Nostradamus - Définition

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Quelques quatrains qui semblent avoir été copiés

Dans l' Épître à Henri Second qui précède les trois dernières Centuries de ses Prophéties, Nostradamus semble dire que ses dons de voyant lui révélaient parfois non l'avenir mais le passé : « supputant presque autant des aventures du temps à venir, comme des âges passés ».
Son admiratif interprète Chavigny intitula d'ailleurs Le Janus françois un livre où il expliquait certains quatrains par des évènements antérieurs à leur publication.
Dans des lettres publiées en 1724 par le Mercure de France, un anonyme relevait lui aussi des «prophéties» de Nostradamus qui semblaient tournées vers le passé et, à la différence de Chavigny, il en concluait que Nostradamus se moquait de son lecteur.
L'existence de « quatrains du passé » a reçu plusieurs confirmations, surtout grâce aux travaux de Pierre Brind'Amour, qui datent des dernières années du XXe siècle. On a ainsi découvert des emprunts très nets à l'astrologue Richard Roussat, à l'érudit florentin Petrus Crinitus et à des auteurs antiques comme Tite-Live, Julius Obsequens etc.

Voici quelques exemples.

  • Centurie 1, quatrains 1 et 2 :

Estant assis de nuit secret estude,
Seul repousé sur la selle d'ærain,
Flambe exigue sortant de solitude
Fait proferer qui n'est à croire vain.

La verge en main mise au milieu de Branches,
De l'onde il moulle & le limbe & le pied.
Vn peur (conjecture : Vapeur) & voix fremissent par les manches,
Splendeur diuine. Le diuin prés s'assied.

Petrus Crinitus, De honesta Disciplina, réédité à Lyon en 1543, livre 20, rapporte, d'après Jamblique (traduit en latin par Marsile Ficin), comment les Sibylles pratiquaient la divination « à Branches » (in Branchis). En quelques lignes, il est question d'un « souffle ou feu ténu » (tenuem spiritum et ignem) ; d'une pythie assise « sur un siège d'airain » (super aeneam sellam), d'une autre qui tient « une verge dans sa main » (virgam manu gestat), baigne dans l'eau ses pieds et la bordure de ses vêtements (pedes limbumque undis proluit) ou encore aspire la « vapeur » (vaporem) et est emplie de « splendeur divine » (divino splendore).

(Noté par P. Brind'Amour)

  • Centurie 1, quatrain 42 :

Le dix Kalendes d'Apuril de faict Gotique (conjecture : Gnostique)
Resuscité encor par gens malins :
Le feu estainct, assemblée diabolique
Cherchant les or du d'Amant & Pselyn.

Dans le même livre de Petrus Crinitus, l. 7, ch. 4, il est question de Gnostiques (Gnostici) qui, cherchant à profiter des enseignements de Psellus et d'Origène Adamantius (Psellus, Origenes Adamantius), s'assemblent (convenire) le dix des Calendes d'avril (X. Cal. Apri.) et, toutes lumières éteintes (luminibus extinctis), commettent des abominations.

(Noté par P. Brind'Amour)

  • Centurie 2, quatrain 41 :

La grand'estoile par sept iours bruslera,
Nuée fera deux soleils apparoir :
Le gros mastin toute nuit hurlera
Quand grand pontife changera de terroir.

Julius Obsequens, dans son Livre des Prodiges (réédité en 1552 par Conrad Lycosthenes), raconte qu'après l'assassinat de Jules César, « une étoile brûla pendant sept jours. Trois soleils brillèrent (...). Des hurlements de chiens furent entendus de nuit devant la maison du grand pontife (...). » (Noté par Brind'Amour)

  • Centurie 5, quatrains 6 et 75 :

Au roy l'Augur sur le chef la main mettre,
Viendra prier pour la paix Italique :
A la main gauche viendra changer le sceptre
De Roy viendra Empereur pacifique.

Montera haut sur le bien [conjecture : lieu] plus à dextre,
Demourra assis sur la pierre quarrée :
Vers le midy posé à la senestre,
Baston tortu en main, bouche serrée.

Tite-Live raconte ainsi l'inauguration du roi Numa Pompilius :
« Alors, sous la conduite de l'augure (...), Numa se rendit à la citadelle et s'assit sur une pierre face au midi. L'augure prit place à sa gauche, la tête voilée et tenant de la main droite un bâton recourbé et sans nœud appelé lituus. De là, embrassant du regard la ville et la campagne, il (...) marqua dans le ciel les régions par une ligne tracée de l'est à l'ouest et spécifia que les régions de droite étaient celles du midi, les régions de gauche celles du nord (...). Puis, faisant passer le lituus dans sa main gauche, et plaçant la droite sur la tête de Numa, [il demanda un signe de la part des dieux]».
Immédiatement après, Tite-Live dit que Numa fut un roi pacifique qui éleva le temple de Janus pour symboliser la paix, et il loue l'empereur régnant, Auguste, d'être lui aussi pacifique.

