Omar Khayyam - Définition

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Mathématicien et astronome

Omar Khayyâm est considéré comme « l'un des plus grands mathématiciens du Moyen âge. » Mais ses travaux algébriques ne furent connus en Europe qu'au XIXe siècle.

Dans ses Démonstrations de problèmes d'algèbre de 1070, Khayyam démontre que les équations cubiques peuvent avoir plus d’une racine. Il fait état aussi d’équations ayant deux solutions, mais n'en trouve pas à trois solutions. C'est le premier mathématicien qui ait traité systématiquement des équations cubiques, en employant d'ailleurs des tracés de coniques pour déterminer le nombre des racines réelles et les évaluer approximativement. Outre son traité d'algèbre, Omar Khayyâm a écrit plusieurs textes sur l'extraction des racines cubiques et sur certaines définitions d'Euclide, et a construit des tables astronomiques connues sous le nom de Zidj-e Malikshahi

Directeur de l'observatoire d'Ispahan en 1074, il réforme, à la demande du sultan Malik Shah, le calendrier persan (la réforme est connue sous le nom de réforme jelaléenne). Il introduit une année bissextile et mesure la longueur de l’année comme étant de 365,24219858156 jours. Or la longueur de l’année change à la sixième décimale pendant une vie humaine. L'année djélaléenne se montrera plus exacte que l'année grégorienne créée cinq siècles plus tard. À la fin du XIXe siècle, l'année fait 365,242196 jours et aujourd’hui 365,242190 jours.

Traductions

Controverses autour des manuscrits et des traductions

  • La diversité des manuscrits, et leur authenticité, ainsi que la connaissance de la langue et de la Perse du onzième siècle montrent les difficultés d'une traduction. Marguerite Yourcenar dit à ce propos : « Quoi qu'on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c'est déjà beaucoup de n'employer que des pierres authentiques ». Armand Robin dresse une liste de ces pierres dans Ce qu'en 1958 on peut savoir sur les « quatrains » d'Omar Khayam lors de sa traduction (cf. Bibliographie).
    • Manuscrit de 1460 de la "Bodleian Library" d'Oxford, soit 158 quatrains traduits, en anglais par Fitzgerald (1859), en français par Charles Grolleau (1909). Une centaine de ces quatrains sont incertains.
    • Manuscrit de 464 quatrains traduits en français par J.-B. Nicolas (1861).
    • Manuscrit d'Istanbul, 375 quatrains étudiés fin XIXe début XXe siècle
    • Manuscrit de Lucknow, 845 quatrains étudiés fin XIXe début XXe siècle
    • Manuscrit de 1259 dit de "Chester-Beatty", du scribe Mohammed al Qâwim de Nichapour, 172 quatrains traduits en français par Vincent Monteil (1983).
    • Manuscrit de 1207 dit de "Cambridge", acheté en 1950. Anthologie de 250 quatrains traduits par le professeur Arthur J. Arberry (1952, il avait expertisé le manuscrit "Chester-Beatty".
    • Manuscrit de 1153 découvert "dans une immense bibliothèque familiale", 111 quatrains traduits en anglais par Omar Ali-Shah "de langue maternelle persane, soufi..." (1964).
  • Traductions et interprétations.

Le fait que les rubaiyat soient un recueil de quatrains - qui peuvent être sélectionnés et réarrangés subjectivement afin de démontrer une interprétation ou une autre - a mené à des versions qui diffèrent grandement. J.-B. Nicolas a pris le parti de dire que Khayyam se considère clairement comme un soufi. D'autres y ont vu des signes de mysticisme, ou même d'athéisme, et d'autres au contraire le signe d'un Islam dévot et orthodoxe. Fitzgerald a donné au Rubaiyat une atmosphère fataliste, mais s'il est dit qu'il a adouci l'impact du nihilisme de Khayyam et de ses préoccupations de la mort et du caractère transitoire de toutes choses. La question de savoir si Khayyam était pour ou contre la consommation de vin serait même pour certains controversée !

Dans la nouvelle traduction que Jean-Yves Lacroix (Le cure-dent, éd.Allias) fait des quatrains "Rubaï'yat" du grand persan, qualifiés de "serpent venimeux pour la loi divine", par le chroniqueur al-Qifti, Khayyam écrit : "Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière", et ailleurs ceci : "Referme ton Coran. Pense librement et regarde librement le ciel et la terre."

Les quatrains de Khayyâm font l'objet de quelques controverses de traduction ainsi que d'éditions. En Europe, Fitzgerald et Toussaint sont les références les plus courantes. Il est cependant difficile, comme dans toute traduction poétique, de rendre tout le sens original des vers. Le sens mystique de cette poésie peut échapper au non-spécialiste. Quant à Fitzgerald, il combine parfois des quatrains distincts pour rendre possible une rime (Toussaint, mécontent de la traduction de Fitzgerald, préfère une prose à laquelle il donne un souffle poétique).

Le contenu original du recueil de quatrains de Kayyâm est aussi soumis à de vastes débats. En effet, la tradition attribue plus de 1000 quatrains à Khayyam; alors que la plupart des chercheurs ne lui en attribuent avec certitude que 50, avec environ 200 autres quatrains soumis à controverse. Chez Toussaint et Fitzgerald, le nombre est de 170.

