Nostradamus - Définition

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Introduction

Portrait de Nostradamus
par son fils, César de Nostredame.

Michel de Nostredame, dit Nostradamus, né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence, et mort le 2 juillet 1566, est un apothicaire français (on dirait en français moderne : pharmacien). Selon bien des sources, il aurait également été médecin, bien que son expulsion de la faculté de médecine de Montpellier témoigne qu’il n'ait pas été possible d’être les deux à la fois. Pratiquant l'astrologie comme tous ses confrères à l'époque de la Renaissance, il est surtout connu pour ses prédictions sur la marche du monde.

Biographie

Il est né de Jaume (ou Jacques) de Nostredame et Reynière (ou Renée) de Saint-Rémy. Jaume était l'aîné des six (certains disent dix-huit) enfants du couple Pierre de Nostredame et Blanche de Sainte-Marie. Le nom des Nostredame vient de son grand-père juif, Guy de Gassonet (fils d'Arnauton de Velorges), qui choisit le nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au catholicisme, probablement vers 1455. Selon les archives d'Avignon, et selon les archives de Carpentras qui parlent souvent de juifs des autres régions, il est suggéré que l'origine du nom Nostredame fut imposée par le cardinal de Foix de l'archevêque d'Arles, Pierre de Foix. Le grand-père de Nostredame, Pierre de Nostredame, était si convaincu de sa foi qu'il a répudié sa femme d'alors (Benastruge Gassonet) qui ne voulait pas quitter le judaïsme. Le curieux « démariage » fut prononcé à Orange le 14 juin 1463 (ce qui lui a permis finalement d'épouser Blanche).

Son enfance

C'est son bisaïeul maternel, Jean de Saint-Rémy, ancien médecin et trésorier de Saint-Rémy, qui lui aurait transmis en 1506 les rudiments des mathématiques et des lettres. Mais ceci est douteux, vu que la trace notariée (Archives dep. des Bouches du Rhône B. 2.607) de ce vieux personnage disparaît en 1504.

Ses années d'études

Portrait de Nostradamus
par le Dr Niel.

Il part très jeune à Avignon pour y obtenir son diplôme de bachelier ès arts. On le disait doué d'une mémoire presque divine, d'un caractère enjoué, plaisant, peut-être un peu moqueur « laetus, facetus estque mordax ». Ses camarades l'auraient appelé « le jeune astrologue », parce « qu'il leur signalait et leur expliquait les phénomènes célestes », mystérieux alors pour beaucoup : les étoiles filantes, les météores, les astres, les brouillards, etc. Il dut apprendre aussi la grammaire, la rhétorique et la philosophie. Mais il doit quitter l'université après un an seulement, et donc sans diplôme, à cause de l'arrivée de la peste (fin 1520). Neuf ans plus tard (1529), ayant cependant pratiqué comme apothicaire (profession non diplômée), il s'inscrit à la Faculté de Montpellier pour essayer d'y gagner son doctorat en médecine. Il se fait connaître grâce aux remèdes qu'il a mis au point en tant qu'apothicaire, dont les fameuses « boules de senteur ». Mais il est bientôt expulsé pour avoir exercé ce métier « manuel » interdit par les statuts de la faculté [voir site Benazra Espace Nostradamus]. Son inscription de 1529 et sa radiation sont les seules traces de son passage à Montpellier, et on ne connaît pas de document attestant qu'il ait été docteur d'une autre université. Mais, sans être affirmatifs, la plupart des érudits du vingtième siècle pensent qu'il n'est pas impossible que l'expulsion de Nostredame ait été temporaire et qu'il soit devenu quand même diplômé de l'université de Montpellier (comme le prétendaient aussi, en ajoutant des détails supplémentaires peu croyables, certains commentateurs très tardifs comme Guynaud et Astruc), bien qu'il lui ait manqué le premier diplôme nécessaire pour accéder au doctorat, car les noms de plusieurs des diplômés connus de cette université sont absents, eux aussi, de ses registres — à moins que ceux-ci n'en aient pas été de vrais diplômés non plus (le phénomène du « faux docteur » étant très connu à l'époque).

