Opium - Définition

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Pharmacologie

L'opium a des propriétés sédatives et analgésiques.

Il contient deux groupes d'alcaloïdes à l'origine de ses propriétés : des phénanthrènes (incluant la morphine, la codéine, la thébaïne) et des benzylisoquinolines (incluant la papavérine) qui n'ont pas d'effet significatif sur le système nerveux central.

La morphine est de loin le principal alcaloïde présent dans l'opium, elle représente de 10 à 16% du total. Elle rejoint et active des récepteurs µ-opioïdes dans le cerveau, la moelle épinière et le ventre.

Une consommation régulière ou excessive, même pour peu de temps, mène à une tolérance et, en cas d'usage prolongé, à une dépendance physique, présentant un syndrome de sevrage caractéristique quand le dosage est brutalement réduit ou interrompu. En thérapie, tout comme avec l'usage de la morphine, ses modalités d'arrêt sont favorisées par le rétablissement du patient et restent soumises aux protocoles d'induction et de sevrage des opiacés. Ses formes galéniques ne prévoient cependant que des formes à faible dosage. Pour des dosages forts, généralement en tant qu'analgésique, la morphine ou des molécules équivalentes lui sont préférées, notamment pour des questions de précision de dosage en fonction d'un taux variable de la composition de l'opium.

Aspects économiques et politiques

La morphine produite pour l'industrie pharmaceutique provient en partie des Indes où il existe des cultures licites destinée à cet usage. Les opiacés pharmaceutiques (morphine, codéine, thébaïne) destinée à la consommation française sont cependant principalement produits à partir de pavots cultivées légalement sous licence en France en utilisant directement la paille de pavot sans passer par l'opium.

Production illicite

Dans l'imaginaire collectif cette production est attachée au Triangle d'or (Birmanie, Laos, Thaïlande) et au croissant d'or (Afghanistan, Pakistan, Iran).

La production est en 2006 principalement localisée en Afghanistan. Après une forte baisse en 2001 en raison de l'interdiction de sa culture par les talibans, la production est revenue à la "normale".

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime estime que la surface totale de plantations de pavot dans le monde est passé de 223 000 hectares produisant 8 890 tonnes d'opium en 2007 à 181 000 hectares produisant 7 754 tonnes d'opium donnant 657 tonnes d'héroïne en 2009.

Afghanistan

Champ de pavot en Afghanistan

En 1979, lors de l'invasion soviétique, l'Afghanistan ne produit qu'une centaine de tonnes d'opium mais dix ans de guerre provoquent une explosion de la production liée à deux facteurs: l'absence de contrôle du territoire par le gouvernement central qui laisse la voie libre aux contrebandiers et les bombardements qui réduisent les surfaces cultivées et poussent les paysans vers des cultures plus rapidement rentables.

Quand les Soviétiques quittent le nord du pays en 1989, les réfugiés reviennent et dans leur besoin de ressources pour la reconstruction continuent la lucrative production d'opium. Entre 1992 et 1994, le chaos se développe dans le pays et des affrontements violents ont lieu pour contrôler la production d'opium.

L'apparition en 1994 des Talibans en Afghanistan correspond à l'avènement d'une nouvelle période de production d'opium dans le pays. Avec la conquête rapide de 85 % du territoire, ceux-ci s'approprient également environ 96 % des terres à opium du pays. La récolte de 1999, sera doublée par rapport à celle de 1998, le pays produisant subitement 4 600 tonnes d'opium, soit 75 % du total mondial . Ils perçoivent une taxe sur la production d'opium qui diminue nettement en 2001 suite à l'interdiction de semence promulguée par Mollah Omar. Le gouvernement des Talibans est ensuite renversé militairement en 2001 par les États-Unis qui placent Hamid Karzaï à la tête du pays. Depuis la fin 2002, la production est de nouveau repartit à la hausse.

