L'ours se voit attribuer une profonde symbolique depuis l'époque préhistorique et occupe une place de premier plan dans l'imaginaire occidental. Sa réputation de grande force est issue en partie de sa morphologie, et du fait qu'il n'ait quasiment aucun prédateur dans les régions où il fut longtemps présent.
Michel Pastoureau défend une thèse selon laquelle l'ours fut considéré comme le roi des animaux partout en Europe jusqu'au XIIe siècle, notamment chez les Celtes, Germains, Slaves, Scandinaves et Baltes, avant sa diabolisation par les autorités chrétiennes qui installèrent le lion sur le trône animal à sa place, dans le but de lutter contre les pratiques païennes associées à l'ours, mais aussi pour effacer un animal qui « se posait en rival du Christ ».
Il semble que l'ésotérisme islamique ait attribué à l'ours une image d'animal « vil et répugnant ». Dans la symbolique chinoise, il vient des montagnes, s'oppose au serpent, et est considéré comme yang, c'est surtout un animal viril, courageux, puissant et fort, capable de rivaliser avec le tigre.
Il existe bon nombre de croyances, partagées en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, pour évoquer le fait que l'ours se dévorerait lui-même ou sucerait l'une de ses pattes antérieures afin de passer l'hiver. Elles pourraient avoir un rapport immédiat avec toutes les propriétés attribuées aux différentes parties du corps et à la bile. Ainsi, la consommation de pattes d'ours revêt une dimension chamanique en transmettant les qualités de la bête. La tête de l'ours fut réputée être son point faible durant l'Antiquité et le Moyen Âge occidental, par opposition au reste de son corps, ce qui en fait de facto un animal vu symboliquement comme stupide. Son mode de vie le fait plutôt voir comme un animal misanthrope et de manière générale, il semble culturellement s'opposer au loup. L'œil de l'ours se voit prêter des facultés magiques, et devient capable de tout pénétrer et tout transpercer.
D'une manière générale, « par delà les écarts culturels énormes entre Celtes, Sibériens, Algonquins ou Chinois, les images voisines que ces peuples se forgèrent de l'ours montrent l'extraordinaire unité de l'imaginaire humain ».
Le cycle de vie de l'ours, qui comprend l'hivernation, le met en lien étroit avec une symbolique de la régulation du temps selon les ethnologues. Les multiples fêtes qui lui sont consacrées mettent cet aspect en avant comme Arnold Van Gennep l'a constaté, l'ours « maître du temps puissant à venir » y régule le jour et la nuit, mais aussi et surtout le passage des saisons dans leur succession et leur opposition, introduisant un rythme vital et une périodisation. De même, en Sibérie et en Alaska, l'ours semble assimilé à la lune parce qu'il disparaît en hiver et réapparaît au printemps, ce qui le rapproche du cycle végétal, également soumis aux influences lunaires.
Dès l'Antiquité, l'ours fut considéré comme « un ancêtre, un parent ou un cousin de l'être humain » et il a été vu durant une large partie de l'histoire comme l’un des trois animaux les plus proches de l'homme, avec le singe et le porc. Le porc comme le singe souffraient d'une très mauvaise réputation dans l'Europe chrétienne. Il faut attendre les progrès de la biologie et de la médecine, notamment les travaux de Charles Darwin, pour que le singe et le porc soient revalorisés sur l'ours dans ce rôle.
