À noter
- Entre 1975 et la cessation complète de ses activités, OTRAG aura déboursé 200 millions de dollars américains pour son projet de fusée civile, sans avoir pu mettre un seul satellite en orbite ;
- Après un passage en Libye, la société ouest-allemande s'installa brièvement en Suède où, en 1983, elle procéda à son dernier tir, marqué du sceau de l'échec, vers l'espace depuis la base de lancement d'Esrange ;
- Wernher von Braun fut momentanément membre associé de l'entreprise après la prise de sa pension à la NASA ;
- L'échec du programme balistique zaïrois n'a pas pour autant scellé la contribution de ce pays à la conquête de l'espace puisque l'aéroport international de Ndjili, à Kinshasa, fait partie de la liste des pistes de secours utilisables pour les navettes spatiales américaines.
Les causes de l'échec
Plusieurs raisons expliquent l'arrêt inopiné du programme OTRAG :
- dans le contexte de la guerre froide et des jeux d'alliances en Afrique, l'URSS faisait pression sur Kinshasa pour qu'elle renonce à ce site de lancement de fusées. Moscou craignait l'ouverture d'une boîte de Pandore avec des engins à longue portée qui pourraient être déviés vers des fonctions militaires, notamment contre ses alliés (Angola et République populaire du Congo). En outre, le régime soviétique craignait de voir se développer, de façon déguisée au Zaïre, une technologie de fusée militaire de longue portée par l'Allemagne de l'Ouest ;
- soumis aux pressions de Moscou quant aux activités de l'OTRAG, le gouvernement de l'Allemagne de l'Ouest était également en prise avec la France. Pour cause, les deux pays étaient partenaires dans le développement de la fusée Ariane. Or, l'avenir de cette dernière était susceptible d'être handicapé si l'hypothèse du succès des tirs au Zaïre, était confirmée (le projet de la société ouest-allemande était de pouvoir fournir un accès à l'espace à moindre coûts, en ciblant particulièrement les besoins des pays du tiers-monde) ;
- malgré les démentis officiels et formels quant aux rumeurs sur l'objectif militaire du programme, un certain nombre de pays africains craignaient que les fusées profitent à la mise en oeuvre ultérieure d'un système de défense de l'Afrique du Sud et ce, face aux voisins qui soutenaient la lutte contre le régime d'apartheid ;
Mis sous pression par une partie de ses alliés occidentaux, par l'URSS de Léonid Brejnev, par ses voisins et, d'une certaine manière, par le rapport entre le coût politique et les résultats technologiques engrangés (trois essais expérimentaux entre 1976 et 1979), le président Mobutu mis fin à l'aventure en 1979.