare d'Orsay (qui fut elle aussi menacée de disparition) - tout comme son démontage et sa reconstruction dans le bois de Boulogne qui aurait coûté dix millions de francs.

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