Mariages et professions

Vers 1533, il s'établit à Agen, où il pratique la médecine de soins à domicile. Il s'y lie d'amitié avec Jules César Scaliger. Cet Italien, installé à Toulouse, érudit de la Renaissance, est « un personnage incomparable, sinon à un Plutarque » selon Nostradamus ; il écrit sur tout. Impertinent, il s'attaque à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des pommades et des onguents. Mais le jeune « imposteur » inquiète les autorités religieuses par ses idées un peu trop progressistes pour l'époque.

La durée précise de son séjour à Agen est inconnue ; peut-être trois ans, peut-être cinq ans. Les points de repère manquent et l'on ne peut offrir que des dates élastiques. Vers 1534 Nostredame s'y choisit une femme dont on ne sait même pas le nom, qui lui aurait donné deux enfants : un garçon et une fille. L'épouse et les deux enfants moururent, très rapidement semble-t-il, à l'occasion de quelque épidémie, la peste vraisemblablement.

D'après certains commentateurs catholiques des Prophéties - Barrere, l'abbé Torne-Chavigny notamment - Nostredame aurait dit en 1534 à un « frère » qui coulait une statue de Notre-Dame dans un moule d'étain qu'en faisant de pareilles images il ne faisait que des diableries. D'aucuns pensent que ses relations avec un certain Philibert Sarrazin, mécréant de l'époque et qui sentait le fagot dans la région d'Agen, avaient rendu Nostredame plutôt suspect à la Sainte Inquisition. Celle-ci l'aurait même invité à se présenter devant son tribunal de Toulouse pour « y être jugé du crime d'hérésie ; mais il se garda bien de répondre à cette citation ».

Après la mort de sa première femme, Nostredame se serait remis à voyager. On l'aurait trouvé à Bordeaux, vers l'an 1539. Les commentateurs tardifs Moura et Louvet se le représentent en la compagnie de savants renommés de l'époque et du cru : l'apothicaire Léonard Baudon, Johannes Tarraga, Carolus Seninus et Jean Treilles, avocat.

Nostredame accomplit de 1540 à 1545 un tour de France qui l'amène à rencontrer de nombreuses personnalités, savants et médecins. La légende signale le passage du futur prophète à Bar-le-Duc. Nostredame y aurait soigné, d'après Étienne Jaubert, plusieurs personnes et notamment une célèbre (?) Mademoiselle Terry qui l'aurait souvent entendu « exhorter les catholiques à tenir ferme contre les Luthériens et à ne permettre qu'ils entrassent dans la ville».

Une tradition très douteuse affirme qu'il a séjourné un temps à l'abbaye d'Orval, qui dépendait de l'Ordre de Cîteaux, située alors au diocèse de Trêves, à deux lieues de l'actuelle sous-préfecture de Montmédy, un séjour que Pagliani, après plusieurs autres, date de 1543. On ne sait s'il faut y ajouter foi, même si, avec Torne-Chavigny et Napolêon lui-même, beaucoup de gens lui attribuent les fameuses prophéties d'Orval, Prévisions d'un solitaire, ainsi que celles d'un certain Olivarius. On les aurait 'trouvées' à l'abbaye d'Orval en 1792, date approximative de leur style même. La première (de style tardif, elle aussi) serait datée de 1542, antérieure donc de treize ans, comme on le verra plus loin, à la préface des premières Centuries. Mais il semble plus probable que toutes les deux aient été composées au XIXe siècle à la gloire de Napoléon.

Ici se termine le cycle de pérégrinations de Nostredame qui l'a mené en somme, après être rayé de Montpellier, du Sud-Ouest au Nord-Est de la France. Nostredame atteint la quarantaine (1543) et commence une seconde phase de déplacements qui va le rapprocher de la Provence et le pousser vers l'Italie, terre bénie de tous ceux qui connurent à son époque l'ivresse de la Renaissance.