(Noté par G. Dumézil)

  • Centurie 6, quatrain 100 :

LEGIS CANTIO CONTRA INEPTOS CRITICOS

Quos legent hosce versus, maturè censunto :
Profanum vulgus, & inscium ne attrestato :
Omnesque Astrologi, Blenni, Barbari procul sunto :
Qui aliter facit, is ritè, sacer esto.

Traduction : Que ceux qui lisent ces vers y réfléchissent longuement !
Que le vulgaire profane et ignorant ne s'en approche !
Que tous les astrologues les sots, les barbares s'en écartent !
Qui passe outre, qu'il soit maudit selon le rite !

Petrus Crinitus, à la fin de son De honesta disciplina, déjà cité, avait mis cette strophe latine : Legis cautio contra ineptos criticos

Quoi legent hosce libros, maturè censunto :
Profanum uolgus & inscium, ne attrectato :
Omnesque legulei, blenni, barbari procul sunto :
Qui aliter faxit, is ritè sacer esto.

(Noté par Brind'Amour)

  • Centurie 7, quatrain 41 :

Les os des pieds et des mains enserrés,
Par bruit maison longtemps inhabitée ;
Seront par songes concavant déterrés,
Maison salubre et sans bruit habitée.

Pline le Jeune, Lettres, VII, 27 : « Il y avait à Athènes une maison vaste et spacieuse, mais décriée et funeste. Dans le silence de la nuit, on entendait un bruit de fer (...) et un froissement de chaînes (...). Bientôt apparaissait le spectre : (...) ses pieds étaient chargés d'entraves et ses mains de fers qu'il secouait. (...) Aussi, dans la solitude et l'abandon auquel elle était condamnée, cette maison resta livrée tout entière à son hôte mystérieux. (...) [Le philosophe Athénodore loue la maison et y veille la nuit. Le spectre survient et l'invite à le suivre dans la cour, où il disparaît. Athénodore marque le lieu.] Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur conseille de fouiller en cet endroit. On y trouva des ossements enlacés dans des chaînes. (...) On les rassembla, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. » (trad. De Sacy et Pierrot)

(Noté par E. Gruber)

  • Centurie 9, quatrain 20 :

De nuit viendra par la forest de Reines
Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche,
Le moine noir en gris dedans Varennes
Esleu cap. cause tempeste feu, sang tranche.

Dans La Guide des chemins de France, édité(e) chez Charles Estienne en 1553, les pages 137 à 140 concernent les confins du Maine et de la Bretagne, à raison de quelques brèves lignes par page.
On y trouve les mentions suivantes :
p. 137 : Vaultorte, Heruee (probablement coquille pour l'actuelle Ernée), un ruisseau « faisant le depart (cfr. les deux pars de Nostradamus) de la comté du Maine et de la duché de Bretaigne »;
p. 138 : Forest de Renes;
p. 139 : Varennes;
p. 140 : la pierre blanche.

(Noté par Chantal Liaroutzos)

Certaines découvertes dans ce sens ont été présentées directement sur Internet, sans publication antérieure en livre ou en revue. C'est ainsi que L. de Luca a découvert que la strophe latine mise par Nostradamus dans le prologue de sa Paraphrase de Galien est tirée des Inscriptiones sacrosanctae vetustatis, ouvrage de Petrus Apianus et Bartholomeus Amantius, édité à Ingolstadt en 1534. (Cet emprunt avait échappé à P. Brind'Amour, édition des Premières Centuries, Droz, 1996, p. 277.)
De mëme, P. Guinard a découvert qu'Ulrich von Hutten est cité très souvent dans les Présages de Nostradamus et qu'il a fourni de la matière à un au moins des quatrains des Prophéties :
« Bis petit obscurum et condit se Luna tenebris
« Ipse quoque obducta pallet ferrugine frater. »
(« Deux fois la Lune cherche l'obscurité et se cache dans les ténèbres,
« Et son frère lui-même pâlit, couvert d'une couleur ferrugineuse »)
(Ulric von Hutten, Poemata, éd. Böcking, p. 253, reproduit sur le site de l'université de Mannheim)
« Lune obscurcie aux profondes tenebres,
« Son frere pasle de couleur ferrugine »
(Nostradamus, Prophéties, I, 84.)

Peter Lemesurier et Gary Somai ont également fait des rapprochements intéressants.

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