Opium - Définition

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Fabrication

L'opium est extrait du pavot (papaver somniferum)

Il s'extrait de la capsule gonflée à son maximum mais non encore arrivée à pleine maturité du pavot somnifère (Papaver somniferum L. ou le synonyme paeoniflorum). Pour récolter l'opium, on incise le péricarpe des capsules mûrissantes après la chute des pétales avec un couteau à une ou plusieurs lames et de formes variées selon les régions du monde. L'incision exsude un latex blanc, laiteux, qui sèche en une résine brune. Enfin, pour récolter la résine séchée qui constitue l'opium brut, on racle les capsules à l’aide d’une large lame incurvée. Celle-ci doit rester humide afin que le latex ne s’y accumule pas à l'excès.

C'est de ce latex, une fois séché que l'on extrait la morphine qui sert de base à l'héroïne. L'héroïne se présente sous la forme d'une poudre blanche ou brune.

Opium à fumer

L'opium à fumer (également nommé chandoo) est différent de l'opium brut car il nécessite une préparation minutieuse afin d'obtenir une substance sirupeuse, débarrassée des produits indésirables et dont l'arôme est ainsi rehaussé. Durant toute la période de colonisation en Indochine Française, c'est l'État, par l'intermédiaire de la Régie de l'opium (R.O), qui s'était assuré le monopole de la production (la fabrique s'appelait une « bouillerie ») et de la vente de l'opium, en tirant de substantiels bénéfices qui constituaient une part importante du budget de la colonie.

L'opium brut, sous forme de boules, est tout d'abord coupé et débarrassé des couches intérieures et extérieures indésirables, celles-ci seront réutilisées pour d'autres opérations. Celui-ci est dissout dans de grandes bassines remplies d'eau, filtré, puis chauffé jusqu'à réduction du mélange à une constitution liquide. Il est nécessaire de remuer le mélange pour éviter que le produit ne brûle, risquant ainsi de dénaturer l'arôme du produit final.

Une fois la consistance désirée obtenue, on répartit dans la bassine le produit sur une épaisseur constante de quelques centimètres. La substance, à ce stade doit être à juste température, ni trop liquide, ni trop solide. La bassine est retournée au-dessus d'un feu de cendres, soigneusement préparé pour une répartition égale de la chaleur. La manipulation suivante nécessite des ouvriers expérimentés car il s'agit de déterminer le bon moment et de retirer, grâce aux ongles ou une spatule, une "crêpe" de 2 ou 3 mm d'épaisseur, qu'on déposera et qui sera, une fois refroidie, dure et cassante. On obtient ainsi plusieurs "crêpes" par bassine. Une partie importante des alcaloïdes et des résidus végétaux ont déjà été éliminés à ce stade grâce à la filtration et à la chaleur. L'opération précédente permet également une semi-torréfaction qui rehausse les arômes.

Les crêpes sont ensuite brisées et à nouveau dissoutes dans de grandes bassines remplies d'eau où elles sont laissées à macérer trois jours. Leur légèreté, qui leur permet de flotter, leur fait céder facilement à l’eau toutes les parties solubles. Dès la troisième journée, on décante puis filtre le liquide grâce à un procédé original. De petits cylindres de la moelle d’un Eriocaulon (ou d’un Scirpus), longs de vingt-cinq centimètres, sont liés ensemble en paquet par une extrémité, trempés dans l’eau, et plongés ensuite par le bout attaché, dans le liquide où surnagent les crêpes. Les bouts libres de cette moelle, étalés en nappe, retombent en dehors du vase sous forme de gros vermicelles. Cette moelle agit par capillarité comme un véritable siphon, qui vide en une demi-heure la bassine de plus en plus inclinée. Le liquide restant est concentré en le chauffant avec de la vapeur d'eau jusqu'à obtention d'un sirop noir et rougeâtre. Cet extrait est alors battu avec des spatules ou de manière mécanique afin d'y incorporer de l'oxygène faisant ainsi gonfler la masse qui augmentera de volume, comme des œufs battus en neige. Cette opération donne de l'arôme au produit.

Le chandoo ainsi obtenu n'est théoriquement pas fumé immédiatement. Celui-ci doit fermenter pendant au minimum 3 ou 4 mois. En Indochine Française, lorsque l'état s'occupait de la Régie de l'opium (R.O.), celui-ci était conditionné dans des boites de laiton de 40,20,10 ou 5 grammes Les boites étaient serties au chalumeaux, trempées dans un vernis de protection, puis entreposées au stock pour la période de fermentation. Comme pour le vin, le temps de fermentation développe les arômes, l'opium pouvait ainsi être laissé à fermenter plus longtemps.

L'opium ainsi obtenu, le chandoo, est de consistance sirupeuse. Celui-ci ne peut être fumé comme du tabac et la méthode (dite "méthode thébaïque extrême-orientale") nécessite une minutieuse préparation demandant de longues heures et des équipements spéciaux au fumeur qui souhaite s'y adonner.

Une aiguille en fer, de dimensions semblables à une aiguille à tricoter est trempée dans le récipient contenant le chandoo. On obtient ainsi une fine gouttelette qu'il faut débarrasser de son humidité en tenant l'aiguille, que l'on fait rouler entre ses doigts tout en donnant à la goutte une forme de boulette au-dessus d'une lampe à pétrole. L'opération est répétée plusieurs fois jusqu'à obtention, par accumulation, d'une boulette de la taille d'un pois-chiche.

La boulette enfin obtenue est placée sur le fourreau de la pipe en prenant soin de laisser le trou de l'aiguille au centre pour permettre le tirage et le passage de l'air.

La boulette est enfin absorbée, tenue au-dessus de la lampe. Elle ne se consume pas en se carbonisant. L'opium ne doit pas être au contact direct de la flamme. C'est la chaleur qui vaporise l'opium autour de 200 °, ce sont les vapeurs ainsi obtenues qui sont absorbées par le fumeur.

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