L’ocre, du grec ancien ὤχρα / ốkhra, est une roche ferrique composée d'argile pure (kaolinite) colorée par un pigment d'origine minérale (un hydroxyde de fer : l’hématite pour l'ocre rouge, la limonite pour la brune et goethite pour la jaune). Cette argile colorée est amalgamée aux grains de sable (quartz) et les ocres se trouvent dans le sol sous forme de sables ocreux composés à plus de 80 % de quartz.
En France, on en trouve en Bourgogne, dans les Monts de Vaucluse, le Colorado provençal ou à Roussillon. La dernière carrière encore en activité est celle de la Ste des Ocres de France, située à Gargas.
L'ocre naturelle est utilisée comme pigment depuis la Préhistoire, comme à Lascaux. Elle est toujours appréciée pour sa non-toxicité et sa grande longévité en décoration, beaux-arts et maçonnerie.
Au Crétacé, des débris organiques (coquilles de lamellibranches, d’oursins et de foraminifères) ainsi que des grains de quartz et des paillettes de micas s’accumulent au fond d’une mer épicontinentale (peu profonde). La glauconie, un minéral très particulier, caractéristique du milieu marin, se forme sur le fond de la mer. Cette variété d’argile verte contient dans son réseau cristallin des atomes de fer. Depuis les travaux du géologue Jean-Marie Triat, on sait qu'à la faveur de mouvements tectoniques ces dépôts sédimentaires marins ont été émergés. Sur le nouveau continent régnait, au Crétacé, un climat tropical, qui a provoqué d’intenses altérations latéritiques, dissolvant entre autres la glauconie et libérant les atomes de fer. Les ocres sont alors apparues grâce à la cristallisation d'un hydroxyde de fer, la goethite. L'altération a en même temps donné naissance à un silicate d’alumine, une nouvelle argile appelée kaolinite.
C’est ainsi que sont nées les ocres de Vaucluse et de Bourgogne, formations sableuses (grains de quartz) cimentées par une argile constituée de cristallites dont la taille est de l’ordre du micromètre : la kaolinite, support argileux essentiel et la goethite (pigment coloré). D'un point de vue chimique, l’ocre est un silicate d’alumine ferrugineux et siliceux.
Les ocres jaunes (PY43 dans le Colour Index) et rouges (PR102) sont des pigments importants de la palette des artistes de toutes les époques. Grâce à leur coût modique, ils sont les rares pigments naturels encore présents dans les nuanciers de peintures, même si les fabricants tendent à les remplacer par des oxydes de fer synthétiques (PY42 ou PR101), plus réguliers et couvrants.
Le chauffage des pigments permet également d’obtenir une grande variété de nuances. Ainsi, les ocres jaunes après calcination à 400 °C se transforment en ocres rouges.
Comme le vin, les ocres possèdent leurs crus : les ocres jaunes peuvent être verdâtres ou orangées et donner des ocres rouges plus ou moins bruns et chauds. Les qualités les plus claires sont aussi les plus transparentes.
La non-toxicité des ocres autorise leur emploi dans toutes sortes de techniques (huile, aquarelle, acrylique, pastel, tempera, fresque). Elles sont compatibles avec tous les liants (graisses animales, huiles végétales, eau…) et les autres pigments.
L’ocre est un matériau naturellement présent dans les argiles et le sol sous forme de sédiments, les « sables ocreux ». Les roches du Crétacé à nouveau recouvertes par des sédiments continentaux et marins après la formation des ocres sont revenues à l’affleurement grâce aux grands décapages quaternaires.
Lors de l’extraction, il est nécessaire de séparer l’ocre, très fine, des impuretés et du sable majoritaires (80 à 90 %). On utilise pour cela de l’eau courante : c’est le procédé de lévigation. Les particules colorantes plus légères sont ensuite filtrés et séchées.