Les premières étapes de ce périple sont probablement Vienne, puis « Valence des Allobroges », dont parle Nostradamus dans son Traité des fardemens et confitures à propos des célébrités qu'il s'honora d'y avoir rencontrées : « A Vienne, je vis d'aucuns personnages dignes d'une supprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne de louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy. Devers nous, ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité, pour son sçavoir prompt et mémoire ténacissime... Je ne sçays si le soleil, à trente lieues à la ronde, voit ung homme plus plein de sçavoir que luy ».

En 1544, Nostredame aurait eu l'occasion d'étudier la peste à Marseille sous la direction, a-t-il dit, d'un « autre Hippocrate, le médecin Louis Serres ». Puis, il est « appelé par ceux d'Aix en corps de communauté pour venir dans leur ville traiter les malades de la contagion dont elle est affligée. C'était en l'année mil cinq cent quarante six ».

On le voit certainement à Lyon en 1547 où il s'oppose au médecin lyonnais Philibert Sarrazin, à Vienne, Valence, Marseille, Aix-en-Provence et, enfin, à Arles, où il finit par s'établir. Là, il met au point un médicament à base de plantes, capable, selon lui, de prévenir la peste. En 1546, il l'expérimente à Aix lors d'une terrible épidémie : son remède semble efficace comme prophylactique, mais il écrira lui-même plus tard que « les seignées, les medicaments cordiaux, catartiques, ne autres n'avoyent non plus d'efficace que rien. » (Traité des fardemens et confitures, Lyon, 1555, p. 52) Malgré ce succès douteux, Nostredame est appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées. À la même époque, il commence à publier des almanachs qui mêlent des prévisions météorologiques, des conseils médicaux et des recettes de beauté par les plantes. Il étudie également les astres.

La Maison de Nostradamus à Salon-de-Provence (photo Lemesurier).

Le ­11 novembre 1547, il épouse en secondes noces Anne Ponsard, une jeune veuve de Salon-de-Provence, alors appelé Salon-de-Craux. Le couple occupe la maison qui abrite aujourd'hui le Musée Nostradamus. Il aura six enfants, trois filles et trois garçons ; l'aîné, César, deviendra consul de Salon, historien, biographe de son père, peintre et poète.

Nostredame prend le temps de voyager en Italie, de 1547 à 1549. C'est d'ailleurs en 1549 qu'il rencontre à Milan un spécialiste en alchimie végétale, qui lui fait découvrir les vertus des confitures qui guérissent. Il expérimente des traitements à base de ces confitures végétales et, de retour en France, il publie en 1552 son Traité des confitures et fardements.

En 1550, il rédige son premier « almanach » populaire – une collection de prédictions dites astrologiques pour l’année, incorporant un calendrier et d’autres informations en style énigmatique et polyglotte qui devait se montrer assez difficile pour les éditeurs, à en juger par les nombreuses coquilles (où certains voient le signe que l'auteur était dyslexique). Dès cette date, Michel de Nostredame signe ses écrits du nom de "Nostradamus". Ce nom n'est pas l'exacte transcription latine de 'Nostredame', qui serait plutôt Domina nostra ou Nostra domina. En latin correct, ‘Nostradamus’ pourrait signifier : « Nous donnons (damus) les choses qui sont nôtres (nostra) » ou « Nous donnons (damus) les panacées » (nostrum, mis au pluriel), mais il est également permis d'y voir un travestissement macaronique (et très heureux) de 'Nostredame'.

En 1555, installé à Salon-de-Provence, il publie des prédictions perpétuelles (et donc en théorie, selon l'usage de l'époque, cycliques) dans un ouvrage de plus grande envergure et presque sans dates ciblées, publié par l’imprimeur lyonnais Macé (Matthieu) Bonhomme. Ce sont les Prophéties, l'ouvrage qui fait l'essentiel de sa gloire auprès de la postérité.

Protection royale

Sa renommée est telle que la reine Catherine de Médicis l'appelle à la cour en 1555. Le motif de l'intérêt de la reine était peut-être que, dans son dernier Almanach, Nostradamus avait mis le roi en garde contre des dangers qu'il disait ne pas oser indiquer par écrit. En cette même année 1555, donc, Nostradamus, inquiet des intentions de la cour (il craint d'avoir la tête coupée), se rend à Paris, où il reçoit du couple royal des gratifications qu'en public il qualifiera d'amples mais dont il se plaint en privé qu'elles ne couvrent pas ses frais de voyage. Des nouvelles alarmantes sur l'intérêt que la justice parisienne porte à la source de sa prescience l'incitent à quitter Paris précipitamment. Il se persuade qu'on veut sa mort.

