Outre la myriade (M') représentant dix mille (104), on connaît aussi des exemples de myriade de myriades (MM') pour représenter cent millions (108). Dans l'Arénaire, Archimède proposa des méthodes plus élaborées (proches de notre notation scientifique moderne) pour nommer de très grands nombres comme celui des grains de sable sur une plage, ou celui des grains de sable nécessaires pour remplir tout l'univers qu'il connaissait, et permettant en fait d'atteindre des nombres aussi élevés que
Ce système existe encore aujourd'hui en Grèce, à la manière des chiffres romains dans les pays de langues romanes. Elle utilise, outre les lettres courantes de l'alphabet grec, trois lettres archaïques, digamma (tracé le plus souvent comme un stigma), koppa (distinct du koppa littéral ancien) et sampi (évolution d'une lettre plus ancienne). Purement additive, cette numération ne nécessite pas l'utilisation du zéro. Cependant, le calcul basé sur ces écritures est impossible : les anciens Grecs utilisaient des jetons placés sur des abaques, de bois ou de marbre, partagés en colonnes.
La numération alphabétique est plus récente que la numération acrophonique. Elle a été introduite à Athènes en même temps que l'adoption du modèle ionien de Milet, en -403. Elle est cependant bien plus ancienne puisqu'on en trouve des attestations à Milet vers -700. On la nomme pour cette raison aussi « numération milésienne » ; l'alphabet de Milet, devenu « classique » grâce à Athènes, n'utilisait pas les trois lettres supplémentaires mentionnées dans l'écriture des mots : leur maintien dans la numération est donc un archaïsme qui s'explique par la nécessité d'avoir à disposition trois fois neuf signes différents.
Ces signes, évoluant avec le temps, se sont transmis à d'autres écritures ayant emprunté le reste des lettres grecques : l'alphabet copte, l'alphabet gotique et l'alphabet cyrillique.
Usages
Dans l'Antiquité, l'usage était de surligner les lettres utilisées pour leur valeur numérale afin de les isoler du reste du texte. Pour signifier un nombre ordinal ou un dénominateur de fraction, on ajoutait en exposant la désinence du mot tel qu'il aurait été écrit en toutes lettres. Donc "le dixième" (τό δέκατον) s'écrivait τό ῑον Cette numération s'étant transmise à certains alphabets dérivés du grec, c'est encore le cas en copte, et ce le fut mutatis mutandis en gotique et en cyrillique utilisé en vieux slave. Parfois, les lettres sont aussi soulignées. En vieux slave, la barre de surlignement est devenue un tilde nommé titlo. Les dizaines suivent les unités jusqu'à dix-neuf inclus. Lorsque les textes ont été imprimés, le surlignement s'est mué en un signe unique — placé à droite des lettres numériques — ressemblant à un accent aigu, et ce en raison des contraintes typographiques principalement. Ce signe, nommé « κεραία » (keréa) (corne) (κεραῖα keraĩa en grec ancien) est codé indépendamment par Unicode et porte le numéro U+0374 (« signe numéral grec »). De nombreux éditeurs ont confondu la κεραία avec l'accent aigu ou l'apostrophe, ce qui est sémantiquement incorrect. Ainsi, le nombre 11 s’écrivait ιαʹ, avec la keréa. Pour les nombres supérieurs à 999, la keréa est remplacée par un autre caractère se plaçant à gauche, l’αριστερή κεραία (aristerí keréa) (corne placée à gauche) : ͵. Les deux keréas sont parfois employées conjointement. Enfin, la lettre ϛ n'étant plus utilisée aujourd'hui, le chiffre 6 correspondant est noté par le digramme στ’ (ou plus souvent par la lettre ς avec laquelle ϛ se confond facilement, notamment dans les anciennes écritures onciales médiévales). Sur l'image ci-contre, la deuxième ligne se lit : ...τό ιβ αὐτοκράτορι, τό κε ὑπατίῳ, τό ιε ἐπιτειμήτῃ : (à l'Empereur Domitien,...) chef suprême pour la 12e fois, consul pour la 25e fois, percepteur d'impôt pour la 15e fois... Les chiffres sont transcrits en gras. Sur les inscriptions lapidaires, on néglige très souvent les surlignages et les désinences. La kéréa est également absente, puisqu'elle est apparue postérieurement à ce texte. DescendanceLa numération alphabétique grecque a donné naissance, directement ou non, aux numérations alphabétiques suivantes :
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