L'ours est en effet un animal anthropomorphe qui peut facilement se tenir debout, dressé sur ses pattes postérieures. Son statut de « plantigrade » le rapproche donc de l'homme par rapport aux autres mammifères, de plus, débarrassé de ses poils, son corps est très semblable à celui de l'homme. L'ours est capable de saisir des objets avec ses pattes antérieures (lesquelles sont proches d'une main humaine) tout comme de prendre des postures humaines, de danser et de nager, son régime alimentaire étant généralement omnivore. Du fait de ces caractéristiques, le déguisement en ours et l'identification à cet animal sont assez simples pour l'être humain, des déguisements et imitations d'ours sont en effet attestés à toutes les époques dans de nombreuses cultures, depuis l'Antiquité, jusqu'aux fursuit (costumes) des amateurs de furry à notre époque. De ce fait, l'ours est souvent symboliquement perçu comme un homme, même dans les histoires où il est métamorphosé, et ce aussi bien sur le continent européen, américain ou asiatique. Dans les contes, l'ours est capable de mettre au point des ruses pour ravir des jeunes femmes. L'image anthropomorphe de l'ours qui sort de sa caverne au printemps, se dresse sur ses pattes et regarde face à lui peut apparaître comme maternelle, nourricière, protectrice et initiatrice.
![]() Deux oursons bruns jouant debout dans l'eau. | ![]() Ours dansant pour un montreur d'ours à Arundel, Sussex. |
L'anthropomorphisme de l'ours explique peut-être les nombreuses légendes sur ses mœurs sexuelles. Pline l'Ancien disait que les ours s'accouplent à la façon des hommes, en s'enlaçant et en s'embrassant. Cette légende fut longtemps reprise, et remise en cause au XVIIe siècle seulement. L'évêque Guillaume d'Auvergne écrivit ainsi vers 1240 que la chair de l'ours a le même goût que celle de l'homme, le sperme de cet animal la même consistance que celui de l'homme, et que l'accouplement d'un ours et d'une femme donne naissance à des enfants humains. La croyance en un couple femme-ours stable et fécond est quasi universelle, partagée aussi bien par les Européens, les Asiatiques et les Amérindiens. Il existe aussi un très grand nombre de contes, légendes et d'histoires pour mettre en exergue cette attirance des ours mâles pour des femmes dont ils tombent amoureux, et qu'ils enlèvent ensuite, au point de constituer un conte-type et un thème d'histoires « vécues » dans toute l'Europe et en Sibérie jusqu'au XIXe siècle. Toutes ces histoires sont marquées par l'agressivité ou, au contraire, la tendresse. L'accouplement des ours avec les femmes donne parfois naissance à des êtres mi-hommes et mi-ours dotés d'une force prodigieuse, mais aussi d'une attirance irrépressible pour les femmes. L'ours semble tenir symboliquement un rôle de tisseur d'unions fécondantes, et d'initiateur marquant l'accession à la sexualité et à la capacité d'avoir des enfants chez les jeunes filles menstruées, à travers la séquestration dans la tanière dont la jeune fille sort femme, et parfois mère. À l'inverse, les unions légendaires entre hommes et ourses sont plus rares.
L'ours comme initiateur sexuel est à mettre en relation avec « la noirceur du premier état de la matière » et les premières phases de l'alchimie selon le Dictionnaire des symboles. En effet, l'ours affectionne les cavernes d'où émane son « souffle mystérieux », chtonien (la couleur jaune étant celle de la terre chez les chinois), il incarne donc l'obscurité, et par conséquent les ténèbres ainsi que la couleur noire. Sa symbolique lunaire, issue de la mythologie grecque (et de sa nature cyclique), serait celle d'un monstre cruel ou d'une victime sacrifiée. Le psychiatre Carl Gustav Jung le met en relation directe avec l'instinct, et voit en lui un symbole des aspects dangereux et non maîtrisés de l'inconscient. De manière générale, l'ours est vu comme violent, cruel, sauvage et brutal, et symboliserait des forces élémentaires susceptibles d'évoluer comme de régresser.
Selon le Dictionnaire des rêves, les ours apparaissent fréquemment dans les rêves et peuvent évoquer le froid, tel l'ours polaire, impliquant une souffrance comme la solitude. L'ours est également associé aux pulsions sauvages et à l'anima. Au contraire, l'ourse évoquerait la mère, la possessivité, la tendresse exacerbée et l'ourson le désir d'être choyé et câliné. Les rêves d'ours symboliseraient la part naturelle et pure de l'individu et constituent un archétype, celui de la sagesse et de la force des instincts primordiaux.