Dans les années qui suivent, il est la cible de plusieurs pamphlets imprimés. « Les attaques fusèrent de partout : de France et d'Angleterre, des milieux protestants et catholiques, des laïcs et des clercs, des poètes et des prosateurs, des adversaires de l'astrologie et des astrologues de métier, des étrangers mais aussi de ses proches ». L'ordonnance d'Orléans du 31 janvier 1561 (dont l'auteur ou un des auteurs fut le chancelier Michel de l'Hospital, hostile à Nostradamus) prévoit des peines contre les auteurs d'almanachs publiés sans l'autorisation de l'archevêque ou de l'évêque. Peut-être une infraction à cette ordonnance est-elle à l'origine d'un incident qui n'a pas été tiré tout à fait au clair. Le jeune roi Charles IX écrit le 23 novembre 1561 au comte de Tende, gouverneur de Provence, apparemment pour lui donner l'ordre d'emprisonner Nostradamus, car le comte de Tende répond au roi le 18 décembre : « Au regard de Nostradamus, je l'ay faict saisir et est avecques moi, luy ayant deffendu de faire plus almanacz et pronostications, ce qu'il m'a promis. Il vous plaira me mander ce qu'il vous plaist que j'en fasse ». Le comte a donc fait arrêter Nostradamus et l'a amené avec lui dans le château de Marignane. Les deux hommes étaient amis et la prison tenait plutôt de la mise en résidence. On ignore ce que le roi répondit au comte de Tende, mais tout indique que l'incident resta sans suites.

Nostradamus rentra pleinement en grâce auprès de la famille royale, puisqu'en 1564, à l'occasion du grand tour de France, Charles IX, accompagné de Catherine de Médicis et de Henri de Navarre (le futur Henri IV), lui rendit visite. À cette occasion, la reine le nomma médecin et conseiller du roi.

Maladies et mort

Certains, prenant à la lettre ce que Nostradamus, dans la préface de la première édition de ses Prophéties, dit de sa « comitiale agitation hiraclienne », pensent qu'il souffrait d'épilepsie. Selon d'autres, c'est seulement par image que Nostradamus désignait ainsi un état de transe qui accompagnait ce qu'il croyait être sa révélation prophétique. En revanche, il est vraisemblable (voir Leroy) qu'il fut atteint de la goutte et d'insuffisance cardiaque. Dans le dernier quatrain des Présages, qui parurent en 1568, soit deux ans après sa mort, on peut lire

CXLI. Nouembre.
Du retour d'Ambassade. dô de Roy. mis au lieu
Plus n'en fera: sera allé a DIEV:
Parans plus proches, amis, freres du sang,
Trouué tout mort prés du lict & du banc.


Certains y ont vu la preuve qu'il connaissait les circonstances de sa mort. On dit qu'on le retrouva mort, près de son lit et d'un banc de bois, le 2 juillet 1566, au retour d'un voyage où il avait représenté sa ville auprès du roi (donc une ambassade) et y avait reçu le titre de médecin ordinaire du roi. Ce qui est attesté, c'est qu'il représenta Salon-de-Crau en ambassade[réf. souhaitée] à Arles auprès du roi en 1564, qu'il fut par la suite richement doté par le roi. Il fut retrouvé mort le 2 juillet 1566 au matin (et non pas en novembre !). Ce qui laisse cependant entier le doute quant à la prophétie, puisque celle-ci ne sera publiée que deux ans après sa mort, et en forme apparemment rétro-éditée. Il mourut à Salon-de-Provence d'un œdème dit cardio-pulmonaire. On connaît son testament rédigé par son notaire et on connaît le devenir exact de sa dépouille. Son corps repose en l'église Saint-Laurent (voir Leroy, Benazra, Brind'Amour, Lemesurier etc. et illustration en version anglaise), à Salon-de-Provence.

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