Une norme, du latin norma (« équerre, règle ») désigne un état habituellement répandu ou moyen considéré le plus souvent comme une règle à suivre. Ce terme générique désigne un ensemble de caractéristiques décrivant un objet (De manière générale, le mot objet (du latin objectum, 1361) désigne une entité définie dans...), un être, qui peut être virtuel ou non. Tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) ce qui entre dans une norme (Une norme, du latin norma (« équerre, règle ») désigne un...) est considéré comme « normal », alors que ce qui en sort est « anormal ». Ces termes peuvent sous-entendre ou non des jugements de valeur.
La norme est traditionnellement l’un des modes d’expression privilégiés de la souveraineté. En France en particulier, la monnaie (Le Théâtre de la Monnaie (De Munt en néerlandais) est la salle d'opéra de...), pouvoir régalien par excellence, mais aussi les poids (Le poids est la force de pesanteur, d'origine gravitationnelle et inertielle, exercée par la...) et mesures, délimitent l’un des champs d’application les plus anciens de la normalisation, même si le terme, sinon le concept, apparaît ultérieurement.
Émergence de la notion de norme dans les sciences physiques
Historiquement, la notion explicite de norme a été établie dans les sciences sous la forme du système métrique (initié par Louis XVI en 1790), puis du système MKSA (1946) et du système international (1960).
Extension à l'industrie, à l'économie, et aux services
Dans sa présentation de la norme à l'attention du grand public, l’International Organization for Standardization (ISO) évoque deux dates : 1906, avec la mise en place de la Commission électrotechnique (Étymologiquement l'électrotechnique désigne l'étude des applications techniques de...) internationale (CEI) ; 1926, année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...) de création de la Fédération internationale des associations nationales de normalisation (ISA, AFNOR). Si une telle mise en perspective n’est pas inexacte, elle fait l’économie des accords qui, passés dans le dernier quart du XIXe siècle, ont préparé la démarche actuelle de normalisation internationale appliquée à l'économie en général.
Ainsi, la signature en 1865 de la première Convention télégraphique internationale et la création de l’Union du même nom, permit dès cette année la mise en œuvre d’un Règlement télégraphique puis, à partir de 1885, l’élaboration d’une législation internationale dans le domaine de la téléphonie (La téléphonie est un système de télécommunication qui a pour but la transmission de son et en...) et, plus tard, des communications radiotélégraphiques, de la radiodiffusion, des télécommunications (Les télécommunications sont aujourd’hui définies comme la transmission à distance...) spatiales. De même, exemple d’un produit nécessitant la mise en place d’un certain nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) de normes en raison de son usage (L’usage est l'action de se servir de quelque chose.) transnational, le timbre-poste apparu dans sa forme moderne au Royaume-Uni en 1840 (et adopté dans la décennie (Une décennie est égale à dix ans. Le terme dérive des mots latins de decem « dix »...) par la Suisse, le Brésil, les États-Unis, la France et la Belgique), donna lieu dès 1874, par traité, à la création de l’Union générale des postes, devenue l’Union postale universelle. Enfin, en 1875, la Convention du Mètre (Le mètre (symbole m, du grec metron, mesure) est l'unité de base de longueur du...), signée dans la forme d’un traité diplomatique auquel 51 États sont aujourd’hui partie, constitue un autre exemple d’une structure permanente dédiée à la coopération internationale en matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses...) de normes.
Après la Seconde ( Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui...) Guerre mondiale, le processus d'élaboration des normes s'est considérablement développé dans l'industrie, l'économie, et les systèmes d'information. En fait, le terme de normalisation évoque le plus souvent la normalisation dans l'industrie et les services. En raison de son influence déterminante sur les économies contemporaines, la normalisation vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...) sous cet angle (En géométrie, la notion générale d'angle se décline en plusieurs concepts...) peut être considérée comme un instrument commercial (Un commercial (une commerciale) est une personne dont le métier est lié à la vente.) pour étendre l'influence d'une puissance (Le mot puissance est employé dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) économique, en utilisant des techniques de lobbying et les réseaux d'organisations non gouvernementales par exemple (voir plus loin, au chapitre Relations internationales, la question de l'hégémonie appliquée à la norme).
A ce jour (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...) (2008), l’ISO a publié plus de 16 000 normes depuis 1947.
Extension aux sciences humaines
Même si la recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) implicite d'une certaine normalisation était déjà ancienne, en Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...) par exemple en ce qui concerne les règles sur la langue française (grammaire française), la notion de norme s'est élargie depuis quelques décennies pour englober les sciences humaines.
Vers le milieu du XXe siècle, la normalisation a touché le domaine juridique, avec la notion de hiérarchie des normes, même si le droit positif était à cette époque marqué par une certaine idéologie.
On constate d'autre part que la normalisation concerne aussi les domaines culturel et linguistique, comme on peut le constater avec le patrimoine culturel et les questions sémantiques sous-jacentes.
La standardisation (standardization en américain) a fait l'objet d'une attention très soutenue aux États-Unis depuis les années 1980. L'approche des États-Unis est très commerciale et financière. Elle consiste à définir des communautés d'intérêt, puis à en déduire les standards (en particulier sur les données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) sémantiques), et enfin à définir les services d'entreprise adéquats. Cette démarche structurée, appuyée par un ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) d'organismes le plus souvent privés (Oasis, W3C, ...) permet aux États-Unis d'acquérir une certaine domination par la connaissance.
L'attention portée au sujet de la normalisation en Europe est à la fois différente (En mathématiques, la différente est définie en théorie algébrique des...) et plus récente.
Tout d'abord, les Européens font la distinction entre un standard (qui n'est pas nécessairement une norme mais peut le devenir) et une norme (qui a fait l'objet d'un processus officiel à l'ISO).
D'autre part, les Européens sont moins sensibles a priori à l'intérêt des normes (le mot standard est dissonant par rapport à certaines formes d'individualisme).
Toutefois, cette situation (En géographie, la situation est un concept spatial permettant la localisation relative d'un...) commence à changer : ainsi, en France, la normalisation a fait l'objet d'un rapport particulier du député Bernard Carayon en 2006. Des ontologies commencent à être étudiées sur le plan normatif pour les archives et le patrimoine culturel (ISO 21127).