Selon l'UNODC, en 2006, 92 % de la production mondiale d'opium provenait d'Afghanistan et excède de 30 % la consommation. Selon les chiffres de 2004, la production d'opium était réalisée dans 32 provinces du pays et l'économie de l'opium représentait 2,8 milliards de dollars US, équivalant à 60% du PIB afghan (calculé sur l'économie légale seulement) et contribuant ainsi à un tiers de l'économie afghane.

Selon les experts de l'UNODC, 10,3 % de la population afghane est impliquée dans la culture du pavot.

En 2006, la production a augmenté de 49 % et les surfaces cultivées de 59 % (165 000 hectares de terres, contre 104 000 hectares en 2005) ce qui représente plus de la moitié des terres cultivables en Afghanistan. Le chiffre avancé pour l'année 2007 établit un nouveau pic avec 8 400 tonnes d'opium produites.

En 2009, la production est en baisse avec 6 900 tonnes pour 123 000 hectares.

Production afghane d'opium selon l'UNODC
Année 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2006 2007 2008 2009
Nb tonnes 2 300 2 200 2 800 2 700 4 565 3 300 200 3 400 3 600 4 200 6 100 8 400 7 700 6 900

Sources : UNODC, Office des Nations unies contre la drogue et le crime

Birmanie

L'opium y est introduit par des minorités ethniques venues de Chine qui en font un usage traditionnel et dont la production reste réduite.

En 1949, les forces nationalistes du Kuomintang (KMT), vaincues par les communistes chinois se refugient dans ce qu'il est courant d'appeler le triangle d'or et contrôlent dès 1954 la frontière avec la Chine et la Thaïlande obligeant les tribus locales à leur verser un impôt sous forme d'opium.
Au début des années 1960, le KMT installe des raffineries de morphine-base et d'héroïne.
Le gouvernement militaire de Birmanie tente de créer des milices d'autodéfense pour lutter contre le KMT ; ces milices sont un échec et dissoute en 1973 mais les armes distribuées lors de leur formation ne sont pas rendues et servent à installer les « Roi de l'opium » (Chan Shee-fu et Lo Hsing Han).

À la fin des années 1960, c'est le Parti communiste birman qui s'empare du nord-est de la Birmanie grâce aux appuis de la Chine, le Parti communiste birman s'appuiera de plus en plus sur les revenus de l'opium à mesure que l'aide chinoise décline.
Durant les années 1970 et la première moitié des années 1980, la production d'opium continue de se développer.
Puis à partir de 1986, la situation économique se dégrade rapidement aboutissant en 1988 à des manifestations populaires sévèrement réprimés. Une nouvelle junte arrive au pouvoir (State Law and Order Restoration Council).
En 1989, le Parti communiste birman subit des remous qui aboutissent à sa dissolution. La junte en place en profite pour négocier avec les groupes qui en sont issus afin qu'ils conservent leurs prérogatives territoriales, leurs armes et la liberté de circulation contre l'argent du trafic d'opium  ; argent que la junte militaire réinvestit en armement pour se protéger des opposants.

Chan Shee-fu contrôle la frontière avec la Thaïlande à la tête de la Mong Tai Army malgré une guerre - entretenue par la junte militaire - avec une faction rivale. Le 1er janvier 1996, il annonce pourtant sa reddition et démobilise ses troupes vraisemblablement suite à des accords secret avec le pouvoir en place, notamment la cession d'une partie de ses activités de transformation d'héroïne.

En 1997, le State Law and Order Restoration Council devient le State Peace and Development Council sans changer la nature de son régime ou son implication dans le trafic d'opium et mène une politique largement favorable aux Wa, une ethnie ayant aidé la junte dans sa lutte contre Chan Shee-fu. Cette politique place Wei Shao Kang à la tête des Wa et leur réserve les meilleures terres via des transferts de populations. Sous l'impulsion de Wei Shao Kang, les Wa diversifient leur activité (méthamphétamine, MDMA) et la production d'opium baisse régulièrement depuis 1996.

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