Le gouvernement iranien a fait paraître dans les années 1980 la liste des quatrains qu'il reconnait officiellement.

Découverte d'Omar Khayyâm en Occident suite aux traductions d'Edward Fitzgerald

Ce fut la traduction anglaise d'Edward FitzGerald qui fit connaître au grand public, en 1859, l'œuvre poétique de Khayyam et qui servit de référence aux traductions dans beaucoup d'autres langues.

Fitzgerald dut effectuer un choix parmi les mille poèmes attribués à Khayyam par la tradition, car le genre littéraire qu'il avait inauguré avait connu un tel succès que l'on employait le terme générique khayyam pour désigner toute lamentation désabusée sur la condition humaine. Fitzgerald établit quatre éditions des quatrains comprenant entre 75 et 110 quatrains. Étonnamment, c'est encore souvent une des compilations établies par Fitzgerald qui sert de référence à une grande partie des autres traductions.

Les traductions de Fitzgerald sont encore très discutées, notamment dans ce qui concerne leur authenticité, Fitzgerald ayant profité de ces traductions pour réécrire totalement des passages hors de l'esprit du poète original, comme la plupart des traducteurs de l'époque le faisaient. Ainsi, Omar Ali-Shah prend l'exemple du premier quatrain afin de montrer les étonnantes divergences de sens entre la traduction anglaise et la traduction littérale française.

Texte persan en caractères latins Traduction anglaise de Fitzgerald Traduction française d'après Fitzgerald
I.

Khurshid kamândi sobh bar bâm afgand
Kai Khusro i roz bâdah dar jâm afgand
Mai khur ki manadi sahri gi khizân
Awaza i ishrabu dar ayâm afgand.

I.

Awake ! for Morning in the Bowl of Night
Has flung the Stone that puts the Stars to Flight :
And Lo ! the Hunter of the East has caught
The Sultan's Turret in a Noose of Light

I.

Réveille-toi ! Car le matin, dans le bol de la nuit,
A jeté la pierre qui met en fuite les étoiles :
Et voyez ! Le chasseur de l'est a saisi
La tourelle du sultan dans un nœud de lumière.

Texte persan en caractères latins Traduction française du texte anglais d'Omar Ali-Shah
I.

Khurshid kamândi sobh bar bâm afgand
Kai Khusro i roz bâdah dar jâm afgand
Mai khur ki manadi sahri gi khizân
Awaza i ishrabu dar ayâm afgand.

I.

Tandis que l'Aube, héraut du jour chevauchant tout le ciel,
Offre au monde endormi un toast "Au Vin"
Le Soleil répand l'or matinal sur les toits de la ville -
Royal Hôte du jour, remplissant sa cruche.

Traduction du persan en français de l'orientaliste Franz Toussaint

L'orientaliste français Franz Toussaint préféra effectuer une nouvelle traduction à partir du texte original persan plutôt qu'à partir de l'anglais, avec le parti-pris de ne pas chercher à traduire les quatrains en quatrains, mais dans une prose poétique qu'il estimait plus fidèle. Sa traduction française, composée de 170 quatrains, a été contestée par les uns, défendue par d'autres avec vigueur. Aujourd'hui, après la disparition des Éditions d'art Henri Piazza qui l'ont largement diffusée entre 1924 et 1979, cette traduction fait elle-même l'objet de traductions dans d'autres langues. Toussaint, décédé en 1955, n'a pas été témoin de ce succès.

Dilemme des traducteurs

Quelques quatrains semblent échapper à toute traduction définitive, en raison de la complexité de la langue persane. Ainsi, Khayyam mentionne un certain Bahram (probablement Vahram V Gour) qui de son vivant prenait grand plaisir à attraper des onagres (Bahram ke Gour migerefti hame 'omr) et ajoute laconiquement que c'est la tombe qui a attrapé Bahram. Les mots onagre et tombe sont phonétiquement voisins en farsi, avec une phonie ressemblant à gour (Didi keh chegune gour bahram gereft).

L'édition récente de la traduction française des quatrains par Omar Ali-Shah critique la plupart des traductions antérieures, à commencer par celle de Fitzgerald ou certaines[réf. souhaitée] traductions françaises. Selon Omar Ali-Shah, le persan des quatrains de Khayyâm se réfère constamment au vocabulaire soufi et a été injustement traduit dans l'oubli de sa signification spirituelle. Ainsi il affirme que le "Vin" de Khayyâm est un vin spirituel, que la Tariqa est la Voie (sous entendue au sens soufi de chemin mystique vers Dieu) et non la "route" ou "route secondaire", présente selon lui dans certaines traductions (il ne précise pas lesquelles). Néanmoins les quatrains laissant paraître un scepticisme désabusé ne trouvent dans cette optique aucune explication.

On ne sait si la traduction effectuée par l'Imprimerie nationale est fidèle, mais elle ne contient pour sa part pas de métrique qui suggère (ou "rende") l'effet d'un travail poétique.

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